Bible Archives - ZENIT - Français https://fr.zenit.org/category/bible/ Le monde vu de Rome Wed, 18 Dec 2024 13:42:32 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 https://fr.zenit.org/wp-content/uploads/sites/4/2020/07/9e4929ea-cropped-dfdb632a-favicon_1.png Bible Archives - ZENIT - Français https://fr.zenit.org/category/bible/ 32 32 Bible et archéologie : comment tenir les deux bouts ? https://fr.zenit.org/2024/12/18/bible-et-archeologie-comment-tenir-les-deux-bouts/ Wed, 18 Dec 2024 13:39:51 +0000 https://fr.zenit.org/?p=203698 Entreprendre un voyage en Terre Sainte peut surprendre

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Entreprendre un voyage en Terre Sainte peut surprendre, voire déstabiliser le pèlerin. Les données géographiques ou historiques ne correspondent pas toujours exactement à ce qui est raconté dans l’Ancien ou dans le Nouveau Testament. Alors comment faut-il envisager le rapport entre la Bible et l’archéologie ? Qui dit vrai ?

Jusque dans la première moitié du 20ème siècle, l’archéologie des terres bibliques était majoritairement menée par des chercheurs américains issus de milieux religieux conservateurs. Pour eux, l’archéologie était généralement comprise comme venant à l’appui des textes bibliques. Mais en devenant peu à peu une science indépendante de la Bible, l’archéologie s’avérait désormais être une menace pour la foi, puisqu’en de nombreux points elle apportait des éléments incontestablement contradictoires avec la Bible. Depuis, les rapports entre Bible et archéologie n’ont cessé de se complexifier et un éventail de positions a surgi.

Pour simplifier, commençons par évoquer les extrémités de cet éventail. Elles sont représentées par deux écoles anglo-saxonnes qui aujourd’hui encore s’affrontent. Il y a, d’un côté, les «orthodoxes». Pour eux, les textes bibliques peuvent être considérés comme une source valide pour reconstituer l’histoire d’Israël et ils maintiennent la chronologie biblique traditionnelle, telle qu’elle apparaît dans les récits bibliques eux-mêmes.

De l’autre côté se trouvent les «révisionnistes». Pour eux, l’Ancien Testament relèverait globalement de la fiction et le but de sa mise par écrit serait proprement idéologique. Ces chercheurs considèrent qu’il est impossible de reconstituer l’histoire de l’Israël Ancien à partir de la Bible.

Les deux groupes travaillent pourtant à partir des mêmes éléments. Ils partagent essentiellement la même approche théorique et méthodologique des données archéologiques, mais ils s’opposent sur la valeur à accorder aux données archéologiques. Cela montre que l’archéologie n’est pas une science « dure » ou une science « exacte », mais qu’elle fait appel à l’interprétation.

Entre ces deux extrémités, d’autres positions ont émergé. Du côté de la recherche européenne, à partir des années 1970, « un scepticisme tout à fait sain s’est installé à l’égard de la valeur historique de ces textes »[1], explique Thomas Römer. Cette position s’est imposée en particulier grâce à l’apport des germanophones qui impulsèrent le développement de la critique historique de la Bible. Ils mirent en lumière le fait que chaque livre biblique est le fruit d’un long et complexe processus de réécritures successives. Un texte ne correspond donc pas à une seule époque. Nous donnerons quelques exemples ci-après.

De plus, chaque livre biblique devait désormais être lu à la lumière des découvertes archéologiques et des inscriptions royales égyptiennes, assyriennes et babyloniennes permettant de le compléter, de le confirmer ou de le corriger sur certains points. En effet, si la Bible est un document qui raconte l’histoire, elle n’est pas plus neutre ou objective que les écrits des royaumes avoisinants, chacun racontant l’histoire selon son propre point de vue et selon sa propre idéologie. La confrontation des textes bibliques avec les données archéologiques et épigraphiques constitue donc un précieux moyen pour retracer plus objectivement l’histoire d’Israël et de Juda. Cela ne signifie pas que la Bible ne soit pas un outil utile permettant de retracer l’histoire, mais cela signifie qu’elle doit faire l’objet d’une lecture critique, afin que les reconstructions théologiques et idéologiques qui l’ont façonnée soient démasquées.

Prenons deux exemples:

  • Dans l’Ancien Testament, d’abord. Le pèlerin peut être surpris qu’à Jérusalem ne subsiste pratiquement aucun vestige de l’époque présumée du grand roi Salomon, au 10è siècle av. J.-C. Les constructions importantes émergent principalement deux siècles après lui, au 8è siècle av. J.-C. Salomon n’a donc peut-être pas été aussi influent que ce que la Bible en raconte (voir 1 Rois 1-11). Mais alors, pourquoi avoir tant exagéré la gloire du roi Salomon? La Bible chercherait-elle à tromper ses lecteurs? Non, bien sûr. Mais les textes évoquant la gloire inégalée du royaume salomonien ont été écrit bien après lui, lorsque la lignée des rois de Juda a eu besoin de se donner un ancêtre prestigieux, afin de s’auto-légitimer ou de justifier certaines décisions politiques.

