ZENIT vous propose une série d’articles de témoignage commencée en janvier 2024 à l’occasion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Le P. Eamon Kelly nous présente la genèse de la série dans cet article introductif aux témoignages de la série « Crossroads – the people of Magdala » – les personnes qui font vivre ce lieu de rencontres culturelles et spirituelles en Israël.
Première publication le 22 janvier 2024 sur www.magdala.org
Traduction de l’anglais réalisée par ZENIT
Les leçons de l’histoire et les pas vers la réconciliation
Tout le monde souhaite que sa famille soit unie, en évitant les querelles et les divisions. Personne ne veut que son lieu de travail soit le théâtre de grands conflits internes. De telles divisions ne font qu’affaiblir et souvent détruire la famille ou toute autre entreprise.
Beaucoup de nos divisions sont causées par des problèmes réels, mais elles sont exacerbées lorsque nous tombons dans l’égoïsme et la décadence, et lorsque notre orgueil fait obstacle au bien commun. Si les intérêts politiques et économiques tirent parti de ces possibilités pour servir des intérêts égoïstes étroits, l’humanité en pâtit de manière désastreuse. Si cela se produit au sein des communautés de foi ou au lieu de frontières religieuses, nos vices l’emportent scandaleusement sur nos convictions religieuses, les contredisent et s’opposent aux réels enseignements et aspirations de notre foi. Les divisions qui en résultent causent de profonds préjudices.
Les gens sont à juste titre horrifiés par les hostilités qui se sont déroulées au cours des siècles entre les camps opposés de chrétiens. Nous nous souvenons du Sac de Constantinople par les Croisés en 1204, de la guerre de Trente Ans ou des troubles en Irlande du Nord. Cependant, les facteurs économiques et politiques ont dominé et instrumentalisé la discorde religieuse à des fins égoïstes. Nous, croyants, devons dépasser nos différences pour devenir, au contraire, des agents actifs de la réconciliation dans tous les conflits.
L’appel de Jésus à l’unité
En 2024, le thème de la Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens était « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu … et ton prochain comme toi-même » (Lc 10, 27).
Qu’est-ce que cette semaine a à voir avec moi ? Qu’est-ce que cette semaine a à voir avec notre région qui a toujours été catholique ou protestante ?
En regardant de plus près, nous découvrons peut-être qu’un voisin ou même un membre de notre famille élargie fréquente une autre Eglise. Peut-être connaissez-vous un(e) ami(e) qui est bouleversé(e) par le fait qu’un parent n’assiste plus à la messe de Noël avec la famille, parce qu’il va à une autre Église. Peut-être y a-t-il beaucoup d’églises nouvelles et différentes dans le quartier.
Nous nous souvenons peut-être de la façon dont nous avons appris à expliquer notre foi et à nous défendre « contre eux » et à leur prouver par des arguments que nous avons raison et qu’ils ont tort. Notre Église a-t-elle changé ses convictions sur la profession de la vraie foi ?
Nous nous souvenons de la prière de Jésus lors de la Cène : « Je prie pour que tous soient un, comme Toi Père, Tu es en moi et moi en Toi. Qu’ils soient un en nous eux aussi, pour que le monde croie que Tu m’as envoyé ». (Jn 17, 21)
Il est très clair que Jésus veut que ses disciples soient unis et qu’ils aient un seul berger. Cette prière du Cœur de Jésus à un moment si unique de sa vie, juste avant de souffrir pour nous, devrait motiver tout Chrétien à regarder les divisions profondes et répandues au sein de la Chrétienté et à réfléchir à ce que nous pouvons faire pour les guérir.
Lorsque nous lisons le Nouveau Testament, nous commençons à nous rendre compte que la tentation de la division a commencé à menacer les premières communautés. Paul demande aux Corinthiens de surmonter la tendance à créer des loyautés opposées pour Paul et Apollos ! Il les encourage à reconnaître que nous grandissons tous par la grâce de Dieu et que nous sommes bâtis sur un seul et même fondement, Jésus-Christ.
Les leçons de l’histoire et les pas vers la réconciliation
Alors que les disciples de Jésus commençaient à mieux comprendre les implications des Saintes Écritures, de sérieuses divisions sont apparues dans le débat sur la manière de les comprendre. Parfois des groupes de disciples se sont éloignés de l’Église et ont provoqué des schismes, des hérésies et des groupes dissidents. L’hérésie arienne en est un exemple majeur. Mais, de nos jours, les séparations que tous les chrétiens ressentent plus douloureusement sont probablement le Grand Schisme de 1054 et les divisions du 16e siècle suivant les protestations de Martin Luther.
Jésus connaissait les divisions au sein du peuple de Dieu. Il est arrivé à l’époque où le peuple de Dieu était lui aussi divisé. L’attente messianique était grande, et l’on espérait fermement le rassemblement des douze tribus, dispersées, pour réunifier le Peuple de Dieu. La nomination par Jésus des douze apôtres reflète ce fruit attendu de la Rédemption.
