« Et maintenant, Sainteté, au nom de Dieu, je vous demande de me bénir, de me bénir ainsi que l’Eglise Catholique, de bénir notre course vers la pleine unité »: ces paroles du pape François au coeur de la Divine liturgie arménienne apostolique, ont provoqué les applaudissements de l’assemblée et l’accolade émue du patriarche et du pape. Une bénédiction qui hâte l’unité.
Ces paroles rappellent l’attitude profonde du pape François qui, au soir de son élection au Siège de Pierre, s’est incliné, au balcon de la basilique vaticane, pour demander la prière du Peuple de Dieu rassemblé sur la place, le 13 mars 2013.
Le pape François a participé à la Divine Liturgie célébrée en plein air – une nouveauté – à Etchmiadzine, par le catholicos Karékine II, ce dimanche 26 juin 2016, troisième et dernier jour de son voyage en terre arménienne. Il a invité à entendre « l’appel des saints », « la voix des pauvres » et les jeunes.
Le pape avait auparavant célébré la messe en privé dans une chapelle installée pour lui au palais du catholicos, et il avait reçu, toujours au palais apostolique d’Etchmiadzine, les 14 évêques arméniens catholiques et les prêtres qui exercent leur ministère dans le pays.
Le pape s’est ensuite rendu à l’esplanade Saint-Tiridate pour participer la Divine Liturgie, en présence du président de la République Serge Sargsian.
«Vous m’avez ouvert les portes de votre maison», a dit le pape François, exprimant sa gratitude : le patriarche Karékine II accueille le pape François chez lui pendant son séjour, le pape ne réside donc pas à la nonciature, comme c’est la tradition, mais chez le catholicos.
« Accueillons l’appel des saints, écoutons la voix des humbles et des pauvres, de tant de victimes de la haine, qui ont souffert et sacrifié leur vie pour la foi ; tendons l’oreille aux jeunes générations qui implorent un avenir libéré des divisions du passé », a notamment déclaré le pape François.
Il a eu des paroles de réconciliation : « Que, de ce lieu saint, se répande de nouveau une lumière radieuse. Qu’à la lumière de la foi, qui depuis saint Grégoire, votre père selon l’Évangile, a illuminé ces terres, s’unisse la lumière de l’amour qui pardonne et réconcilie. »
« Suivons l’appel de Dieu à la pleine communion et hâtons le pas vers elle », a ajouté le pape avant de conclure : « Et maintenant, Sainteté, au nom de Dieu, je vous demande de me bénir, de me bénir ainsi que l’Eglise Catholique, de bénir notre course vers la pleine unité. »
Après l’allocution du pape, le catholicos l’a embrassé et l’a raccompagné jusqu’à son fauteuil.
Au terme de la célébration, le président Sargsian est venu saluer le pape et le catholicos.
Un enfant est venu arrêter la procession de sortie, alors que le pape se trouvait, comme à l’aller, sous le même dais, à la droite du catholicos: l’enfant est venu remettre au pape François un petit drapeau de l’Arménie, sous les applaudissements et les ovations, tandis que l’orgue continuait de jouer et les diacres d’encenser le pape et le catholicos, en marchant régulièrement à reculons.
Voici la traduction officielle du Vatican pour les paroles du pape François prononcées en italien avec une traduction consécutive, paragraphe par paragraphe, en arménien.
A.B.
