« Les enfants et les femmes « de la rue » ne sont pas des numéros, ils ne sont pas des « paquets » à échanger : ce sont des êtres humains avec un nom et un visage, avec une identité donnée par Dieu à chacun d’eux », tonne le pape François.
Le pape François a reçu en audience, ce jeudi matin, 17 septembre, dans la salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican, les participants au Symposium international sur la pastorale de la rue, organisé à Rome du 13 au 17 septembre par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.
L’objectif était de « préparer un plan d’action en réponse au phénomène des enfants et des femmes – et de leurs familles – qui ont la rue pour principal milieu de vie », sont sans-abri, explique le pape.
« Tout enfant abandonné ou contraint à vivre dans la rue, devenu la proie des organisations criminelles, est un cri qui monte vers Dieu, lui qui a créé l’homme et la femme à son image ; c’est un cri d’accusation contre un système social que nous critiquons depuis des décennies mais que nous peinons à changer selon des critères de justice », dénonce le pape.
Il ajoute : « Cette réalité est une honte de nos sociétés qui se vantent d’être modernes et d’avoir atteint de hauts niveaux de culture et de développement. »
Voici notre traduction intégrale de l’allocution du pape.
A.B.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je vous souhaite à tous une cordiale bienvenue, au terme du Symposium international sur la pastorale de la rue, organisé par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. Je remercie le cardinal Vegliò pour les paroles courtoises qu’il m’a adressées et surtout je le remercie, ainsi que ses collaborateurs, pour leur travail dans ce domaine pastoral.
Le but de ces journées d’étude et de réflexion est de préparer un plan d’action en réponse au phénomène des enfants et des femmes – et de leurs familles – qui ont la rue pour principal milieu de vie. J’ai une grande estime pour votre engagement au service de la protection et de la promotion de la dignité de ces enfants et de ces femmes ; c’est pourquoi je vous encourage à avancer dans la confiance et l’élan apostolique.
Les réalités, parfois très tristes, que vous rencontrez, sont causées par l’indifférence, la pauvreté, la violence familiale et sociale et la traite des personnes humaines. Sans parler de la douleur due aux séparations conjugales ou à la naissance d’enfants hors mariage, destinés souvent à une vie « d’errance ». Les enfants et les femmes de la rue ne sont pas des numéros, ils ne sont pas des « paquets » à échanger : ce sont des êtres humains avec un nom et un visage, avec une identité donnée par Dieu à chacun d’eux. Aucun enfant ne choisit par lui-même de vivre dans la rue. Malheureusement, même dans ce monde moderne et global, beaucoup d’enfants sont privés de leur enfance, de leurs droits et de leur avenir. La carence de lois et de structures adéquates contribue à aggraver leur état de privation : ils n’ont pas de vraie famille, ils n’ont pas d’éducation ni d’assistance sanitaire.
Tout enfant abandonné ou contraint à vivre dans la rue, devenu la proie des organisations criminelles, est un cri qui monte vers Dieu, lui qui a créé l’homme et la femme à son image ; c’est un cri d’accusation contre un système social que nous critiquons depuis des décennies mais que nous peinons à changer selon des critères de justice. Il est préoccupant de voir augmenter le nombre de jeunes filles et de femmes qui sont contraintes à gagner leur vie dans la rue, en vendant leur corps, exploitées par les organisations criminelles et parfois par leurs parents et leurs proches. Cette réalité est une honte de nos sociétés qui se vantent d’être modernes et d’avoir atteint de hauts niveaux de culture et de développement. La corruption générale et la recherche du gain à tout prix privent les innocents et les plus faibles des possibilités d’une vie digne, alimentent la criminalité de la traite et les autres injustices qui pèsent sur leurs épaules.
Personne ne peut rester les bras croisés devant la nécessité urgente de sauver la dignité de la femme, menacée par des facteurs culturels et économiques ! Je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas vous rendre face aux difficultés des défis qui interpellent votre conviction, nourrie de la foi dans le Christ qui a montré, jusqu’au sommet de la mort sur la croix, l’amour préférentiel de Dieu le Père pour les plus faibles et les personnes marginalisées. L’Église ne peut pas se taire, les institutions ecclésiales ne peuvent pas fermer les yeux devant le phénomène néfaste des enfants et des femmes de la rue.
Il est important d’impliquer les différentes expressions de la communauté chrétienne dans les divers pays afin de supprimer les causes qui contraignent un enfant ou une femme à vivre dans la rue ou à se procurer de quoi vivre dans la rue. Nous ne pouvons jamais négliger d’apporter à tous, en particulier aux plus faibles et désavantagés, la bonté et la tendresse de Dieu, notre Père miséricordieux. La miséricorde est l’acte suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre, elle est le chemin qui ouvre le cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours.
Chers frères et sœurs, je vous souhaite une mission féconde dans vos pays, pour votre sollicitude pastorale et spirituelle et pour la libération des plus fragiles et des plus exploités ; une mission féconde pour la promotion et la sauvegarde de leur identité et de leur dignité.
Je vous confie, ainsi que votre service, à Marie, Mère de miséricorde : que la douceur de son regard accompagne l’engagement et les intentions de ceux qui prennent soin des enfants et des femmes de la rue. Et de tout cœur j’invoque sur chacun de vous la bénédiction du Seigneur.
© Traduction de Zenit, Constance Roques