« Une banque coopérative doit avoir quelque chose de plus : chercher à humaniser l’économie, unir l’efficacité à la solidarité », déclare le pape François.
Le pape a en effet reçu en audience au Vatican, samedi, 12 septembre, les dirigeants et les employés du Crédit coopératif de Rome.
Le pape a insisté sur la « subsidiarité » : « En tant que banque de crédit coopératif vous avez mis en pratique la subsidiarité quand vous avez affronté les difficultés de la crise avec vos moyens, en réunissant les forces, et non pas aux dépends des autres. C’est cela la subsidiarité : ne pas peser sur les institutions et donc sur le pays quand on peut affronter les problèmes avec ses propres forces, avec responsabilité. »
Voici notre traduction intégrale du discours du pape François.
A.B.
Allocution du pape François
Bienvenue, chers frères et chères sœurs!
Je salue et remercie le Président, les membres du Conseil d’administration, les sociétaires coopératifs, les employés et les nombreux familiers présents. En février dernier j’ai rencontré les représentants de « Coopératives » et des « fédérations des Caisses ». Aujourd’hui, c’est vous que je rencontre, dans la soixantième année de la fondation de votre Banque de Crédit Coopératif.
L’Église connaît bien la valeur des coopératives, c’est la raison de cette rencontre. A l’origine de beaucoup d’entre elles il y a des prêtres, des fidèles laïcs engagés, des communautés animées de l’esprit de solidarité chrétienne. Et ce mouvement ne s’est jamais tari. Dans les documents à caractère social de l’Église, les références aux coopératives sont fréquentes. Également dans l’Encyclique Laudato si’ j’ai souligné leur valeur dans le domaine des énergies renouvelables et de l’agriculture (cf. n. 179-180).
Je voudrais reprendre avec vous quelques-uns des encouragements que j’ai adressés en février à toute la Confédération. Je les rappelle brièvement.
- Continuer à être le moteur qui développe la partie la plus faible des communautés locales et de la société civile, en pensant surtout aux jeunes sans travail, et ciblant vers la naissance de nouvelles entreprises coopératives.
- Être instigateur de propositions et réaliser de nouvelles solutions d’aide sociale, en partant du domaine de la santé.
- Vous préoccuper du rapport entre l’économie et la justice sociale, en mettant la dignité et la valeur des personnes au centre.
- Faciliter et encourager la vie des familles, proposer des solutions coopératives et de mutualité pour la gestion des biens communs, qui ne peuvent pas devenir la propriété de certains ni objet de spéculations.
- Promouvoir une utilisation solidaire et sociale de l’argent, dans le style de la vraie coopérative, où ce n’est pas le capital qui commande les hommes, mais les hommes le capital.
- Comme fruit de tout cela, faire croître l’économie honnête. A vous, il est demandé non seulement d’être honnêtes – c’est normal – mais de défendre et enraciner l’honnêteté dans tout l’environnement.
- Enfin, participer activement à la globalisation, pour qu’elle soit la globalisation de la solidarité.
Toutes les coopératives sont appelées à appliquer cette ligne chacune dans sa mission spécifique. Vous êtes une coopérative de crédit, et vous êtes la plus grande Banque de Crédit Coopératif d’Italie. Il arrive qu’une coopérative devienne une grande entreprise ; mais ce n’est pas cela le défi le plus important.
Le défi le plus important est de croître en continuant à être une vraie coopérative, ou mieux, le devenir encore plus. Ceci signifie favoriser la participation active des sociétaires. Faire ensemble et faire pour les autres.
Naturellement, une saine et prudente gestion vaut toujours pour tous. Faire de la banque est un métier délicat, qui demande une grande rigueur. Mais une banque coopérative doit avoir quelque chose de plus : chercher à humaniser l’économie, unir l’efficacité à la solidarité.
Il y a une autre parole importante dans la doctrine sociale : le mot « subsidiarité ». En tant que banque de crédit coopératif vous avez mis en pratique la subsidiarité quand vous avez affronté les difficultés de la crise avec vos moyens, en réunissant les forces, et non pas aux dépends des autres. C’est cela la subsidiarité : ne pas peser sur les institutions et donc sur le pays quand on peut affronter les problèmes avec ses propres forces, avec responsabilité. C’est pour cela qu’il est important que vous alliez de l’avant sur le chemin de l’intégration des banques de crédit coopératif en Italie. Pas seulement parce que, comme cela se dit, l’union fait la force, mais parce qu’il faut penser plus grand, élargir l’horizon.
On m’a parlé des ressources importantes que vous destinez à la bienfaisance et à la mutualité. Ceci est typique des bonnes coopératives. Je vous encourage aussi à prendre soin de la manière dont le revenu est produit, avec cette attention à mettre toujours au centre les personnes, les jeunes, les familles.
A l’origine de la Caisse rurale, on souhaitait que la coopérative de crédit puisse stimuler d’autres initiatives de coopératives. Ceci est toujours valable. La BCC peut être le noyau autour duquel se construit un grand réseau pour faire naître des entreprises qui donnent des emplois, pour soutenir la famille, pour expérimenter le microcrédit et d’autres modes pour humaniser l’économie.
Je vous encourage à participer activement et généreusement à la vie de tout le mouvement coopératif. Vous vous êtes la BCC de Rome, mais je sais que votre rayon d’action s’étend dans le Latium et aussi dans les Abruzzes. Dans tout ce territoire vous pouvez exercer avec fidélité et créativité la mission du crédit coopératif. Je vous souhaite de le faire avec cohérence et avec la joie qui vient quand on travaille pour le bien commun.
Que le Seigneur vous bénisse et la Sainte Vierge vous accompagne. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.
© Traduction de Zenit, Hugues de Warren