Le « Parvis de François : humanité, dialogue entre croyants et non-croyants », est organisé par le Conseil pontifical pour la culture, à Assise du 23 au 27 septembre.
La rencontre a été présentée à la presse au Vatican, lundi, 14 septembre, par le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, entouré du père Enzo Fortunato, directeur du bureau de presse au Saint-Couvent d’Assise et d’Oliviero Toscani, photographe.
Une rencontre sous le signe d’une commune « humanité » dans le sens à la fois des « fils d’Adam » et dans le sens d’une « humanité » faite de charité et de solidarité.
Voici notre traduction intégrale de l’allocution du P. Fortunato, ofm.
A.B.
Intervention du père Enzo Fortunato
« Homo sum, humani nihil a me alienum puto. » Autrement dit : « Je suis un homme ; je considère que rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »
C’est à Térence (en latin Publius Terentius Afer) que l’on doit une des premières définitions du mot « humanité », un des concepts les plus nobles de notre civilisation, comme pour nous indiquer la nécessité d’être cordiaux, bienveillants, affables avec les autres. Cette humanité trouve ses racines dans le nom propre Adam – le premier homme – qui signifie « tout l’univers » en grec. Il s’agit en effet d’un acronyme formé de quatre lettres qui sont, dans la langue grecque, les initiales des quatre points cardinaux : Anatole pour l’Est, Dysis pour l’Ouest, Arktos pour le Nord, et Mesembria pour le Sud. Ensemble, les premières lettres de ces mots forment le nom d’Adam : raison pour laquelle Adam, son humanité, couvre tout le globe terrestre. Un jour celle-ci s’est retrouvée à un seul endroit, elle est tombée et s’est brisée en morceaux. Mais la miséricorde de Dieu a ramassé tous les morceaux, les a réunis en Jésus, le nouvel Adam, et les a fondus dans le feu de l’amour, remettant ensemble ce qui avait été séparé.
Animés par un projet, les motifs pour marcher ensemble peuvent tour à tour devenir plus forts, comme dans l’apologie des trois tailleurs de pierre, où l’on raconte que, durant la construction d’une cathédrale, au Moyen Age, une même question fut posée à trois ouvriers : « Que fais-tu ? — Comme tu le vois, je taille des pierres, répliqua le premier d’un ton agacé. Le deuxième répondit : — Je travaille pour moi et ma famille. Mais le troisième dit : — Je suis en train de construire une grande cathédrale. » Cette histoire montre bien que tout le monde travaille à la même activité mais dans des objectifs différents, car chaque personne marque toute chose qu’elle fait du sceau de son humanité, de son individualité et de sa spiritualité.
A Assise, cette humanité se retrouve pour devenir « fraternité ». François d’Assise l’avait bien compris et il le théorise dans le Cantique des Créatures, où chaque chose ne nous est pas étrangère, n’est pas « aliène » mais nous appartient. Pour nous aider à vivre cela, il y a un épisode du frère d’Assise raconté dans Le Miroir de la perfection, où un frère lui demande quel était selon lui un frère parfait, l’homme parfait. Nous, comme François nous répondons que l’homme parfait est celui qui sait capter chez l’autre des aspects positifs, ses qualités. Un cheminement qui n’est pas simple car il s’agit de chausser les lunettes qui savent lire en profondeur, qui savent dépasser les préjugés et comprendre que les différences, dans la plupart des cas, enrichissent l’humanité, ne l’appauvrissent pas.
© Traduction de Zenit, Océane Le Gall