Aux participants aux chapitres généraux des : Missionnaires du Précieux Sang ; Société de Marie ; Frères Franciscains de l’Immaculée ; Ursulines de Marie Immaculée
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
La paix soit avec vous !
Bonjour et bienvenue à tous.
Chers frères et sœurs,
Éminence,
Je suis très heureux de vous rencontrer à l’occasion de vos chapitres et assemblées.
Je salue les supérieurs généraux présents, ainsi que vous tous qui, ces jours-ci, êtes engagés dans un effort d’écoute et de discernement. Certaines de vos Congrégations procèdent à des élections : c’est là aussi un grand don pour l’Église, et une grande responsabilité que nous confions ensemble au Seigneur.
Vos Instituts constituent « un témoignage splendide et varié, reflet de la multiplicité des dons accordés par Dieu aux fondateurs et fondatrices qui, dans une ouverture à l’action de l’Esprit Saint, ont su interpréter avec succès les signes des temps et répondre avec sagesse aux besoins nouveaux » (JEAN-PAUL II, Vita Consecrata, 9).
En effet, Brigida di Gesù Morello, au XVIIᵉ siècle, alors que la société ne reconnaissait pas toujours pleinement la valeur de la formation des jeunes femmes, lança une initiative de promotion de la dignité féminine qui porta beaucoup de fruits par la suite. Deux siècles plus tard, à Rome, saint Gaspare del Bufalo s’employa, à travers les missions populaires et la diffusion de la dévotion au Sang du Christ, à combattre l’esprit d’« impiété et d’irréligion » qui rongeait son époque. De la même manière, en France, le père Jean-Claude Colin entreprit son apostolat inspiré par l’esprit d’humilité et de discrétion de Marie de Nazareth. Enfin, dans les années 1990, à la suite de saint François et de saint Maximilien Kolbe, naquirent les Frères Franciscains de l’Immaculée.
C’est cet héritage multiforme qui vous rassemble aujourd’hui. Soulignons-en quelques traits communs.
Le premier est l’importance de la vie communautaire dans la vocation religieuse que vous partagez, lieu de sanctification et source d’inspiration, de témoignage et de force pour votre apostolat. En elle, « la puissance de l’Esprit Saint agissant dans un individu passe en même temps à tous… Chacun non seulement jouit de son propre don, mais le fait fructifier en le partageant avec les autres ; et chacun goûte les fruits du don de l’autre comme s’ils étaient les siens » (Vita Consecrata, 42). Il n’est pas fortuit que l’Esprit Saint ait inspiré vos prédécesseurs à s’unir aux sœurs et frères que la Providence plaçait sur leur chemin, afin que le bien se multiplie et grandisse par la communion des justes. Cela fut vrai aux débuts de vos fondations, au cours des siècles, et cela demeure aujourd’hui.
Le deuxième aspect sur lequel je souhaite m’arrêter est l’importance vitale de l’obéissance comme acte d’amour dans la consécration religieuse. Jésus nous en a donné l’exemple dans sa relation au Père : « Je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 5,30). Saint Augustin souligne avec force la relation intime qui existe entre obéissance et amour dans la vie chrétienne. « Vous aimez tous la charité », disait-il dans un sermon ; « or l’obéissance est la fille de la charité… La racine est cachée, le fruit est visible. Je ne me fie pas à ce qui reste sous terre si je ne vois pas ce qui pend aux branches. Tu dis que tu as la charité ? Montre-m’en le fruit. Que je voie l’obéissance… Donne-moi l’enfant à serrer, afin que je reconnaisse la mère » (Sermon 359 B, 12). Aujourd’hui, parler d’obéissance n’est pas très à la mode, car on la considère comme une renonciation à la liberté. Mais il n’en est rien. L’obéissance, dans son sens le plus profond d’écoute active et généreuse de l’autre, est un grand acte d’amour, par lequel nous acceptons de mourir à nous-mêmes afin que nos frères et sœurs puissent grandir et vivre. Lorsqu’elle est professée et vécue dans la foi, l’obéissance révèle un chemin lumineux de don de soi, capable d’aider le monde à redécouvrir la valeur du sacrifice, la capacité de relations durables, et la maturité communautaire qui dépasse les simples « émotions » du moment en s’établissant dans la fidélité. L’obéissance est une école de liberté dans l’amour.
Enfin, le troisième aspect sur lequel je voudrais insister est l’attention aux signes des temps. Sans ce regard ouvert et attentif aux besoins réels de nos frères et sœurs, aucune de vos Congrégations n’aurait vu le jour. Vos fondateurs ont su observer, évaluer, aimer puis agir, parfois au risque de grandes souffrances et de l’échec, pour répondre aux besoins réels de leurs contemporains, reconnaissant la voix de Dieu dans la pauvreté de leurs prochains. Voilà pourquoi il est important de continuer à avancer dans la mémoire vivante de ces commencements courageux : non pas dans le sens d’un « exercice archéologique » ou d’un simple culte nostalgique, mais en suivant les pas des générations passées pour saisir les idéaux élevés, la vision et les valeurs qui les animaient, à commencer par les fondateurs et fondatrices et les premières communautés, en identifiant leurs potentialités, peut-être encore inexploitées, afin de les mettre au service de l’« ici et maintenant ».
Chers amis, je sais combien de bien vous accomplissez chaque jour dans tant de régions du monde — un bien souvent invisible aux yeux des hommes, mais non à ceux de Dieu ! Je vous remercie et vous bénis de tout cœur, en vous encourageant à poursuivre votre mission avec foi et générosité. Merci !
Traduction réalisée par ZENIT