Tunnel construit par le roi Ezéchias au 8è s. av. J.-C., afin d’assurer l’alimentation de Jérusalem en eau en cas de siège. Photo: Wikipédia

Dans le Nouveau Testament, le même phénomène est à l’œuvre, par exemple en ce qui concerne le lieu de la naissance de Jésus. Depuis des siècles, la tradition situe la naissance de Jésus à Bethléem, sur le lieu de la basilique de la nativité. Pourtant, un doute subsiste. Les deux évangélistes qui mentionnent Bethléem diffèrent. Selon l’évangile de Matthieu, Joseph et Marie résident à Bethléem (Mt 1,18–2,12), d’où ils fuient en Égypte pour revenir s’établir dans « une ville appelée Nazareth » (2,23). Selon Luc, le couple monte de Nazareth à Bethléem s’inscrire pour le recensement (Lc 2,4-5), puis retourne à « leur ville, Nazareth » (2,39). Pourtant, contrairement à ce qu’affirme Luc, le recensement n’exigeait pas de la femme, enceinte de surcroît, un déplacement de deux cents kilomètres jusqu’à Bethléem ! Se pourrait-il que Jésus soit né à Nazareth? Où résidaient-ils primitivement : Nazareth ou Bethléem ? A cela ajoutons que tout au long des évangiles, Jésus est appelé « le Nazaréen » et que Nazareth est toujours désigné comme sa patrie.

Pourquoi Bethleem n’est jamais évoqué comme lieu d’origine de Jésus en dehors des récits de l’enfance? De plus, Bethleem est loin d’être neutre: il s’agit de la ville de David (contrairement à Nazareth qui est un village parfaitement inconnu dans le reste de la Bible). Pour affirmer haut et fort le messianisme de Jésus, il faut bien sûr que Jésus soit le descendant de David, ce que d’ailleurs Matthieu et Luc mentionnent clairement dans leur généalogie respective. Quoi de mieux alors que de situer sa naissance à Bethleem, le lieu symbolique par excellence? Et pourtant, disons-le clairement, ces doutes ne permettent pas de trancher « pour » ou « contre » Bethléem. Il faut admettre qu’on ne sait pas où est vraiment né Jésus.

Entrée de la grotte de la nativité à Bethléem. Photo: E. Pastore

En définitive, ces exemples permettent de comprendre que les récits bibliques ne sont pas des sources objectives que l’historien pourrait exploiter sans esprit critique. La complexité du rapport Bible/Archéologie ne doit pas nous décourager, mais, bien au contraire, éveiller en nous la curiosité de chercher à scruter sans cesse les textes sacrés dans leur contexte historique et rédactionnel. Paradoxalement, ce type de lecture est fructueux pour le lecteur croyant, car: la foi n’est-elle appuyée que sur des certitudes?

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Dieu est-il un maître impitoyable ? https://fr.zenit.org/2024/12/16/dieu-est-il-un-maitre-impitoyable/ Mon, 16 Dec 2024 15:21:45 +0000 https://fr.zenit.org/?p=203456 Réflexion biblique

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On pourrait imaginer que si Dieu est tout-puissant, il se comporte comme un tyran. C’est d’ailleurs ce que semble dire le passage de l’évangile selon saint Luc, au chapitre 17:

07 « Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite prendre place à table” ? 08 Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour” ? 09 Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? 10 De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” » (Lc 17,7-10)

D’emblée, ce texte peut paraître difficile : Dieu est notre maître et nous sommes ses esclaves – le grec original emploie bien le terme « esclave » –. Notre sensibilité et notre concept de liberté font qu’il est difficile de nous comparer à des esclaves, fût-ce esclaves de Dieu. Mais aux premiers siècles de notre ère, dans un contexte romanisé, il était courant d’avoir des esclaves. Parmi les premiers chrétiens, il y avait bien des esclaves. Même Paul évoque le sort d’un certain Onésime, esclave, dans un billet qu’il envoie à Philémon, son maître.

Pourtant, Paul n’abolit pas la condition d’esclave en évoquant son frère bien-aimé qu’est Onésime. Il est esclave. Paul le renvoie à son maître, car telle est sa destinée.

