« Nous ne trouvons aucun genre de justification sociale, morale, ni de n’importe quelle espèce, pour accepter le manque de logement », déclare le pape François.
Le pape s’est rendu au Centre caritatif de la paroisse Saint-Patrick de Washington pour rencontrer les sans-abri, ce jeudi 24 septembre, après son discours au Congrès des États-Unis.
Le pape a offert une méditation sur saint Joseph qui se retrouve sans logement au moment où Marie va mettre son enfant au monde : « Vous me rappelez saint Joseph. Vos visages me parlent de son visage. »
Il explique que Jésus lui-même s’est retrouvé sans maison : « Le Fils de Dieu a su ce que c’est que de commencer la vie sans un toit. (…)Imaginons les questions de Joseph à ce moment-là : comment se fait-il que le Fils de Dieu n’ait pas un toit pour vivre ? (…) Ce sont des questions que beaucoup parmi vous peuvent se poser chaque jour. (…) Comme Joseph, vous vous demandez : pourquoi sommes-nous sans toit, sans foyer ? »
« Ce sont des questions qu’il nous ferait du bien de nous poser tous : pourquoi ces frères sont-ils sans foyer, pourquoi ces frères n’ont-ils pas un toit ? Les questions de Joseph sont actuelles ; elles habitent tous ceux qui, au long de l’histoire, ont vécu et sont sans un foyer », a ajouté le pape.
Puis il a montré l’attitude de saint Joseph : « Joseph était un homme qui se posait des questions, mais surtout, il était un homme de foi. C’est la foi qui a permis à Joseph de trouver la lumière à ce moment qui paraissait tout obscur. »
A.B
Discours du pape François
Chers amis,
La première parole que je vous voudrais vous adresser, c’est merci. Merci de me recevoir et de l’effort que vous avez réalisé afin que cette rencontre puisse avoir lieu.
Ici, je me rappelle une personne que j’aime, qui est et qui a été très importante tout au long de ma vie. Elle a été un soutien et une source d’inspiration. C’est à elle que je recours lorsque je suis un peu « à l’étroit ». Vous me rappelez saint Joseph. Vos visages me parlent de son visage. Dans la vie de Joseph, il y a eu des situations difficiles à affronter. L’une d’elles, ce fut quand Marie était sur le point d’accoucher, d’avoir Jésus. La Bible dit : « Pendant qu’ils étaient à Bethléem, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 6-7).
La Bible est très claire, il n’y avait pas de logement pour eux. J’imagine Joseph, avec son épouse sur le point d’avoir un enfant, sans toit, sans maison, sans logement. Le Fils de Dieu est entré dans ce monde comme quelqu’un qui n’a pas de maison. Le Fils de Dieu est entré comme un sans-abri ! Le Fils de Dieu a su ce que c’est que de commencer la vie sans un toit. Imaginons les questions de Joseph à ce moment-là : comment se fait-il que le Fils de Dieu n’ait pas un toit pour vivre ? Pourquoi sommes-nous sans foyer, pourquoi sommes-nous sans toit ? Ce sont des questions que beaucoup parmi vous peuvent se poser chaque jour. Et vous vous les posez. Comme Joseph, vous vous demandez : pourquoi sommes-nous sans toit, sans foyer ?
Et ceux qui ont un toit et un logement, ce sont des questions qu’il nous ferait du bien de nous poser tous aussi : pourquoi ces frères sont-ils sans foyer, pourquoi ces frères n’ont-ils pas un toit ? Les questions de Joseph sont actuelles ; elles habitent tous ceux qui, au long de l’histoire, ont vécu et sont sans un foyer. Joseph était un homme qui se posait des questions, mais surtout, il était un homme de foi. C’est la foi qui a permis à Joseph de trouver la lumière à ce moment qui paraissait tout obscur ; c’est la foi qui l’a soutenu dans les difficultés de sa vie. Par la foi, Joseph a su aller de l’avant quand tout paraissait s’arrêter. Face à des situations injustes, douloureuses, la foi nous apporte cette lumière qui dissipe l’obscurité. Tout comme à Joseph, la foi nous ouvre à la présence silencieuse de Dieu dans toute vie, dans toute personne, dans toute situation. Il est présent en chacun de vous, en chacun de nous.
Je veux être très clair. Il n’y a aucun genre de justification sociale, morale, ni de n’importe quelle espèce, pour accepter le manque de logement. Ce sont des situations injustes, mais nous savons que Dieu les souffre avec nous, il les vit à nos côtés. Il ne nous laisse pas seuls. Nous savons que Jésus non seulement a voulu se solidariser avec chaque personne, non seulement il n’a voulu que personne se sente ou soit privé de sa compagnie, de son aide, de son amour, mais encore il s’est identifié à ceux qui souffrent, qui pleurent, qui subissent une quelconque forme d’injustice. Il nous le dit clairement : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35).
C’est la foi qui nous fait savoir que Dieu est avec vous, Dieu est parmi nous et sa présence nous incite à la charité. Cette charité qui naît de l’appel d’un Dieu qui continue de frapper à notre porte, à la porte de tous, pour nous inviter à l’amour, à la compassion, au don des uns pour les autres. Jésus continue de frapper à nos portes, aux portes de notre vie. Il ne le fait pas de façon magique, il ne le fait pas avec des attirails, avec des affiches lumineuses ou des feux d’artifice. Jésus continue de frapper à notre porte à travers le visage du frère, à travers le visage du voisin, à travers le visage de celui qui se trouve à nos côtés.
Chers amis, l’une des manières les plus efficaces d’aider à notre portée, nous la trouvons dans la prière. La prière nous unit, nous rend frères et sœurs, elle nous ouvre le cœur et nous rappelle une belle vérité que parfois nous oublions. Dans la prière, nous apprenons tous à dire Père, papa, et à travers elle, nous nous rencontrons comme frères. Dans la prière, il n’y a ni riches ni pauvres, il y a des fils et des frères. Dans la prière, il n’y a pas de personnes de première ou de seconde catégorie, il y a la fraternité. C’est dans la prière que notre cœur trouve la force de ne pas devenir insensible, froid devant les situations d’injustice. Dans la prière, Dieu continue d’appeler à la charité et de la susciter. Que cela nous fait du bien de prier ensemble ! Que cela nous fait du bien de nous retrouver dans cet espace où nous nous regardons comme frères et où nous reconnaissons avoir besoin les uns de l’appui des autres !
Aujourd’hui, je voudrais prier avec vous, m’unir à vous parce que j’ai besoin de votre soutien, de votre proximité. Je voudrais vous inviter à prier ensemble, les uns pour les autres, les uns avec les autres. Ainsi, nous pourrons garder ce soutien qui nous aide à vivre la joie de savoir que Jésus est toujours au milieu de nous. Que Jésus nous aide à trouver des solutions aux injustices que Lui le premier a connues. Celle de ne pas avoir de maison. Voulez-vous que nous priions ensemble ? Je commence en espagnol et vous continuez en anglais : Notre Père qui es aux cieux…
Avant de prendre congé de vous, je voudrais vous donner la bénédiction de Dieu :
Que le Seigneur vous bénisse et vous protège ;
Que le Seigneur fasse briller sur vous son visage et vous prenne en grâce ;
Que le Seigneur tourne vers vous son visage et qu’il vous apporte la paix (Nb 6, 2 4-26).
Et n’oubliez pas de prier pour moi.
[Texte original : Espagnol]© Libairie éditrice du Vatican