Le cardinal Vinko Puljic, 67 ans, est archevêque de Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Il participera au conclave qui s’ouvrira demain, mardi 12 mars 2013, au Vatican, pour l’élection du futur pape.
Ordonné prêtre en 1970, il est consacré évêque par le pape Jean-Paul II en 1991, en la solennité de l’Épiphanie, à Rome, et nommé archevêque de Sarajevo. Il a tout juste 49 ans lorsqu’il est créé cardinal, toujours par Jean-Paul II, lors du consistoire du 26 novembre 1994.
Selon sa biographie publiée par le Saint-Siège, le cardinal Puljic est le12e de 13 enfants, issu d’une famille « matériellement pauvre, mais riche dans la foi catholique ». Chaque soir, tous s’agenouillent pour prier le chapelet, sous la conduite du père.
La famille est proche du monastère trappiste de Marija Zvijezda, qui a influencé la vie spirituelle et la vocation sacerdotale de Vinko. L’un des moines, le P. Ante Artner, vend même sa moto pour en donner la recette au père de Vinko afin de l’aider à financer ses études au petit séminaire de Zagreb.
Après son ordination, il est curé de 1973 à 1978, puis directeur spirituel au séminaire mineur Vicko Zmajevic de Zara, où il instaure un climat de « grande famille » : il se montre un vrai père et un frère aîné pour les séminaristes. Pendant les vacances d’été, il garde contact avec eux, leur rend visite dans leurs villages, soucieux avant tout que ses garçons comprennent profondément leur vocation sacerdotale.
En 1987, il est nommé à Sarajevo en tant que vice-recteur du grand séminaire de la province ecclésiastique de Vrhbosna. Puis il devient archevêque Sarajevo en 1991. Il met l’accent sur les visites pastorales dans son diocèse, afin de se familiariser avec la situation religieuse et sociale.
Mais très vite, en août 1991, les hostilités avec la Croatie commencent et la guerre éclate. Mgr Puljic est fortement impliqué dans l’aide aux milliers de réfugiés et d’exilés. Il lance des appels continus pour le respect des droits inaliénables de la personne humaine sans distinction de race ou de croyance religieuse, pour le droit de chacun de vivre dans sa propre maison, le respect mutuel, l’unité dans la pluralité.
Dans son « travail inlassable pour le rétablissement de la paix », poursuit le Saint-Siège, il rencontre de nombreuses personnalités politiques, mais aussi religieuses, tels les chefs des orthodoxes et des musulmans de Bosnie-Herzégovine. Dans ce contexte, il organise la rencontre interreligieuse d’octobre 1993 à Sarajevo, avec le cardinal Roger Etchegaray, président des Conseils pontificaux « Justice et Paix » et « Cor Unum » et les dirigeants religieux orthodoxes, juifs et musulmans de la ville et du pays.
La même source souligne qu’« il risque souvent sa vie en visitant ses paroissiens, en particulier ceux touchés par le fléau de la guerre ». Lors de l’une de ces visites, il est emprisonné pendant douze heures par l’armée serbe.
L’archevêque gagne l’estime des citoyens et des politiciens, devenant même « un point de référence » dans les moments les plus difficiles, ajoute le Saint-Siège qui estime que Mgr Puljic « a montré sa capacité à être un véritable artisan de paix selon l’Évangile, sensible à la souffrance du peuple, ouvert au dialogue et fidèle aux principes de la coexistence entre les divers groupes sociaux, religieux et ethniques ».
En avril 1997, le cardinal Puljic accueille Jean-Paul II à Sarajevo. De 1995 à 2002, puis de 2005 à 2010, il est président de la Conférence épiscopale de Bosnie-Herzégovine.
Aujourd’hui encore, il travaille activement au service de la nation, cherchant des solutions pour les difficultés d’après-guerre : « Nous, catholiques, nous voulons continuer à espérer dans l’avenir et à travailler pour créer un climat de confiance, de réconciliation et de tolérance », affirme-t-il.
Il appelle à créer « une entité politique unique, qui garantisse l’égalité des droits et assure le respect de la liberté religieuse » afin de lutter contre la discrimination dont les catholiques sont victimes (cf. Zenit du 25 janvier 2012).
Il y a quelques mois, le cardinal a organisé une rencontre mondiale pour la paix, sur le thème : « Sarajevo, la Jérusalem d’Europe » (septembre 2012).
Pour le cardinal, en effet, Sarajevo est une « ville symbole » : « martyre d’une guerre fratricide qui a provoqué il y a vingt ans la mort de onze mille personnes », elle se présente aujourd’hui pour l’Europe comme « un paradigme de la coexistence entre les peuples » (cf. Zenit du 16 février 2012).