Protection des personnes vulnérables Archives - ZENIT - Français https://fr.zenit.org/category/temporary-sections/protection-des-personnes-vulnerables/ Le monde vu de Rome Fri, 29 Nov 2024 15:00:50 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 https://fr.zenit.org/wp-content/uploads/sites/4/2020/07/9e4929ea-cropped-dfdb632a-favicon_1.png Protection des personnes vulnérables Archives - ZENIT - Français https://fr.zenit.org/category/temporary-sections/protection-des-personnes-vulnerables/ 32 32 Abus spirituels et faux mysticisme https://fr.zenit.org/2024/11/29/abus-spirituels-et-faux-mysticisme/ Fri, 29 Nov 2024 14:53:37 +0000 https://fr.zenit.org/?p=202320 Le Vatican crée un groupe de travail 

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Le 22 novembre 2024, le préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi a proposé au pape l’idée de former un groupe de travail sous la direction du préfet du Dicastère pour les textes législatifs. Avec l’accord du pape, Monseigneur Filippo Iannone a procédé à la constitution du groupe, composé de membres indiqués par les deux dicastères pour la doctrine de la foi et pour les textes législatifs. Voici la fiche introductive du Dicastère pour la doctrine de la foi (le préfet du Dicastère pour les textes législatifs a accepté la proposition et a procédé à la constitution du groupe de travail envisagé, composé des membres indiqués par les deux Dicastères, afin de remplir la tâche qui leur a été confiée dans les meilleurs délais).

Faux mysticisme et abus spirituel 

L’expression « faux mysticisme » apparaît dans le règlement du Dicastère pour la doctrine de la foi [DDF] dans un contexte très précis : celui des questions liées à la spiritualité et aux prétendus phénomènes surnaturels, qui appartiennent aujourd’hui à la Section Doctrinale : « problèmes et comportements liés à la discipline de la foi, tels que les cas de pseudo-mysticisme, les prétendues apparitions, visions et messages attribués à une origine surnaturelle… » (Art. 10, 2).

Dans ce contexte, le « faux mysticisme » se réfère à des propositions spirituelles qui nuisent à l’harmonie de la vision catholique de Dieu et à notre relation avec le Seigneur. C’est précisément dans ce sens qu’il apparaît dans le Magistère, par exemple dans l’encyclique Haurietis Aquas où le Pape Pie XII rejette comme « faux mysticisme » la conception de Dieu présente dans les groupes jansénistes qui, dans leur spiritualité, ne tenaient pas compte du mystère de L’Incarnation.

 « Il est donc faux de dire que la contemplation du Cœur physique de Jésus empêche de parvenir à l’amour intime de Dieu, et qu’elle retarde l’âme dans le chemin qui conduit aux plus hautes vertus. L’Église rejette complètement ce faux mysticisme, comme par la voix de notre prédécesseur d’heureuse mémoire Innocent XI, elle a rejeté les assertions de ceux qui disaient : « Elles (les âmes de cette voie intérieure) ne doivent pas exprimer de mouvements d’amour à l’égard de la Sainte Vierge, des Saints, ou de l’humanité du Christ ; parce que, ces objets étant sensibles, il en est de même de l’amour à leur égard. Aucune créature, ni la Sainte Vierge ni les Saints, ne doivent avoir de place dans notre cœur, parce que seul Dieu veut l’occuper et le posséder » (Lettre encyclique Haurietis Aquas, 15 mai 1956, IV : AAS 48 [1956], 344).

Le droit de l’Eglise ne connaît pas de délit appelé « faux mysticisme », bien que l’expression soit parfois utilisée par des canonistes dans un sens strictement lié aux délits d’abus. 

D’autre part, dans les nouvelles Normes procédurales pour le discernement des phénomènes surnaturels présumés, le DDF a précisé que « l’utilisation de prétendues expériences surnaturelles ou d’éléments mystiques reconnus comme moyen ou prétexte pour exercer une domination sur des personnes ou pour commettre des abus doit être considérée comme d’une particulière gravité morale » (art. 16). Cette considération permet d’évaluer la situation décrite ici comme une circonstance aggravante si elle se produit en conjonction à des délits. 

En même temps, il est possible de caractériser un délit d’ « abus spirituel », en évitant l’expression trop large et polysémique de « faux mysticisme ».

Il est proposé de confier la tâche d’analyser cette possibilité et de présenter des propositions concrètes au Dicastère pour les textes législatifs et au DDF, en constituant un groupe de travail présidé par le préfet du Dicastère pour les textes législatifs. 

Víctor Manuel Card. Fernández 

Préfet 

Ex Audientia Die 22.11.2024 

Franciscus

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Sauvegarde des enfants et des adultes vulnérables au sein de l’Église https://fr.zenit.org/2024/11/18/sauvegarde-des-enfants-et-des-adultes-vulnerables-au-sein-de-leglise/ Mon, 18 Nov 2024 16:14:44 +0000 https://fr.zenit.org/?p=201582 Message du pape François aux participants à la Conférence sur la sauvegarde dans l’Église catholique en Europe

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Chers frères et sœurs,

Je vous salue tous, vous qui êtes réunis pour la Conférence sur la sauvegarde dans l’Église catholique en Europe, consacrée à la mission vitale de la sauvegarde des enfants et des adultes vulnérables au sein de l’Église. Votre engagement à cette cause est un signe des efforts continus de l’Église pour protéger les plus vulnérables d’entre nous.

Alors que vous venez de plus de vingt pays européens, dont certains sont confrontés aux défis de la guerre et des conflits, je me souviens de notre vocation chrétienne à être des artisans de paix et à prendre soin de nos frères et sœurs dans le besoin. Votre présence est donc un témoignage éloquent d’une unité et d’une solidarité qui transcendent toutes les frontières.

Le dialogue et les échanges au sein de votre Conférence offrent des opportunités prometteuses pour une meilleure compréhension et un engagement plus profond en faveur de la sauvegarde des enfants et des adultes vulnérables au sein de l’Église. J’espère que vos efforts pour établir un réseau de personnes et de bonnes pratiques constitueront un forum indispensable pour partager les connaissances, se soutenir mutuellement et veiller à ce que les programmes de protection soient à la fois efficaces et durables. J’encourage tout particulièrement les initiatives visant à apporter réconfort et assistance à ceux qui ont souffert, en signe de la préoccupation de l’Église pour la justice, la guérison et la réconciliation.

