« La Parole de Dieu que le Christ nous transmet a besoin de silence pour être accueillie en Parole qui guérit, réconcilie, renoue les fils de la communication » explique le pape François.
Le pape a en effet commenté l’Evangile du jour, avant l’angélus de midi, depuis la fenêtre du bureau qui donne place Saint-Pierre, ce dimanche 6 septembre, en présence de dizaines de milliers de visiteurs.
Le pape a actualisé l’Evangile en déplorant que parfois les communautés chrétiennes deviennent des « îles inhospitalières ».
Après l’angélus, il a au contraire demandé qu’en Europe, et en premier lieu dans son diocèse de Rome, chaque paroisse, communauté, monastère, sanctuaire, accueille une famille de réfugiés.
Ensuite, le pape a salué la béatification de trois martyres en Espagne, et il a plaidé pour la fraternité et le développement en Afrique.
Voici notre traduction intégrale de l’allocution du pape, prononcée en italien, avant et après l’angélus.
A.B.
Paroles du pape François avant l’angélus
Chers frères et sœurs, bonjour !
L’Evangile du jour (Mc 7,31-37) raconte la guérison d’un sourd-muet par Jésus. Cet événement prodigieux montre comment Jésus rétablit la pleine communication entre l’homme et Dieu. L’épisode se passe dans la région de la Décapole, soit en plein territoire païen ; le sourd-muet que l’on amène à Jésus symbolise donc l’acheminement du non-croyant vers la foi. Sa surdité exprime en effet l’incapacité à écouter et comprendre non seulement les paroles des hommes, mais aussi la Parole de Dieu. Et saint Paul nous rappelle que « la foi naît de ce que l’on entend ; et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ » (Rm 10,17).
La première chose que Jésus fait est de porter cet homme loin de la foule : il ne veut pas se donner en spectacle, ni que le vacarme des voix et les bavardages de la rue couvrent sa Parole. La Parole de Dieu que le Christ nous transmet a besoin de silence pour être accueillie en Parole qui guérit, réconcilie, renoue les fils de la communication.
Puis deux gestes de Jésus sont mis en évidence. Il touche les oreilles et la langue du sourd-muet. Pour renouer avec cet homme « bloqué » dans sa communication, il essaie d’abord de rétablir le contact. Mais le miracle est un don qui vient d’en haut, Jésus implore donc le Père en levant les yeux au ciel. Il ordonne : « Ouvre-toi ! » Et les oreilles du sourd s’ouvrent, sa langue se délie et il se met à parler correctement (cf. v. 35).
La leçon à tirer de cet épisode, c’est que Dieu n’est pas refermé sur lui-même, mais s’ouvre et entre en communication avec l’humanité. Dans son immense miséricorde, il franchit l’infinie différence qui nous sépare de Lui, et vient à notre rencontre. Pour réaliser cette communication avec l’homme, Dieu se fait homme : la loi et les prophètes pour nous parler ne lui suffisent plus, il se rend présent dans la personne de son Fils, la Parole faite chair. Jésus est le grand « constructeur de ponts », qui érige en lui-même le grand pont de la pleine communion avec le Père.
Mais cet Evangile nous parle aussi de nous : il nous arrive souvent de nous replier sur nous-mêmes, de nous fermer, et de créer beaucoup d’îles inaccessibles et inhospitalières ; de créer, jusque dans nos relations humaines les plus élémentaires, des situations incapables d’ouverture réciproque : fermeture dans le couple, en famille, en groupe, paroisse fermée, patrie fermée… Tout cela ne vient pas de Dieu ! Cela vient de nous, c’est notre péché.
Or, à l’origine de notre vie chrétienne, dans le baptême, figurent ce geste et cette parole de Jésus : « Effatà ! – Ouvre-toi ! » Et le miracle s’est accompli : nous avons tous été guéris de l’égoïsme et du mutisme de la fermeture et du péché, et avons rejoint la grande famille de l’Église ; nous pouvons écouter Dieu qui nous parle et transmettre sa Parole à tous ceux qui ne l’ont jamais entendue, ou qui l’ont oubliée et ensevelie sous les épines des préoccupations et des leurres du monde.
