Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire d’un saint prêtre jésuite de France, martyr en Chine, saint Léon-Ignace Mangin (1857-1900). Il écrivait aux siens, en juin 1900: « Outre les cinq cents chrétiens qui l’habitent, nous avons au moins trois cents réfugiés ». ils furent tués tous ensemble.
Deux Jésuites français missionnaires en Chine, Léon-Ignace Mangin et Paul Denn, ainsi que cinquante-quatre laïcs chinois assassinés à Tchou-kia-ho après l’assaut des Boxers, une société secrète hostile aux Européens, et des troupes de l’impératrice Ts’eu-Hi (†1908), qui avait déclenché une campagne de xénophobie.
Le P. Mangin était né à Verny, près de Metz. Il était entré dans la Compagnie de Jésus en 1875. Il avait ensuite étudié la philosophie en Belgique, à Louvain, et à enseigner à Liège. Mais en 1882, il partit pour la Chine.
Pendant quatre ans, il se consacra à l’étude de la théologie et de la langue chinoise. Il y fut ordonné prêtre en 1886, avant de rejoindre la mission de Tchou-kia-ho, un village de quelque 400 habitants qui accueillit des habitants des bourgs voisins, lors de la révolte des Boxers: ils furent bientôt 3.000.
Le P. Mangin fit fortifier le village, et demanda à son confrère Paul Denn de venir les rejoindre. Les Boxers attaquèrent le village le 15 juillet 1900 et furent d’abord repoussés. Trois jours plus tard, ils réussirent à forcer les barricades. Le 18 juillet, vers 9 heures, alors que les villageois réfugiés dans l’église priaient à genoux, les Boxers défoncèrent les portes, proposèrent la vie sauve à qui renonçait à la foi. Un petit nombre accepta. Puis le P. Denn entonna le confiteor et le P. Mangin donna l’absolution. Ils furent massacrés ou périrent brûlés vifs.
Les saints martyrs de Chine, chinois ou missionnaires ont été canonisés ensemble – en signe de leur communion profonde dans le Christ – par le pape Jean-Paul II le 1er octobre 2000, avec dispense d’un miracle survenu après leur béatification en tant que martyrs.
Pour en savoir plus: http://www.jesuites.com/2013/01/saint-leon-mangin-sj/
Dernière lettre de Léon-Ignace Mangin à sa famille
Les événements qui se passent ici sont bien faits pour vous alarmer, aussi, je ne veux pas chercher à vous les dissimuler.
Le télégraphe a dû vous annoncer le massacre de deux de nos Pères à Ou-I, à six heures d’ici. Tout le nord de la mission est à feu et à sang ; chaque jour m’arrivent de malheureux fugitifs dont on a brûlé les maisons ; les morts sont nombreux et combien de disparus !
Si les secours humains nous manquent, il nous reste Dieu et notre confiance en lui. Nous sommes venus ici pour sa cause : nos établissements, toutes nos œuvres n’existent que pour le faire connaître et servir ce peuple. Permettra-t-il la perte de tant d’hommes et de tant de travaux ? Si oui, nous le bénirons quand même. Et ceux d’entre nous qui échapperont à la ruine ou ceux qui viendront nous remplacer recommenceront avec le même courage et la même confiance en Dieu.
Dans ce village, outre les cinq cents chrétiens qui l’habitent, nous avons au moins trois cents réfugiés. Nous faisons un rempart ; on achète force vivres, poudre et autres munitions en vue d’une attaque qui, humainement, ne peut pas ne pas avoir lieu. Nous nous défendrons tant que nous pourrons ; si Dieu ne nous donne pas la victoire, nous serons massacrés ou brûlés jusqu’au dernier. Que la volonté de Dieu soit faite ! Je fais le sacrifice de ma vie pour le salut des âmes et le bien de toute ma famille. Si vous apprenez ma mort, priez pour moi et remerciez Dieu du choix qu’il aura daigné faire de notre famille pour lui demander ce sacrifice.
Mes bien-aimés frères et sœurs, je vous remercie de l’affection que vous m’avez toujours témoignée.
Je vous demande pardon des peines que j’ai pu vous causer. Quoi qu’il vous arrive, demeurez bons et fidèles chrétiens, dignes de nos bien-aimés parents.
Je vous dis adieu, vous embrassant tous de tout cœur et vous bénissant tous au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Fiat ! Tout vôtre en Notre Seigneur.
(Lettre écrite à Tchou-Kia-Ho, le 28 juin 1900)