Avec l’assurance de mes prières que la Conférence sera une source d’idées fructueuses et que vos délibérations contribueront à une Église plus sûre et plus compatissante, j’invoque sur vous tous les dons de sagesse et de force de l’Esprit Saint, et je vous envoie ma bénédiction.

Rome, Saint Jean de Latran, 13 novembre 2024

François

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Abus sexuels : démission de l’archevêque de Canterbury https://fr.zenit.org/2024/11/13/abus-sexuels-demission-de-larcheveque-de-canterbury/ Wed, 13 Nov 2024 14:57:05 +0000 https://fr.zenit.org/?p=201318 L’Église anglicane reconnaît n’avoir pas géré les abus du pédophile John Smyth

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Ce mardi 12 novembre 2024, le primat de l’Église d’Angleterre et de la Communion anglicane, Justin Welby, a annoncé publiquement sa démission. Cette information intervient quelques jours après la publication, dans la revue britannique Makin Review, d’un rapport mettant en cause sa « non-gestion » d’une affaire de violences sexuelles sur mineurs.

L'avocat pédophile John Smith, mort en 2018 © wikipedia.org

L’avocat pédophile John Smyth, mort en 2018 © wikipedia.org

Commandité en 2019 par la Communion anglicane pour faire la lumière sur les crimes de John Smyth – un avocat engagé dans la branche évangélique de l’Église d’Angleterre -, ce rapport révèle les nombreuses agressions du pédophile entre les années 1970 et 2010, au Royaume-Uni et en Afrique australe.

Des réactions « inefficaces » de la hiérarchie anglicane

Depuis cette révélation datant du 7 novembre, les appels à la démission du primat de l’Église d’Angleterre se sont multipliés au sein de la hiérarchie anglicane. Selon les médias du Vatican, une pétition a été lancée par trois membres du synode général de l’Église d’Angleterre, et a récolté plus de 7 000 signatures en une semaine.

Keith Makin, qui a dirigé l’examen indépendant, a déclaré : « De nombreuses victimes qui ont pris la courageuse décision de nous parler de ce qu’elles ont vécu, ont subi ces abus en silence pendant plus de 40 ans ». Et il a ajouté : « Malgré les efforts de certaines personnes pour attirer l’attention des autorités sur ces abus, les réponses de l’Église d’Angleterre et d’autres ont été totalement inefficaces et équivalaient à une dissimulation. »

Nécessité de « créer une Église plus sûre »

L’archevêque Justin Welby reconnaît sa responsabilité et celle de l’Église anglicane dans cette affaire : celle de ne pas avoir signalé clairement aux autorités ces faits, alors qu’il en avait pris connaissance dès 2013 en devenant archevêque de Canterbury.

Le primat de la Communion anglicane et sa délégation, reçus au Vatican le 25 janvier 2024 © Vatican Media

Le primat de la Communion anglicane et sa délégation, reçus au Vatican le 25 janvier 2024 © Vatican Media

« Il est très clair que je dois assumer la responsabilité personnelle et institutionnelle de la longue et retraumatisatrice période entre 2013 et 2024 » a déclaré le primat d’Angleterre ce 12 novembre, « j’espère que cette décision montre clairement à quel point l’Église d’Angleterre comprend la nécessité d’un changement et notre profond engagement à créer une Église plus sûre. »

Même s’il quitte ses fonctions, il explique son engagement à poursuivre ses rencontres auprès des victimes d’abus. Il explique que sa démission se fait dans l’intérêt de l’Église d’Angleterre, et il prie pour que cette décision puisse ramener les chrétiens à l’amour du Christ.

« Car par-dessus tout », confie-t-il, « mon engagement le plus profond est envers la personne de Jésus-Christ, mon Sauveur et mon Dieu, le porteur des péchés et des fardeaux du monde, et l’espérance de chaque personne. »

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Protection des mineurs : premier rapport annuel de la Commission pontificale https://fr.zenit.org/2024/10/30/protection-des-mineurs-premier-rapport-annuel-de-la-commission-pontificale/ Wed, 30 Oct 2024 13:38:36 +0000 https://fr.zenit.org/?p=200659 Document demandé par le pape François en 2022

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Le Vatican a publié ce mardi 29 octobre le premier rapport annuel de la Commission pontificale Tutela minorum sur les politiques et procédures adoptées au sein de l’Église pour la protection des mineurs et des adultes vulnérables.

Dans un communiqué, la Commission pontificale explique : « L’objectif du rapport annuel, demandé par le pape François en 2022, est de fournir une évaluation de la nature et de l’efficacité des politiques et des procédures de protection dans l’Église et de proposer des recommandations pour une amélioration continue. »

Vous trouverez le résumé de ce premier rapport annuel grâce à ce lien.

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Protection des mineurs et personnes vulnérables https://fr.zenit.org/2024/10/25/protection-des-mineurs-et-personnes-vulnerables/ Fri, 25 Oct 2024 13:51:45 +0000 https://fr.zenit.org/?p=200363 Le Vatican annonce la publication imminente du Rapport annuel sur les politiques et procédures de protection dans l'Église catholique

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La Commission pontificale pour la protection des mineurs s’est réunie à Rome du 7 au 11 octobre pour son Assemblée plénière d’automne. Dans son homélie lors de la messe d’ouverture de l’Assemblée le 7 octobre, le Président de la Commission, le Cardinal Seán Patrick O’Malley OFM Cap, a déclaré : « Ceux qui souffrent ont un droit particulier à notre amour. La Commission a la possibilité et l’obligation de faire de l’Église une Église plus Samaritaine ».

La réunion d’une semaine des 30 membres experts et du personnel des cinq continents était la première rencontre du Secrétaire de la Commission, Mgr Luis Manuel Ali Herrera, et de la Secrétaire adjointe, Teresa Kettelkamp, depuis leur nomination par le Saint-Père au printemps dernier.

Les sessions de travail se sont concentrées sur la mise en œuvre stratégique du mandat de la Commission dans trois domaines clés : Le renforcement des capacités locales de sauvegarde par la croissance de l’Initiative Memorare, le test et la révision des politiques dans le cadre des Lignes Directrices Universelles et la publication prochaine du Rapport annuel pilote sur les politiques et procédures de sauvegarde dans l’Église catholique.

