«J’aime faire le prêtre», a expliqué le pape François aux enfants de la paroisse Sante Maddalena di Canossa où il s’est rendu dimanche dernier, 12 mars 2017. Il les a invités à « l’apostolat de l’oreille »
Lors de sa rencontre avec les enfants, les adolescents du catéchisme, les jeunes d’après la confirmation et les scouts, réunis sur le terrain sportif, le pape a répondu à quelques questions. Les premiers protagonistes sont Elisabetta, Patrizio, Sara, Edoardo et Camilla.
Une synthèse de cette conversation est publiée par L’Osservatore Romano en italien des 13-14 mars 2017.
L’apostolat de l’oreille
Qu’est-ce qu’il pense du téléphone portable et de la télévision ? « La technologie aide à communiquer mais on n’est plus capable de dialoguer, surtout d’écouter les autres. »
Pour François, « c’est beau parce qu’aujourd’hui, nous pouvons communiquer partout. Mais il manque le dialogue. Fermez les yeux, imaginez ceci : à table, maman, papa, moi, mon frère, ma sœur, chacun de nous avec son téléphone portable. Tout le monde parle mais au-dehors : entre eux, on ne se parle pas. Ils communiquent tous à travers leur portable, mais ils ne dialoguent pas. Cela, c’est un problème : le manque de dialogue et le manque d’écoute ». La veille le pape avait rencontré au Vatican, à l’association « Telefono Amico ». Il a expliqué que « l’écoute est le premier pas du dialogue : une des maladies les plus graves d’aujourd’hui est le peu de capacité d’écoute, comme si nous avions les oreilles bouchées ». Peut-être « communiques-tu avec ton téléphone, mais tu n’écoutes pas ceux qui sont proches de toi, tu ne dialogues pas ». Au contraire, « nous devons arriver au dialogue concret » et non « virtuel ».
« On commence à dialoguer avec l’oreille » est le conseil du pape : « Déboucher ses oreilles et les garder ouvertes pour entendre ce qui se passe ». Et ainsi, quand on va trouver un malade, il faut savoir l’écouter. C’est pourquoi « la langue à la seconde place » mais « à la première place, les oreilles ». Et puis il faut passer « de l’écoute au dialogue concret, parce que ce qui se fait avec le téléphone portable est virtuel, ‘liquide’ ».
Aux jeunes, qui lui ont remis un livre avec des questions, des lettres et des dessins, François a suggéré, en conclusion, d’apprendre à poser des questions justes, avec la recommandation de savoir écouter : « Que l’autre parle toujours le premier » et « cela s’appelle ‘l’apostolat de l’oreille’. Chez nous on dit que les prêtres doivent « parler à la belle-fille pour qu’elle écoute sa belle-mère » ; et moi, je dis cela aux enfants, mais pour qu’ils écoutent aussi les grands ».
Faire le curé et faire le pape
A une question sur la rencontre avec Jésus, le pape rappelle : « Le premier pas, c’est toujours lui qui le fait. » Le pape a pris la main en interrogeant à son tour Elisabetta : « Je vais poser une question à mon tour: pourquoi, chaque fois que tu t’approches de Jésus, tu t’aperçois qu’il s’était approché avant ? Il fait toujours le premier pas ». François a expliqué que « Jésus nous attend, il vient toujours à notre rencontre » et il reste proche même si « tu fais un peu l’idiot et que tu regardes de l’autre côté : Jésus parle à ton cœur, il te fait comprendre ce qu’est l’amour et, si tu ne veux pas l’écouter, il reste là. Il a de la patience. Jésus attend toujours. Et si tu as fait quelque chose de mal, et que tu t’es repenti, il ne te chasse pas : il te pardonne. Il est toujours dans nos cœurs. Il ne nous abandonne jamais : dans les beaux moments, il est avec nous quand nous jouons, quand nous sommes heureux il est avec nous et aussi dans les moments durs de la vie, il nous console ».
Qu’est ce qui est le mieux « être pape ou curé » ? Réponse : « Les deux : l’important est de bien faire ce que Dieu veut. » Le pape François a confié « qu’on n’étudie pas pour devenir pape » ni qu’on « paye : si tu as un tas d’argent et que tu le donnes aux cardinaux, ils ne te feront pas pape pour autant ». Et il a évoqué saint Pierre : « Le premier pape : il n’a pas toujours été saint, il a renié Jésus. Un péché grave ! Et c’est ce pécheur qu’ils ont fait pape. Jésus choisit qui il veut pour faire le pape à ce moment ; à un autre moment, il en choisit un autre ». François a poursuivi avec une confidence : « Moi, qui ai été choisi pour faire ce travail, cela me plaît ». Mais « j’aimais aussi quand j’étais curé dans une paroisse, recteur de la faculté et aussi curé, les deux à la fois : j’aimais beaucoup. J’aimais aussi faire l’école de la catéchèse, la messe pour les enfants, j’aimais bien. Toujours, être prêtre est une chose que j’ai toujours beaucoup aimée. »
C’est pourquoi, a-t-il expliqué, « c’est beau de faire le pape et de faire le prêtre, tous les deux : ce que Dieu veut. Ce que le Seigneur te donne est beau, parce que quand le Seigneur te donne une tâche à faire, un travail, être pasteur d’une paroisse ou d’un diocèse ou faire le pape, pasteur, là, il te donne une tâche. D’ailleurs, a dit encore François, « quand le Seigneur te fait curé ou te fait évêque, il te demande d’enseigner la Parole de Dieu, de faire le catéchisme.