10 « J’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ. 11 Cet Onésime (dont le nom signifie « avantageux ») a été, pour toi, inutile à un certain moment, mais il est maintenant bien utile pour toi comme pour moi. 12 Je te le renvoie, lui qui est comme mon cœur. 13 Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l’Évangile. 14 Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses ce qui est bien, non par contrainte mais volontiers. 15 S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, 16 non plus comme un esclave, mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur. 17 Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi, accueille-le comme si c’était moi. 18 S’il t’a fait du tort ou s’il te doit quelque chose, mets cela sur mon compte. 19 Moi, Paul, j’écris ces mots de ma propre main: c’est moi qui te rembourserai. Je n’ajouterai pas que toi aussi, tu as une dette envers moi, et cette dette, c’est toi-même. » (Lettre de Paul à Philémon)

L’amitié que Paul a pour Onésime n’efface pas ce qu’il est : un esclave. Mais on aurait tort de ne considérer que l’aspect négatif. Car, avant d’évoquer la privation de liberté, la notion d’esclave évoque plutôt celle de l’appartenance. L’esclave « appartient » à un maître. C’est cela qu’exprime Paul dans sa lettre à Philémon.

Revenons à l’évangile. La question est avant tout celle de savoir à quel maître chacun d’entre nous appartient. Qui est le maître que je sers? Dans l’évangile de Luc, le maître n’est pas un homme, mais bien le Seigneur. Il est toutefois un maître exigent, comme les maîtres humains qui n’exonèrent pas leur esclave de préparer le souper, même après une dure journée de labeur. L’image de l’esclavage, employée ici par Jésus, renvoie à l’exigence avec laquelle nous sommes appelés à nous mettre au service de l’Évangile. Comme n’importe quel esclave dévoué à sa tâche, ainsi devons-nous être dévoués à celle qui nous revient en tant que baptisés.

Cela devrait suffire à faire notre joie et notre satisfaction. Tel est l’enseignement de cette brève parole de Jésus qui nous invite à nous réjouir d’appartenir à un tel maître, lui, notre Créateur et Sauveur, lui l’origine et la fin de notre vie.

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L’augmentation des ventes de la Bible marque un changement culturel en 2024 https://fr.zenit.org/2024/12/12/laugmentation-des-ventes-de-la-bible-marque-un-changement-culturel-en-2024/ Thu, 12 Dec 2024 15:36:26 +0000 https://fr.zenit.org/?p=203279 Réseaux sociaux et personnalités ont pu, en partie, y contribuer

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Au-delà de l’intérêt générationnel, l’augmentation des ventes de la Bible peut refléter une quête existentielle collective au milieu de l’incertitude mondiale.

Alors que les ventes totales de livres imprimés aux États-Unis ont augmenté d’un modeste 1% en 2024, une catégorie a surpassé toutes les autres : les ventes de la Bible. Selon les données de BookScan, il y a eu une augmentation stupéfiante de 22 % par rapport à 2023, avec 13,7 millions d’exemplaires vendus en octobre, contre 9,7 millions en 2019. Cette augmentation met en lumière une tendance intrigante, en particulier chez les jeunes générations.

Une quête de sens en des temps incertains

Amy Simpson, de Tyndale House Publishers, attribue cette augmentation à l’intérêt croissant de la génération Z et des étudiants. « Cette génération est à la recherche de quelque chose de plus solide », a déclaré M. Simpson au Wall Street Journal. Son observation est conforme aux conclusions du rapport « State of the Bible 2023 », qui note que 44 % de la génération Z ont exprimé leur curiosité à l’égard de Jésus et de la Bible chrétienne. L’American Bible Society a confirmé que cette tendance s’est poursuivie en 2024.

Au-delà de l’intérêt générationnel, l’augmentation des ventes de la Bible peut refléter une quête existentielle collective dans un contexte d’incertitude mondiale. Alors que l’inquiétude face à l’avenir augmente, les Américains semblent rechercher un réconfort et une sagesse intemporelle.

L’influence des médias et des personnalités publiques

La pertinence culturelle du christianisme est renforcée par les influenceurs sur des plateformes telles que TikTok et YouTube, qui partagent de plus en plus leur foi avec une plus grande authenticité. En outre, des célébrités de premier plan ont commencé à parler ouvertement de leurs croyances, rendant les conversations basées sur la foi plus courantes.

Le fait que l’ancien président Donald Trump ait présenté la Bible comme son « livre préféré » a également alimenté les discussions, bien que la version spécifique qu’il a approuvée ne se soit pas imposée comme best-seller.

Mise en garde : acheter n’est pas lire

Si les chiffres suggèrent un regain d’intérêt pour les Écritures, les experts mettent en garde contre l’idée que cela se traduit par une participation active. Posséder une Bible ne signifie pas nécessairement la lire ou intégrer ses enseignements dans la vie quotidienne. Comme le soulignent certains théologiens, le but de la Bible n’est pas de rester sur une étagère, mais de transformer les cœurs et les esprits.

