Messe à Sainte-Marthe © L'Osservatore Romano

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Vaincre l'hypocrisie, mode d'emploi

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Homélie à Sainte Marthe

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Le chrétien ne doit pas être comme ces biscuits populairement appelés « mensonges » justement parce qu’ils sont beaux et grands à l’extérieur mais vides et sans substance à l’intérieur : c’est contre l’hypocrisie et toutes déclinaisons, que le pape François a mis en garde pendant la messe célébrée ce vendredi 14 octobre, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe du Vatican. Le pape a suggéré des pistes pour un examen de conscience sur le niveau d’hypocrisie des croyants, rapporte L’Osservatore Romano en italien du 15 octobre 2016. Mais, a fait observer le pape, l’hypocrite est incapable de s’accuser lui-même, il accuse les autres.
S’inspirant du passage de l’Évangile de Luc (12,1-7) proclamé pendant la liturgie, le pape François a aussitôt indiqué « un mot que le Seigneur dit à ses disciples : « levain ». Luc écrit, rapportant l’enseignement de Jésus : « Méfiez-vous du levain des pharisiens ». Le Seigneur, a affirmé le pape, « a parlé du levain aussi dans d’autres occasions, quand il expliquait, par exemple, que le royaume des cieux était comme le levain que la femme mélange avec la farine, qu’elle pétrit et laisse grandir : c’est ainsi qu’est le royaume des cieux ». En outre, « l’apôtre Paul dit aux Corinthiens : enlevez le vieux levain et soyez un pâte nouvelle ».
Dans le passage proposé par la liturgie, « Jésus parle d’un levain qui ne fait pas le royaume des cieux, d’un mauvais levain ».  Il y a donc deux levains, un bon et un mauvais : « le levain qui fait grandir le royaume de Dieu et le levain qui donne seulement l’apparence du royaume de Dieu ». D’ailleurs, « le levain fait grandir, toujours ; et il fait grandir, quand il est bon, de manière consistante, substantielle et il devient un bon pain, une bonne pâte, il grandit bien. Mais le mauvais levain ne fait pas bien grandir.
Pour expliquer plus efficacement cette image, le pape François a choisi de faire une confidence personnelle : « Je me souviens que, pour le carnaval, quand nous étions enfants, ma grand-mère nous faisait des biscuits et c’était une pâte très fine, fine, fine, ce qu’elle faisait. Puis elle la jetait dans l’huile et cette pâte gonflait, gonflait et quand nous commencions à la manger, elle était vide ». Ces biscuits, en dialecte, s’appelaient des « mensonges ». Et c’était ma grand-mère justement qui nous en a expliqué la raison : ces biscuits « sont comme les mensonges : ils ont l’air grands, mais ils n’ont rien à l’intérieur, il n’y a pas de vérité, là, il n’y a pas de substance ».
Jésus nous met donc en garde : « Méfiez-vous du mauvais levain, celui des pharisiens ». Et ce levain « est l’hypocrisie ». Par conséquent, l’invitation du Seigneur est de bien nous garder «  du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie ».
D’ailleurs, a fait observer le pape François, « bien souvent Jésus dit : ‘hypocrites, hypocrites’ aux pharisiens, aux docteurs de la loi ». Par exemple, « il suffit de lire le chapitre 23 de Matthieu : une après l’autre ». Mais en réalité, « qu’est-ce que ce mauvais levain, qu’est-ce que l’hypocrisie ? » Pour répondre, le pape a fait l’examen de « certains passages de la Bible ». Et voici que « le Seigneur se plaint avec le prophète : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi ». Parce que, a expliqué le pape, « l’hypocrisie est une division intérieure, on dit une chose et on en fait une autre : c’est une sorte de schizophrénie spirituelle ». De plus, « l’hypocrite est un simulateur : il a l’air bon, courtois, mais par derrière il a un poignard ». Exactement comme Hérode, a rappelé le pape, qui, effrayé à l’intérieur… il avait reçu les mages » avec « courtoisie » et « ensuite, au moment de les saluer, il dit : « allez-y et revenez me dire où est cet enfant pour que j’aille moi aussi l’adorer ». En fait, il voulait le « tuer ».
« L’hypocrite, qui a deux visages, a insisté le pape, est un simulateur. Jésus lui-même, « en parlant de ces docteurs de la loi », affirme qu’ils « disent mais ne font pas ». Et ceci « est une autre forme d’hypocrisie, c’est un nominalisme existentiel, ceux qui croient qu’en disant les choses, ils règlent tout. Non, les choses doivent être faites, pas seulement dites ». En revanche, « l’hypocrite est un nominaliste, il croit qu’en disant, on fait tout ». En outre, « l’hypocrite est incapable de s’accuser : il ne trouve jamais une tache sur lui ; il accuse les autres ». Que l’on pense, a-t-il suggéré, « à la paille et à la poutre » : c’est justement comme cela que nous pouvons décrire ce levain qui est l’hypocrisie ».
Dans cette perspective, pour comprendre ce que Jésus veut nous dire », le pape a proposé des pistes pour un véritable « examen de conscience sur notre façon d’agir dans la vie, sur notre levain » afin que « nous puissions être plus libres pour aller derrière le Seigneur et nous dire toujours la vérité ». C’est pourquoi il est important de se demander : « Comment est-ce que je grandis ? Est-ce que je grandis avec le vieux levain qui ne sert à rien ? Est-ce que je grandis comme les crêpes de ma grand-mère, vide, sans substance ou est-ce que je grandis avec le nouveau levain, celui qui fait le royaume des cieux, qui fait grandir le royaume des cieux ? Comment est mon levain ? C’est-à-dire : « Dans quel esprit est-ce que je fais les choses ? Dans quel esprit est-ce que je prie ? Dans quel esprit est-ce que je m’adresse aux autres ? Avec un esprit qui construit ou avec un esprit qui devient de l’air ?
Le pape François a suggéré aussi de ne jamais se tromper soi-même en disant : « j’ai fait ceci, j’ai fait cela ». Et il a donné plutôt l’exemple des plus petits : « Avec quelle vérité les enfants se confessent-ils ! Les enfants ne disent jamais, jamais, jamais un mensonge dans la confession, ils ne disent jamais des choses abstraites :
« J’ai fait ceci, j’ai fait cela ». Les enfants, a expliqué le pape, sont donc « concrets quand ils sont devant Dieu et devant les autres, ils disent des choses concrètes, parce qu’ils ont le bon levain, le levain qui les fait grandir comme grandit le royaume des cieux ». Le pape a ainsi conclu sa méditation en priant le Seigneur de « nous donner, à nous tous, l’Esprit Saint et la grâce de la lucidité pour nous dire quel est le levain avec lequel je grandis, quel est le levain avec lequel j’agis », pour que nous soyons toujours prêts à répondre sincèrement à cette question : « Suis-je une personne loyale et transparente ou suis-je un hypocrite ? »

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Constance Roques

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