« Salutation » du pape François
Sainteté,
Chers Evêques,
Chers frères et sœurs,
Au sommet de cette visite si désirée, et déjà pour moi inoubliable, je désire élever vers le Seigneur ma gratitude, que j’unis au grand hymne de louange et d’action de grâce qui est monté de cet Autel. Votre Sainteté, ces jours-ci, m’avez ouvert les portes de votre maison, et nous avons fait l’expérience combien « il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble » (Ps 133, 1). Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes embrassés fraternellement, nous avons prié ensemble, nous avons partagé les dons, les espérances et les préoccupations de l’Eglise du Christ dont nous percevons à l’unisson les battements du cœur, et que nous croyons et sentons une. « Une seule espérance, […] un seul Corps et un seul Esprit […] ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul Baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous et en tous » (Ep 4, 4-6) : nous pouvons vraiment faire nôtre avec joie ces paroles de l’Apôtre Paul ! C’est justement sous le signe des saints Apôtres que nous nous sommes rencontrés. Les saints Barthélémy et Thaddée, qui ont proclamé pour la première fois l’Evangile sur ces terres, et les saints Pierre et Paul, qui ont donné la vie pour le Seigneur à Rome, se réjouissent certainement, alors qu’ils règnent au ciel avec le Christ, de voir notre affection et notre aspiration concrète à la pleine communion. De tout cela je remercie le Seigneur, pour vous et avec vous : Park astutsò ! (Gloire à Dieu !)
Dans cette Divine Liturgie, le chant solennel du Trisagion s’est élevé vers le ciel, célébrant la sainteté de Dieu ; que la bénédiction abondante du Très Haut descende sur la terre, par l’intercession de la Mère de Dieu, des grands saints et docteurs, des martyrs, surtout des nombreux martyrs que vous avez canonisés l’année dernière en ce lieu. Que « le Fils unique qui est descendu ici » bénisse notre chemin. Que l’Esprit Saint fasse des croyants un seul cœur et une seule âme : qu’il vienne nous refonder dans l’unité. Pour cela je voudrais de nouveau l’invoquer, en faisant miennes quelques-unes des magnifiques paroles qui ont été introduites dans votre liturgie. Viens, ô Esprit, Toi «qui avec des gémissements incessants es notre intercesseur auprès du Père miséricordieux, Toi qui gardes les saints et purifies les pécheurs » ; répand sur nous ton feu d’amour et d’unité, et « que soient défaits par ce feu les raisons de notre scandale » (GRÉGOIRE DE NAREK, Livre des Lamentations, 33, 5), surtout le manque d’unité entre les disciples du Christ.
Que l’Eglise Arménienne marche dans la paix et que la communion entre nous soit pleine. Qu’en chacun surgisse un fort élan vers l’unité, une unité qui ne doit être « ni soumission de l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun pour manifester au monde entier le grand mystère du salut réalisé par le Christ Seigneur, par l’Esprit Saint » (Paroles à la fin de la Divine Liturgie, Eglise Patriarcale Saint Georges, Istanbul, 30 novembre 2014).
Accueillons l’appel des saints, écoutons la voix des humbles et des pauvres, de tant de victimes de la haine, qui ont souffert et sacrifié leur vie pour la foi ; tendons l’oreille aux jeunes générations qui implorent un avenir libéré des divisions du passé. Que, de ce lieu saint, se répande de nouveau une lumière radieuse. Qu’à la lumière de la foi, qui depuis saint Grégoire, votre père selon l’Évangile, a illuminé ces terres, s’unisse la lumière de l’amour qui pardonne et réconcilie.
Comme les Apôtres au matin de Pâques qui ont couru vers le lieu de la résurrection, attirés par l’aube heureuse d’une espérance nouvelle, malgré les doutes et les incertitudes (cf. Jn 20, 3-4), de même nous aussi, en ce saint dimanche, suivons l’appel de Dieu à la pleine communion et hâtons le pas vers elle.
Et maintenant, Sainteté, au nom de Dieu, je vous demande de me bénir, de me bénir ainsi que l’Eglise Catholique, de bénir notre course vers la pleine unité.
[Texte original: Italien]
© Librairie éditrice du Vatican
Divine Liturgie, Etchmiadzine, 26 juin 2016, capture CTV
Divine Liturgie d’Etchmiadzine: "Et maintenant, Sainteté, au nom de Dieu, je vous demande de me bénir"
Une bénédiction qui hâte l’unité, avec l’appel des saints, la voix des pauvres et des jeunes (texte complet)