L’Assemblée a également accueilli l’archevêque John Kennedy, secrétaire de la section disciplinaire du dicastère pour la doctrine de la foi, accompagné du père Robert Geisinger S.J., promoteur de la justice, et du père Brian Taylor, fonctionnaire du dicastère.

La session conjointe a abordé les procédures actuelles de lutte contre les abus sexuels dans l’Église, ainsi que l’élaboration de lignes directrices en matière de sauvegarde. L’engagement au cours de l’Assemblée plénière a été l’expression de l’unité des efforts dans le travail de prévention et a fourni l’occasion d’explorer la collaboration en cours entre le Dicastère et la Commission.

Une grande attention a été accordée au lancement imminent du Rapport annuel pilote sur les politiques et procédures de sauvegarde dans l’Église catholique. L’objectif de ce rapport annuel, demandé par le Saint-Père en 2022, est de fournir une évaluation de la nature et de l’efficacité des politiques et procédures de sauvegarde dans l’Église et de proposer des recommandations pour une amélioration continue.

Les membres ont également examiné l’Instrumentum Laboris ou le plan du prochain rapport couvrant l’année civile 2024/2025. On espère que le rapport servira de mécanisme pour un changement durable et vérifiable dans l’approche de l’Église catholique à l’égard du ministère de la sauvegarde.

Réunion de la Commission pontificale pour la protection des mineurs © Tutelaminorum.org

Réunion de la Commission pontificale pour la protection des mineurs © Tutelaminorum.org

La Commission a également poursuivi l’élaboration du cadre des Lignes directrices universelles, en examinant les réactions reçues des Églises locales à ce jour et la phase pilote en cours en collaboration avec les Églises du Costa Rica, du Zimbabwe, de Pologne et de Tonga. Les prochaines étapes consisteront à intégrer les résultats de la phase pilote dans un cadre consolidé, ce qui reste l’objectif stratégique principal et le but à long terme de la Commission.

L’Assemblée Plénière a évalué les résultats des réunions avec 13 conférences épiscopales nationales qui se sont rendues à Rome au cours des six derniers mois dans le cadre de visites Ad Limina. Ces réunions sont l’occasion de s’informer sur les procédures locales de sauvegarde et d’identifier les églises locales qui ne disposent pas de ressources nécessaires pour assurer une prise en charge adéquate.

Dans ce contexte, l’Assemblée a évalué son programme de renforcement des capacités en matière de protection, l’initiative Memorare, et son alignement sur les exigences de Vos estis lux mundi en matière de rapports. Cette Initiative vise à aider les églises locales à mettre en place des structures pour recevoir et gérer les plaintes de manière transparente et responsable et à fournir des services d’assistance professionnelle aux personnes victimes d’abus.

Elle est actuellement active dans plusieurs conférences épiscopales nationales et conférences de religieux en Amérique Latine, en Afrique et en Asie, et 12 autres églises locales sont en train de mettre en place le programme.

Enfin, les membres de la Commission ont été informés de plusieurs réunions institutionnelles tenues au cours des mois d’été avec des partenaires de la Curie Romaine, notamment le Dicastère pour le Clergé, le Dicastère pour les Evêques, le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie et le Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique.

« La Commission a veillé à ce que la sauvegarde soit et reste toujours présente dans la vie de l’Église », a déclaré le cardinal O’Malley à l’assemblée. « Bien que tous nos objectifs n’aient pas encore été atteints, nous continuerons à faire pression pour obtenir des réformes là où nous identifions des défaillances systémiques. Nos efforts ont fait une différence significative et, peut-être plus important encore, sont un signe d’espoir et de solidarité pour ceux qui ont souffert d’abus et pour leurs proches. »

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Interview : Les abus dans l’Église, « la grâce de la Parole »  https://fr.zenit.org/2024/09/19/interview-les-abus-dans-leglise-la-grace-de-la-parole/ Thu, 19 Sep 2024 14:27:38 +0000 https://fr.zenit.org/?p=198175 Zenit a interrogé le Dr Isabelle Chartier-Siben, spécialiste des abus au sein de l’Église 

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Alors que l’Église catholique est secouée par l’émergence de nouveaux témoignages de victimes, Zenit a interrogé une spécialiste des abus physiques, psychiques et spirituels au sein de l’Église.

Docteur en médecine, psychothérapeute et victimologue, Isabelle Chartier-Siben est présidente et co-fondatrice de l’association « C’est à dire ». Elle intervient auprès de différentes institutions, et a publié en avril dernier le livre « 3 jours dans la nuit ». Elle a notamment été décorée de la Légion d’honneur pour les travaux de l’association sur les traumatismes psychiques et sur l’emprise.

En tant qu’experte, elle participe également ces jours-ci au symposium européen sur les abus spirituels dans l’Église, organisé par le diocèse de Speyer, en Allemagne.

 

Zenit : Depuis quand accompagnez-vous les personnes victimes d’abus au sein de l’Église, et de quels abus s’agit-il ?

Isabelle Chartier Siben : J’accompagne des personnes victimes d’abus depuis 30 ans. Et en 2002, nous avons accompagné la première personne issue du milieu religieux, juste après avoir lancé notre association C’est à dire, dont le but est d’aider les personnes victimes d’abus. J’étais intervenante dans le milieu scolaire pour faire de la prévention sur l’amour, la sexualité et sur les conduites à risques. Créer cette association faisait donc suite à mon travail d’accompagnement des victimes d’abus intrafamiliaux.

Les personnes que nous accueillons ont été victimes de manipulation mentale, d’abus sexuels ou d’abus spirituels. Elles viennent du milieu laïc ou du monde religieux. Elles peuvent avoir vécu un abus dans leur enfance ou à l’âge adulte, et le traumatisme émerge à un moment donné.

