« Dieu pleure ! » et « les responsables rendront des comptes », déclare le pape François, appelant les victimes d’abus sexuels de la part du clergé ou de membres de leurs familles, des « survivants ».
Le pape François a rencontré, dimanche matin, 27 septembre, à Philadelphie, grâce à l’archevêque, Mgr Charles Chaput, cinq victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé.
Le pape en a ensuite parlé lors de la rencontre avec les cardinaux et évêques présents à la VIIIe Rencontre mondiale des familles, au séminaire Saint-Charles-Borromée de Philadelphie.
« Je viens de rencontrer un groupe de personnes qui ont subi des abus étant enfants », a révélé le pape, ajoutant, devant des évêques et cardinaux du monde : « Dieu pleure. »
Il affirme la détermination de l’Église : « Tous les responsables rendront des comptes. »
Il a aussi témoigné des fruits de l’accompagnement des victimes : « Les survivants (sic) de ce crime se sont transformés en ministres de miséricorde. »
Aux évêques des États-Unis, il vient de demander, le 24 septembre, d’agir pour que de tels « crimes ne se répètent jamais ».
Détermination du pape et de l’Église
Le pape a rencontré entre 8h et 9h ce dimanche matin des « victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé » ou de « membres de leurs familles » ou d’« éducateurs », rapporte le P. Federico Lombardi.
Il précise : « Il s’agit de 5 personnes adultes – 3 femmes et 2 hommes – qui ont subi des abus quand ils étaient mineurs . Chacun était accompagné d’un membre de sa famille ou d’une personne de soutien. Le groupe était accompagné du cardinal Seán Patrick O’Malley, archevêque de Boston, et président de la Commission instituée par le pape pour la protection des mineurs, par l’archevêque de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, et par l’évêque Mgr Fitzgerald, responsable du Bureau du diocèse de Philadelphie pour la protection des mineurs. »
La rencontre a duré environ une demi-heure et elle s’est achevée par la bénédiction du pape François.
Le P. Lombardi raconte : « Le pape s’est entretenu avec les visiteurs, en écoutant leurs témoignages et en leur adressant des paroles en commun puis en les saluant ensuite individuellement. »
« Le pape a prié avec eux, a ajouté le P. Lombardi. Il leur a manifesté sa participation à leur souffrance, sa douleur et sa honte en particulier dans le cas de blessures infligées par des membres du clergé ou des collaborateurs ecclésiaux. »
Mais le pape a aussi « renouvelé son engagement et celui de l’Église pour que toutes les victimes soient écoutées et traitées avec justice et que les coupables soient punis et les crimes d’abus soient combattus avec une action de prévention efficace dans l’Église et dans la société ».
Enfin, « le pape a remercié les victimes pour leur contribution essentielle pour rétablir la vérité et commencer un chemin de guérison ».
La réponse de l’Église
Dans son homélie de la messe à Sainte-Marthe, le 7 juillet 2014, en présence de victimes présentes, il évoquait la mort de certaines victimes : « Certains ont même souffert la terrible tragédie du suicide d’un être cher. La mort de ces fils si aimés de Dieu pèse sur mon cœur et sur ma conscience, et sur celle de toute l’Église. A ces familles j’offre mes sentiments d’amour et de douleur. Jésus torturé et interrogé avec la passion de la haine est emmené à un autre endroit, et il regarde. Il regarde l’un des siens, celui-ci qui le renie, et il le fait pleurer. Demandons à Dieu cette grâce, avec celle de la réparation. »
Le pape a demandé pardon en disant : « Devant Dieu et son peuple, j’exprime ma douleur pour les péchés et les crimes graves d’abus sexuels commis par le clergé contre vous et, humblement, je demande pardon. »
Il disait l’engagement de l’Église : « Par ailleurs, nous continuerons à être vigilants dans la préparation au sacerdoce. Je compte sur les membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, de tous les mineurs ; de quelque religion qu’ils soient, ils sont des fils que Dieu regarde avec amour. Je demande ce soutien afin qu’ils m’aident à garantir que nous disposons des meilleures politiques et procédures dans l’Église universelle pour la protection des mineurs et pour la préparation du personnel de l’Église, dans la mise en application de ces politiques et procédures. Nous devons faire tout le possible pour nous assurer que de tels péchés ne se produisent pas dans l’Église. »
Rappelons que les crises américaine et irlandaise ont éclaté sous le pontificat de Benoît XVI qui a tout fait pour que la vérité vienne à la lumière et pris des mesures dans la ligne de ce qu’il avait déjà demandé à Jean-Paul II en tant que cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Doctrine de la foi : que les abus soit traités à Rome, spécialement quand les évêques locaux ne sont pas capables de les gérer et que les coupables soient punis par des mesures immédiates et mis hors d’état de nuire, y compris sans prescription.
Un site en ligne et une commission
Depuis Benoît XVI, une section du site en ligne du Vatican est consacrée à la réponse de l’Église à cette crise.
Le pape François a inscrit son action dans cette ligne, mais il a aussi renforcé la prévention, de façon à ce que ces crimes ne se renouvellent jamais plus comme il l’a encore dit récemment aux évêques des Etats-Unis. Il a institué, en mars 2014, une Commission pour mettre en œuvre des mesures concrètes.