Attentat dans une église du Caire, en pleine célébration, 11 dé. 2016, capture

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En Egypte, le coeur désarmé, par Lucetta Scaraffia

Tribune, L’Osservatore Romano, 28 avril 2017

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« Son intention est justement de faire comme Jésus, quand il va au milieu des disciples, au centre de leur assemblée, comme celui qui crée et donne l’unité, celui qui « attirait à lui tous les hommes »,  lit-on dans l’évangile. C’est l’unique proposition de paix et on la trouve dans chacun de ses gestes, chacune de ses visites, chacun de ses rencontres », explique Lucetta Scaraffia dans cette tribune sur le voyage du pape François en Egypte (28-29 avril) de L’Osservatore Romano en italien de ce 28 avril 2017.
Elle fait observer notamment le sens du refus du pape d’utiliiser une voiture blindée: « Mais comment pourrait-il arriver blindé dans un pays où les chrétiens risquent la vie à chaque fois qu’ils vont à la messe ? »
Voici notre traduction intégrale de la réflexion de Mme Scaraffia.
AB
Avec le désarmement dans le coeur
Le pape François entreprend un voyage qui, aux yeux du monde, peut paraître difficile dans une Egypte où le nombre des martyrs chrétiens est en augmentation continue, dans un pays tourmenté qui fut le terrain d’origine de l’extrémisme musulman avec la naissance,  à la fin des années 20 du XXème siècle, des Frères musulmans mais qui est en même temps un des pays qui peut se vanter d’une cohabitation millénaire entre les religions.
Et encore une fois le souverain pontife renonce à l’appareil de protection qui accompagne désormais habituellement tout personnage public dans leurs déplacements et dans les moments d’exposition à la foule. Mais comment pourrait-il arriver blindé dans un pays où les chrétiens risquent la vie à chaque fois qu’ils vont à la messe ? Comment pourrait-il, par le langage des faits, plus fort que n’importe quel mot, communiquer que son voyage est un voyage de paix ? En effet, comme ont laissé écrit les moines de Tibhirine, face à nos ennemis nous devons non seulement prier chaque jour le Seigneur de les désarmer, mais également de nous désarmer. Renoncer à la protection équivaut symboliquement à ce désarmement.
Toutes les rencontres de ce voyage seront chargées de valeurs symboliques: François aime communiquer par le geste, par l’exemple, plus que par les mots. Il sait que les gestes parlent à tous, immédiatement, et arrivent sans médiation jusqu’aux coeurs.
Ses paroles, si ouvertes et si claires qu’elles soient, sont en effet dénaturées par les médias, qui veulent l’apparenter à des partis politiques, à des positions d’autrui. Et cette recherche maladroite de lui trouver des relations politiques est faite pour baisser le niveau et la force de son message, pour le mettre au même niveau que celui des autres leaders, pour cacher sa forte diversité. Car ce pape ne se limite pas invoquer et prêcher d’excellents principes, de faire des reproches très justes, il parle ouvertement des maux du monde en leur donnant un nom, et désignant de cette manière les responsables. Comme lorsqu’il a parlé du danger de comportements politiques en apparence acceptables : « Les accords internationaux semblent plus importants que les droits de l’homme », a-t-il déclaré en faisant mémoire des nouveaux martyrs dans la basilique romaine de Saint-Barthélemy.
Dans ce contexte de malentendus volontaires, qui dénaturent ses paroles, ses gestes sont immédiatement compris par chacun de nous, acquièrent une valeur particulière. Se rendre à al-Azhar, rendre la visite du recteur, le Cheikh el-Tayeb, qui était venu lui rendre visite au Vatican il y a quelques temps, signifie s’engager profondément pour la paix religieuse, à tout prix, au-dessus de toute convenance et tout protocole. Au-delà de tout risque.
Car son intention est justement de faire comme Jésus, quand il va au milieu des disciples, au centre de leur assemblée, comme celui qui crée et donne l’unité, celui qui « attirait à lui tous les hommes »,  lit-on dans l’évangile (cf. Jean, 12, 32). C’est l’unique proposition de paix et on la trouve dans chacun de ses gestes, chacune de ses visites, chacun de ses rencontres.
(c) L’Osservatore Romano pour l’original en italien
Traduction de ZENIT, Océane Le Gall

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Océane Le Gall

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