Messe à Sainte-Marthe © L'Osservatore Romano

Messe à Sainte-Marthe, © L'Osservatore Romano

Ignorer un affamé après un dîner à 200 €, l'exemple électrochoc du pape

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Homélie à Sainte-Marthe au troisième jour du carême

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« Penser à ce que ressent un homme après un dîner qu’il a payé 200 euros… et en rentrant chez lui il voit un affamé, il ne le regarde pas et il continue à marcher ». C’est l’exemple donné par le pape François à la messe du 3 mars 2017, en guise d’électrochoc pour le carême.

Depuis la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican, le pape a médité sur le jeûne, une pénitence qui doit se pratiquer en étant attentif au prochain. Tout le contraire du jeûne « hypocrite », a-t-il prévenu dans son homélie rapportée par Radio Vatican en italien.

Le jeûne hypocrite, c’est celui qui est pratiqué « pour se faire voir ou pour se sentir juste mais pendant ce temps j’ai commis des injustices, je ne suis pas juste, j’exploite les personnes ». A ceux qui se croient « généreux » s’ils donnent une belle offrande à l’Eglise, le pape a demandé : « Mais dis-moi, tu paies le juste prix à tes employés ? – … ou tu les paies au noir ? -… pour qu’ils puissent donner à manger à leurs enfants ? ».

Pour se convertir, le pape a fait cette recommandation : « Cela nous aidera de penser à ce que ressent un homme après un dîner qu’il a payé 200 euros, par exemple, et en rentrant chez lui il voit un affamé, il ne le regarde pas et il continue à marcher ». Et de raconter une anecdote vécue par le jésuite Pedro Arrupe après la Seconde guerre mondiale au Japon : un riche homme d’affaires lui fit une donation, devant photographe et journaliste. Mais l’enveloppe contenait seulement 10 dollars.

« Nous faisons la même chose, a-t-il dénoncé, quand nous ne payons pas le juste salaire à nos employés. Nous prenons un pot-de-vin sur nos pénitences, sur nos gestes de prière, de jeûne, d’aumône : le pot-de-vin de la vanité ». « S’il vous plaît, quand vous accomplissez une bonne œuvre ne prenez pas de pot-de-vin sur cette bonne œuvre, c’est seulement pour le Père », a ajouté le pape.

En conclusion, il a cité la première lecture (Is 58, 1-9a) : « Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? ». « Pensons à ces paroles, a recommandé le pape François, pensons à notre cœur, à la façon dont nous jeûnons, prions, faisons l’aumône ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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