Certains membres de congrégations viennent nous voir en cachette, parce qu’ils dénoncent des abus au sein de leur communauté. Et nous recevons également des victimes qui sont sorties de leur communauté, mais qui souffrent encore des conséquences de ce qu’elles ont vécu. Nous les aidons non seulement à se reconstruire, mais aussi à entamer un chemin de vie.​​

Je m’occupe à la fois du phénomène du traumatisme psychique, caractéristique des violences qui sont faites, mais aussi de l’emprise en particulier au sein de l’Église. Les maltraitances sur adultes sont toujours accompagnées d’un phénomène d’emprise et de silence.​​

Zenit : Pourquoi avoir choisi spécifiquement ce domaine ?​​

Isabelle C. S. : Je suis chrétienne, j’ai moi-même fait des études de théologie. L’association C’est à dire est aconfessionnelle, de loi 1901. D’abord spécialisée dans les drames intrafamiliaux, elle s’est vue obligée d’accroître ses compétences sur le milieu religieux par la force des choses. Et le nombre croissant de demandes, issues de catholiques en détresse, nous ont conduits à obtenir le concours de théologiens et canonistes. Pendant des années, nous sommes restés « cachés », la connaissance de l’association ne se faisait que par le bouche-à-oreille.​​

J’ai commencé à dénoncer les abus dans l’Église dans les années 2000. J’en ai informé certains évêques, mais cela n’a pas été pris en compte. C’est resté sans suites, car ces histoires n’étaient pas « entendables ». Je leur ai dit à l’époque : « Si vous ne traitez pas ces sujets-là maintenant, vous n’y échapperez pas dans quelques années. »

"Parler est une protection pour la société, une protection pour l’Église" © play.emmanuel.info

« Parler est une protection pour la société, une protection pour l’Église » © play.emmanuel.info

Je me doutais bien que l’évolution de la société obligerait à plus de vérité, plus de respect, et obligerait à sortir du silence. C’est toute la problématique du silence. Tout le monde, grosso modo, était au courant, aussi bien pour les abus sexuels que les abus spirituels, mais on protégeait la réputation de l’Église.​​

Personnellement, je voulais vivre au sein de l’Église, et je savais que si nous parlions trop, nous allions être considérés comme « voulant faire du mal à l’Église ». Dès 2010, nous avons accompagné des collectifs de personnes qui sortaient ou étaient sorties de communautés. En 2015, l’affaire Preynat et l’action du collectif « la parole libérée » ont créé une prise de conscience et un vrai basculement.​​

Zenit : Quel est ce « silence de l’Église » dont vous parlez ?​​

Isabelle C. S : Il y a tout d’abord une question de pudeur. Dans la société, les gens ne parlent pas facilement de ces phénomènes-là. C’était auparavant « inaudible » au niveau de l’Église, car le prêtre était couvert d’une espèce d’aura. Il y avait aussi le silence des familles qui parfois étaient au courant, mais ne voulaient pas l’entendre : elles ne voulaient pas salir l’Église. Et quand la famille parlait à l’institution, il y avait alors le silence de l’institution.​​

Donc, silence à tous les niveaux, de la victime jusqu’aux plus hautes instances du Vatican. Le secret pontifical concernant les abus a été levé en 2019 par le pape François. Avant cela, il interdisait à toute personne du tribunal ecclésiastique de communiquer les affaires qu’il jugeait. On ne pouvait donc pas rendre publiques ces histoires-là. Le résultat est qu’on déplaçait le prêtre !​​

Zenit : Accompagnez-vous aussi des agresseurs ?​​
Le livre d'Isabelle Chartier-Siben sur les abus a été publié en avril 2024 © editions-emmanuel.com

Le livre d’Isabelle Chartier-Siben sur les abus a été publié en avril 2024 © editions-emmanuel.com

Isabelle C. S. : Oui, je rencontre des agresseurs, hommes et femmes. On n’entend pas forcément parler des femmes qui abusent, mais j’ai autant de victimes de femmes que d’hommes, sur le plan sexuel et sur le plan spirituel. Je reçois notamment des personnes qui se sont elles-mêmes dénoncées en tant qu’agresseurs, et qui ont été mal reçues par leur évêque ou leur responsable. ​​

Quand un prêtre à Rouen s’est suicidé il y a quelques années, je me suis dit : « Je ne peux pas me taire. Il faut éviter les suicides. » Ce n’est pas parce que quelqu’un a abusé, d’une manière ou d’une autre, qu’il ne faut pas l’aider. Il faut prendre en charge les agresseurs aussi. Que la personne soit victime ou agresseur, je lutte contre le suicide, je suis pour la vie. ​​

Par contre, c’est pour moi un accompagnement qui se fait en un temps limité, le temps que cette personne aille voir un criminologue. Ces personnes peuvent revenir me voir de temps en temps pour faire un point. Ma volonté est d’en accompagner le moins possible, mais quand l’occasion se présente, je le fais.​​

Lorsque j’interviens dans les séminaires, je dis aux séminaristes qui vont s’engager au célibat : « Vous êtes des hommes, vous allez être tentés, Donc il faut vous préparer à ça. Et vous tomberez amoureux, il faut que vous sachiez gérer cela. » C’est la même chose pour les femmes mariées et les hommes mariés, on peut être tentés également. Pour moi, tenir la chasteté, c’est surtout par rapport au respect de l’autre : ne pas faire du mal aux autres.​​

Zenit : Votre engagement pour que les choses soient dites en vérité porte du fruit. Qu’espérez-vous ​​pour la suite ?

Isabelle C. S : Je nous considère comme « des lanceurs d’alerte ». Il y a cependant le rôle des médias qui est très délicat. À la fois, il faut que les choses se sachent, qu’il y ait une réelle vérité par rapport aux lecteurs, mais on ne peut pas tout dire. Et on ne peut pas remplir un média d’histoire d’abus. Autant je m’énerve parfois parce que certains médias ne relaient pas suffisamment des faits graves, autant je comprends les gens qui n’en peuvent plus d’entendre tout le temps ces histoires. 

Et on a besoin d’espérance !​​ On ne peut que se réjouir que les personnes parlent ! Parler est une protection pour la société, une protection pour l’Église, car les abus ont trop de conséquences graves sur les personnes. 

On ne peut pas dire du coup « la crise des abus » : ce qui fait crise, c’est que les personnes parlent. Et ça, c’est un bien. Il s’agit plutôt d’une « grâce de la parole » pour les personnes victimes et pour l’Église tout entière. Grâce à la parole, on peut espérer enfin sortir de ce système abusif, et trouver une voix de vérité qui mène réellement au Christ.​​

 

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Les abus sexuels de l’abbé Pierre, 17 nouveaux témoignages  https://fr.zenit.org/2024/09/12/les-abus-sexuels-de-labbe-pierre-17-nouveaux-temoignages/ Thu, 12 Sep 2024 14:31:44 +0000 https://fr.zenit.org/?p=197704 L’Église de France lève la durée de communicabilité des documents sur le prêtre 

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Le 6 septembre dernier, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre ont révélé de nouvelles agressions sexuelles de l’abbé Pierre sur des jeunes femmes, et entre autres des jeunes filles mineures.

