Don Primo Mazzolari avec les enfants de Bozzolo © Fondazione Mazzolari

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Don Primo Mazzolari, un prophète au pas "trop long"

Biographie à l’occasion de la visite du pape François à Bozzolo

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Le 20 juin 2017, le pape François se rendra en visite à Bozzolo (Italie). Dans l’église paroissiale, il se recueillera devant la tombe du prêtre Primo Mazzolari. L’occasion de parcourir brièvement les phases les plus significatives de la vie de ce prêtre connu comme « l’ami des pauvres gens ». Paul VI le définit comme un prophète » au pas « trop long ».
Don Primo Mazzolari est né le 3 janvier 1890 à Boschetto, dans la province lombarde de Crémone, dans le nord de l’Italie, d’une famille de paysans. Il eut très tôt la vocation sacerdotale, et à 10 ans à peine entra au petit séminaire de Crémone, où il restera jusqu’à son ordination sacerdotale, le 24 août 1912. Le jeune homme fut nommé vicaire à Spinadesco, mais aussitôt rappelé au séminaire de Crémone, pour enseigner les Lettres.
Entre-temps la première guerre mondiale éclata et don Primo s’opposa tout de suite à la « mentalité » militaire allemande. La Guerre le marqua comme homme et comme prêtre. Il comprit que la paix devait être recherchée à tout prix, au point qu’il dira : « Si au lieu de nous dire qu’il y a des guerres justes et des guerres injustes, nos théologiens nous avaient appris que l’on ne doit tuer pour aucune raison, que le massacre est inutile toujours, et s’ils nous avaient formés à une nette, précise et audacieuse, opposition chrétienne, au lieu de partir pour le front nous serions descendus sur les places ». Il quitta l’armée en 1920, nommé curé de paroisse à Bozzolo, dans la province de Mantoue. Deux ans plus tard, il fut nommé curé à Cicognara où, en dix ans, il forgea son style de « prêtre du social », organisant une école du soir pour les paysans et ouvrant une bibliothèque.
En 1932, il a été rappelé comme curé à Bozzolo. Pendant cette période, don Mazzolari a écrit de nombreux ouvrages, dont beaucoup entravés par le Saint-Office et par les autorités fascistes. Son opposition au fascisme, qui naquit chez lui avant même la marche sur Rome, se manifesta par divers refus : refus tout d’abord de chanter le Te deum pour l’attentat échoué contre Mussolini ; refus de voter pour la liste unique des fascistes qui déclenchera la colère des intéressés. Ceux-ci tirèrent trois coups de revolver sur sa fenêtre, mais sans le toucher. Don Primo, dans son opposition, n’épargna personne, même le clergé qui restait « tiède » devant les agissements dictatoriaux et fascistes. En 1924, il écrivit : « Je sens le devoir de me déclarer ouvertement pour les opprimés ».
Après la chute du fascisme et son adhésion à la résistance, il fut obligé de vivre dans la clandestinité jusqu’à la libération. En 1949 il fonda un magazine (Adesso), dont la diffusion sera « suspendue » en 1951, à la demande du Saint-Siège.
Parmi tous ses écrits, il en sortit un, en 1955 sous anonymat : « Tu ne tueras point ». Le traité de don Primo souligne la nécessité d’une paix qui doit être bien enracinée dans la vie du chrétien, qui ne doit avoir aucune place pour la violence. Il y disait : « Ainsi tombent les différences, entre les guerres justes et injustes, défensives et préventives, réactionnaires et révolutionnaires. Toute guerre est fratricide, un outrage à Dieu et à l’homme ».
En 1957 le prêtre est appelé à prêcher à Milan par le cardinal Montini, futur pape Paul VI. Paul VI, lui-même, successivement, en parlant de don Primo dira : « Il avait le pas trop long et on avait du mal à rester derrière lui. Il a donc souffert et nous avons souffert nous aussi. C’est le destin des prophètes ».
Avec l’avènement de Jean XXIII, la « pensée moderne » de don Mazzolari trouva un terrain plus fertile, faisant de lui le « précurseur » des nouveautés du Concile Vatican II. Don Primo, qui laissait toujours la première place à la parole de Dieu, fut bien accueilli par le cardinal Roncalli et par le cardinal Montini, tant et si bien que le premier, devenu pape, l’appela « trompette de l’Esprit Saint ».
Don Primo Mazzolari, un curé simple pour les simples, mourut le 12 avril 1959 à la maison de santé « san Camillo » de Crémone. En 2015, le lancement de sa cause de béatification fut autorisé.
Il laissa derrière lui de nombreuses œuvres comme : La plus belle aventure (1934); Le samaritain (1938); les lointains (1938); Entre la berge et le bois (1938); Temps de croire (1941); Engagement avec le Christ (1943). Et à noter parmi ses amis : le fondateur de Nomadelfia, don Zeno Saltini; le prêtre poète David Maria Turoldo; le maire de Florence Giorgio La Pira et l’écrivain Luigi Santucci.
Source : Fondazione Mazzolari fondazionemazzolari.it
Traduction d’Océane Le Gall

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Giuseppe Cesareo

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