Soyez des chrétiens "authentiques", "non pas des chrétiens part-time, « amidonnés », de façade": c'est ce que demande le pape Françoais dans un vigoureux dialogue avec les jeunes du monde - plus de deux millions de quelque 190 pays - rassemblés sur la plage de Copacabana, ce samedi 28 juillet, pour la grande veillée de Rio 2013.
Nous rapportons les passages improvisés par le pape dans notre article "Papacabana". Le "Campus Fidei" a été rendu impraticable par les pluies continuelles de la semaine: la veillée a eu lieu - sans la pluie - sur la plage.
Allocution du pape François
Chers jeunes,
Nous venons de rappeler l’histoire de saint François d’Assise. Devant le Crucifix il entend la voix de Jésus qui lui dit : « François, va et répare ma maison ». Et le jeune François répond avec rapidité et générosité à cet appel du Seigneur : réparer sa maison. Mais quelle maison ? Peu à peu il s’est rendu compte qu’il ne s’agissait pas de faire le maçon et de réparer un édifice de pierres, mais de donner sa contribution à la vie de l’Église ; il s’agissait de se mettre au service de l’Église, en l’aimant et en travaillant, pour qu’en elle se reflète toujours davantage le Visage du Christ.
Aujourd’hui aussi, le Seigneur continue à avoir besoin de vous, les jeunes, pour son Église. Aujourd’hui aussi, il appelle chacun de vous à le suivre dans son Église et à être missionnaire. Comment ? De quelle manière ? En partant du nom du lieu dans lequel nous devions nous trouver, Campus fidei, le Champ de la Foi, j’ai pensé à trois images qui peuvent nous aider à mieux comprendre ce que signifie être disciple-missionnaire : la première, le champ qui est le lieu dans lequel on sème ; la seconde, le champ comme lieu d’entraînement ; et la troisième, le champ comme chantier.
1. Le champ comme lieu dans lequel on sème. Nous connaissons tous la parabole de Jésus qui parle d’un semeur parti jeter les semences dans son champ. Quelques unes d’entre elles tombent sur la route, au milieu des pierres, parmi les épines et ne parviennent pas à se développer. Mais d’autres tombent sur la bonne terre et produisent beaucoup de fruits (Cf. Mt 13, 1-9). Jésus lui- même explique le sens de la parabole : la semence est la Parole de Dieu qui est jetée dans les cœurs (Cf. Mt 13, 18-23). Chers jeunes, cela signifie que le vrai Campus Fidei c’est le cœur de chacun de vous, c’est votre vie. Et c’est dans votre vie que Jésus demande d’entrer avec sa Parole, avec sa présence. S’il vous plaît, laissez le Christ et sa Parole entrer dans votre vie, germer et grandir !
Jésus nous dit que les semences tombées au bord de la route, ou entre les pierres, ou au milieu des épines n’ont pas porté de fruit. Quel terrain sommes-nous ou voulons-nous être ? Peut-être sommes nous parfois comme la route : nous écoutons le Seigneur, mais rien ne change dans la vie, parce que nous nous laissons étourdir par beaucoup d’attraits superficiels que nous écoutons ; ou comme le terrain pierreux : nous accueillons avec enthousiasme Jésus, mais nous sommes inconstants, et devant les difficultés nous n’avons pas le courage d’aller à contre courant ; ou nous sommes comme le terrain avec les épines: les choses, les passions négatives étouffent en nous les paroles du Seigneur (cf. Mt 13, 18-22). Mais aujourd’hui, je suis certain que la semence tombe dans la bonne terre, que vous voulez être un bon terrain, non pas des chrétiens part-time, « empesés », de façade, mais des chrétiens authentiques. Je suis certain que vous ne voulez pas vivre dans l’illusion d’une liberté qui se laisse entraîner par les modes et les convenances du moment. Je sais que vous visez haut, vous voulez faire des choix définitifs qui donnent plein sens à la vie. Jésus est capable de vous offrir cela. Il est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Ayons confiance en lui. Laissons-nous guider par lui !
