La cause « dominante » de la crise de l’immigration en Europe est « un système socio-économique mauvais, injuste », a déclaré le pape François en invitant l’Europe à redevenir « mère » et à se rappeler ses racines chrétiennes.
Le pape a parlé des immigrés et de la miséricorde dans une grande interview accordée à Aura Miguel de Radio Renascença (Portugal) à l’occasion de la récente visite ad limina des évêques portugais.
La crise migratoire d’aujourd’hui est due au « système socio-économique mauvais, injuste, a dit le pape, parce que, parlant également du problème écologique, de la politique, le centre n’est plus une personne. Le système économique dominant met au centre le dieu de l’argent, l’idole de la mode ».
« Aujourd’hui, le monde est en guerre avec lui-même, a continué le pape, c’est une guerre en morceaux » qui est en train de détruire la terre, « la maison commune ».
L’Europe a un rôle à jouer dans la stabilisation de la situation dans le monde, elle doit redevenir « une mère » et non « une grand-mère », a estimé le pape. « L’Europe n’est pas encore morte, elle a une grande culture, elle peut montrer la voie ». Il a cité l’exemple de l’Albanie et de la Bosnie-Herzégovine comme deux pays qui ont émergé de la guerre et qui sont « un signe pour l’Europe ».
En continuant sa réflexion sur les problèmes des migrants, le pape a commenté son appel d’accueillir des familles d’immigrés : « Quand je dis que la paroisse doit accueillir une famille, je ne veux pas dire que nécessairement elle devra aller vivre dans le presbytère, mais que la communauté de la paroisse se mette à la recherche d’un lieu, d’un coin pour faire un petit appartement ou, au pire, qu’elle s’organise pour louer un appartement modeste pour la famille, mais qu’ils aient un toit, qu’ils soient accueillis et deviennent une partie intégrante de la communauté. »
Le pape a évoqué le Jubilé de la miséricorde en précisant que son désir est « que tout le monde vienne » et « que tous ressentent l’amour et le pardon de Dieu ». En se référant à la lettre qu’il a adressée à Mgr Fisichella où il évoque notamment le pardon sacramentel pour les péchés tels que l’avortement, et les procès en déclaration de nullité de mariage, le pape a dit que ces mesures venaient du souhait de « simplifier », de montrer aux gens que « l’Église est mère ». Le pape a rappelé que ceux qui ont contracté un second mariage ne sont pas excommuniés (ils ne sont pas « en dehors de la communion de l’Église »), mais qu’ils devaient être intégrés dans la vie de l’Église.
Le pape a appelé l’Église à prendre des risques en disant qu’il préférait une Église qui sortait dehors à une « Église rachitique, avec des normes fixes, mais sans créativité ».
En parlant des jeunes, le pape a souligné qu’ils devaient être « accompagnés avec prudence ». Il a ajouté que la catéchèse prêchée aux jeunes devrait « avoir trois langues, trois idiomes : celui de la tête, du cœur et des mains. On doit penser, sentir et faire ce qu’on ressent ».
Le pape a aussi parlé avec beaucoup de sincérité de sa vie personnelle, confiant notamment que le don de Dieu le plus précieux est « la paix » : « C’est un don que Dieu m’a donné, c’est quelque chose pas imaginable, même pour mon âge. » Le pape a avoué que la paix intérieure était « la seule chose » qu’il demandait à Dieu de lui conserver.
« Je me demande parfois quelle est ma croix, a-t-il continué, parce que les croix, même si on ne les voit pas, elles existent. Et Jésus, à un moment, était très populaire, mais Il a fini comme Il a fini. Cela dit, personne ne peut acquérir le bonheur. »
« Je suis réconforté par une chose, a confié le pape, saint Pierre a commis un péché très grave : renier à Jésus. Cependant, après il a été fait pape. »