Mgr Jacques Perrier

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Prière Eucharistique III : la proclamation de la gloire de Dieu

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Dans cette 37e chronique sur les prières eucharistiques, Mgr Jacques Perrier, évêque émérite de Tarbes-Lourdes, poursuit sa lecture théologique et spirituelle de la Prière eucharistique III, et de la « proclamation de la gloire de Dieu », la « doxologie ».

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Doxologie

Toutes les Prières eucharistiques traditionnelles mentionnent les défunts et toutes se terminent par une proclamation de la gloire de Dieu (« doxologie »), ponctuée par l’Amen de l’assemblée. L’originalité de la Prière III est d’associer l’intercession pour les défunts et la doxologie, dans un même mouvement.

Le Seigneur qui a été qualifié de « clément » est maintenant invoqué comme bienfaiteur, benignus, qui, en français, a donné « bénin ». « Bénigne » est le nom d’un évêque martyr du IIe siècle qui serait le fondateur du diocèse de Dijon. C’était le prénom de Bossuet. C’est un des noms de Dieu dans le Coran. Ce qualificatif a sauté dans la version française de la Prière. Sans doute posait-il trop de problèmes aux traducteurs : dans notre langue, ce qui est « bénin », c’est un mal.

« Comblés de ta gloire »

Nous demandons au Seigneur d’admettre les défunts dans son Royaume et nous espérons nous joindre à eux pour être rassasiés, comblés de la gloire divine éternellement.

« Moi, dans la justice, je contemplerai ta face,

au réveil, je me rassasierai de ton image. »

« Rassasie-nous de ton amour au matin,

nous serons dans la joie et les chants tous les jours. »

(Paumes 16-17, 15 ; 89-90, 14)

Dans la lecture chrétienne de l’Ecriture, le « réveil » et le « matin » sont toujours interprétés comme des symboles de la Résurrection. Dans la Prière III, le Christ est d’ailleurs nommé immédiatement après : c’est « par lui » que nous serons comblés de la gloire divine ; mais c’est aussi « par lui » que le Père « donne au monde toute grâce et tout bien », la grâce étant inclue dans tous ces biens que le Seigneur accorde avec largesse.

Au terme de la Prière, nous revenons à son point de départ, quand le prêtre disait : « C’est toi qui donnes la vie ; c’est toi qui sanctifies toutes choses, par ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur. » Mais, entre le début et la fin de la Prière, a été célébré le mémorial de la Passion, par laquelle Dieu s’est réconcilié toutes choses (Colossiens 1, 20, déjà cité à plusieurs reprises).

Dans son encyclique sur l’Eucharistie (trop peu connue), le pape Jean-Paul II évoque la diversité des lieux où il l’a célébrée, se rappelant sans doute les années de son ministère auprès des jeunes, tout autant que celles de son pontificat voyageur. Il écrit : « Ces cadres si divers me font fortement ressentir leur caractère universel et pour ainsi dire cosmique. Oui, cosmique !… L’Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l’autel du monde. Elle est un lien entre le ciel et la terre. Elle englobe et elle imprègne toute la création. Le Fils de Dieu s’est fait homme pour restituer toute la création, dans un acte suprême de louange, à Celui qui l’a tirée du néant » (Ecclesia de Eucharistia, n° 8).

« Tout honneur et toute gloire »

Les dernières paroles de la Prière III, comme des autres, avant l’Amen final, ont trois avantages : elles rappellent que l’Eucharistie est, avant tout, une action de grâce ; elles sont trinitaires ; elles s’inscrivent dans la continuité de l’Ecriture. Les deux premiers aspects ont été suffisamment traités. Illustrons le troisième.

Dans l’épître aux Romains, quand saint Paul évoque la situation d’Israël dans l’histoire du salut, il conclut sa réflexion en rendant gloire à Dieu, le Père : « Car tout est de lui et par lui et pour lui. A lui soit la gloire éternellement ! Amen » (Romains 11, 36). Au chapitre 9 (verset 5), il avait adressé, semble-t-il, la même bénédiction au Christ, « lequel est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement ! Amen ».

C’est dans le livre de l’Apocalypse que nous trouvons les expressions les plus proches de la doxologie.

« Tu es digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance. C’est toi qui créas l’univers ; tu as voulu qu’il soit : il fut créé.

Alleluia. Le salut, la gloire, la puissance à notre Dieu ! »

 (Apocalypse 4, 11 ; 19, 1)

L’Agneau est associé à la louange du Père :

« Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange. »

« Toute créature dans le ciel et sur la terre, sous la terre et sur la mer et tous les êtres qui s’y trouvent, je les entendis proclamer :

« A celui qui siège sur le Trône et à l’Agneau, la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. »

Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! » »

(Apocalypse 5, 12-14)

Toutes les créatures sont convoquées à la louange, comme le « monde » était mentionné dans la Prière, juste avant la doxologie. Le regard est orienté vers l’aboutissement de l’Histoire que l’Eucharistie anticipe. L’anamnèse est acte d’espérance dans l’avenir, autant que rappel du passé et actualité de la présence.

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