Père Lombardi — Maintenant, nous donnons la parole à Gian Guido Vecchi que je crois que vous connaissez, du Corriere della Sera italien.
Gian Guido Vecchi — Sainteté, vos dénonciations sur l’iniquité du système économique mondial, le risque d’autodestruction de la planète, le trafic des armes… dérangent, car elles touchent à des intérêts très forts. À la veille de ce voyage, certains secteurs de la société américaine – et c’est repris par de grands médias – se demandent si le pape est catholique… On avait déjà entendu parler du « pape communiste »… Qu’en pensez-vous ?
Pape François — Un cardinal ami m’a raconté qu’une dame est allée le voir, très préoccupée : très catholique, un peu rigide, la dame, mais bonne, bonne : catholique… Et elle lui a demandé s’il était vrai que, dans la Bible, on parlait d’un antéchrist. Et il lui a expliqué. « C’est aussi dans l’Apocalypse, non ? » et puis, s’il était vrai qu’on parlait d’un antipape, parce que l’antéchrist, l’antipape… « Mais pourquoi me posez-vous cette question ? a demandé le cardinal. — Mais parce que je suis sûre que le pape François est l’antipape. — Et pourquoi ? lui demande-t-il, pourquoi avez-vous cette idée ? — Eh bien ! parce qu’il ne porte pas les chaussures rouges ! » Tel quel, historique !… Les raisons de penser que quelqu’un est communiste, n’est pas communiste…
Je suis certain que je n’ai rien dit de plus que ce qui est dans la doctrine sociale de l’Église. Sur l’autre vol, une de vos collègues, je ne sais pas si elle est ici, qu’elle me corrige – m’a dit, quand je suis allé parler aux Mouvements populaires, elle m’a dit : « Vous avez tendu la main à ce mouvement populaire – c’était plus ou moins cela. Mais l’Église, est-ce qu’elle vous suivra, vous ? » Et moi, j’ai dit : « L’Église, c’est moi qui la suis. » Et sur ce point, je crois ne pas me tromper, je crois n’avoir rien dit qui ne soit dans la doctrine sociale de l’Église. On peut expliquer les choses. Une explication a peut-être donné une impression d’être un tout petit peu plus « à gauche », mais ce serait une erreur d’explication. Non. Ma doctrine, sur tout cela, dans l’encylique Laudato si’, sur l’impérialisme économique et tout cela, est celle de la doctrine sociale de l’Église. Et s’il est nécessaire que je récite le « Credo », je suis disposé à le faire !
© Traduction de Zenit, Constance Roques