L’attrait durable de la Bible

Malgré le battage médiatique, la popularité continue de la Bible n’est pas un phénomène nouveau. Elle reste le livre le plus vendu et le plus largement distribué de tous les temps, avec environ 80 millions d’exemplaires imprimés chaque année. Dans les pays occidentaux, la Bible domine depuis longtemps les listes de best-sellers, et des cas comme celui de la Norvège en 2011 et 2013 réaffirment sa portée mondiale.

Cet attrait permanent réside dans la capacité de la Bible à agir comme ce que l’écrivain Claudio Magris a appelé « l’alphabet pour lire le monde ». Elle offre des récits intemporels qui résonnent à travers les cultures, unissant l’ancien et le moderne, le spirituel et l’existentiel.

Une résurgence tranquille ou une tendance passagère ?

Il reste à voir si cette hausse des ventes marque le début d’une résurgence culturelle plus large ou si elle n’est qu’une réponse aux préoccupations actuelles. Elle souligne toutefois la pertinence durable de la Bible dans un monde en quête de sens au milieu du chaos.

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Une vigne, des vignerons et… un pressoir! https://fr.zenit.org/2024/10/19/une-vigne-des-vignerons-et-un-pressoir/ Sat, 19 Oct 2024 08:42:39 +0000 https://fr.zenit.org/?p=199870 Une parabole qui illustre le plus grand drame de la vie de Jésus

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Il y a bien une parabole qui illustre le plus grand drame de la vie de Jésus : le rejet de la part de son propre peuple. Lui, le messie d’Israël n’est pas reçu par les siens. Saint Jean exprimait cette terrible réalité par d’autres mots qui trouvent leur écho dans le texte qui nous occupe aujourd’hui: « Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,10-11)

Allons au chapitre 21 de l’évangile selon saint Matthieu. Jésus est déjà entré dans Jérusalem. Sa passion est toute proche. Le contexte d’hostilité envers Jésus est de plus en plus intense :

33 « Écoutez une autre parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. 34 Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. 35 Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. 36 De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon. 37 Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” 38 Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !” 39 Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. 40 Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » 41 On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » 42 Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! 43 Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. 45 En entendant les paraboles de Jésus, les grands prêtres et les pharisiens avaient bien compris qu’il parlait d’eux. 46 Tout en cherchant à l’arrêter, ils eurent peur des foules, parce qu’elles le tenaient pour un prophète. (Mt 21,33-46)
 
 

Par cette parabole, Jésus exprime sans doute son ressenti personnel douloureux face à tant d’adversité, mais il dénonce également l’aveuglement de son peuple. En cela, Jésus se place en prophète et c’est bien ainsi que les foules le considèrent (v. 46). Or, on sait le sort qui attend tout prophète à Jérusalem : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyées… » (Mt 23,37), dira Jésus quelques versets plus en avant.

 

La parabole de la vigne trouve de profonds échos dans un texte d’Isaïe, au chapitre 5, où le peuple d’Israël était déjà figuré par la vigne. Là, la vigne ne donnait que des mauvais fruits. Ici, en Matthieu 21, l’attention est portée sur le propriétaire de la vigne. Jésus donne un sens tout particulier à cette parabole. Le propriétaire de la vigne est un père, puisqu’il enverra son fils à la vigne. Face à la violence des vignerons qui avaient frappé, lapidé et tué les autres serviteurs, le père ignorait-il le sort qui serait réservé à son fils ? Mais alors, pourquoi donc l’a-t-il envoyé à la mort ? Pourquoi prendre un tel risque ?

Ce n’est pas un hasard si l’iconographie chrétienne a, très tôt déjà, identifié Jésus au raisin qui est pressé pour en extraire le jus. Son sang versé pour le salut des hommes est comparé au vin qui réjouit le cœur de l’homme et le pressoir est représenté par la croix.

Mise au jour au lieu-dit Qabr Hiram, dans les environs de Tyr (actuel Liban), par Ernest Renan en 1860, la mosaïque de l’église Saint-Christophe (VIe siècle) est par sa taille, 120m2, et la qualité de son exécution, la pièce maîtresse de la collection de mosaïques antiques du Louvre.

On y voit, des représentations bucoliques: personnification des mois, des saisons, des vents, ainsi que des végétaux (grenades et fleurs) et des animaux (agneaux, chèvres, bouquetins, poissons, coqs, lions…). Mais ce n’est pas tout!

Dans le médaillon central, se trouve un pressoir à vin en forme de croix. Il y a toute une leçon de théologie derrière ces images: avec le Christ, vin nouveau donné pour une vie nouvelle, c’est la Création tout entière qui est pacifiée et sauvée.

