Mgr Albert-Marie de Monléon OP, courtoisie de congresmisericordefrance.catholique.fr

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«Mettre devant Jésus et sa Miséricorde sans limite, toute notre misère », par Mgr de Monléon

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Une lecture de la lettre apostolique du pape François «Misericordia et misera»

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Dans sa lettre « Misericordia et misera », le pape François invite à «accepter de mettre devant Jésus et sa Miséricorde sans limite, toute notre misère », explique Mgr Albert-Marie de Monléon, dans cet entretien où il revient sur certains thèmes fondamentaux de cette lettre apostolique donnée le 21 novembre 2016, en la solennité du Christ Roi de l’univers, en quelque sorte pour aider les catholiques à vivre « l’après-Jubilé ».
Mgr Albert-Marie de Monléon, o.p., évêque émérite de Meaux (France) est Coordinateur des congrès de la Miséricorde en France qu’il accompagne avec deux autres évêques, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et Mgr Pascal Roland, évêque de Belley-Ars. Ce site ainsi que le site enfantsmisericorde.com sont très visités.
Mgr de Monléon a publié pour l’Année Jubilaire de la Miséricorde : Au cœur de la Miséricorde (Préface du Cal. Ph. Barbarin, Parole et Silence, décembre 2015). Il a contribué aux 2 numéros spéciaux sur la Miséricorde de Documents Épiscopat, 11 – 2015 et N° 9/10 – 2016, publiés par le Secrétariat général de la Conférence des évêques de France.
Il  est l’un des initiateurs des Congrès mondiaux de la miséricorde, dans le sillage d’une retraite internationale des prêtres et de leurs équipes pastorales, à Lagiewniki-Cracovie, sur le thème « La Miséricorde, unique espérance pour le monde« , en juillet 2005.
Il offre cette lecture de la lettre apostolique du pape François au moment où, ce lundi 16 janvier 2017, s’ouvre le IVe Congrès mondial de la miséricorde (WACOM IV) aux Philippines, à Manille. Il a pour thème : « Communion dans la Miséricorde. Mission pour la Miséricorde ». Il se conclura le 20 janvier. Le pape François a choisi le cardinal Barbarin comme son envoyé spécial.
Zenit – « Misericordia et misera », c’est le titre du document du pape François pour nouer la gerbe de l’Année sainte extraordinaire de la miséricorde: que signifie ce titre?
Mgr Albert-Marie de Monléon – Comme l’explique le Pape cette expression est tiré du commentaire de Saint Augustin sur l’évangile selon saint Jean au passage de « la femme adultère » (Jn 8, 1-11; saint Augustin, In Joh, XXXIII, 5). Lorsque tous les accusateurs de cette pauvre femme sont partis, « ils ne restèrent plus que deux, écrit Augustin,  la misérable et la Miséricorde ». Ce sont de ces raccourcis saisissants dont saint Augustin a le secret.  « La misère du péché, écrit François, a été recouverte par la miséricorde de l’amour » (MM, n°1). La Miséricorde infinie de Dieu, la Miséricorde de Jésus, viennent toujours au secours de la misère du péché de l’homme, de toutes ses misères. Jésus est venu pour nous sauver de notre misère, de nos détresses, il n’a pas peur de se trouver en face d’elles. Comme l’écrit la Lettre aux Hébreux, Jésus est notre grand-prêtre miséricordieux, c’est-à-dire qui s’offre pour nos péchés, miséricordieux car « il n’est pas incapable de compatir à nos faiblesses » (He 4, 15), c’est-à-dire, littéralement de les souffrir avec nous. C’est cela le fruit principal de l’Année de la Miséricorde que le Pape François nous invite à prolonger : accepter de mettre devant Jésus et sa Miséricorde sans limite, toute notre misère et ainsi, non seulement, d’être relevé mais d’aller – Jésus dit à la femme : « va » et non pas « retourne chez toi » – pour rayonner de la miséricorde à notre tour.
Pour le pape François le jubilé de la miséricorde est clos mais le temps de la miséricorde est là: dans quel sens? Le pape encourage à continuer de faire faire aux croyants l’expérience de la miséricorde pour qu’ils deviennent instruments de miséricorde: c’est cela l’enjeu?
