L'océan et la tortue, wikimedia commons

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Europe: protection des océans et respect de la dignité humaine (traduction complète)

Lettre du pape à la conférence « Notre Océan »

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Il est nécessaire de « prendre soin des océans dans le cadre d’une vision intégrée du développement humain », avertit le pape. Il faut aussi « une gouvernance multilatérale visant « la poursuite du bien commun » et « inspirée par le principe de subsidiarité et le respect de la dignité de chaque personne humaine ».
Le pape François a adressé une lettre, signée par le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, aux participants à la quatrième conférence de haut niveau « Notre océan », sur le thème « Un océan pour la vie », organisée par l’Union européenne du 5 au 6 octobre 2017 à Malte.
« Les océans nous rappellent la nécessité d’éduquer pour l’alliance entre l’humanité et l’environnement », explique encore le pape. Il est donc important de « former les jeunes à s’occuper des océans », mais aussi de « les aider à développer la connaissance, l’appréciation et la contemplation de leur immensité et de leur grandeur ». Car, conclut-il, « la contemplation de la création peut nous enseigner des leçons précieuses et être une source infinie d’inspiration ».
Voici notre traduction de la lettre du pape François en anglais.
HG
Message du card. Parolin au nom du pape François
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je suis heureux de transmettre les cordiales salutations de Sa Sainteté le pape François à vous tous qui êtes rassemblés pour cette quatrième Conférence internationale sur « Notre océan, un océan pour la vie ».
Votre conférence traite de questions complexes et interdépendantes telles que la santé des océans, ainsi que la coordination et la gestion de diverses activités au-dessus ou au-dessous des mers. Sa Sainteté saisit cette occasion pour encourager un effort concerté afin d’aborder un certain nombre de problèmes urgents qui affectent directement le bien-être d’innombrables hommes et femmes : la traite des êtres humains, le travail d’esclave et les conditions inhumaines de travail associées à l’industrie de la pêche et à la navigation commerciale, le niveau de vie et les possibilités de développement dans les communautés côtières et les familles de ceux qui pêchent, ainsi que la situation des îles menacées par l’élévation du niveau de la mer.
Réfléchir sur ces questions conduit inévitablement à deux conclusions. La première est une reconnaissance de notre devoir de prendre soin des océans dans le cadre d’une vision intégrée du développement humain. La seconde concerne la nécessité d’une gouvernance multilatérale visant à la poursuite du bien commun et équipée pour opérer au niveau mondial et régional, guidée par le droit international et inspirée par le principe de subsidiarité et le respect de la dignité de chaque personne humaine (cf. Laudato si’, 174).
Les océans sont l’héritage commun de la famille humaine. Seulement avec un profond sentiment d’humilité, émerveillement et gratitude, pouvons-nous parler à juste titre de l’océan comme du « nôtre ». Prendre soin de cet héritage commun implique nécessairement de rejeter les manières d’agir cyniques ou indifférentes. Nous ne pouvons prétendre ignorer les problèmes de pollution de l’océan résultant, par exemple, du plastique et des micro-plastiques qui entrent dans la chaîne alimentaire et causent de graves conséquences pour la santé de la vie marine et humaine. Nous ne pouvons pas non plus rester indifférents devant la perte des récifs coralliens, des lieux essentiels pour la survie de la biodiversité marine et la santé des océans, car nous sommes témoins d’un monde marin merveilleux transformé en cimetière sous-marin, dépourvu de couleur et de vie (voir Laudato si’, 41).
Les océans nous unissent et nous invitent à travailler ensemble. Comme l’a noté Sa Sainteté dans Laudato si’, « tout est interconnecté ». Notre monde d’aujourd’hui doit veiller à ce que les océans soient une ressource cruciale dans la lutte contre la pauvreté et le changement climatique, qui sont intrinsèquement liés (voir Message du pape François à la COP22, à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le 10 novembre 2016). De nouvelles technologies sont nécessaires pour prévoir divers problèmes impliquant la bonne gouvernance des océans, mais aussi pour un changement dans notre façon de vivre et en proposant de nouveaux modèles de production et de consommation, afin de promouvoir un développement humain authentique et intégral qui valorise la bonne gouvernance et l’adopte de manière responsable.
Pendant trop longtemps, on a pensé que l’immensité des océans permettrait la négligence, l’élimination des déchets toxiques et une liberté de surveillance par les autorités. Pendant trop longtemps, on n’a pas tenu compte des effets graves sur les écosystèmes marins et côtiers de l’exploitation souvent non réglementée de certaines ressources océaniques. Je pense, par exemple, aux moyens complexes et invasifs d’extraction de ressources minérales du fond marin, qui, grâce aux progrès de la technologie, sont de plus en plus viables et compétitifs. Pendant trop longtemps, l’attention a porté sur les situations de criminalité et la tragédie humaine en mer, sans affronter courageusement et adéquatement leurs causes, qui se trouvent souvent sur terre. Il est temps de travailler avec plus de responsabilité pour protéger nos océans, notre maison commune et nos frères et sœurs, aujourd’hui et à l’avenir.
Le livre de la Genèse enseigne qu’au commencement « l’Esprit de Dieu planait sur les eaux » (1: 2). Ce verset nous rappelle que les océans ont une importance particulière pour de nombreuses religions. La spiritualité peut fournir de puissantes incitations à la protection des océans et, plus généralement, au soin de toute la création (cf. Laudato Si’, 216). « La science et la religion, avec leurs approches distinctives pour comprendre la réalité, peuvent entrer dans un dialogue intense fructueux pour les deux » (Laudato Si’, 62).
Les océans nous rappellent la nécessité d’éduquer pour l’alliance entre l’humanité et l’environnement (cf. Laudato si’, 209-215). À cet égard, des efforts devraient être faits pour former les jeunes à s’occuper des océans, mais aussi, dans la mesure du possible, les aider à développer la connaissance, l’appréciation et la contemplation de leur immensité et de leur grandeur. Car la contemplation de la création peut nous enseigner des leçons précieuses et être une source infinie d’inspiration (voir Laudato si’, 85).
Avec l’assurance de mon profond intérêt pour les délibérations de la Conférence, j’ai l’honneur de réitérer les vœux de prière du pape François et de transmettre sa bénédiction.
Cordialement.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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