Mgr Bernardito Auza, capture

Mgr Bernardito Auza, UNTV capture

ONU: en finir avec la faim et éliminer la malnutrition d'ici 2030 (traduction complète)

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Les conditions concrètes à réunir pour atteindre l’objectif

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« Ma délégation réitère son engagement envers l’objectif d’en finir avec la faim et d’éliminer la malnutrition pour tous d’ici 2030 », déclare Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège.
Le représentant du Saint-Siège est en effet intervenu, lundi 24 octobre 2016, lors de la deuxième Commission de la soixante-et-onzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York, sur le « Point 25 »: « Le développement de l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition ».
Mais Mgr Auza souligne les conditions pour qu’un tel objectif soit atteinte: « Nous n’aurons pas seulement besoin d’une production alimentaire accrue et d’une meilleure distribution de la nourriture : nous devons aussi faire appel aux meilleures qualités humaines de paix, de justice sociale, de solidarité, de compassion et d’empathie, de sorte que nous puissions être conscients de la faim et de la soif autour de nous et dans le monde entier. »
Voici notre traduction intégrale de l’intervention de Mgr Auza.
 
AB
Intervention de Mgr Auza
Monsieur le Président,
Le rapport du secrétaire général (A / 71/283) sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition fournit un compte à la fois en temps opportun et franc des progrès réalisés sur les deux préoccupations mondiales fondamentales que sont la lutte contre la faim et l’élimination de la malnutrition pour tous.
Le rapport du secrétaire général sert de rappel brutal à l’ampleur des défis qui restent à venir si nous voulons mettre fin à la faim, améliorer la nutrition et parvenir à la sécurité alimentaire en 2030. Malgré les progrès accomplis depuis 1990 dans la réduction de la faim, près de 800 millions de personnes sont encore sous-alimentées, à un moment où les défis mondiaux pour réduire la malnutrition sont de plus en plus complexes. Un fait tout aussi troublant est que plus de deux milliards souffrent de carences en micronutriments, parmi lesquels certains des membres les plus vulnérables de la population du monde, y compris plus de 200 millions d’enfants de moins de cinq ans, qui ont soit un retard de croissance soit un poids trop bas pour leur taille.
Les défis pour accroître la productivité agricole, faire face aux effets des changements climatiques et réduire les pertes alimentaires sont aggravés par des migrations massives de populations, tant à l’intérieur qu’entre les pays, et par la guerre et la violence qui ont déraciné de grandes populations des zones productives. Par conséquent, comme le fait observer le rapport du secrétaire général, il est déjà clair que sans un « ferme engagement politique et sociétal, de larges segments de la population du monde resteront sous-alimentés d’ici 2030 ».
Cet « engagement politique et sociétal » est fondamental si nous voulons atteindre le deuxième objectif de développement durable « mettre fin à la faim, assurer la sécurité alimentaire et l’amélioration de la nutrition et promouvoir une agriculture durable » d’ici 2030.
Dans son discours en juin 2016 au Programme alimentaire mondial à Rome, le pape François a mis en garde contre les dangers de voir la faim et la pauvreté en termes purement statistiques et de devenir lentement immunisé contre les tragédies des autres, de les regarder presque comme quelque chose de « naturel » et donc d’inévitable dans le monde dans lequel nous vivons. Il faut donc « dénaturaliser » l’extrême pauvreté en la voyant comme une réalité troublante et non pas comme une statistique inévitable, « parce que » – comme  l’a affirmé le pape – « la pauvreté a un visage : elle a le visage d’un enfant ; elle a le visage d’une famille ; elle a le visage des gens, jeunes et vieux ; elle a le visage d’un chômage généralisé ; elle a le visage des migrations forcées et de maisons vides et détruites ».
Le pape a également demandé de « débureaucratiser » la faim. Dans son discours à la deuxième Conférence internationale sur la nutrition de la FAO  en novembre 2014, le pape François a parlé du paradoxe selon lequel, alors qu’il y a plus de nourriture que nécessaire pour tout le monde, pourtant tous ne peuvent pas manger, même lorsque nous voyons les « déchets, la consommation excessive et l’utilisation de la nourriture à d’autres fins ».  La « bureaucratisation » de la faim trouve aussi son expression dans le paradoxe suivant : alors que diverses formes de projets d’aide et de développement sont bloquées par des décisions politiques et par des politiques, par des idéologies fausses et par des barrières douanières impénétrables, le commerce des armes ne l’est pas. Le pape a déploré le fait que « peu importe d’où  proviennent les armes ; elles circulent avec une liberté scandaleuse et pratiquement absolue dans de nombreuses régions du monde. En conséquence, les guerres sont alimentées, et non les personnes. Dans certains cas, la faim elle-même est utilisée comme une arme de guerre ».
En conclusion, ma délégation réitère son engagement envers l’objectif d’en finir avec la faim et d’éliminer la malnutrition pour tous d’ici 2030. Pour que cela devienne une réalité, cependant, nous n’aurons pas seulement besoin d’une production alimentaire accrue et d’une meilleure distribution de la nourriture : nous devons aussi faire appel aux meilleures qualités humaines de paix, de justice sociale, de solidarité, de compassion et d’empathie, de sorte que nous puissions être conscients de la faim et de la soif autour de nous et dans le monde entier.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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