Mgr Bernardito Auza, capture

Mgr Bernardito Auza, UNTV capture

ONU: aucune raison ne peut justifier le terrorisme

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Intervention de Mgr Auza (Traduction intégrale)

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« Il n’y a pas de raisons idéologiques, politiques, philosophiques, raciales, ethniques ou religieuses » qui puissent justifier ou excuser le terrorisme, a affirmé Mgr Bernardito Auza, le 5 octobre 2016. L’observateur permanent du Saint-Siège est intervenu à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New-York, sur les « mesures visant à éliminer le terrorisme international ».
Pour combattre le terrorisme, le Saint-Siège a appelé à « des mesures plus cohérentes au niveau international »: « interdire aux terroristes l’accès aux technologies informatiques pour recruter de nouveaux adhérents, pour financer leurs activités et pour coordonner des attaques terroristes » ; interdire le financement et la fourniture d’armes à des terroristes ; traduire en justice « ceux qui soutiennent l’extrémisme violent ou qui protègent des membres des groupes terroristes » et poursuivre « toutes les violations du droit humanitaire international et les crimes contre l’humanité commis par des groupes terroristes ».
La lutte contre le terrorisme exige aussi d' »affronter les conflits sociaux et politiques qui alimentent la violence ou renforcent la haine entre les différentes communautés » et de « faire face aux défis auxquels sont confrontés les individus et les communautés les plus à risque de radicalisation et de recrutement, en vue de favoriser leur intégration sociale », a poursuivi Mgr Auza. Outre le rôle « crucial » de l’éducation, les chefs religieux « doivent prendre l’initiative en rejetant les récits et les idéologies qui engendrent la radicalisation, la haine et l’extrémisme ».
Et Mgr Auza de conclure par un appel au dialogue  : « Quelles que soient les menaces que le terrorisme fait peser sur notre sécurité collective, toute réponse efficace et durable à ce crime ne peut être atteinte uniquement par des moyens militaires et de sécurité, mais plutôt par une culture de la rencontre ».
AK
Déclaration de Mgr Auza
Monsieur le Président,
Permettez-moi d’abord de vous féliciter pour votre élection à la présidence de la sixième Commission. Ma délégation se réjouit de collaborer avec vous au cours de cette session.
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège tient à évoquer les victimes du terrorisme, ainsi que les communautés et les individus qui continuent de souffrir à cause du terrorisme. Leur mémoire et leur douleur doivent donner un sens renouvelé d’urgence et d’élan à l’important travail de cette commission.
La condamnation du terrorisme par le Saint-Siège est absolue : il n’y a pas de raisons idéologiques, politiques, philosophiques, raciales, ethniques ou religieuses qui le justifient ou l’excusent. Le terrorisme viole la dignité et les droits humains fondamentaux; le mépris des terroristes pour la vie et les libertés fondamentales, leurs crimes innommables contre les femmes et les filles, et la barbarie totale de leurs actes ne peuvent nous laisser indifférents.
Le terrorisme ne peut être combattu que par des mesures plus cohérentes au niveau international. Comme la terreur ne connaît pas de frontière, la communauté internationale dans son ensemble doit interdire aux terroristes l’accès aux technologies informatiques pour recruter de nouveaux adhérents provenant de nombreuses parties du monde, pour financer leurs activités et pour coordonner des attaques terroristes. Personne ne devrait être autorisé à financer ou à fournir des armes et des munitions à des terroristes. Ceux qui soutiennent l’extrémisme violent ou qui protègent des membres des groupes terroristes doivent être tenus pour responsables devant un tribunal de droit. De même, toutes les violations du droit humanitaire international et les crimes contre l’humanité commis par des groupes terroristes doivent être poursuivis avec vigueur.
D’autre part, toutes les mesures de lutte contre le terrorisme doivent respecter scrupuleusement les droits de l’homme et le droit international humanitaire. À cet égard, les récentes décisions de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Al-Dulimi et de la Cour de justice des Communautés européennes dans l’affaire Kadi méritent une étude approfondie.
De plus, il ne peut y avoir aucun conflit entre la mise en œuvre effective de mesures visant à contraster le terrorisme et la fourniture d’aide humanitaire, visant à protéger les droits fondamentaux à la vie et à la santé. Ainsi, l’opposition aux activités terroristes ne devrait pas empêcher ni limiter la capacité des organisations gouvernementales, non gouvernementales et d’inspiration religieuse à fournir une aide humanitaire aux groupes vulnérables ou aux personnes, telle que l’aide d’urgence aux réfugiés et aux personnes déplacées et les services médicaux aux blessés.
Monsieur le Président,
Les mesures visant à lutter contre le terrorisme doivent affronter les conflits sociaux et politiques qui alimentent la violence ou renforcent la haine entre les différentes communautés. En effet, la persécution des groupes sociaux ou nationaux, les injustices sociales profondes, la violation des droits et des libertés fondamentales, la discrimination ethnique et religieuse, ainsi que les inégalités sociales et économiques criantes créent les conditions susceptibles de favoriser la radicalisation. Le pape François a souligné que, chaque fois que la justice et le bien commun sont violés, la violence s’ensuit toujours (1). Ainsi, tous les gouvernements doivent coopérer avec la société civile pour faire face aux défis auxquels sont confrontés les individus et les communautés les plus à risque de radicalisation et de recrutement, en vue de favoriser leur intégration sociale.
La lutte contre le terrorisme commence avec les cœurs et les esprits des jeunes les plus vulnérables à la radicalisation et au lavage de cerveau idéologique. L’éducation joue donc un rôle crucial dans la prévention du terrorisme. À cet égard, l’Église catholique a le privilège de se voir confier chaque année l’éducation d’une cinquantaine de millions d’enfants de l’école primaire et secondaire à travers le monde et des millions d’autres au niveau tertiaire. Cette éducation est un service offert pour les enfants et les jeunes de toutes religions ou sans religion, et de tous milieux économiques, avec une préférence particulière pour ceux dont les possibilités d’éducation sont limitées, voire inexistantes. Dans l’exercice de ce service, les institutions éducatives catholiques renforcent les sociétés en formant des citoyens responsables et épris de paix.
En outre, les chefs religieux doivent prendre l’initiative en rejetant les récits et les idéologies qui engendrent la radicalisation, la haine et l’extrémisme. Les religions doivent s’unir pour faire face à toutes les formes de fanatisme religieux, aux stéréotypes et au manque de respect pour ce que les gens considèrent comme sacré. C’est donc un devoir primordial des chefs religieux de réfuter et de dénoncer les idéologies tendancieuses de terreur prétendument inspirées par des injonctions ou des textes religieux.
Le pape François continue de préconiser la pratique de la rencontre, du dialogue et de la construction de ponts comme antidotes à la radicalisation et à la violence extrémiste. Le refus du dialogue est en fait l’une des caractéristiques déterminantes de l’intégrisme. Le Saint-Siège estime donc que, quelles que soient les menaces que le terrorisme fait peser sur notre sécurité collective, toute réponse efficace et durable à ce crime ne peut être atteinte uniquement par des moyens militaires et de sécurité, mais plutôt par une culture de la rencontre qui favorise l’acceptation mutuelle et encourage des sociétés pacifiques et inclusives.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
(1)  Laudato Si’, n.159.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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