Voici une représentation plus tardive, mais bien plus explicite:

Au centre : Jésus offrant son sang au pressoir de la croix.
En bas : Les représentants de l’Eglise recueillant le sang précieux versé pour le salut du monde.
Vitrail du 17è siècle, église Saint Etienne du Mont, Paris.
Photo: Emanuelle Pastore

 

Pour mieux saisir le mystère du fils rejeté, il faut lire les Écritures, comme Jésus nous y invite lui-même : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures… ? » Le texte qu’il faut lire cette fois est un psaume :

« La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c’est là l’œuvre du Seigneur : quelle merveille à nos yeux ! » (Ps 118,22-23)

Cette pierre constitue précisément l’œuvre du Seigneur, la merveille qu’il fait pour les hommes ! En quoi consiste donc cette merveille ? Pour l’instant, elle n’est pas encore visible, mais on sera vraiment en mesure de la comprendre après la résurrection de Jésus. Dans une prise de parole de Pierre face aux chefs du peuple et aux anciens, Pierre va précisément donner la clé pour saisir ce que Dieu fait par son Fils : « C’est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d’angle. » (Ac 4, 11) Oui, c’est lui ! Il n’y a plus de doute : le fils de la parabole est bien Jésus et le propriétaire de la vigne est bien le Père. Et Pierre continue : « Car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 12). Voilà la merveille que Dieu fait pour son peuple : il les sauve en leur envoyant son Fils. Ce salut n’est visible qu’à partir de la résurrection. Parce que Jésus est ressuscité, il devient la pierre d’angle pour tous les hommes en attente du salut.

La pierre d’angle est la pierre qui, dans une construction, permet de joindre les deux murs. Elle a une fonction d’unité. Jésus est la pierre d’angle qui permet de réunir le peuple d’Israël et tous les autres peuples. La pierre d’angle permet de réunir les juifs et les païens. Elle assure l’unité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre la première et la nouvelle Alliance. Voilà en quoi consiste la merveille que Dieu fait à nos yeux ! Jésus est en sa personne-même l’accomplissement des promesses faites par Dieu à Israël. Sur lui, la pierre d’angle, repose toute l’espérance d’Israël.

Néanmoins, pour accomplir cette mission, le Fils empruntera le chemin du rejet et de l’incompréhension jusqu’à être tué. Par cette parabole, Jésus essaie de raisonner ses adversaires, grands-prêtres et pharisiens. Il essaie de leur faire prendre conscience de leur enfermement et de leur aveuglement face à l’œuvre que Dieu est en train de réaliser devant leurs yeux. La parabole a une fonction pédagogique, celle d’amener ses auditeurs à la conversion. Car il est encore temps de se convertir !

Emanuelle Pastore

 

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Étonnante croix qui surgit d’un chandelier à Laodicée, en Turquie https://fr.zenit.org/2024/09/17/etonnante-croix-qui-surgit-dun-chandelier-a-laodicee-en-turquie/ Tue, 17 Sep 2024 14:04:48 +0000 https://fr.zenit.org/?p=197972 Laodicée, une ville, une communauté

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Voici la croix qui semble naître et pousser par-dessus le chandelier à sept branches. Figure du christianisme naissant du judaïsme? Vestige d’une synagogue-église? Il m’a fallu une heure d’exploration sous un soleil torride à travers le site archéologique de l’ancienne ville de Laodicée pour découvrir cette inscription qui en dit long sur les premiers siècles du christianisme.

Laodicée, une ville, une communauté

La ville de Laodicée a été fondée par le roi séleucide Antiochus II, vers 250 av. J.-C. Depuis cette époque, une communauté juive y a été installée. En -62, la collecte d’or que les juifs avaient faite, afin de payer l’impôt du Temple de Jérusalem, fut confisquée par les Romains. Au 1er siècle, cette communauté juive comptait environ 7’500 membres, sans compter les femmes et les enfants.

Laodicée. Rue principale, théâtre et basilique byzantine (5è siècle) avec baptistère et mosaïques.

Photos: E. Pastore
Le christianisme s’est développé premièrement au sein de communautés juives, comme celle de Laodicée. Paul cite justement la communauté chrétienne de Laodicée qui se réunit chez Nympha. Il demande d’ailleurs à ce que sa lettre destinée aux Colossiens soit d’ailleurs lues aux chrétiens de Laodicée.
Saluez les frères de Laodicée, et aussi Nympha et l’Église qui se rassemble dans sa maison. Et quand on aura lu cette lettre chez vous, faites en sorte qu’on la lise aussi dans l’Église de Laodicée ; lisez aussi vous-mêmes celle qui vous viendra de Laodicée. (Col 4,15-16)

Cette croix surgissant du chandelier à sept branches pourrait être un souvenir de la communauté à laquelle Paul s’adresse. Extraordinaire témoignage de ces premiers chrétiens! L’inscription figure sur une colonne à terre, parmi les ruines du nympheum de Laodicée.

