Nelson Mandela, un ouvrier de la fraternité

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Quelques repères autobiographiques (1/2)

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Antonio Gaspari

Son état de santé tient le monde en haleine, mais quoi qu’il arrive à Nelson Mandela, il restera l’homme qui a marqué l’histoire de l’Afrique du sud et du monde, notamment par son soutien à la fraternité entre les hommes, quels qu’ils soient.

Il est en effet l’un des plus grands combattants pour la liberté et la dignité de tous les hommes et de toutes les femmes, et qui pour cela a subi brimades, discrimination, humiliations, violences et injustices. Alors qu’il n’avait commis aucun crime, à cause de son opposition au régime raciste connue comme l’ »Apartheid », il a purgé 27 ans de prison.

Grâce à son appartenance à la famille royale de la tribu Thembu, Nelson Rolihlahla Mandela a pu fréquenter les écoles sud-africaines pour étudiants noirs et obtenir sa maîtrise de droit. Amoureux de la liberté et défenseur des droits de l’homme, il ne pouvait pas accepter le régime ségrégationniste dominant en Afrique du Sud, où les « noirs » étaient victimes de vexations et de discrimination jusque dans les prisons. C’est pour ce motif qu’il fonda, avec Oliver Tambo, un bureau d’avocats pour défendre les pauvres, les humbles et les personnes non scolarisées.

S’étant inscrit au Congrès national africain (ANC), il promut pendant des années la non-violence en encourageant les indiens, les métisses et les blancs à collaborer, et il invita le gouvernement à accepter des négociations dans le but de reconnaître les droits à l’égalité pour réaliser ensemble une grande nation.

Le 26 juin 1955, il écrivit et fit approuver par le Congrès du peuple de Kliptown la « Charte des libertés ». On y lit ceci : « L’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, aux blancs comme aux noirs, et aucun gouvernement n’est justifié à prétendre exercer l’autorité s’il ne la tient de la volonté de tous ». « Notre pays ne sera jamais ni prospère ni libre tant que tout nos peuples ne vivront pas dans la fraternité, ne jouiront pas de droits égaux, et que les mêmes possibilités ne leur seront pas données ». « Seul un État démocratique fondé sur la volonté de tous peut assurer à tous, sans aucune distinction de couleur, de race, de sexe ou de croyance, les droits qui leur reviennent de par leur naissance ».

La « Charte des libertés » prévoit tous les droits civils, parmi lesquels « le droit de voter et d’être éligible à tout organe législatif », le droit à la liberté de circulation et le droit à l’égalité devant la loi. La détention doit viser à la rééducation, et ne pas être une mesure de vengeance. Selon le document, en outre, le but de l’instruction sera d’ « enseigner à la jeunesse l’amour de sa patrie et de sa culture nationale, ainsi que le respect de la fraternité humaine, de la liberté et de la paix ». C’est pourquoi l’instruction sera « gratuite, obligatoire, universelle et égale pour tous les enfants », tandis que l’instruction supérieure et la formation technique seront accessibles à tous grâce à des allocations de l’État et des bourses d’études attribuées sur la base du mérite.

Grâce à la Charte, logement et nourriture « doivent être mis à la disposition du peuple », de même que tous bénéficieront de soins médicaux et hospitaliers gratuits, avec une attention particulière à l’égard des mamans et des petits enfants ; les quartiers dégradés seront démolis et de nouveaux quartiers de banlieue seront construits, où tous pourront utiliser les moyens de transport, les routes, l’éclairage, les terrains de jeux, les crèches et les centres sociaux. Enfin, on éliminera les quartiers « indigènes-clos » et les ghettos, on abrogera les lois qui impliquent la séparation des familles et « la paix et l’amitié seront assurées ! ».

Le texte se conclut par cette déclaration : « ces droits, nous allons, durant toute notre vie, lutter côte à côte pour les obtenir, jusqu’à ce que nous ayons conquis notre liberté ». Toutefois, les différents gouvernements guidés par des formations politiques avec une idéologie raciste prédominante ne prirent jamais en considération les propositions de Mandela, au contraire, ils pratiquèrent la discrimination raciale avec violence, favorisant les conflits, les divisions et les homicides.

À un certain point, Mandela pensa qu’il fallait passer de la non-violence à des actions diversifiées pour défendre le peuple et contraindre le gouvernement à négocier. Tout en étant l’auteur d’un programme de résistance qui prévoyait aussi l’usage des armes, il n’a cependant jamais accompli aucun acte de violence.

Le gouvernement a arrêté Mandela une première fois en 1952. Il n’avait commis aucun crime, il avait seulement exprimé des opinions contraires au régime de l’apartheid, et pour cela fut absous. S’ensuivirent des vexations, des arrestations et des détentions, qui culminèrent au Procès de Treason, en 1958. Alors que tout semblait prévu pour condamner Mandela et l’ANC, le procès permit aux accusés de s’exprimer. Ainsi, la Cour affirma que « l’accusation n’avait pas réussi à démontrer que l’ANC était une organisation communiste, ni que la Charte des libertés désirait un État communiste ». En conséquence, le juge déclara : « Les accusés sont jugés non coupables ».

Mandela quitta alors clandestinement l’Afrique du Sud pour rencontrer des personnalités et des chefs africains auxquels il demanda de soutenir la lutte de libération contre l’Apartheid. De retour en Afrique du Sud, il y vécut clandestinement jusqu’à ce qu’il soit de nouveau arrêté en 1962 pour haute trahison, et condamné à cinq ans de prison. Il les accomplit tout en sachant qu’il n’était pas coupable d’aucun crime : il était devenu un criminel selon la loi, non pas pour ce qu’il avait fait mais pour ce en quoi il croyait. Pendant qu’il purgeait sa peine, il fut de nouveau accusé de sabotage au fameux procès de Rivonia.

Pour ce cas-là, les accusations étaient plus consistantes et le ministère public chercha à démontrer que Mandela était un communiste subversif qui s’alliait à des forces intérieures et extérieures à l’Afrique du Sud pour renverser le gouvernement et chasser les Blancs. Si l’accusation avait été prouvée, Mandela et ses amis de l’ANC auraient été condamnés à mort.

C’est à cette occasion que Mandela a donné le meilleur de lui-même, démontrant en quoi son objectif et celui de ses amis était de pacifier le pays en supprimant la brutalité et la cruauté du régime raciste pour réaliser une Afrique du Sud où les blancs et les noirs pourraient vivre et se développer ensemble.

(À suivre)

Traduction d’Hélène Ginabat

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Rédaction Zenit

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