Mgr Bernardito Auza, capture

Mgr Bernardito Auza, UNTV capture

ONU: le Saint-Siège appelle à intensifier les efforts contre la traite des personnes

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« Profonde préoccupation » pour les communautés minoritaires en Mésopotamie

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Le Saint-Siège exhorte le Conseil de sécurité de l’ONU « à jouer un rôle plus important » dans la lutte contre la traite des personnes. Il exprime une fois de plus « sa profonde préoccupation » pour les communautés chrétiennes, les Yézidis et les autres groupes minoritaires dans la région de la Mésopotamie, qui sont « réduits en esclavage, vendus, tués et soumis à des formes extrêmes d’humiliation ».
C’est ce qu’a déclaré Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies, qui est intervenu au cours du Débat ouvert du Conseil de sécurité consacré au thème « La traite des personnes en situations de conflit : travail forcé, esclavage et autres pratiques similaires », à New York, le mercredi 15 mars 2017.
Mgr Auza a rappelé que « de nos jours, les guerres et les conflits sont devenus le principal moteur de la traite des personnes ». Il a estimé que « le manque apparent d’efforts sérieux » empêche d’arrêter les « atrocités » qui se produisent, entre autres, en Mésopotamie où sont perpétrés des « actes de génocide et de violations massives des droits humains ».
Le Saint-Siège a souligné « sa condamnation constante et ferme » de la vente des armes qui « parviennent entre les mains des terroristes et des groupes armés, leur donnant les moyens de continuer … la traite et l’esclavage ».
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza :
MD
Intervention de Mgr Auza
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège remercie la Présidence du Royaume-Uni d’avoir soulevé ce sujet au niveau d’un Débat ouvert dans cette enceinte.
Par ses paroles et ses actions, le pape François a exprimé très clairement, dès les premiers jours de son pontificat, que la lutte contre la traite des personnes serait une des priorités de ce celui-ci. Il n’a pas hésité à la définir comme une forme d’esclavage, un crime contre l’humanité, une grave et honteuse violation des droits humains, un fléau atroce qui est présent dans le monde à grande échelle, y compris en tant que tourisme.
Le flux des victimes de la traite a de nombreux affluents. Parmi ceux-ci, l’extrême pauvreté, le sous-développement et l’exclusion, en particulier lorsqu’ils sont combinés avec un manque d’accès à l’éducation ou des opportunités d’emploi rares, voire inexistantes. Les trafiquants de personnes n’ont aucun scrupule à exploiter les personnes très vulnérables qui fuient la privation économique et les catastrophes naturelles.
Cependant, de nos jours, les guerres et les conflits sont devenus le principal moteur de la traite des personnes. Ils fournissent un environnement adéquat pour l’action des trafiquants, puisque les personnes fuyant les persécutions et les conflits sont particulièrement vulnérables à la traite. Les conflits ont créé des conditions pour que les terroristes, les groupes armés et le crime organisé transnational prospèrent en exploitant les individus et les populations réduits à une extrême vulnérabilité par la persécution et les multiples formes de violence.
Dans ce contexte, ma délégation exprime une fois encore sa profonde préoccupation pour les anciennes communautés chrétiennes, les Yézidis et les autres groupes religieux ou ethniques minoritaires en Mésopotamie, qui ont été réduits en esclavage, vendus, tués et soumis à des formes extrêmes d’humiliation. Le manque apparent d’efforts sérieux pour traduire en justice les auteurs de tels actes de génocide et de violations massives des droits humains et du droit humanitaire international laisse un grand nombre perplexe et se demandant combien d’atrocités supplémentaires peuvent être tolérées avant que les victimes n’obtiennent secours, protection et justice.
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège aimerait une fois encore souligner sa condamnation constante et ferme de la facilité relative avec laquelle les armes, même celles de destruction massive, parviennent entre les mains des terroristes et des groupes armés, leur donnant les moyens de continuer avec une facilité également relative la traite et l’esclavage d’individus et même de communautés entières. La prolifération des armes, qu’elles soient de destruction massive ou « simplement conventionnelles », facilite et prolonge les conflits violents qui rendent les personnes extrêmement vulnérables aux trafiquants et aux contrebandiers. Tant que les guerres et les conflits font rage, la traite de personnes pour l’exploitation sexuelle, le travail forcé et des crimes similaires continueront de prospérer. Le Saint-Siège appelle donc avec force les États à ne pas fournir d’armes aux groupes ou aux régimes qui les utiliseraient très probablement contre leur propre peuple, de mettre en œuvre des traités strictement liés aux armes et d’utiliser toute la force du droit dans la lutte contre le trafic des armes.
En outre, la criminalisation de migrants sans papiers et irréguliers exacerbe leurs vulnérabilités, les conduit dans les bras des trafiquants et à des formes plus extrêmes d’exploitation, et les rend moins en mesure de collaborer avec les autorités policières pour attraper et punir les trafiquants.
Monsieur le Président,
Le défi que présente la traite des personnes est immense et requiert une réponse proportionnelle. Aujourd’hui, cette réponse est encore loin d’être égale au défi. Comme l’a fait observer le pape François plusieurs fois, même si la communauté internationale a adopté de nombreux accords et si les pays individuels ont adopté des lois visant à mettre fin à l’esclavage sous toutes ses formes, même si diverses stratégies pour combattre ce phénomène ont été lancées à la fois aux niveaux national et international, beaucoup plus reste encore à faire au niveau d’une sensibilisation du public et d’une meilleure coordination des efforts par les gouvernements, le système judiciaire, les fonctionnaires de police et les travailleurs sociaux pour sauver les millions d’enfants, de femmes et d’hommes qui sont encore privés de liberté et qui sont forcés de vivre dans des conditions proches de l’esclavage.
Le Saint-Siège exhorte tout particulièrement le Conseil de sécurité à jouer un rôle plus important dans le combat contre le fléau de la traite des personnes, d’abord à travers sa responsabilité dans la prévention, et à mettre fin aux conflits armés en aidant à consolider la paix et le développement.
Merci, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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