Le Nouveau Testament fait état d’une opposition majeure entre Sadducéens et Pharisiens. Les Samaritains étaient méprisés et mis à l’écart parce qu’ils professaient une foi différente. Pourtant Jésus a une conversation profonde avec une Samaritaine au puits de Jacob. En outre, Jésus présente un bon exemple donné précisément par un Samaritain pour enseigner à ses compatriotes juifs l’amour du prochain. Il aide le centurion romain, qui n’est pas juif, et libère la fille de la Cananéenne d’un démon.
La prise de conscience de l’unité du corps du Christ, l’Église, s’est poursuivie au cours des siècles. Les efforts considérables déployés lors du concile œcuménique de Florence, au milieu du XVe siècle, pour surmonter le Grand Schisme n’ont pas été suffisants. Mais en 1964, le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras de Constantinople se sont rencontrés sur le Mont des Oliviers à Jérusalem et ont levé l’excommunication mutuelle imposée en 1054. L’Eglise catholique et l’Église orthodoxe ont entamé un chemin de prière, de réflexion, d’étude et de collaboration fraternelle en vue de restaurer la pleine communion, qui continue à se développer.
De même, les différentes confessions de la chrétienté occidentale ont surmonté de nombreux préjugés et travaillent ensemble sur de nombreux sujets. Au cours du concile Vatican II, l’Église a remis l’accent sur ce que nous partageons avec tous les chrétiens baptisés. Nous avons encore de nombreux différents à résoudre, mais notre point de départ est d’apprécier la grâce et les bénédictions étonnantes que nous partageons dans le Christ et de nous encourager mutuellement sur ce chemin.
La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens
Au cours des deux derniers siècles, l’Esprit Saint a inspiré des personnes de diverses confessions chrétiennes à prier pour l’Unité des Chrétiens. En 1908, la première Octave pour l’Unité a été observée dans la prière et l’est depuis lors, de manière régulière. Les dates annuelles choisies sont fixes : du 18 janvier au 25 janvier, jour où nous célébrons la conversion de saint Paul. À Jérusalem, nous commençons quelques jours plus tard pour tenir compte des célébrations de Noël plus tardives des Chrétiens Arméniens.
Depuis cinquante ans, les prières de cette Semaine de prière sont préparées chaque année dans un pays différent par l’œcuménisme local. Au fil du temps, cela a merveilleusement permis de mettre en évidence l’universalité de l’Église et ajoute également la saveur particulière de la vie et des luttes de chaque Église locale dans son propre contexte difficile. La Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises et le Dicastère pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens publient le programme de chaque année. Vous pouvez trouver des informations approfondies sur le site https://www.christianunity.va/content/unitacristiani/fr.html, ainsi que des archives sur les thèmes et les programmes, qui remontent à plusieurs décennies, en plus du programme pour 2026.
Le thème de l’année 2024 était « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu … et ton prochain comme toi-même » (Lc 10, 27). Des chrétiens de différentes Eglises du Burkina Faso ont préparé le matériel. Chaque pays pouvait les adapter à sa situation particulière, selon ses besoins.
La diversité des rites, une richesse dans l’unité de la foi
En janvier 2024, le pape François avait lancé une prière spéciale pour que l’Esprit Saint nous aide à reconnaître le don des différents charismes au sein de la communauté chrétienne et à aimer la diversité ecclésiale et liturgique des nombreux rites de l’Église Catholique. Nous gagnons à apprécier cette diversité : « Ils ont leurs propres traditions, leurs rites liturgiques caractéristiques et pourtant ils maintiennent l’unité de la foi », a-t-il déclaré. « Ils la renforcent, ils ne la divisent pas. »
Peut-être certains lecteurs connaissent-ils les Maronites, les Coptes ou les Arméniens catholiques dans leur propre pays ou certaines Églises catholiques orientales. Pourquoi ne pas visiter l’une de ces églises ? Connaissez-vous des catholiques qui en font partie ? Souvent, ils sont venus dans votre pays par émigration et se sont installés près de chez vous.
Pendant les 10 ans où j’ai eu la chance de vivre à Jérusalem, le mois de janvier a toujours été un délice à cause des rencontres avec les différentes Églises. Nous nous réunissions chaque jour dans une Église pour le programme de prière respectif, avec les nuances particulières de chaque église. Dans un tout petit quartier de la ville, nous avons fait l’expérience de tant d’Églises chrétiennes différentes. La plupart des pèlerins à Jérusalem se familiarisent au moins avec les six églises qui ont un droit de Statu Quo au Saint-Sépulcre, par exemple.
La prière, source et moteur de l’unité
La prière déplace les montagnes ! Lors de la dernière Cène, nous avons vu Jésus prier pour l’unité des chrétiens. L’Esprit Saint harmonise notre diversité et pousse chacun d’entre nous à se convertir et à grandir dans la pleine stature du Christ. La prière est donc co-naturelle et une priorité absolue sur le chemin de l’unité des chrétiens. Quelle prière offrirez-vous pour l’unité des chrétiens ? Pourriez-vous vous joindre à eux, ou inviter des chrétiens d’autres confessions à prier ensemble et à prendre ensuite un café ou une glace ensemble après la prière ?
Rabbuni, un voyage de prière, de foi et de conversion en Terre Sainte