Des terroristes qui s’ignorent
C’est aussi de « porter la paix dans le monde : mais cela, nous devons tous le faire, en famille, à l’école, avec ton camarade, quand tu joues avec les autres ». Et surtout, sur la paix en famille, le pape a voulu insister dans son dialogue avec les plus petits : « Parfois, vous avez entendu que papa et maman se disputent à propos de quelque chose : c’est normal, cela arrive. Il y a toujours des sujets de dispute. Mais après, ils doivent faire la paix. Et dites à vos parents : ‘si vous vous disputez, faites la paix avant que ne finisse la journée’ ». Mais attention aux « gros mots » et surtout aux « blasphèmes ».
Est-ce que le pape a peur de quelque chose ? « J’ai peur des méchants, de la méchanceté, des cancans qui sont comme des bombes. » La petite Sara s’est approchée pour le saluer, elle lui a confié qu’elle avait peur des sorcières. Mais cela « n’a pas de sens », a-t-il affirmé, de vouloir aller « chez la sorcière parce que j’ai un malaise et elle me fera trois ou quatre choses et me guérira ». C’est dire un « mensonge, mentir, cela s’appelle des bêtises, parce que les sorcières n’ont aucun pouvoir ».
En revanche, a dit le pape, « je suis effrayé quand une personne est méchante, parce qu’elle peut faire beaucoup de mal ». Et « je suis aussi effrayé quand dans une famille, dans un quartier, sur un lieu de travail, dans une paroisse, et même au Vatican, il y a des cancans. Vous avez entendu ou vu à la télévision ce que font les terroristes ? Ils jettent une bombe et ils s’enfuient. Les cancans, c’est pareil : c’est jeter une bombe et s’en aller. Et les cancans détruisent une famille, un quartier, une paroisse, tout. Mais surtout, les cancans détruisent ton cœur. Parce que si ton cœur est capable de lancer une bombe, tu es un terroriste, tu fais le mal en cachette et ton cœur devient corrompu ». Donc, a ajouté le pape, « cela, oui, c’est ‘faire la sorcière’ : c’est comme si quelqu’un était une sorcière. C’est un terroriste ».
Le curé a pris la parole pour demander au pape François quels avaient été les moments les plus beaux de sa vie. « Un beau moment de ma vie, a-t-il répondu, était quand, enfant, j’allais au stade avec papa ; ma maman aussi venait quelquefois voir le match. À cette époque, il n’y avait pas de problèmes dans le stade ».
Et « un autre beau moment de la vie est de rencontrer ses amis. Avant de venir à Rome, a-t-il confié, tous les deux mois nous nous rencontrions à dix amis, camarades d’école, qui avons été au lycée ensemble, nous avons fini à dix-sept ans, et nous avons continué à nous rencontrer, oui, chacun avec sa famille. C’était très beau. Et aussi un moment très beau pour moi, c’est quand je peux prier en silence, lire la Parole de Dieu : cela me fait du bien, j’aime beaucoup ». Mais parmi les « beaux moments » a-t-il plaisanté en répondant à un enfant, il n’y a certainement pas celui de se revoir à la télévision : « cela, c’est perdre son temps ».
Merci aux catéchistes
Le pape a ensuite voulu adresser une parole de remerciement aux catéchistes : « Que serait l’Église sans vous ? Vous êtes des piliers dans la vie d’une paroisse, dans la vie d’un diocèse. On ne peut concevoir un diocèse, une paroisse sans catéchistes. Et cela dès les premiers temps, du temps après la résurrection de Jésus : il y avaient des femmes qui allaient aider leurs amies et qui faisaient les catéchistes. C’est une très belle vocation. Ce n’est pas facile de faire le catéchiste, parce que le catéchiste non seulement doit enseigner « des choses » mais il doit enseigner des comportements, il doit enseigner des valeurs, beaucoup de choses, comment on vit. C’est un travail difficile ».
Avec une traduction de Constance Roques
Santa Maddalena di Canossa, 12 mars 2017 © L'Osservatore Romano
Le pape explique aux enfants «l’apostolat de l’oreille»
L’évêque de Rome avec les enfants et les jeunes en paroisse