La ville fut finalement abandonnée à la suite d’un important tremblement de terre au début du 7è siècle.

Interprétation du symbole de la croix enchâssée sur le chandelier

Attention, la croix ne remplace pas le chandelier, mais elle s’y enracine. Saint Paul d’ailleurs n’a cessé de revendiquer son origine juive tout en étant devenu chrétien. La première Église était entièrement juive, rappelons-le!

Photos: E. Pastore

L’allégorie qui exprime au mieux la réalité des judéo-chrétiens des premiers siècles de notre ère a justement été développée par Paul, dans son épître aux Romains; il s’agit d’un olivier dont certaines branches ont été cassées, tandis que d’autres sont greffées:
01 Je pose donc la question : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Pas du tout ! Moi-même, en effet, je suis Israélite, de la descendance d’Abraham, de la tribu de Benjamin. 02 Dieu n’a pas rejeté son peuple, que, d’avance, il connaissait. (…) 11 Je pose encore une question : ceux d’Israël ont-ils trébuché pour vraiment tomber ? Pas du tout ! Mais leur faute procure aux nations païennes le salut, pour qu’ils en deviennent jaloux. 12 Or, si leur faute a été richesse pour le monde, si leur amoindrissement a été richesse pour les nations, combien plus le sera leur rassemblement ! 13 Je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, 14 mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. 15 Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts ! 16 Si la partie de la pâte prélevée pour Dieu est sainte, toute la pâte l’est aussi ; si la racine de l’arbre est sainte, les branches le sont aussi. 17 De ces branches, quelques-unes ont été coupées, alors que toi, olivier sauvage, tu as été greffé parmi les branches, et tu as part désormais à la sève que donne la racine de l’olivier. 18 Alors, ne sois pas plein d’orgueil envers les branches ; malgré tout ton orgueil, ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte. 19 Tu vas me dire : « Des branches ont été coupées pour que moi, je sois greffé ! » 20 Fort bien ! Mais c’est à cause de leur manque de foi qu’elles ont été coupées ; tandis que toi, c’est par la foi que tu tiens bon. Ne fais pas le fanfaron, sois plutôt dans la crainte. 21 Car si Dieu n’a pas épargné les branches d’origine, il ne t’épargnera pas non plus. 22 Observe donc la bonté et la rigueur de Dieu : rigueur pour ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu pour toi, si tu demeures dans cette bonté ; autrement, toi aussi tu seras retranché. 23 Quant à eux, s’ils ne demeurent pas dans leur manque de foi, ils seront greffés car Dieu est capable de leur redonner leur place en les greffant. 24 En effet, toi qui étais par ton origine une branche d’olivier sauvage, tu as été greffé, malgré ton origine, sur un olivier cultivé ; à plus forte raison ceux-ci, qui sont d’origine, seront greffés sur leur propre olivier. 25 Frères, pour vous éviter de vous fier à votre propre jugement, je ne veux pas vous laisser dans l’ignorance de ce mystère: l’endurcissement d’une partie d’Israël s’est produit pour laisser à l’ensemble des nations le temps d’entrer. 26 C’est ainsi qu’Israël tout entier sera sauvé, comme dit l’Écriture : De Sion viendra le libérateur, il fera disparaître les impiétés du milieu de Jacob. 27 Telle sera pour eux mon alliance lorsque j’enlèverai leurs péchés. 28 Certes, par rapport à l’Évangile, ils sont des adversaires, et cela, à cause de vous ; mais par rapport au choix de Dieu, ils sont des bien-aimés, et cela, à cause de leurs pères. 29 Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. (Rm 11,1-29)
Ce texte est magnifique, même si, certes, pas facile. Je relève quelques idées:
  • Dieu ne rejette pas son peuple, le peuple juif (même si son peuple ne cesse de le rejeter, dit Paul), parce que Dieu garde au cœur de ce peuple un reste de fidèles qui ne le rejette pas, un reste qui adhère au messie: ce sont les premiers judéo-chrétiens. Paul en fait partie.

