« Pour faire la paix, dans le monde, il manque des oreilles, il manque des personnes qui sachent écouter », a lancé le pape François devant les volontaires de « Telefono Amico Italia ». En les recevant au Vatican le 11 mars 2017 pour les 50 ans de l’association, le pape a assuré que l’écoute était « la manifestation la plus simple » de charité fraternelle.
Créée en 1967, l’association italienne propose une écoute anonyme et gratuite, par téléphone ou en ligne, pour les personnes qui souffrent « de solitude, d’angoisse, de tristesse, de découragement, de colère, de mal-être ». Ses 700 bénévoles répartis dans une vingtaine de centres assurent un service tous les jours de l’année, de 10h à 24h.
Seul celui qui sait se taire, sait écouter
Le pape a salué « un service important, spécialement dans le contexte social actuel, marqué par des malaises multiples dont l’origine se trouve souvent dans l’isolement et le manque de dialogue ».
« Les grandes villes, tout en étant surpeuplées, a-t-il constaté, sont l’emblème d’un genre de vie peu humain auquel les individus sont en train de s’habituer : indifférence diffuse, communication toujours plus virtuelle et moins personnelle, manque de valeurs solides sur lesquelles fonder l’existence, culture de l’avoir et du paraître ».
Dans ce contexte, l’évêque de Rome a appelé à « favoriser le dialogue ». La condition du dialogue étant « la capacité d’écoute, qui malheureusement n’est pas très commune », a-t-il constaté : « Quelqu’un disait : pour faire la paix, dans le monde, il manque des oreilles, il manque des personnes qui sachent écouter, et puis de là vient le dialogue ».
« Écouter l’autre demande patience et attention, a-t-il assuré. Seul celui qui sait se taire, sait écouter. On ne peut pas écouter en parlant : bouche fermée ». L’écoute est « la manifestation la plus simple de charité envers les frères », a encore affirmé le pape : « Écouter Dieu, écouter le frère et la sœur qui a besoin d’aide, écouter un ami, un parent ».
Il a estimé que Dieu était « l’exemple le plus excellent d’écoute : chaque fois que nous prions, Il nous écoute, sans rien demander et même nous précède et prend l’initiative en exauçant nos demandes d’aide. L’attitude d’écoute, dont Dieu est le modèle, nous incite à abattre les murs des incompréhensions, à créer des ponts de communication, en dépassant l’isolement et la fermeture dans son petit monde ».
S’il y avait plus de vrai dialogue…
Le dialogue, a aussi expliqué le pape François, « manifeste un grand respect, parce qu’il pose les personnes en attitude d’ouverture réciproque ». Il est aussi « expression de charité parce que, sans ignorer les différences, il peut aider à rechercher et à partager des chemins en vue du bien commun ».
A travers le dialogue, a-t-il poursuivi, « nous pouvons apprendre à voir l’autre non comme une menace, mais comme un don de Dieu, qui nous interpelle et nous demande d’être reconnu ». « Dialoguer aide les personnes à humaniser les relations et à dépasser les incompréhensions. S’il y avait plus de dialogue – mais de vrai dialogue ! – dans les familles, dans les milieux de travail, dans la politique, on résoudrait plus facilement de nombreuses questions ! Quand il n’y a pas de dialogue, les problèmes grandissent, les malentendus et les divisions grandissent ».
« A travers le dialogue et l’écoute nous pouvons contribuer à la construction d’un monde meilleur, en le rendant lieu d’accueil et de respect, en luttant ainsi contre les divisions et les conflits », a conclu le pape.
En confiant les bénévoles de « Telefono Amico Italia » à la protection de la Vierge Marie, « Femme du silence et de l’écoute », il les a encouragés à poursuivre leur œuvre pour que « personne ne reste isolé ».