Le cardinal Cottier salue le « don extraordinaire » du pape François pour la communication. Une communication qui s’appuie sur « un témoignage simple et authentique » : « il parle de ce qu’il vit lui-même. Il nous fait habiter l’Evangile avec lui ».
Le cardinal Georges Cottier, théologien émérite de la maison pontificale, répond à un entretien du quotidien italien Avvenire.
Il parle de ce qu’il vit
Pour le théologien dominicain, le nouveau pape a « le génie du langage des gestes », il a « un don extraordinaire pour la communication », mais rien chez lui n’est surfait : le pape François utilise « un langage qui naît de ses convictions », et les vérités qu’il énonce sont « spontanées grâce à son vécu ».
En effet, lorsqu’il parle, fait observer le cardinal, le pape dit « des choses fondamentales » avec « l’intention de les mettre en pratique » : il donne « un témoignage simple et authentique », il offre « une parole «vécue», on le sent bien, il parle de ce qu’il vit lui-même. Il nous fait «habiter l’Evangile» avec lui ».
Dans l’homélie de la messe d’inauguration de son pontificat, par exemple, le pape a parlé de la « tendresse » : pour le cardinal, il est visible que le pape François « vit un profond sens de respect pour les pauvres, il les considère des personnes qui comme tous ont des droits et des nécessités ».
Il ne s’agit pas pour autant de « céder au sentimentalisme », ajoute le cardinal qui souligne que « le pape François est humainement très équilibré ». Il ne s’agit pas non plus « d’atténuer les vérités chrétienne », ce qui serait « les réduire à de grandes banalités, qui sont tièdes et ne font ni mal ni bien ».
En ce sens, la référence claire au « diable » lors de la première homélie du pape devant les cardinaux, le 14 mars dernier, « a montré qu’il ne s’illusionne pas sur les obstacles » que rencontre l’annonce de l’Evangile, « obstacles qui ne sont pas extérieurs à l’Eglise », mais qui « concernent tous, car tous sont soumis aux tentations ». La réponse est « l’humilité et le sens de la croix », ajoute le cardinal.
La liberté spirituelle du pape
Le cardinal se dit également impressionné par « le sens très profond de liberté spirituelle » du nouveau pape, tel un « grand souffle vivant d’Evangile, simple et fort ». Il s’en réjouit, car « la théologie, qui doit avoir une rigueur scientifique, ne doit pas de refermer sur elle-même » et elle n’a du sens que « si elle aide à mieux comprendre l’Evangile ».
Pour le théologien, le pape montre un « sens doctrinal et spirituel » inspiré par le Concile Vatican II : « il sera lui aussi un pape du Concile », estime-t-il. « Ses paroles montrent une vision de l’Eglise comme Peuple de Dieu, comme présence du Christ et témoin du Christ. Il a mis l’accent sur ce qui fait l’essence de l’Eglise ».
Mais le pape s’adresse aussi au-delà de l’Eglise, fait-il observer : « sa définition du pouvoir vaut pour l’Eglise mais aussi, de façon analogique, pour les réalités temporelles : le pouvoir est un service pour les pauvres et les plus faibles ».
Le cardinal évoque également la rencontre du pape François avec les délégués fraternels et les représentants d’autres religions, le 20 mars : le pape a insisté sur le fait que « la base du dialogue doit être l’amitié, la reconnaissance que chacun est aimé de Dieu », rappelle-t-il.
Pour conclure, le cardinal souhaite à l’Eglise, en ce nouveau pontificat « que l’Evangile entre toujours plus dans la vie quotidienne. Que se réalise le message de saint François ».