Le pape François a présenté ses vœux à la communauté juive à l’occasion de la grande fête de Yom Kippour.
« Avant tout, je voudrais adresser une salutation à la communauté juive, à nos frères juifs, qui célèbrent aujourd’hui la fête de Yom Kippour », a dit le pape en présence de plus de 400 évêques et cardinaux des États-Unis, en la cathédrale Saint-Matthieu de Washington, hier, mercredi 23 septembre : un symbole des vœux de toute l’Église catholique.
Les vœux du pape sont des vœux de paix et de sainteté : « Que le Seigneur vous bénisse avec la paix, et qu’il vous fasse aller de l’avant sur le chemin de la sainteté, selon ce que nous avons entendu aujourd’hui de sa Parole : « Soyez saints parce que Je Suis Saint » (Lévitique 19,2). »
La fête de Yom Kippour – Yom haKippourim, Jour (« Yom ») des « Propitiations » ou « Expiations » ou encore du « Grand Pardon » – est considérée comme la fête la plus sainte de l’année juive. Elle est précédée d’une préparation pénitentielle d’une dizaine de jours : c’est un temps de réconciliation en famille et avec les voisins. C’est un jour chômé, de pénitence, accompagné du jeûne, y compris du « jeûne de la parole » et de cinq offices de prière. La fête est notamment marquée, comme le Nouvel An, Roch haChana, par le son du chofar, instrument de musique à vent souvent taillé dans une corne de bélier : il annonce la fin du jeûne par un son très long ininterrompu.
Le premier jour de l’année juive est en effet désigné par l’expression Roch haChana, c’est-à-dire le commencement (la « tête ») de l’année qui est aussi appelé dans les sources juives « le Jour du souvenir » : mémorial de la création ; souvenir du jour où l’homme, à peine créé, fut jugé et gracié ; jour où Dieu fait mémoire des œuvres de chacun ; mémorial du sacrifice volontaire d’Isaac, dont l’offrande spontanée doit plaider auprès du Créateur en faveur de ses descendants.
Roch Hachana inaugure une période de dix jours, appelés « jours redoutables », marqués essentiellement par la nécessité du repentir et les prières de repentance montent de toutes les synagogues. Chacun est invité à se mettre en paix avec son prochain : les offenses commises contre le prochain ne peuvent être pardonnées que par l’offensé, et nul ne peut prétendre au pardon divin s’il n’est en paix avec ses frères. La période des « jours redoutables » est souvent l’occasion de véritables réconciliations.
Jusqu’à la destruction du Temple de Jérusalem, la liturgie de Kippour occupait toute la journée et son poids reposait essentiellement sur le grand prêtre. Elle était marquée notamment par les sacrifices du bouc et du taureau (cf. Lv 16), auxquels fait allusion l’Epître aux Hébreux, et par l’expulsion vers le désert du bouc émissaire, chargé des péchés du peuple. Aujourd’hui, la prière synagogale supplée à la liturgie du Temple, et par de longues litanies pénitentielles, ainsi que des chants liturgiques spécifiques, elle demande notamment : « Fais-nous entrer dans le Livre de la Vie. »
Au terme de la journée, lorsque retentit la sonnerie du chofar, il est d’usage de s’adresser mutuellement le vœu : « Puisse cela terminer [pour vous par une] signature [pour une] bonne [année] » (« Gmar ‘Hatima Tova » ou simplement « Hatima Tova »).
C’est désormais une tradition que les papes adressent leurs vœux à la communauté juive pour cette fête. Benoît XVI l’a fait notamment par des messages au grand rabbin et à la communauté juive de Rome (par ex. le 19 sept. 2007). Il est certainement significatif que le pape François ait préféré un message oral, public, en direct sur les télévisions du monde, entouré de toute l’Église des États-Unis, à un message écrit, plus discret.