Décédé en 2007, le défunt fait plus que jamais parler de lui. 17 nouveaux témoignages ont été reçus par la Commission d’experts indépendants mandatés par Emmaüs. Ces témoignages s’ajoutent aux 7 rendus publics en juillet 2024.

Suite à ce déferlement, la Conférence épiscopale des évêques de France (CEF) a décidé de lever le délai de communicabilité des archives du CNAEF (Centre national des archives de l’Église de France) concernant l’abbé Pierre. L’annonce a été faite dans un communiqué publié ce 12 septembre.

Le logo et la Fondation abbé Pierre vont changer de nom, et certaines communes désirent changer de nom de rue (c) wikipedia.org

Le logo et la Fondation abbé Pierre vont changer de nom, et certaines communes désirent changer de nom de rue (c) wikipedia.org

Un accès aux archives exceptionnel

« Au regard de la gravité des révélations successives concernant l’abbé Pierre, des documents venant d’autres archives déjà en circulation, et afin de permettre de faire toute la lumière », écrit la Conférence épiscopale, « le secrétaire général de la CEF, conformément aux règles de dérogation prévues et à la demande de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF, lève exceptionnellement la durée de communicabilité des archives du CNAEF concernant l’abbé Pierre. » 

Une décision importante car, sans la levée de ce délai de communicabilité, les documents concernant l’abbé Pierre ne seraient pas consultables avant 2082, soit 75 ans après son décès.

Tous les documents relatifs à l’abbé Pierre, ayant été versés au CNAEF, seront désormais consultables par les personnes habilitées, en particulier les chercheurs, les membres de la Commission d’experts annoncée par Emmaüs, et les journalistes enquêtant sur lui.

 

 

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L’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles  https://fr.zenit.org/2024/07/18/labbe-pierre-accuse-dagressions-sexuelles/ Thu, 18 Jul 2024 15:53:49 +0000 https://fr.zenit.org/?p=196177 Sept femmes ont été entendues sur les actes du fondateur d’Emmaüs

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L’information a été dévoilée ce mercredi 17 juillet 2024. L’abbé Pierre, mort en 2007, est accusé d’agressions sexuelles et de harcèlement sexuel sur au moins sept femmes. Fondateur du mouvement Emmaüs, le prêtre français est connu pour sa forte personnalité et son appel poignant en faveur des pauvres en février 1954.

Il y a un an, Emmaüs France a recueilli le témoignage de l’une d’entre elles. À la suite de cette rencontre, le mouvement a mandaté un cabinet expert de la prévention des violences, le groupe Egaé, pour mener un travail d’écoute et d’analyse, et pour établir si d’autres faits similaires avaient pu se produire.

Ces actes, commis entre 1970 et 2005, ont concerné des salariées, des volontaires et bénévoles des organisations membres, ou des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre. L’une d’entre elles était mineure au moment des premiers faits.

« Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités. Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces, et nous nous tenons à leurs côtés », écrivent les responsables du mouvement, « ces révélations bouleversent nos structures, au sein desquelles la figure de l’abbé Pierre occupe une place majeure ».

"Nos missions restent indispensables, nous allons les poursuivre" écrivent les responsables du mouvement Emmaüs © emmaus-dennemont.org

« Nos missions restent indispensables, nous allons les poursuivre », disent les responsables d’Emmaüs © emmaus-dennemont.org

Les différents groupes du mouvement Emmaüs mettent désormais leur priorité dans l’aide et l’accompagnement des victimes, mais ils désirent cependant continuer l’œuvre. « À l’heure où les urgences sociales se manifestent, nos missions restent indispensables, nous allons les poursuivre » annoncent ensemble Emmaüs France, Emmaüs international et la Fondation abbé Pierre.

De son côté, la Conférence épiscopale de France a publié un communiqué faisant part de sa douleur. Elle assure aux personnes victimes « de sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre, et redit sa détermination à se mobiliser pour faire de l’Église une maison sûre ». 

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L’Église espagnole approuve un plan de réparation pour les victimes d’abus sexuels  https://fr.zenit.org/2024/07/16/leglise-espagnole-approuve-un-plan-de-reparation-pour-les-victimes-dabus-sexuels/ Tue, 16 Jul 2024 17:34:43 +0000 https://fr.zenit.org/?p=196094 Détail des actions et futures étapes

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Le mardi 9 juillet au matin, la Conférence épiscopale espagnole (CEE) a tenu une Assemblée plénière extraordinaire, convoquée la semaine précédente par sa Commission permanente. 

Trois documents ont été approuvés lors de cette assemblée plénière : 1) les lignes de travail des institutions de l’Église catholique en Espagne ; 2) le plan de réparation intégrale pour les mineurs et les personnes ayant les mêmes droits, victimes d’abus sexuels et 3) les critères directeurs pour la réparation intégrale.

Avec les évêques de la Conférence épiscopale et, en raison du thème abordé, Jesús Díaz Sariego, OP, président de la Conférence espagnole des religieux (CONFER) et Jesús Miguel Zamora, secrétaire général, ont participé à l’Assemblée plénière extraordinaire.

Assemblée plénière extraordinaire 

La session a débuté à 10h, sous la présidence de Mgr Luis Argüello, président de la CEE, avec la participation de 67 évêques. Trois autres évêques ont participé par voie télématique, avec droit de parole mais sans droit de vote. Une fois les trois documents présentés aux évêques de l’Assemblée plénière, un dialogue s’est instauré entre les participants, avec diverses contributions et propositions. À la fin du dialogue, les trois documents, les lignes de travail, le plan pour la réparation intégrale des victimes (PRIVA) et les critères directeurs ont été soumis au vote. Les trois documents ont été approuvés.

