C’est une « famille nombreuse typiquement brésilienne » qui a ouvert la porte de sa maison au pape François, lors de sa visite dans la favela de Varginha. Et elle a été avertie de cette visite… la veille, à minuit.
Le pape François s’est en effet rendu dans l’une des 700 « favelas » de la métropole, en banlieue nord de Rio, dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse, hier, 25 juillet 2013.
Pour le P. Marcio Queiroz, curé de la paroisse de Varginha, cette visite a été quelque chose de « très, très spécial » : « Non seulement le Saint-Père s’est senti à l’aise, mais les gens aussi. Ils se sont sentis très aimés et respectés, à travers l’attention même qu’il a accordée à chacun d’entre eux. », déclare-t-il au micro de Radio Vatican.
Le pape a marché dans les rues du bidonville et a été accueilli dans une maison. La famille qui l’a reçu sous son toit « a été prévenue la veille, vers minuit : j’ai téléphoné pour les avertir », confie le P. Queiroz.
« Ils étaient très contents mais un peu préoccupés aussi. Comme c’est une famille très nombreuse, il y avait aussi des parents qui n’habitaient pas là mais qui étaient venus pour ces jours-ci, pour la visite du pape à la communauté. Ils étaient tous stupéfaits… Ils m’ont demandé : « Comment allons-nous faire ? Nous sommes tellement nombreux ». Je leur ai dit : « Ça ne fait rien, restez tous là… ». Et c’est ce qui s’est passé ».
Dans la pièce de 4 mètres sur 5, une vingtaine de personnes ont donc accueilli le pape : « Il y avait une petite fille de 15 jours et une dame de 93 ans. Comme cela le Saint-Père a vraiment pu rendre visite à une famille nombreuse, typiquement brésilienne », se réjouit le curé.
De même, c’est ce dernier qui a choisi le couple qui a adressé au pape le discours de bienvenue : « Deux jeunes, des enfants de la communauté. Ils ont vécu toute leur vie ici, en donnant leur vie pour l’Église. Ils sont catéchistes et ils sont maintenant mariés depuis 6 ou 7 mois. Il m’a semblé qu’ils étaient vraiment un très beau modèle à présenter, parce qu’ils ont pu vivre toute cette relation dans une grande pureté, en accord avec ce que demande l’Église. Pour eux, cela n’a jamais été pesant de faire la volonté de Dieu, voilà pourquoi je les ai choisis ! »
La communauté de la favela a réalisé pour le pape un présent unique : « en n’utilisant que des matériaux de récupération, ils ont réalisé son blason. Quand il l’a vu, nous avons compris qu’il était content justement à cause de la créativité et parce que cet objet évoquait, précisément, la vie de cette communauté », a souligné le P. Queiroz.
Le mot du pape que le curé gardera au cœur ? « solidarité » : « Il a rappelé cette solidarité, cette responsabilité que nous devons avoir les uns pour les autres. C’est resté dans ma tête et dans mon cœur, à cause aussi de ses gestes et de ses paroles ».
Varginha est aujourd’hui une favela « pacifiée ». D’ailleurs, lors de la visite, les volontaires de la favela ont collaboré avec la police : « avec ces paroles du Saint-Père, qui a justement parlé de cette pacification, je crois que c’est très important. Il faut que naisse en chacun de nous cette solidarité, que l’on vive cette pacification qui naît du cœur de chacun ».
Mais si « les gens sont de bonne volonté font déjà ce qu’ils peuvent » auprès des plus pauvres, cependant « les autorités devront faire quelque chose maintenant. Elles devront certainement écouter aussi le pape qui leur a adressé un rappel : il leur a exprimé son désir de voir des politiques publiques qui aident ces personnes à dépasser leur situation de pauvreté », a conclu le P. Queiroz.
Traduction d’Hélène Ginabat