La dédicace de la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome

La dimension mariale, féminine, de l’Eglise

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Le calendrier liturgique comporte quatre fêtes de dédicace : deux dates universelles, celles des basiliques Saint Jean-de-Latran et Sainte-Marie Majeure  à Rome ; une date propre à chaque diocèse, celle de la dédicace de sa cathédrale ; et, en chaque ville ou village, la dédicace de l’église paroissiale. A ces dates, les fidèles font mémoire du jour où ces édifices ont été consacrés à Dieu et dédiés à tel ou tel saint. 

Le choix de ces quatre fêtes de dédicace n’est pas le fruit d’une construction logique. Mais il est riche de sens. 

Retournons à Rome. La Ville éternelle possède quatre basiliques : Saint Jean-de-Latran, la cathédrale du pape, avec son fameux baptistère ; Saint Pierre au Vatican et Saint-Paul « hors les murs », rappelant leur martyre ; Sainte Marie-Majeure, appelée savamment la basilique « libérienne » parce que le premier édifice, aujourd’hui complètement disparu, avait été construit par le pape Libère. Ainsi Marie est présente, à Rome, à côté du Précurseur, le dernier des prophètes, et des deux « colonnes » de l’Eglise. 

Quittons Rome et revenons chez nous. Beaucoup de cathédrales et un certain nombre d’églises paroissiales sont dédiés à la Vierge Marie. Mais ce n’est pas une règle universelle. Inversement, en inscrivant la dédicace de la basilique Sainte Marie Majeure dans son calendrier, la liturgie nous rappelle que Marie a sa place dans la construction de l’Eglise. En effet, si nous commémorons une « dédicace », c’est que nous pensons à une construction. Une construction avant tout spirituelle, dont l’édifice de pierre a, cependant, l’honneur d’être le signe. 

Fêter la dédicace de Sainte Marie-Majeure, c’est donc mettre en valeur la dimension mariale, féminine, de l’Eglise. 

L’histoire de la basilique est une charmante rencontre d’une tradition populaire, d’une théologie assurée et d’une saine dévotion. 

Dans la nuit du 4 au 5 août 358, la neige tomba sur l’Esquilin, une des sept collines de Rome. Avertis en songe d’avoir à construire, en cet endroit, une église en l’honneur de la Vierge Marie, le pape Libère et un riche et pieux laïc s’acquittèrent de cette mission. En souvenir de cela, au cours des vêpres de la fête, des pétales de roses blanches tombent de la voûte, à la grande joie des fidèles qui s’empressent pour en recueillir comme si c’étaient des louis d’or. Voilà pour la tradition populaire.

L’église primitive, sans doute modeste, a disparu pour laisser place à la splendide basilique dont nous rappelons aujourd’hui la dédicace. Elle fut construite sous le pontificat du pape Sixte III (432-440). Or, en 431, lors du quatrième concile œcuménique, tenu à Ephèse, l’Eglise avait déclaré légitime de donner à Marie le nom de « Mère de Dieu ». Il ne s’agissait pas d’abord d’honorer la Vierge ; moins encore de la transformer en déesse ; mais d’aller au bout de la foi chrétienne en l’Incarnation. En la personne du Fils, Dieu s’est fait homme : il s’appelle Jésus, « Dieu sauve », Emmanuel, « Dieu avec nous ». Il a été porté et enfanté par une femme, Marie. Elle n’est certes pas la source de sa divinité mais elle est celle par qui le Fils, qui mérite le nom de « Dieu » comme le Père, s’est réellement uni à l’humanité. Un honneur infini en rejaillit sur elle et même sur nous. Une femme de notre race mérite d’être appelée « Mère de Dieu », comme nous le disons dans le « Je vous salue, Marie », Theotokos, vocable préféré des Orientaux pour désigner la Vierge Marie. 

La basilique romaine est l’hommage monumental que l’Eglise de Rome a voulu rendre sans tarder à la Mère de Dieu. 

Mais, après avoir culminé dans la théologie la plus assurée, revenons aux choses concrètes. Marie a donné naissance à son Fils. Cela s’est passé à Bethléem. « Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche. » C’est pourquoi Sainte Marie-Majeure comporte une représentation de la crèche et, dit-on, une relique de la crèche authentique. Quoi qu’il en soit de l’historicité effective, il est beau, et profondément chrétien, d’exprimer les réalités de la foi dans des signes bien visibles : c’est une « saine dévotion »

Cette basilique est très chère aux Romains. Ils y invoquent la Mère de Dieu comme « salut du peuple romain ». Elle est donc chère à l’évêque de Rome. Dès le lendemain de son élection, le pape François s’y est rendu pour confier son ministère à celle que son prédécesseur, Paul VI, durant le concile Vatican II, a proclamée « Mère de l’Eglise ». Il y est retourné, juste avant de partir pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, au Brésil. Ce double pèlerinage du pape François est une raison supplémentaire de bien fêter, cette année, la dédicace de la basilique dédiée à la Mère de Dieu.    

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Jacques Perrier

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