  • Les autres juifs, ceux qui n’ont pas accueilli le Christ, se sont endurcis. D’après Paul, cet endurcissement est l’occasion pour que le salut parvienne aux nations et qu’à leur tour celles-ci reviennent évangéliser la partie endurcie d’Israël. Paradoxalement, le salut des nations païennes est donc lié au refus des Juifs. C’est « grâce » à ce refus juif (toujours actuel et permanent) que les nations reçoivent l’évangile. Cela est encore le cas aujourd’hui. Au fond, Paul donne un sens positif au refus juif. Le dessein de Dieu nous échappe, puisqu’il utilise le refus des uns pour évangéliser les autres. Sa sagesse dépasse l’entendement humain…

  • Puis vient l’allégorie de l’olivier avec ses deux types de branches. Les branches cassées, mais non séparées, ce sont les juifs endurcis. Ces branches seront recollées, dit Paul. Mais en attendant, dans leur brisure, d’autres branches sont greffées: ce sont les pagano-chrétiens.

     

Olivier près de Bethleem avec une branche greffée et d’autres branches qui poussent sur la racine. Photos: BiblePlaces

  • D’après Benoît XVI, l’Eglise est représentée par cet arbre, dont certaines branches sont Israël (nos frères juifs) et d’autres branches sont les nations (tous les autres). L’Église n’est pas l’assemblée des non-juifs dans laquelle quelques juifs sont entrés! Les débuts du christianisme montrent que c’est plutôt le contraire : l’Église, c’est d’abord l’assemblée d’Israël dans laquelle beaucoup de païens sont entrés par greffe au fil des siècles.

L’allégorie de l’olivier dans la lettre aux Romains de Paul est une sorte d’antidote à la théorie de la substitution : le christianisme n’a pas vocation à supplanter le judaïsme.

Emanuelle Pastore

 

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La redécouverte de Pétra, cité de l’encens https://fr.zenit.org/2024/04/25/la-redecouverte-de-petra-cite-de-lencens/ Thu, 25 Apr 2024 08:57:17 +0000 https://fr.zenit.org/?p=192310 Cette ville est restée cachée jusqu'en 1812

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Pétra est sans conteste le lieu le plus visité de Jordanie. Saviez-vous que cette ville est restée cachée jusqu’en 1812, lorsqu’un explorateur suisse la redécouvrit enfin ?

Johann Ludwig Burckhardt a 28 ans lorsqu’il redécouvre la ville grandiose, connue comme la capitale des Nabatéens, un peuple arabe.

Johann Ludwig Burckhardt (1874-1817). Photo : Wikipédia

Si plusieurs textes anciens Grecs évoquent la riche cité de l’encens, les expéditions pour essayer de la prendre ont toujours échoué. Pétra est une ville protégée par son environnement naturel. Elle a permis aux tribus nomades de garder leurs trésors pendant des siècles. Entourée d’une forteresse naturelle, la ville a ses réserves d’eau et reste imprenable.
Photos: E. Pastore
 
Au tournant de l’ère chrétienne, la ville est en plein essor. Malheureusement, elle sera abandonnée en raison d’un tremblement de terre et du déclin du commerce caravanier, celui-ci étant remplacé par le commerce maritime.
Comment Burckhardt s’y est-il pris pour retrouver l’emplacement de l’ancienne ville ? Il était né à Lausanne en 1784. Après des études universitaires à Leipzig et Göttingen, il aurait du devenir diplomate. Finalement, c’est depuis Londres qu’il est envoyé comme explorateur. Il apprend l’arabe à Cambridge puis en 1800, il s’embarque pour Malte et de là pour la Syrie où il s’installe.
Il adopte les coutumes locales et se laisse pousser la barbe. Ce faisant passer pour un commerçant syrien, il voyage vers le Caire et atteint finalement la région du Wadi Moussa où il a entendu que se situait la ville oubliée. Il prétend vouloir offrir une chèvre en sacrifice au prophète Aaron dont le sanctuaire se situe à proximité. Pour y parvenir, son guide le conduit à travers l’étroit passage du Siq, conduisant à l’intérieur de la ville de Pétra, jusque devant la façade extraordinaire de la Khazneh.
La redécouverte de Pétra a alimenté les fantasmes des aventuriers, dont le plus connu est bien sûr Indiana Jones. Ne manquez pas la dernière scène du film Indiana Jones et la dernière croisade (1989) : https://youtu.be/FkjRaq31dxI !

Emanuelle Pastore

 

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La plus ancienne carte de pèlerinages en Terre Sainte https://fr.zenit.org/2024/04/19/la-plus-ancienne-carte-de-pelerinages-en-terre-sainte/ Fri, 19 Apr 2024 08:01:09 +0000 https://fr.zenit.org/?p=192081 Elle se trouve à Madaba, en Jordanie 

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En 1884, dans la petite ville de Madaba, une ancienne ville moabite mentionnée dans le livre des Nombres (Nb 21,30), des moines grecs firent la découverte fortuite et étonnante d’une grande mosaïque qui devait décorer le sol d’une église byzantine. Il s’agit d’une carte de la Terre Sainte indiquant les principaux lieux de pèlerinages chrétiens.

