La présidente de République de Chine, Mme Tsai Ing-wen (Taiwan), s’engage à promouvoir une « nouvelle ère de relations » avec la Chine continentale en vue de la paix : un engagement exprimé dans une longue lettre au pape François publiée, en anglais, par son bureau ce vendredi 20 janvier 2017, et en date du 5 janvier. Elle redit son engagement humanitaire dans le monde et sa politique d’accueil des immigrés.
La présidente y répond au message du pape du 1er janvier, pour la Journée mondiale de la paix, sur le thème de la non-violence chrétienne, que ce soit au niveau des relations personnelles ou des nations : « La non-violence comme style d’une politique de paix ».
Mme Tsai Ing-wen insiste aussi sur le rôle de la femme pour la construction de la paix : « Comme le dit Votre Sainteté dans le Message pour la Journée mondiale de la paix, les femmes sont souvent des leaders de l’action non-violente. En tant que première femme présidente dans le monde ethnique chinois, j’aspire à vivre à la hauteur de vos paroles alors que je me consacre à améliorer le bien-être du peuple taïwanais et à créer une nouvelle ère pour la paix de part et d’autre du détroit. »
La présidente dit adhérer « de tout cœur » à ce message « sublime et profond » et à son appel à « embrasser l’amour, la pratique de la non-violence » et « travailler de concert pour faire face aux crises de l’humanité », notamment pour ce qu’il dit du « désarmement et de l’abolition des armes nucléaires » et des « solutions aux conflits régionaux », ce qu’il dit « du terrorisme, des migrations, des destructions environnementales ».
Elle souligne le passage où le pape fait observer que la non-violence n’est pas seulement un « héritage de l’Eglise catholique », mais qu’elle appartient à de « nombreuses traditions religieuses », notamment chez Confucius et dans le bouddhisme, explique la présidente qui cite Confucius et aussi la doctrine bouddhiste sur le sujet.
« Taiwan et la Chine continentale étaient autrefois impliqués dans un conflit (…) qui a causé des tensions dans la région et de l’anxiété chez nos peuples. En revanche, aujourd’hui les gens des deux côtés du détroit de Taiwan jouissent de vies stables et d’échanges normaux sous une gouvernance séparée et pacifique. Nous devrions donc chérir d’autant plus ce statu quo d’une stabilité durement gagnée. Comme je l’ai déclaré dans mon discours inaugural de mai 2016, le gouvernement de la République de Chine est résolument engagé à maintenir la démocratie de Taiwan et le statu quo de la paix dans le détroit de Taiwan », déclare la présidente.
Elle rappelle qu’en octobre 2016, elle s’est engagée, dans son allocution pour la fête nationale, à « prendre des mesures (…) tournées vers l’avenir pour promouvoir des échanges constructifs et le dialogue avec l’autre côté du détroit, afin de construire une relation pacifique et stable qui dure ».
Pour la présidente, « défendre la paix exige une bonne volonté et une bonne communication » : « Etant donné les nombreuses années d’expérience dans les négociations avec l’autre côté du détroit au cours de ma carrière politique, je suis convaincue que l’action militaire ne peut pas résoudre les problèmes. C’est pourquoi j’ai proposé quatre principes pour un engagement pacifique avec la Chine continentale, à savoir: que nos promesses ne changent pas, que notre bonne volonté ne change pas, que nous ne nous inclinions pas sous les pressions et que nous ne retournions pas à l’ancienne voie de la confrontation. J’exhorte le parti au pouvoir de l’autre côté du détroit, et le parti au pouvoir à Taïwan, à abandonner les valises de l’histoire et à engager un dialogue positif. »
La présidente espère que la République joue un rôle de phare des libertés pour les autres peuples : « En indiquant le chemin emprunté par Jésus Christ, Votre Sainteté interprète la non-violence comme «non-violence active». Je suis profondément d’accord. La non-violence ne signifie pas la peur ou le compromis. La Bible demande aux disciples de montrer l’exemple en étant le sel de la terre et la lumière du monde. Dans ce même esprit, la République de Chine sert de phare pour la démocratie en Asie. Nous espérons que des peuples d’autres parties du monde pourront jouir des libertés garanties par la Constitution de la République de Chine, y compris la liberté de résidence et de changement de résidence, ainsi que les libertés religieuse et personnelle, afin qu’ils soient eux aussi libres de la peur de la répression politique et religieuse. »
Elle ajoute que la démocratie implique le souci « des faibles et des défavorisés », ce qui comprend « les femmes, les enfants, les migrants et les groupes socialement et économiquement défavorisés qui sont le plus souvent victimes de violence ».
