Jubilé des prêtres, 3e méditation, Saint-Paul-hors-les-Murs, 2 juin 2016, L'Osservatore Romano

Jubilé des prêtres, 3e méditation, Saint-Paul-hors-les-Murs, 2 juin 2016, L'Osservatore Romano

La joie et la passion d’être prêtre, témoignage lu par le pape François

Lettre d’un curé italien au pape François

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Le pape François a présenté le témoignage d’un curé italien, lors de sa troisième méditation pour la retraite du jubilé des prêtres, jeudi, 2 juin, à Saint-Paul-hors les Murs: il témoignage de « la joie et la passion d’être prêtre ».
Pour préserver l’anonymat du prêtre, le pape François a enlevé au fur et à mesure de sa lecture les éléments qui auraient pu l’identifier; Mais il venait d’ouvrir la lettre et il voulait rendre hommage à travers lui à tous les « bons prêtres » du monde, devant les quelque 6 000 prêtres venus à Rome pour l’occasion et tous ceux qui étaient connectés à l’événement par la télévision, la radio, ou Internet.
Voici notre traduction de ce passage ajouté après la prière de l’Anima Christi.
Témoignage raconté par le pape François
Et hier j’ai reçu une lettre. Je l’ai ouverte avant de venir et je crois que c’est le Seigneur qui me l’a suggéré. Cette lettre vient d’un curé en Italie. Il est le curé de trois petites localités. Je pense qu’entendre son témoignage nous fera du bien.
La lettre est datée du 29 mai depuis quelques jours seulement.
« Excusez-moi de vous déranger. Je profite qu’un ami prêtre se trouve à Rome ces jours-ci pour le jubilé, pour vous envoyer sans aucune prétention – comme simple curé de trois petites paroisses de montagne, je préfère me faire appeler ‘petit berger’ – quelques considérations sur mon modeste service pastoral. Ces considérations, je me les suis faites – et je vous en remercie de tout cœur – en écoutant des choses que vous avez dites et qui m’appellent chaque jour à la conversion. Je ne vous écris rien de nouveau, j’en suis bien conscient. Ce sont des choses que vous avez déjà du entendre. Mais j’éprouve le besoin d’en faire écho moi aussi. Je suis frappé par cette invitation que vous nous faite souvent, à nous les prêtres, d’avoir sur nous l’odeur des brebis. Je vis dans les montagnes, je sais bien ce que cela veut dire. On devient prêtre pour sentir cette odeur, qui est le vrai parfum du troupeau.
Ça serait tellement bien si le contact quotidien et la fréquentation assidue de notre troupeau, vrai motif de notre appel, n’étaient pas remplacés par tant de paperasseries administratives et bureaucratiques dans les paroisses, l’école maternelle et autre. J’ai la chance d’avoir de braves laïcs compétents qui suivent cela de l’intérieur. Mais, comme seul et unique représentant légal, il reste au curé cette charge juridique. Si bien que celui-ci doit courir partout, reléguant parfois au dernier plan la visite aux malades, aux familles, qu’il effectuera peut-être même à la va vite et tant bien que mal. Je le dis personnellement, il est parfois très frustrant de constater que dans ma vie de prêtre on court beaucoup pour l’appareil bureaucratique et administratif, au détriment de ce petit troupeau qui m’a été confié, puis laissé de côté, comme livré à lui-même. Croyez-moi, Saint-Père, cela est triste et cette carence, tant de fois, me donne envie de pleurer. On cherche à s’organiser, mais on finit par être pris par le tourbillon des activités quotidiennes.
Il y a un autre aspect que vous soulignez: la carence de paternité. On dit que la société moderne manque de pères et de mères. Il me semble voir que nous aussi, quelquefois, nous renonçons à cette paternité spirituelle, en nous réduisant brutalement à des bureaucrates du sacré, avec pour triste conséquence ensuite de nous sentir abandonnés à nous-mêmes. Une paternité difficile qui se répercute ensuite inévitablement aussi sur nos supérieurs, pris eux aussi, et on le comprend bien, par leurs charges et problèmes, risquant ainsi de vivre avec nous des liens formels, liés à la gestion de la communauté, plus qu’à notre vie d’hommes, de croyants et de prêtres.
Mais tout cela – et je conclus – n’enlève rien à la joie et la passion d’être prêtre, pour les gens et avec les gens. S’il m’arrive parfois de ne pas avoir l’odeur des brebis sur moi, je suis ému à chaque fois de voir que mon troupeau n’a pas perdu l’odeur de son pasteur! Que c’est beau, Saint-Père, quand on s’aperçoit que les brebis ne nous laissent pas seuls, sont le thermomètre de notre » présence » ici pour eux. Si le pasteur devait sortir du sentier et s’égarer, elles l’attrapent et le tiennent par la main. Je ne cesserai jamais de remercier le Seigneur qui nous sauve toujours à travers son troupeau. Ce troupeau qui lui a été confié, des gens simples, bons, humbles et sereins, ce troupeau qui est la vraie grâce du pasteur. En toute confidence je vous ai envoyé ces petites et simples considérations, car vous êtes proche du troupeau, êtes capable de comprendre et pouvez continuer à nous aider et nous soutenir. Je prie pour vous et vous remercie aussi pour vos « coups de semonce » qui me sont nécessaires pour suivre mon chemin. Bénissez-moi cher pape François et priez pour moi et mes paroisses ». Puis le curé signe et ajoute cette phrase propre aux pasteurs: « Je vous laisse une petite offrande. Priez pour mes communautés, en particulier pour certains malades graves et pour les familles en situation de précarité mais pas seulement. Merci! »
Cet homme est notre frère. Il y en a beaucoup comme lui, beaucoup vraiment! Ici aussi sûrement. Beaucoup. Il nous indique la route à suivre. Alors avançons! Ne perdez pas la prière. Priez comme vous pouvez, et si vous vous endormez devant le tabernacle, soyez bénis. Mais priez. Ne perdez pas cela. Ne vous lassez pas de regarder la Vierge Marie et de la regarder comme la Mère. Ne perdez pas votre zèle, agissez … Ne perdez pas le sens de la proximité et de la disponibilité et, permettez-moi aussi de vous dire, votre sens de l’humour. Allez-y, continuons!
(c) Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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Océane Le Gall

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