  1. Lignes directrices de travail des institutions de l’Église catholique en Espagne 

Les cinq lignes directrices de travail expriment ce que les institutions ecclésiales font déjà et indiquent les principes qui guident le travail de l’Église à l’avenir. Elles sont les suivantes : 

Reconnaître et réparer. Cette ligne directrice de travail comprend la reconnaissance symbolique et la réparation par l’adhésion à l’acte public de reconnaissance des victimes, la reconnaissance et la réparation pour les victimes d’abus sexuels prescrits ou lorsque l’auteur est décédé et la reconnaissance et la réparation pour les cas où la prescription n’a pas expiré. Cet axe de travail comprend l’élaboration du plan de réparation intégrale pour les mineurs et les personnes ayant les mêmes droits que les autres, victimes d’abus sexuels.

Prise en charge des victimes et/ou des survivants. La proposition vise à garantir une prise en charge globale des victimes et/ou des survivants, notamment par l’intermédiaire des bureaux d’aide aux victimes. 

Prévention. Poursuivre la diffusion dans les centres éducatifs de l’Église du « Guide pour la prévention et la réparation des abus sexuels sur mineurs dans les centres éducatifs » publié par les écoles catholiques et travailler à la mise en œuvre dans les centres, de la figure du coordinateur du bien-être et de la protection. 

Formation et sensibilisation. Dans ce domaine, l’objectif est de former les professionnels, en contact avec des mineurs, en matière de violence sexuelle et de sensibiliser le public, en diffusant les mesures de prévention et les protocoles des institutions éducatives de l’Église. 

Information et recherche. Par la promotion d’études sur la prévalence de la violence sexuelle dans l’enfance et l’adolescence.

  1. Programme de réparation intégrale pour les mineurs et les personnes à égalité de droits, victimes d’abus sexuels (PRIVA)

 La création d’un Plan de réparation pour les victimes d’abus sexuels dans l’Église catholique a été approuvée par l’Assemblée plénière en novembre dernier. Lors de cette Assemblée, la structure de travail a également été approuvée. Le Plan a été élaboré par le Service consultatif des Bureaux. La CEE et la CONFER y ont travaillé ensemble, avec diverses contributions du Secrétariat pour les affaires juridiques de la CEE et de l’organe de conformité de la CEE. 

Le Plan a finalement été approuvé ce matin, ainsi que les lignes directrices de travail des institutions de l’Église catholique en Espagne et les critères d’orientation pour la réparation intégrale des mineurs ou des personnes assimilées, victimes d’abus sexuels au sein de l’Église catholique.

L’Église catholique d’Espagne encourage le signalement des abus aux autorités compétentes, confiant au système judiciaire ordinaire la mise en place du cadre approprié pour la réparation. Mais lorsque la voie judiciaire n’est pas possible, en raison de la prescription du délit ou du décès de l’auteur, l’Église maintient que toutes les victimes, même dans ces cas, doivent être accueillies, soignées et indemnisées de manière intégrale. C’est ce que prévoit le Programme de réparation intégrale pour les victimes d’abus sexuels dans l’Église. 

Pour sa mise en œuvre, le plan prévoit la création d’un organisme qui coordonnera la réponse globale aux victimes au moyen d’une procédure non judiciaire. Cet organisme s’efforcera de vérifier chaque cas individuellement afin d’examiner l’état des faits et d’établir le cadre approprié pour la réparation. La réparation part de ce que la victime demande pour guérir, implique l’auteur de l’infraction et l’institution à laquelle il appartenait et cherche une réparation intégrale pour la victime dans tous ses aspects. 

La CEE et la CONFER soutiendront subsidiairement la réparation établie afin qu’aucune victime ne soit laissée sans la réparation correspondante établie par l’organisme de coordination.

  1. Principes qui guident les axes de PRIVA 

Le Programme de prise en charge et de réparation des victimes s’articule autour de cinq axes dont découlent les actions suivantes, relatives à la reconnaissance de la victime, à la réparation et à la prévention.

 La victime au centre de la réflexion et de l’action de l’Église. La recherche de la vérité et la réalisation de la justice exigent que l’on s’intéresse à ceux qui ont été les victimes directes ou indirectes d’abus. Il faut créer les conditions d’un accueil, d’une écoute et d’une prise en charge. Il faut leur offrir la tutelle et la protection de l’Église, ainsi qu’une assistance adéquate pour tout ce dont elles peuvent avoir besoin. 

La recherche de la vérité et de la justice, qui s’exprime explicitement dans l’enquête et la clarification des faits, ainsi que dans les poursuites et la détermination des responsabilités juridiques.

Une action coordonnée en ce qui concerne le traitement des abus sexuels au sein de l’Église, afin que les mesures adoptées soient similaires et que la diversité institutionnelle ne se fasse pas au détriment des victimes.

Assumer les voies de la réparation, afin que, tout en essayant de donner une réponse intégrale au phénomène des abus, ne soient pas oubliée la réparation économique, spirituelle ou psychologique lorsqu’elle est nécessaire.

Éviter toute « re victimisation » de sorte que le travail sera basé sur les informations que la victime a déjà fournies, dans les bureaux diocésains, les congrégations ou le bureau de l’ombudsman.

 En ce qui concerne le traitement juridique des cas d’abus, les dispositions de l’instruction de la CEE sur les abus sexuels d’avril 2023 seront suivies.

Proposition d’action pour la mise en œuvre de PRIVA 

Le plan prévoit trois domaines d’action : la victime, la réparation et la prévention.

En ce qui concerne la victime, tous les diocèses, instituts de vie consacrée et autres institutions ecclésiales ont créé des bureaux pour l’accueil, la prise en charge et l’accompagnement des victimes d’abus dans l’Église. Ces bureaux doivent s’efforcer :

– D’accueillir les victimes et offrir des services spécifiques dans le cadre d’une assistance globale.

 – De fournir des conseils et une assistance juridique et améliorer l’information offerte dans les tribunaux ecclésiastiques. 

– De fournir aux victimes des ressources ou des personnes qui peuvent accompagner et suivre les différents processus qu’elles souhaitent entamer pour guérir leur situation. 

– De contribuer à la création d’environnements sûrs en encourageant la création d’environnements sûrs dans tous les domaines de l’Église. 

– De promouvoir une culture de rejet total des abus sexuels et créer des cartes des risques et des dommages qui peuvent servir de guide lors de l’assistance aux victimes.

En ce qui concerne la réparation, l’engagement pris est le suivant :

 – L’assistance doit être complète, en fonction des besoins de chaque personne : pastorale et spirituelle, médicale, thérapeutique, psychologique et sociale et légale, juridique et économique. 

