Jeunes, « ne vous faites pas voler l'espérance »

La messe du pape avec les jeunes détenus

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« Voyez dans ce geste de vous laver les pieds une caresse de Jésus », a dit le pape, dans son homélie pour expliquer aux jeunes le rite du lavement des pieds typique du « service » et de l’amour signifiés par la célébration de Jeudi Saint. Il les a quittés en demandant avec insistance : « Ne vous faites pas voler l’espérance ». Puis le pape a souligné qu’il n’était venu que guidé par son coeur: « Les choses du coeur n’ont pas d’explication », a-t-il ajouté.

Le pape François a en effet célébré la messe du Jeudi Saint « In Cena Domini », ce jeudi 28 mars 2013 avec les jeunes détenus dans la chapelle dédiée au « père miséricordieux » de la maison de détention pour mineurs de Casal del Marmo, dans le Nord de Rome.

Le pape et les jeunes

La messe a été accompagnée par les chants et les guitares des jeunes et des bénévoles. La célébration a été transmise en direct par Radio Vatican et nous transcrivons les paroles du pape François. Au terme de la messe, le pape a porté le Saint-Sacrement au reposoir, en silence. Il a ensuite eu une rencontre avec les jeunes dans le gymnase. Le pape était accompagné de son vicaire pour la Ville de Rome, le cardinal Agostino Vallini. Les lectures de la messe ont été lues par un jeune détenu, une éducatrice et l’Evangile par le P. Nicolò Ciccolini, l’un des prêtres desservant l’institution.

Comme le rite de la liturgie de ce jour le prévoit, le pape a lavé les pieds de 10 garçons et deux jeunes-filles, représentant les douze apôtres auxquels le Christ a lavé les pieds, la veille de sa Passion. Il a concélébré entouré de son vicaire, le cardinal Agostino Vallini, du Substitut, Mgr Angelo Becciu, de son secrétaire, Mgr Alfred Xuereb, de l’aumônier, le P. Gaetano Geco, et du P. Ciccolini. Plusieurs centaines de personens ont assisté à la messe avec les jeunes.

L’institut héberge 35 garçons et 11 jeunes filles entre 14 et 21 ans et leur offre des possibilités de formation professionnelle en vue de leur réinsertion. Seulement 8 d’entre eux sont Italiens, les autres viennent d’Afrique du Nord ou des pays slaves, et des Roms. Ils ne sont donc pas tous catholiques et le pape leur a expliqué le sens de ses gestes, dans une homélie très brève et très forte.

Une caresse de Jésus

Le cœur de son message a été : « Voyez dans ce geste [de vous laver les pieds] une caresse de Jésus ».

C’est la première fois depuis des générations que le pape ne célèbre pas le Jeudi Saint ni au Latran – selon la coutume pour l’évêque de Rome – ni à Saint-Pierre. D’habitude aussi le pape lave les pieds de prêtres de son diocèse. Mais en 2007, le pape Benoît XVI avait lavé les pieds de douze laïcs.

Le pape François a parlé aux jeunes d’abondance du cœur et il a lavé, essuyé et embrassé les pieds des jeunes, lui-même se mettant à genou par terre, à deux genoux, six fois : deux jeunes-filles et des musulmans étaient parmi eux. Il les a aussi embrassés lors de l’échange de la paix du Christ. Le pape a donné la communion personnellement à ceux qui se sont approchés pour recevoir Jésus dans l’eucharistie.

« C’est émouvant, a déclaré le pape d’abondance du cœur dans son homélie: Jésus lave les pieds de ses disciples. Pierre ne comprenait rien. Et il refusait. Mais Jésus lui a expliqué. Jésus, Dieu, a fait cela. Et il explique lui-même ce qu’il fait à ses disciples: « Comprenez-vous ce que je fais pour vous ? Vous m’appelez maître et Seigneur et vous dites bien parce que je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le maître je vous ai lavé les pieds, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres. Je vous ai donné un exemple afin que vous aussi vous fassiez de même ». « 

Le pape a ensuite commenté ces paroles du Christ en disant : « C’est l’exemple du Seigneur : lui, il est le plus important, et il lave les pieds, parce que parmi nous ce qui est le plus haut doit être au service des autres, et c’est un symbole et un signe, non ? ».

Je suis à ton service

« Laver les pieds c’est dire : « je suis à ton service ». Et nous aussi, entre nous, ne devons-nous pas nous laver les pieds les autres les autres chaque jour ? Mais qu’est-ce que cela signifie ? Que nous devons nous aider les uns les autres. Parfois je suis un peu en colère avec un tel, avec une autres… Eh bien ! Laisse tomber. Laisse. Et si on te demande une faveur, fais-la ».

« S’aider les uns les autres, a repris le pape : voilà ce que Jésus nous enseigne et c’est ce que je fais. Et je le fais de tout cœur, parce que c’est mon devoir comme prêtre et comme évêque : je dois être à votre service. C’est un devoir qui me vient du cœur, je l’aime. J’aime cela et j’aime le faire parce que le Seigneur m’a enseigné à faire ainsi. Mais vous aussi, aidez-nous, aidez-vous toujours, les uns les autres et ainsi en nous aidant nous nous ferons du bien. »

« Maintenant, nous allons faire, a conclu le pape, cette cérémonie de nous laver les pieds et pensons-y. Que chacun de nous pense : moi, vraiment, est-ce que je suis disposé/e à aider l’autre ? Pensez seulement à cela, et pensez que ce signe est une caresse que Jésus fait, parce que Jésus est justement venu pour cela, pour servir et pour nous aider. »

Les choses du coeur n’ont pas d’explication

La ministre italienne de la Justice, Mme Paola Severino, a ensuite dit : « J’ai vu tant d’amour dans votre regard. Tant d’esprit de service. » Certains jeunes pleuraient d’émotion.

Le pape a dit quelques mots aux jeunes et aux autorités pour les remercier de leur avant d’ajouter : « Ne vous faites pas voler l’espérance. Avancez toujours avec l’espérance, toujours avec l’espérance ! »

A chacun il a remis un œuf de Pâques et cette brioche en forme de colobe, la « Colomba », typique de Pâques en Italie. Le pape a lui-même reçu en cadeau un prie-Dieu et un crucifix de bois réalisés par les jeunes dans leur atelier.

En les recevant, le pape a dit: « Ils m’aideront davantage à être humble, à être serviteur comem doit l’être un évêque. J’ai pensé , j’ai demand: où est-ce que cela ferait plaisir que je fasse un visite.  On m’a dit peut-être à Casal del Marmo. Je suis venu ici, seulement avec le coeur. Les choses du coeur n’ont pas d’explication. Elle arrivent, c’est tout. » 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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