« Aujourd’hui, les deux mots-clés pour l’Union européenne sont créativité et fécondité. C’est le défi », estime le pape François.
Le pape l’a expliqué en répondant à la question d’un journaliste anglais sur le Brexit pendant le vol d’Erevan à Rome, dimanche 26 juin.
Le pape avait déjà dit que le Brexit était l’expression de la « volonté du peuple » lors de la conférence de presse dans l’avion Rome-Erevan le 24 juin et il en appelait à la « responsabilité » des gouvernants.
« Le pas … que doit faire l’Union européenne pour retrouver la force qu’elle a eue dans ses racines est un pas de créativité et aussi de « saine désunion », a affirmé le pape : c’est-à-dire donner plus d’indépendance, donner plus de liberté aux pays de l’Union. Penser une autre forme d’union, être créatifs. »
« Cherchons de rattraper les choses et de recréer, a-t-il ajouté. Parce que la re-création des choses humaines, y compris de notre personnalité, est un parcours, et doit toujours se faire. »
Le pape a appelé à être « créatifs en ce qui concerne les postes de travail, l’économie ». « Il y a une économie « liquide » aujourd’hui en Europe, a-t-il dit, qui fait que, par exemple en Italie, les jeunes de moins de 25 ans n’ont pas de travail : 40 pour cent ! Il y a quelque chose qui ne va pas dans cette Union massive… »
Selon le pape, ce n’est pas le Brexit qui pourrait mener à la guerre, car « la guerre est déjà en Europe ». « Et puis il y a un air de division, a-t-il ajouté, et pas seulement en Europe, mais à l’intérieur des pays mêmes.… Ces divisions, je ne dis pas qu’elles sont dangereuses, mais nous devons bien les étudier et, avant de faire un pas en avant pour une division, bien parler entre nous et chercher des solutions réalisables. »
Le pape voit la différence entre l’ « émancipation » et la « sécession d’un pays ».
« Il y a des décisions … d’indépendance qui se font par émancipation, a-t-il dit. Par exemple, tous nos pays latino-américains, ainsi que les pays d’Afrique, se sont émancipés des couronnes de Madrid, de Lisbonne ; et aussi en Afrique : de Paris, Londres ; d’Amsterdam, surtout l’Indonésie… L’émancipation est plus compréhensible, parce qu’il y a derrière une culture, une façon de penser. »
« En revanche, a-t-il poursuivi, la sécession d’un pays – je ne parle pas encore de Brexit – pensons à l’Écosse, c’est une chose qui a pris le nom – et ceci je le dis sans vouloir offenser, en utilisant ce terme que les hommes politiques emploient – de « balkanisation », sans parler mal des Balkans ! C’est un peu une sécession, ce n’est pas une émancipation et derrière il y a des histoires, des cultures, des malentendus ; et aussi beaucoup de bonne volonté dans d’autres. Ceci, il faut que ce soit bien clair. »
« Pour moi, l’unité est toujours supérieure au conflit, toujours ! a souligné le pape. Mais il y a différentes formes d’unité ; et aussi la fraternité – et j’arrive ici à l’Union européenne – est meilleure que l’inimitié ou des distances. Par rapport aux distances, disons que la fraternité est meilleure. Et les ponts sont meilleurs que les murs. Tout cela doit nous faire réfléchir. »
Avec une traduction de Constance Roques
Conférence de presse dans l'avion © L'Osservatore Romano
Un nouveau défi pour l’Europe: "créativité" et "saine désunion"
Conférence de presse dans l’avion Erevan-Rome (6)