Le Saint-Siège plaide pour une meilleure justice contre la violence sexuelle, préconisant que l’aide aux victimes soit apportée « dans le respect de la vie à toutes les étapes de son développement » mais aussi que le processus pénal soit « guidé par une recherche méticuleuse de la vérité et mené en temps opportun ».
Mgr Francis A. Chullikatt, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies de New-York, est intervenu lors du débat ouvert du Conseil de sécurité des Nations-Unies sur « Les femmes, la paix et la sécurité : la violence sexuelle dans les conflits », le 24 juin 2013.
Le Saint-Siège rappelle sa « ferme opposition au recours au conflit armé en tant que moyen de résoudre les disputes internationales ou nationales », et souligne que la communauté internationale – États et les organismes internationaux – « a une lourde responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
Pour Mgr Chullikatt, « une réponse juste à la violence sexuelle, si fréquente dans les situations de conflits armés, ne doit pas être motivée par l’esprit de revanche, ce qui ne ferait que perpétuer la chaîne de la haine, mais elle doit plutôt chercher à construire le bien commun ».
Priorité à la vie
Pour cela, le Saint-Siège préconise divers points d’attention : tout d’abord, que « les dommages causés aux victimes et à la communauté dans son ensemble » soient réparés par « le soutien et les soins nécessaires ».
L’approche du soutien doit être « vraiment centrée sur la personne humaine », dans « le respect de la vie à toutes les étapes de son développement », insiste-t-il en dénonçant la promotion de « la notion potentiellement destructive de la santé sexuelle et reproductive, trop souvent utilisée pour justifier la suppression de la vie plutôt que pour la préserver ».
« La mort d’un enfant innocent non-né ne fait que rajouter une violence pour une femme déjà en difficulté », met-il en garde.
L’Église catholique, souligne Mgr Chullikatt, « à travers ses institutions, en particulier ses instituts religieux féminins, est fermement engagée dans des services de compassion pour les victimes, afin de soulager leurs souffrances et de les accompagner aussi loin que possible vers la guérison et la reprise de leur vie dans la liberté et la dignité ».
Indépendance de la justice
Le Saint-Siège demande aussi « que les auteurs soient tenus pour responsables de leurs actes ». Il estime en ce sens que le processus pénal doit être « guidé par une recherche méticuleuse de la vérité et mené en temps opportun » : les accusés « doivent être en mesure de se défendre » et les juges « doivent avoir l’indépendance nécessaire pour éviter de juger selon des raisons autres que la justice ».
« A cet égard, des déclarations publiques de culpabilité par les médias ou par des groupes politiques, au niveau national comme au niveau international, avant que le tribunal n’ait prononcé sa décision, peuvent sérieusement entraver les efforts communs pour combattre le fléau de la violence sexuelle », ajoute l’archevêque.
Et les tribunaux internationaux « doivent respecter le rôle des systèmes nationaux comme étant la source principale capable d’identifier les responsables », ajoute Mgr Chullikatt, car « c’est seulement lorsque de tels systèmes juridiques nationaux s’avèrent incapables ou peu disposés à assumer leur responsabilité pour défendre des victimes innocentes et le bien commun que la communauté internationale a la responsabilité d’intervenir ».
Le Saint-Siège appelle donc à « fournir aux États les ressources techniques et législatives nécessaires pour qu’ils puissent lutter contre la violence sexuelle dans les situations de conflit et faire respecter le droit humanitaire ainsi que les droits de l’homme internationalement reconnus » : « ce respect pour les autorités nationales aide à restaurer la confiance dans les systèmes juridiques nationaux et locaux et permet une plus grande participation des victimes et des communautés touchées ».