– Les auteurs sont les premiers responsables de la réparation. Subsidiairement, l’Église a la responsabilité morale de réparer lorsque l’agresseur n’en a pas les moyens.

 – La réparation matérielle peut être : financière sous forme de compensation basée sur une sentence, financière en nature, sous forme de services médicaux ou thérapeutiques et financière sous forme d’argent, reconnue et assumée volontairement par l’Église au terme de la procédure prévue à cet effet.

 – L’Église, à travers la CEE et la CONFER, doit arbitrer les moyens pour que les dommages réels et certains soient indemnisés. 

– Dans le domaine canonique, la prescription ou le décès de l’auteur n’empêcheront pas la recherche d’une condamnation de certitude ou, au moins, d’un jugement de vraisemblance.

En ce qui concerne la prévention : 

 – Proposer des mesures et des protocoles d’action dans les activités avec les mineurs et les personnes ayant des droits égaux. 

– Offrir une formation initiale sur le thème des abus envers les enfants au début de chaque année pastorale dans les différents domaines pastoraux. 

– L’Église devrait examiner les causes des abus et fournir des lignes directrices et une orientation pour la vie et la mission de l’Église. 

– Chercher à soigner les auteurs d’abus à l’aide de programmes d’intervention fondés sur des données probantes et utilisés par des psychologues professionnels pour d’autres auteurs d’abus.

Prochaines étapes 

Pour la mise en œuvre de PRIVA, une Commission consultative sera mise en place pour évaluer chaque cas individuellement afin d’analyser les dommages causés aux victimes et de définir les moyens de réparation à mettre en œuvre pour les entités qui doivent les exécuter. 

Cette Commission sera composée de dix personnes : quatre experts dans le domaine de la médecine légale, quatre dans le domaine juridique et un représentant de la CEE et de la CONFER. La Commission peut convoquer un représentant des victimes ou des associations travaillant avec les victimes. 

La Commission rassemblera toutes les informations déjà élaborées par les personnes qui se sont occupées de cette victime, afin de ne pas la « revictimiser ». Avec toutes les données, la Commission présentera un rapport sur les cas présentés, qui sont limités à ceux qui ne peuvent être jugés en raison de la mort de l’auteur ou de la prescription du crime.

 La Commission, avec l’aide du vice-secrétariat aux affaires économiques, élaborera un éventuel barème ou système d’évaluation des dommages subis. Elle prendra en compte les barèmes proposés par le droit civil et les critères d’orientation des autres conférences épiscopales dans ce domaine.

Paroles de clôture par le président de la CEE, Mgr Luis Argüello

 L’Assemblée plénière extraordinaire s’est achevée par une séance de clôture au cours de laquelle le président de la Conférence épiscopale, Mgr Luis Argüello, a souligné que l’approbation de ces documents « est un appel à la conversion, à la communion, de ce que nous avons reçu du Seigneur de la Croix ».

 L’archevêque Argüello a rappelé qu’au cours des dernières années, près de 300 bureaux ont été créés dans les diocèses et les congrégations religieuses. Beaucoup d’entre eux, a-t-il souligné, ont également franchi le pas pour devenir des bureaux d’accompagnement en matière de prévention, de formation et de réparation. 

Le président de la CEE a souligné que ce que le PRIVA a approuvé ce matin « ne signifie pas le début de ce travail » car « nous y travaillions déjà depuis un certain temps ». Mais « nous avons pensé qu’il était bon de se doter de critères communs ». Il a également précisé que ce plan est subsidiaire « lorsque les voies judiciaires ont été épuisées ».

L’Église, a-t-il dit, « garde la porte ouverte pour écouter les victimes ». Avec ce programme, nous voulons les écouter et les accompagner. Il a également demandé le respect de la société et des administrations publiques, car l’Église en Espagne « a ses propres règles de fonctionnement ». 

« Nous ne signons pas un décret qui oblige », a-t-il précisé, mais « des critères de communion pour que les personnes qui estiment devoir être indemnisées puissent s’adresser à chaque diocèse et à chaque congrégation ou à un comité consultatif pour les aider ». 

Le président a souligné que cet engagement « déterminé d’accompagnement et de réparation » découle de la responsabilité morale et de la douleur que « nous acceptons comme nôtre ». 

Il a également demandé aux victimes de pardonner et de respecter leur propre parcours. « Ce que nous avons approuvé aujourd’hui », a-t-il conclu, « n’est pas le début du travail de l’Église en Espagne face au problème des victimes d’abus, mais ce n’est pas non plus la fin ». L’Église « a ses portes ouvertes pour accueillir ceux qui veulent venir chez nous. La réponse de l’Église est d’aller au-delà de ce que la loi exige de nous ».

Paroles du président de la CONFER, Jesús Díaz Sariego, OP 

Après les remerciements du Nonce, le président de la CONFER, Jesús Díaz Sariego OP a également rappelé que l’Église travaille « par solidarité avec la souffrance », depuis plusieurs années sur tout ce qui touche aux abus sexuels sur mineurs. Mais aujourd’hui, l’Église dans son ensemble « fait un grand pas en Espagne ». Un signe « public et visible » d’un discernement commun. Sans perdre de vue l’objectif, à savoir les victimes, « qui sont au centre de notre travail ». 

Il a également souligné qu’il y a encore beaucoup de travail à faire « mais nous partons déjà d’une base très développée, vécue en communion ».

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Abus dans l’Église : Peut-on réparer l’irréparable ? https://fr.zenit.org/2024/05/15/abus-dans-leglise-peut-on-reparer-lirreparable/ Wed, 15 May 2024 12:36:51 +0000 https://fr.zenit.org/?p=193197 Interview du P. Étienne Kern, recteur du Sanctuaire de Paray-le-Monial

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P. Étienne Kern, recteur du Sanctuaire de Paray-le-Monial

P. Étienne Kern, recteur du Sanctuaire de Paray-le-Monial

À l’occasion du 350e anniversaire des apparitions à Paray-le-Monial, en France, un colloque international s’est déroulé à Rome du 1er au 5 mai 2024. Dans le contexte actuel de la crise des abus au sein de l’Église, cette rencontre avait pour thème « Réparer l’irréparable » et visait à redonner une place à la réparation spirituelle.

