« Foule, fête, louange, bénédiction, paix : c’est un climat de joie que l’on respire », a dit le pape François en commentant la fête des Rameaux, qui rappelle l’entrée de Jésus à Jérusalem. Et c’est aussi ce qui est ressorti de la messe qu’il a présidé ce matin, 24 mars 2013, place Saint-Pierre.
Le pape a en effet comme embrassé la foule, à la fin de la messe, en faisant un grand tour de la place Saint-Pierre en voiture, longuement, prenant son temps, s’arrêtant pour bénir des enfants et des personnes handicapées, au milieu de la liesse générale.
Mais la célébration a aussi eu lieu dans un grand recueillement : dans un décor fleuri, où les ornements rouges des célébrants ressortaient sur le vert des palmes, le pape François a donné le ton, priant et recueilli. Quelque 200.000 personnes étaient présentes, dont de nombreux jeunes, à l’occasion de la Journée de la jeunesse, traditionnellement célébrée le dimanche des Rameaux.
L’Evangile de l’entrée du Christ à Jérusalem a été proclamé au pied de l’obélisque de la place Saint-Pierre. Puis la procession solennelle a suivi, avec des centaines de jeunes du diocèse de Rome, au son d’une hymne composée au début du 9e siècle par l’évêque Théodulfe d’Orléans, pour les Rameaux.
Sur la place Saint-Pierre, le long des marches du parvis de la basilique et autour de l’autel, des oliviers avaient été installés, donnant à l’ensemble un parfum de Terre Sainte.
Après le Kyrie, la première lecture (Is 50,4-7) a été lue en français, suivie du psaume 21 psalmodié en italien et de la deuxième lecture (Ph 2,6-11) en portugais. L’Evangile de la passion du Christ selon saint Luc a été lu par trois diacres, accompagnés par la chorale de la chapelle Sixtine interprétant les paroles de la foule.
« Foule, fête, louange, bénédiction, paix : c’est un climat de joie que l’on respire … C’est une belle scène : pleine de lumière, de joie, de fête », a commenté le pape François dans son homélie, qu’il a prononcée debout, à l’ambon, comme il le fait depuis le début de son pontificat.
« Jésus a réveillé dans le cœur tant d’espérances surtout chez les gens humbles, simples, pauvres, oubliés, ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde. Lui a su comprendre les misères humaines, il a montré le visage de miséricorde de Dieu, il s’est baissé pour guérir le corps et l’âme », a-t-il ajouté : « il entre dans Jérusalem avec cet amour, et nous regarde tous ».
Fort de cette rencontre avec le Christ, le pape a exhorté à la « joie ». « Ne soyez jamais des hommes et des femmes tristes : un chrétien ne peut jamais l’être ! » a-t-il souligné en appelant à ne pas se laisser « voler l’espérance » par les tentations de « découragement » qui viennent du « diable ».
Sans esquiver la réalité du mal et de la souffrance, « guerres, violences, conflits économiques qui frappent celui qui est plus faible, soif d’argent, corruption, divisions, crimes contre la vie humaine et contre la création, et nos péchés personnels », le pape a rappelé que la joie du chrétien naissait de la certitude que « la force de l’amour de Dieu vainc [le mal], le défait dans sa résurrection ».
Ainsi, a-t-il ajouté, « la croix du Christ embrassée avec amour ne porte pas à la tristesse, mais à la joie, à la joie d’être sauvés et de faire un tout petit peu ce qu’il a fait le jour de sa mort ».
Enfin, le pape s’est tourné vers les jeunes, qu’il a invités aux JMJ de Rio (23-28 juillet 2013) : « Vous avez une part importante dans la fête de la foi ! Vous nous portez la joie de la foi et vous nous dites que nous devons vivre la foi avec un cœur jeune, toujours : un cœur jeune, même à soixante-dix ou quatre-vingts ans ! Cœur jeune ! Avec le Christ, le cœur ne vieillit jamais ! »
Comme il l’avait déjà fait pour la messe d’inauguration de son pontificat, le 19 mars dernier, le pape a donné la communion aux diacres et non pas à un groupe de personnes. Une nouveauté dans les célébrations pontificales. La procession de l’offertoire était quant à elle très réduite, avec un couple présentant leur bébé au pape, qui l’a béni.
Commencée sous les nuages, la célébration s’est terminée sous le soleil de Rome, avec la prière de l’angélus.
Au terme de la messe, le pape François a repris sa voiture découverte pour vingt minutes de bain de foule : il a fait un grand tour de la place Saint-Pierre, faisant arrêter la voiture à mainte reprise, embrassant des personnes handicapées, bénissant de nombreux enfants. Partout, l’enthousiasme et les ovations: « Viva il papa ! ».
Penché sur la foule, le pape serrait des mains qui se tendaient au passage de la voiture, souriant, plaisantant même, avec des gestes expressifs, tel le pouce levé pour signifier éloquemment « Vous êtes supers ! ».
Soudain, le pape a fait un geste de surprise : reconnaissant un groupe, il a fait arrêter la voiture, s’est empressé de descendre et de venir serrer les mains de jeunes, ravis.
A nouveau il est reparti, bénissant et souriant, sans se lasser. A la fin du parcours, une petite fille juchée sur les épaules de son père, lui a tendu une branche de rameaux : « Grazie! », a répondu le pape spontanément. Une belle image de fin de célébration des Rameaux.