Mais qu'est-ce qui donne une fumée si dense?

Même visible dans la nuit…

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Mais qu’est-ce qui donne une fumée noire si dense, visible dans la nuit? La question a été posée au P. Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, après l’extraordinaire démonstration, mardi soir, de l’efficacité du nouveau système des fumées du conclave.

Autrefois, pour avoir de la fumée noire, on brûlait les bulletins de vote des cardinaux avec une sorte de goudron. Pour la fumée blanche, on ajoutait de la paille humide aux bulletins de vote.

Depuis 2005, pour éviter le doute, on utilise des fumigènes, mais la fumée du 19 avril, qui devait être blanche était grise… et la personne chargée de sonner les cloches de Saint-Pierre pour confirmer la « fumata bianca » est restée introuvable pendant des minutes qui ont semblé très longues: on ne s’attendait pas à un conclave aussi bref, et l’élection du pape après le 4e scrutin (celui du milieu de l’après-midi).

Le système a donc été perfectionné: depuis hier, 12 mars, on a vu à l’oeuvre le poêle de forme rectangulaire muni d’un système électronique qui envoie – au choix, noir ou blanc – une cartouche de fumigène, ou plutôt, 5 cartouches, toutes les deux minutes: en tout, pendant environ 7 minutes, pendant qu’on brûle les bulletins de vote dans l’autre poêle, historique (il date des années trente).

Les conduits de l’un et l’autre poêles se rejoignent pour faire monter leurs fumées ensemble dans le même conduit de cuivre. Le système a bien marché et le tirage a été excellent: ni les cardinaux ni les fresques de la Sixtine n’ont souffert de la fumée, a (r)assuré le Père Lombardi.

Chimiquement parlant, la fumée noire est faite d’un mélange de perchlorate de potassium, d’anthracène et de soufre. La fumée blanche sera faite d’un mélange de chlorate de potassium, de lactose et de colophane.

Ces données chimiques ont été fournies par le P. Federico Lombardi, sj, ce 13 mars, lors de son briefing de 13 h, à la demande expresse des journalistes, curieux de tout savoir sur la fumée, faute de savoir ce qui se passe quelques mètres plus bas, sous les fresques de Michel-Ange, devant l’histoire du salut et le Jugement dernier.

Pour le moment, la cheminée la plus fameuse du monde a retrouvé son aspect très simple: un pauvre tuyau qui n’a pour fonction que de communiquer une nouvelle qui concerne le monde entier, et qui attire place Sant-Piere, deux fois par jour, les foules accourues à Rome pour ces journées historiques et les Romains, après le travail, le soir, ou lors de leur pause du milieu du jour.

Les cardinaux s’apprêtent à un quatrième et peut-être bien un cinquième tour, ce mercredi après-midi, dans le plus grand secret, dans le plus grand recueillement, pour préserver leur liberté devant Dieu: ils glissent leur bulletin dans l’urne en prenant le Christ à témoin de la rectitude de leur conscience.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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