Demandons à la Sainte Vierge, femme d’écoute et de joyeux témoignage, de nous soutenir dans notre engagement à professer notre foi et transmettre les merveilles du Seigneur à tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin.
Paroles du pape François après l’angélus
(Accueil des réfugiés)
Chers frères et sœurs,
La Miséricorde de Dieu se reconnaît au travers de nos actions, comme en a témoigné la vie de la bienheureuse Teresa de Calcutta, dont c’était hier l’anniversaire de la mort.
Face à la tragédie de dizaines de milliers de réfugiés fuyant la mort, à cause de la guerre et de la faim, et sont en marche vers une espérance de vie, l’Evangile nous appelle, nous demande d’être « proches » des plus petits et des laissés-pour-compte. De leur donner une espérance concrète. Leur dire « courage, patience !… » ne suffit pas. L’espérance chrétienne est combattive, avec la ténacité de celui qui avance vers une destination sûre.
Ainsi, en vue du Jubilé de la Miséricorde, je lance un appel aux paroisses, aux communautés religieuses, aux monastères et aux sanctuaires de toute l’Europe à manifester l’aspect concret de l’Evangile et accueillir une famille de réfugiés. Un geste concret pour préparer l’Année sainte de la Miséricorde. Que toute paroisse, toute communauté religieuse, tout monastère, tout sanctuaire d’Europe héberge une famille, à commencer par mon diocèse de Rome.
Je m’adresse à mes frères évêques d’Europe, de vrais pasteurs, pour que dans leurs diocèses ils soutiennent mon appel, rappelant que la miséricorde est le deuxième nom de l’amour : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).
Ces jours-ci, les deux paroisses du Vatican accueilleront elles aussi deux familles de réfugiés.
(Venezuela et Colombie)
Voici maintenant quelques mots en espagnol sur la situation entre le Venezuela et la Colombie. Ces jours-ci, les évêques du Venezuela et de la Colombie se sont réunis pour examiner ensemble la situation douloureuse qui s’est créée à la frontière entre les deux pays. Je vois en cette rencontre un clair signe d’espoir. Je vous invite tous, en particulier les bien-aimés peuples vénézuélien et colombien, à prier pour que, dans un esprit de solidarité et de fraternité, les difficultés actuelles puissent être surmontées.
(Béatifications)
Hier à Gérone, en Espagne, ont été proclamées bienheureuses Fidela Oller, Josefa Monrabal et Facunda Margenat, des religieuses de l’Institut des Sœurs de Saint-Joseph de Gérone, tuées pour leur fidélité au Christ et à l’Église. Malgré menaces et intimidations, ces femmes restèrent courageusement à leur place pour assister les malades, remettant leur confiance en Dieu. Que leur témoignage héroïque, jusqu’à l’effusion de leur sang, donne force et espérance à toutes ces personnes qui, aujourd’hui, souffrent de persécutions à cause de leur foi chrétienne. Et nous savons qu’elles sont nombreuses.
(Brazzaville)
Il y a deux jours, les XIes Jeux olympiques d’Afrique se sont ouverts à Brazzaville, la capitale de la République du Congo. Des milliers d’athlètes de tout le continent sont p
résents aux Jeux. Je souhaite que cette grande fête du sport contribue à la paix, à la fraternité et au développement de tous les pays d’Afrique. Saluons les Africains qui participent à ces XIes Jeux.
(Italie)
Je vous salue tous cordialement, chers pèlerins venus d’Italie et de divers pays : en particulier la chorale « Harmonia Nova » de Molvena, les Sœurs Filles de la Croix, les fidèles de San Martino Buon Albergo e Caldogno, et les jeunes du diocèse d’Ivrée, arrivés à Rome à pied sur la via Francigena.
Je vous souhaite à tous un bon dimanche. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !
© Traduction de Zenit, Océane Le Gall