2. Le champ comme lieu d’entraînement. Jésus nous demande de le suivre toute la vie, il nous demande d’être ses disciples, de « jouer dans son équipe ». Je pense que la majorité d’entre vous aime le sport. Et ici, au Brésil, comme en d’autres pays, le football est une passion nationale. Et bien, que fait un joueur quand il est appelé à faire partie d’une équipe ? Il doit s’entraîner, et s’entraîner beaucoup ! Il en est ainsi dans notre vie de disciple du Seigneur. Saint Paul nous dit : « Tous les athlètes s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne qui va se faner, et nous pour une couronne qui ne se fane pas » (1 Co 9, 25). Jésus nous offre quelque chose de meilleur que la Coupe du monde ! Il nous offre la possibilité d’une vie féconde et heureuse, il nous offre aussi un avenir avec lui qui n’aura pas de fin, la vie éternelle. Mais il demande de nous entraîner pour « être en forme », pour affronter sans peur toutes les situations de la vie, en témoignant de notre foi. Comment ? Par le dialogue avec lui : la prière, qui est le colloque quotidien avec Dieu qui toujours nous écoute. Par les sacrements, qui font grandir en nous sa présence et nous configurent au Christ. Par l’amour fraternel, par l’écoute, la compréhension, le pardon, l’accueil, l’aide de l’autre, de toute personne, sans exclure, sans mettre en marge. Chers jeunes, soyez de vrais « athlètes du Christ ».
3. Le champ comme chantier. Quand notre cœur est une bonne terre qui accueille la Parole de Dieu, quand « on mouille sa chemise » en cherchant à vivre comme chrétiens, nous expérimen- tons quelque chose de grand : nous ne sommes jamais seuls, nous faisons partie d’une famille de frères qui parcourent le même chemin, nous faisons partie de l’Église ; ou plutôt nous devenons les constructeurs de l’Eglise et les protagonistes de l’histoire. Saint Pierre nous dit que nous sommes pierres vivantes qui forment un édifice spirituel (Cf. 1 P 2, 5). Et en regardant cette estrade, on voit qu’elle a la forme d’une église construite avec des pierres, avec des briques. Dans l’Église de Jésus nous sommes, nous, les pierres vivantes, et Jésus nous demande de construire son Église ; et non pas comme une petite chapelle qui ne peut contenir qu’un petit groupe de personnes. Il nous demande que son Église vivante soit grande au point de pouvoir accueillir l’humanité entière, qu’elle soit la maison de tous ! Il dit à toi, à moi, à chacun : « allez, et de tous les peuples faites des disciples ». Ce soir, répondons-lui : Oui, moi aussi je veux être une pierre vivante ; ensemble, nous voulons édifier l’Église de Jésus ! Disons ensemble : je veux aller et être constructeur de l’Église du Christ !
Dans votre jeune cœur, il y a le désir de construire un monde meilleur. J’ai suivi avec attention les nouvelles relatives à tant de jeunes qui, en tant de parties du monde sont sortis sur les routes pour exprimer le désir d’une civilisation plus juste et fraternelle. Demeure cependant la question : par où commencer ? Quels critères pour la construction d’une société plus juste ? Quand on demandait à Mère Theresa de Calcutta qu’est-ce qui devait changer dans l’Église, elle répondait : toi et moi !
Chers amis, n’oubliez pas : vous êtes le champ de la foi ! Vous êtes les athlètes du Christ ! Vous êtes les constructeurs d’une Église plus belle et d’un monde meilleur. Levons les yeux vers la Madone. Elle aide à suivre Jésus, elle nous donne l’exemple par son « oui » : « Voici la servante du Seigneur : que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc 1, 38). Nous le disons nous aussi, ensemble avec Marie, à Dieu : Que tout se passe pour moi selon ta parole. Ainsi soit- il.