Absolument. La conclusion du Pape est très forte : « Voici venu le temps de la miséricorde » c’est-à-dire de partager les fruits de l’Année jubilaire. Le signe le plus visible de la Miséricorde mais aussi, parfois, le plus difficile, que nous avons expérimenté durant l’Année Sainte est le pardon. Il est le signe le plus manifeste de la miséricorde du Père, il change la vie, apporte la joie. Ce pardon, que nous aussi, à notre tour, avons à donner. C’est cela faire l’expérience de la miséricorde, reçue et donnée.
Le pape François parle même d’une « révolution culturelle »: que peut-on entendre par là?
Un retournement de ce qui fait notre environnement quotidien et humain. La culture, écrivait saint Jean-Paul II, « est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage homme ». Précisément c’est à cette humanité renouvelée par la miséricorde que le Pape François en appelle.
« Dans une culture souvent dominée par la  technique, les formes de tristesse et de solitude » (n°3), par « le vide profond, l’ennui », nous avons rendre la culture vraiment humaine, à permettre la présence et la proximité, à donner des espaces pour la joie, c’est-à-dire pour aimer, à s’efforcer de n’abandonner personne sur le bord du chemin.
Comme à son habitude, le pape François est très concret: il prend des mesures – pas toujours bien comprises – à propos de l’avortement, des Missionnaires de la miséricorde, de la Fraternité Saint-Pie X… Mais aussi la Journée mondiale des pauvres et le Dimanche de la Parole de Dieu… Et il remercie spécialement les prêtres de leur part dans ce jubilé de la miséricorde …
En effet, le Pape veut tirer de tous les enseignements positifs de cette Année de la Miséricorde ce qu’il faut continuer à mettre en œuvre et à développer : dans l’ordre de la Parole de Dieu et des sacrements, du pardon, et particulièrement du sacrement de la Réconciliation. C’est pourquoi il remercie les prêtres Missionnaires de la miséricorde qu’il a envoyés au cours de cette Année et il exhorte tous les prêtres à se donner généreusement et miséricordieusement au sacrement du Pardon. Il encourage à développer tous les œuvres de miséricorde qui se sont révélées porter du fruit durant cette année. Il y a encore tant à faire dans notre monde devant les innombrables situations de précarité, de détresse, de violence, en particulier à l’égard des enfants L’Église et chaque baptisé doit exercer les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles en leur donnant des formes concrètes adaptées à chaque situation et surtout à chaque personne, car les œuvres de miséricorde continuent à rendre visible la bonté de Dieu » (MM, n. 17). En conclusion de sa lettre le Pape insiste sur : « Voici venu le temps de la miséricorde » (n.21), c’est-à-dire c’est aujourd’hui le temps de la miséricorde, pas demain, maintenant.
C’est aussi le centenaire des apparitions de la Vierge Marie à Fatima: une année mariale en quelque sorte après l’année de la Miséricorde?
Lorsqu’on parle de miséricorde, qu’on s’efforce de la mettre en œuvre, Marie n’est jamais loin, elle est vraiment Mère de Miséricorde. En cette année du centenaire des apparitions de Fatima on peut effectivement entendre le message de Marie et de l’Ange comme un appel à la miséricorde. Lors de la seconde apparition de l’ange aux petits bergers il leur dit : « Priez beaucoup ! Les Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. » A travers ces enfants c’est à chacun de nous que ce message s’adresse. Cette prière elle est essentiellement « pour la conversion des pauvres pécheurs » et pour la paix dans le monde. Ce sont parmi les plus hautes œuvres de miséricorde dont notre temps a un urgent besoin.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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