Mgr Ivan Jurkovic, © wikipedia

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ONU : la dignité inaliénable des personnes souffrant d’une maladie mentale

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Intervention de Mgr Jurkovic

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Il faut « éveiller les consciences », a affirmé Mgr Jurkovic, « à la dignité inaliénable et donnée par Dieu de chaque personne, y compris ceux qui vivent avec, ou sont affectés par des défis de santé mentale ».
L’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies à Genève, est intervenu à la 35è session du Conseil des droits de l’homme, le 13 juin 2017, lors d’un débat général sur la santé physique et mentale.
Il importe aussi de se garder « d’imposer de nouvelles formes d’isolement » aux personnes atteintes de maladie mentale, a-t-il averti, telles que la « dépendance excessive » aux médicaments psychotropes, la privation de l’exercice de leur responsabilité et « l’ostracisme social ». Enfin, il a souligné « l’importance des soins spirituels », qui sont une « composante importante » des soins intégrés.
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Jurkovic donnée en anglais.
CR
Allocution de Mgr Jurkovic
Monsieur le Président,
Il y a environ vingt ans, le Conseil pontifical pour les soins de santé a consacré sa conférence annuelle à un examen approfondi des implications physiques, émotionnelles, sociales et spirituelles de la santé mentale. À cette époque, le pape Jean-Paul II a affirmé : « Celui qui souffre d’une maladie mentale » a toujours « l’image et la ressemblance de Dieu en lui, tout comme chaque être humain ». En outre, ils « ont toujours » le droit inaliénable non seulement d’être considérés comme une image de Dieu et donc comme une personne, mais aussi d’être traités comme tels ».
La délégation du Saint-Siège exprime donc son appréciation au rapporteur spécial sur le droit de chacun à jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, pour sa décision de centrer le rapport de cette année sur la situation des personnes vivant avec, ou affectés par, des problèmes de santé mentale. Cette question a longtemps été ignorée ou, pis encore, elle a été enveloppée de peur, de stigmatisation, de discrimination et du rejet absolu qui, par le passé, a conduit à un «entreposage» de ces personnes dans de grandes institutions, isolées et fermées.
Espérons que la prudence du rapporteur spécial à l’égard des paradigmes biomédicaux réductionnistes et son appel clair selon lequel « les problèmes oubliés engendrent des personnes oubliées » éveillera les consciences, non seulement pour les défenseurs des droits de l’homme, mais aussi pour les décideurs politiques, les praticiens de la santé mentale et le personnel de soutien ainsi que les membres de la famille et les communautés locales, à la dignité inaliénable et donnée par Dieu de chaque personne, y compris ceux qui vivent avec, ou sont affectés par des défis de santé mentale.
Nous devons également être sur nos gardes aujourd’hui, de peur d’imposer de nouvelles formes d’isolement en favorisant la dépendance excessive à l’égard de doses élevées de médicaments psychotropes, en privant les patients du consentement éclairé, de participer à leur propre planification du traitement et d’exercer leur propre auto- responsabilité et par l’ostracisme social. Une menace très grave pour le bien-être de ces personnes est l’encouragement croissant et la facilitation du suicide assisté parmi eux. En ce qui concerne tous ces assauts sur la vie et la dignité, le pape François insiste en affirmant « … que la vie humaine est sacrée et inviolable. Tout droit civil repose sur la reconnaissance du droit premier et fondamental, celui de la vie, qui n’est subordonné à aucune condition, qu’elle soit quantitative, économique ou, pire, idéologique… Nous avons créé une culture du « jetable » qui se répand maintenant » (Exhortation Apostolique, Evangelii Gaudium, n ° 53). Et de cette façon, la vie finit par être jetée.
Monsieur le Président, bien que le rapporteur spécial encourage à juste titre l’adoption d’une prestation intégrée de soins de santé mentale, médicale, psychologique et communautaire, ma délégation souhaite également souligner l’importance des soins spirituels pour aider les personnes vivant avec ou affectés par des problèmes de santé mentale. Les soins spirituels ne doivent pas être confondus avec la soi-disant « guérison de la foi », ni confondus avec l’exclusion de l’assistance médicale, psychologique et sociale. Les soins spirituels sont une composante importante de « … soins intégrés, qui considère la personne dans sa totalité et qui unit … le corps humain, avec sa dimension psychologique, sociale et spirituelle … ».
Merci, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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