Devenir des ministres de la réconciliation et de la paix

Homélie du card. Turkson à Hiroshima, 5 août 2013

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« Nous célébrons la présence du Seigneur ressuscité qui nous accueille toujours avec la paix du pardon et de la réconciliation », a déclaré le cardinal Peter Kodwo Turkson, dans son homélie de ce 5 août 2013, à Hisroshima, en l’anniversaire du bombardement atomique sur la ville japonaise, le 6 août 1945.

Un B-29 des Etats-Unis, rebaptisé « Enola Gay », piloté parPaul Tibbets est parti à 2h 45 de l’êle de Tinian, avec à bord la bombe « Little Boy », armée en vol par le capitaine de marine William Parsons.

Le second lieutenant, Morris R. Jeppson, plaça les fusibles d’armement. Le bombardier arriva sur la ville vers 8 h 15. Tibbets donné l’ordre de bombarder, le major Thomas Ferebee visa le pont Aioi. La bombe fut larguée à une altitude de 9 450 m. À 8 h 16 min 2 s, après environ 43 secondes de chute libre, activée par les capteurs d’altitude et ses radars, elle explosa à 580 m au-desus de l’hôpital Shima, dégageant une énergie équivalente à environ 15 000 tonnes de TNT.

La température des surfaces exposées à son rayonnement atteignir 4000 °C. L’onde de choc déclencha des vents de 300 à 800 km/h etuen « tempête de feu ». 

Bob Lewis, le copilote d’Enola Gay, s’écria : « Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? Même si je vis cent ans, je garderai à jamais ces quelques minutes à l’esprit. »

Deux autres B-29 restèrent autour du site pour photographier le champignon atomique et les dégâts, filmer les alentours et recueillir des informations sur la mission.

« Le Christ souffle sur nous son Esprit qui nous façonne, comme des vases de terre fragiles, et qui fait de nous des ministres de la réconciliation et de la paix », a conclu le cardinal ghanéen, président du Conseil pontifical Justice et Paix.

Homélie du card. Turkson

Hiroshima, le 5 août 2013
L’histoire de deux maisons
Isaïe 2,2-5
Jean 20,19-23

Dans le monde ancien de la Bible, tout comme de nos jours, les hauts lieux, les sommets et les pentes des montagnes étaient les sites populaires de temples et de sanctuaires de divinités. C’est pourquoi, lorsque Dieu a établi les enfants d’Israël dans la Terre promise, il a choisi pour demeure le sommet d’une colline de Jérusalem, le Mont Sion. Le temple du Seigneur, sa maison, a été construit sur le Mont Sion (Deut. 12,5).

Dans la première lecture de notre célébration d’aujourd’hui, lorsqu’Isaïe nous parle de sa vision dans laquelle la montagne de la maison de Dieu est élevée au-dessus de toutes les autres montagnes et au-dessus des collines, il affirme le caractère distinctif inégalé et incomparable de la montagne de la maison de Dieu. Elle transcende toutes les autres montagnes et, par conséquent, toutes les divinités et les maisons de divinités qui peuvent y être bâties. La montagne de la maison du Seigneur transcende et dépasse toutes les autres, parce que le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui est intronisé dans le temple sur le Mont Sion, transcende tous les dieux et ne ressemble à aucun autre. Par conséquent, son enseignement ne ressemble à aucun autre, et il attire à lui les peuples et les nations. Tel est l’enseignement de la Parole du Seigneur, qui est aussi lumière sur la route du peuple de Dieu. Instruit par l’enseignement de la Parole de Dieu et marchant à sa lumière, les peuples cessent les hostilités, leurs instruments de guerre sont transformés en instruments de prospérité humaine.

Le texte de l’évangile raconte la première apparition de Jésus ressuscité à ses disciples. Ceux-ci s’étaient enfermés dans la maison par peur des Juifs. Mais, ils étaient tourmentés par une crainte plus grande encore parce qu’ils avaient abandonné et trahi leur maître. Lorsque Jésus ressuscité leur apparaît, il écarte cette double crainte de ses disciples par une salutation de « paix ». Par cette salutation de paix, Jésus ressuscité ne cherche pas à régler ses comptes avec ses disciples. Il ne cherche pas non plus à leur rappeler leur trahison. Jésus ressuscité leur adresse au contraire une salutation de paix bienveillante, qui passe sous silence les faiblesses des disciples et les réconcilie avec leur Seigneur ressuscité. Ayant reçu du Seigneur ressuscité la paix qui pardonne et qui réconcilie, les disciples sont envoyés en mission et, par le don du Saint-Esprit, ils sont  rendus capables de mener à bien celle-ci : prêcher un ministère de pardon et de réconciliation.

Par ailleurs, en apparaissant à ses disciples, le Christ ressuscité leur montre ses mains et son côté pour qu’ils voient que le corps de Jésus ressuscité est le même que son corps crucifié. Le corps qui a été l’objet de la cruauté et de la violence humaine est identique à son corps ressuscité et glorifié. Ainsi, dans le corps de Jésus ressuscité, les effets de la violence et de la mort sont transformés. Avec saint Paul, nous voyons que la mort, la douleur et la souffrance ont perdu leur aiguillon (1 Co 15, 55-56). Ainsi, l’impact de la violence humaine est transformé, et cette transformation est source de joie pour les disciples.

Il est à noter que la maison est le lieu et le cadre de ces manifestations de la présence divine sur la terre et parmi les peuples. Dans le premier cas, c’est la maison du temple de Dieu sur le Mont Sion. De là, la Parole de Dieu se propage, comme un enseignement lumineux, pour mettre fin aux hostilités entre les personnes, et pour encourager la conversion des instruments de guerre en instruments de paix et de promotion humaine. Dans l’autre cas, c’est la maison des disciples craintifs, pleins de remords. Jésus offre sa présence de crucifié et de ressuscité comme la source d’un pardon et d’une paix qui réconcilient, et comme la source de la joie. De cette expérience de paix et de joie, fruit du pardon et de la réconciliation, les disciples recevront de leur Seigneur ressuscité la mission d’aller prêcher comme lui.

Réunis dans cette église pour célébrer l’Eucharistie, nous sommes également rassemblés dans une maison – la maison de Dieu. Avec nos angoisses, nos craintes, nos remords, notre douleur et notre souffrance, comme les disciples, mais désireux d’être instruits par le Seigneur et de marcher à la lumière de son enseignement, comme des pèlerins d’entre les nations, nous sommes réunis autour de cet autel pour célébrer, d’une part, dans le signe sacramentel de l’Eucharistie, la présence de Dieu qui, dans le Christ, enseigne son peuple et lui montre le chemin de la paix (cf. Michée 6,8). D’autre part, nous célébrons la présence du Seigneur ressuscité qui nous accueille toujours avec la paix du pardon et de la réconciliation. Le Christ souffle sur nous son Esprit qui nous façonne, comme des vases de terre fragiles, et qui fait de nous des ministres de la réconciliation et de la paix.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat


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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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