Elle défend ainsi le bilan social de sa présidence : « Depuis mon entrée en fonction, j’ai écouté attentivement les opinions exprimées par les familles de victimes de l’injustice et j’ai lancé une réforme judiciaire. Pour répondre aux besoins en matière de soin des enfants et de soins de longue durée pour les personnes âgées, ainsi que pour les questions de sécurité des femmes et des enfants, nous avons présenté cinq grands plans de sécurité sociale couvrant les soins communautaires, l’ordre social, le logement, la sécurité alimentaire et un système des retraites durable. »
A propos des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la République de Chine, qui ont bientôt 75 ans, elle fait observer que ces relations ont été « cordiales » et la « coopération étroite » et elle évoque la canonisation de Mère Teresa: « Notre amitié sans cesse croissante repose sur des valeurs communes de démocratie, de liberté et de droits humains. Lorsque le vice-président Chen Chien-jen a dirigé la délégation de la République de Chine en tant qu’envoyé spécial à la canonisation de la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta en septembre 2016, il a adressé ses sincères salutations à Votre Sainteté au nom du gouvernement de la République de Chine et de la communauté catholique. Nous vous remercions encore une fois pour la chaleureuse réponse de Votre Sainteté.»
Elle ajoute qu’en réponse à « l’appel du Saint-Siège en faveur de l’aide humanitaire », la République « a apporté son soutien ces dernières années aux réfugiés en Jordanie et dans le nord de l’Irak, aux victimes de l’Ebola en Afrique de l’ouest et aux personnes touchées par des tremblements de terre en Italie, au Népal, au Japon et en Équateur » et elle prend l’engagement de continuer sur cette voie: « À l’avenir, la République de Chine continuera à soutenir fermement le Saint-Siège et à aider l’Église catholique dans son travail pastoral à travers le monde. »
La présidente évoque aussi la création du nouveau dicastère romain pour le développement humain intégral et défend ses mesures en faveur des migrants: « Nous sommes heureux que le Saint-Siège ait créé, à la demande de Votre Sainteté, le dicastère pour la Promotion du développement humain intégral, qui a commencé ses travaux en ce Jour de l’An, et où Votre Sainteté supervisera personnellement l’assistance aux migrants et aux réfugiés. Afin d’exprimer sa reconnaissance aux nouveaux immigrants, la République de Chine célèbre désormais la Journée des Migrants le 18 décembre, conformément à la Journée Internationale des Migrants observée par les Nations Unies. Notre nouvelle politique en direction du sud vise également à renforcer les échanges culturels et de talent avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les pays du Sud-Est et du Sud de l’Asie. »
La présidente chinoise affirme aussi la politique d’ouverture de Taïwan envers les immigrés : « Notre gouvernement a révisé la loi sur la nationalité et va formuler une loi spéciale pour faciliter la permanence des ressortissants étrangers à Taiwan. En outre, le Ministère de l’éducation a ajouté sept langues de l’Asie du Sud-Est au programme scolaire de 2018 pour faciliter l’assimilation sociale par les nouveaux immigrés. En cette ère de mondialisation, Taïwan continuera à garder nos portes ouvertes et à accueillir les immigrés comme étant les nôtres, afin que nous puissions tous connaître les avantages des différents échanges culturels et économiques. »
Et la présidente chinoise conclut en exprimant le vœu que le message du pape ait un grand impact international: « J’espère sincèrement que le Message de Votre Sainteté conduira des gens du monde entier à réfléchir sur les dommages que la violence fait à la paix. Je suis profondément convaincue que votre engagement désintéressé et que votre amour magnanime vous permettront de mettre fin à la violence et d’amener l’humanité vers la paix et la justice. »
La présidente Tsai Ing-wen, courtoisie de mobileen.president.gov.tw
Taiwan: la présidente s’engage à travailler pour la paix avec la Chine continentale
Réponse au message du pape pour la Journée mondiale de la paix