Les participants au colloque ont pu rencontrer le pape François le samedi 4 mai. Parmi eux, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France et Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun. Nous avons interviewé le P. Étienne Kern, recteur du Sanctuaire de Paray-le Monial, qui donne un autre regard sur la réparation.

Zenit : Pourquoi avoir organisé un colloque sur le thème « réparer l’irréparable » ?

P. Étienne Kern : Nous avons pris le risque d’organiser un colloque sur la réparation spirituelle dans le contexte des abus dans l’Église. En arrivant à Paray il y a deux ans, j’avais déjà la conviction que le message du Sacré-Cœur sur la réparation spirituelle avait quelque chose à dire aujourd’hui à l’Église, plus particulièrement dans le contexte actuel de la révélation des abus de pouvoir, de conscience et sexuels commis en son sein, notamment par des prêtres.

Les sœurs de la Visitation m’ont rapidement partagé qu’elles portaient, elles aussi, la question de la réparation. Ainsi, nous avons choisi « Rendre amour pour amour » comme thème du Jubilé des 350 ans des Apparitions. Cette expression présente l’avantage d’être plus accessible et compréhensible par le peuple chrétien. Le colloque aborde sans détour les questions théologiques, spirituelles et pastorales que soulève la réparation. C’est donc un des événements majeurs du Jubilé des 350 ans. 

Zenit : Mais peut-on vraiment réparer l’irréparable ? 

P. Kern : Parler d’irréparable soulève débat. Au cours de l’audience qu’il nous a accordée, le pape nous a dit : « Si l’irréparable ne peut être totalement réparé, l’amour, lui, peut toujours renaître, rendant la blessure supportable. » La question est donc de savoir comment vivre aujourd’hui avec l’irréparé. Le colloque nous a aidé à mieux identifier les conditions pour que la réparation spirituelle soit saine et féconde, et non pas nocive et vaine. 

Par exemple, le sanctuaire a organisé en mars dernier, dans le cadre de la journée de prière et de mémoire pour les personnes victimes d’abus, une marche silencieuse, en tenant en main une bougie allumée, à l’intention d’une personne que nous connaissions personnellement. Quelques jours plus tard, j’ai reçu un témoignage bouleversant d’une participante, victime de graves abus dans une communauté. Elle avait été libérée, consolée, relevée intérieurement par cette simple démarche. Et, surtout, elle avait trouvé la force et la lumière intérieures nécessaires pour rédiger et envoyer un signalement à l’évêque concerné.

Le témoignage de cette femme montre qu’honorer la dimension spirituelle de la réparation, en proposant une démarche simple, peut contribuer à la manifestation de la vérité des abus subis. On entend parfois que parler de réparation spirituelle, c’est tout spiritualiser. Au contraire, ce qu’elle a vécu montre comment la réparation spirituelle peut aider à la mise en lumière de la vérité, afin que la justice soit rendue. Cela demande que la communauté tout entière s’implique dans une démarche vécue avec douceur et humilité. 

Zenit : Que veut dire renouveler et approfondir le sens de la pratique de la réparation au Sacré-Cœur de Jésus ?

P. Kern : Suite au colloque, une religieuse me confiait y avoir trouvé une véritable actualisation du message de Paray. En effet, ce qui nous paraissait poussiéreux et désuet redevient actuel et fécond. Prenons l’exemple de l’heure sainte. À Paray, Jésus demande à Marguerite-Marie de s’unir, tous les jeudis soir, à son agonie au jardin des Oliviers, au cours de laquelle il a ressenti tristesse et angoisse. 

Le contexte terrible des abus redonne toute son actualité à cette pratique. Participer à la « mortelle tristesse » du Cœur de Jésus peut consoler les personnes victimes des trahisons commises par ceux qui auraient dû les mener à Dieu. Contempler le Seigneur abandonné par ses apôtres, qui auraient dû le défendre, peut réconforter ceux qui ont été abandonnés, eux aussi, par les responsables ecclésiaux qui auraient dû les croire et les soutenir. Par ailleurs, pour nous tous, l’heure sainte nourrit notre compassion envers ces personnes victimes, parfois guettées par le désespoir.

Enfin, comme le Seigneur le demande à sainte Marguerite-Marie, nous implorons la miséricorde pour les pécheurs, notamment les offenseurs, afin qu’ils sortent de leur endurcissement – qui peut les mener à la damnation éternelle – pour reconnaître le mal commis, en demander pardon et accepter que la justice s’exerce.

Zenit : Après ce colloque, que peut-on espérer et attendre pour la suite du jubilé et pour toute l’Église ?

P. Kern : Face aux abus, la réparation spirituelle n’est pas la seule ni la première réparation que l’Église doit proposer aux personnes victimes. Elle doit se mobiliser pour vivre toutes les réparations, au niveau spirituel, judiciaire et financier. Puissent les diocèses, les congrégations religieuses et les communautés nouvelles s’emparer des réflexions de ce colloque. La réparation spirituelle sainement vécue offrira à l’Église tout entière la force nécessaire pour aller jusqu’au bout du soin apportées aux personnes victimes d’abus commis en son sein.

Certaines personnes victimes d’abus ne veulent pas – parfois ne peuvent même pas – entendre parler d’une dimension spirituelle de la réparation. C’est à respecter infiniment. Leur colère et leur cri transpercent nos cœurs blessés. À l’inverse, d’autres personnes victimes demandent à l’Église que soit aussi honorée la dimension spirituelle de la réparation car c’est dans leurs âmes également qu’elles ont été atteintes. Ainsi, une victime nous partageait sa conviction que l’Eucharistie a une place centrale dans la réparation des crimes dans l’Église. Cela pose beaucoup de questions : un chantier immense s’ouvre à nous.

Zenit : Un dernier mot ?

P. Kern : Le pape François nous a exprimé son souhait que « que le sanctuaire de Paray-le-Monial soit toujours un lieu de consolation et de miséricorde pour toute personne en quête de paix intérieure ». Chères personnes victimes, vous toutes qui ployez sous le poids du fardeau des conséquences des abus subis, venez à Paray-le-Monial vous reposer auprès du Cœur de Jésus, doux et humble. Vous y trouverez la consolation et le repos pour vos âmes ! Les portes du Cœur de Jésus et de notre sanctuaire vous demeurent plus que jamais ouvertes.

 

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