La carte de Madaba est la plus ancienne carte de Terre Sainte que nous ayons. On doit la dater de la fin du VIe siècle, en raison de la langue utilisée dans les inscriptions mentionnant certains bâtiments construits par Justinien (527‑565) et aussi en raison du style de la mosaïque. L’artiste est certainement palestinien, vu son utilisation de la graphie araméenne de plusieurs noms propres de lieux. Il s’est sûrement inspiré du premier grand ouvrage de topographie de la Terre Sainte, intitulé Onomasticon et rédigé par l’évêque Eusèbe de Césarée, au milieu du IVe siècle. Cet ouvrage reste encore aujourd’hui une source importante pour l’identification de lieux anciens, maintenant disparus.

Cette carte, connue des biblistes sous le nom de « carte mosaïque » ou de « mosaïque géographique » de Madaba, aurait été élaborée sous l’empereur romain Justinien, vers l’an 560. Il s’agit de la plus vieille représentation connue de la terre des origines du christianisme. Elle frappe par la vision unitaire et homogène qu’elle nous en livre, avant l’arrivée de l’islam (vers 635) et le grand schisme d’Orient (en 1054). À la suite d’un tremblement de terre au VIIIe siècle, puis des destructions opérées par les iconoclastes, il ne reste plus que la moitié de cette œuvre, qui rassemblait à l’origine deux millions de tesselles (un bon artisan ne peut en poser plus de 200 par jour…) de pas moins de 40 teintes différentes, mesurait seize mètres sur six et offrait une vaste perspective cartographiée, allant de la côte phénicienne et de la Syrie jusqu’à la vallée du Nil. 

Église saint Georges, Madaba, Jordanie
Photographie : E. Pastore

La mosaïque de Madaba, orientée à l’est – supposant donc que le visiteur arrive par la Méditerranée -, fut découverte au moment de la construction de l’église actuelle sur un ancien édifice byzantin ruiné. Des biblistes renommés s’y intéressèrent aussitôt, parmi lesquels le P. Marie-Joseph Lagrange, dominicain, fondateur de l’école biblique de Jérusalem. Pas moins de cent cinquante inscriptions en grec y subsistent, presque toutes identifiées, qu’on a plaisir à découvrir dans une représentation fidèle et fort bien proportionnée.

Située à l’avant droit du chœur de l’église actuelle, autour d’un pilier (sur une dimension maximale de dix mètres sur cinq), l’œuvre n’avait pas une fonction seulement décorative mais proposait aux croyants toute une vision de la foi avec de nombreux symboles chargés de sens et le choix de certains lieux de pèlerinage. Sa précision géographique devait également se révéler utile pour les pèlerins de passage.

Youtube Video

Décryptage

Les noms des villes sont indiqués à l’intérieur des remparts. Les lieux les plus importants, car porteurs de souvenirs bibliques, ont leurs noms accompagnés d’une citation du texte biblique – Ancien et Nouveau Testament – qui leur correspond.

Les anciennes régions des tribus sont aussi indiquées, par une grosse inscription en rouge, qui est accompagnée d’une citation des bénédictions de Jacob et de Moïse sur ces tribus.

Jérusalem, Madaba, Jordanie © E. Pastore

Tout au centre, une vignette particulière représente Jérusalem et, de par ses proportions plus grandes, manifeste la position éminente de cette ville dans l’histoire du Salut. On en distingue les portes et les murailles, la rue principale et le Saint-Sépulcre, représenté par des tesselles jaunes.

L’autre zone géographique privilégiée est, non loin de Madaba (et donc bien connue des mosaïstes), la jonction du Jourdain et de la mer Morte, appelée ici le Lac de sel, sur laquelle sont dessinés plusieurs bateaux. Certains détails ne manquent pas de frapper par leur véracité : ainsi, pour fuir la salinité de la mer Morte, des poissons remontent le Jourdain, dont on distingue les différents gués et les ponts de halage.

Le désert avoisinant est symbolisé par une gazelle que poursuit un lion, de même qu’on devine un crocodile non loin du Nil, dans le désert d’Égypte.

La ville de Jéricho est hérissée de tours et entourée de ses fameux palmiers. On situe précisément Bethléem, Hébron, Naplouse, Emmaüs, la montagne de Judée, Gaza et la côte méditerranéenne, ainsi que le Sinaï.

Une mention est faite de quelques lieux moins connus : le chêne de Mambré où Yahwé apparut à Abraham ; le tombeau de Joseph, fils de Jacob ; Béthanie, où Jean baptisait ; le puits de Jacob où le Christ rencontra la Samaritaine ; Gethsémani où il fut trahi par Judas.

Seule erreur géographique manifeste, due à la méconnaissance des artistes, ou alors au manque de place sur le sol de l’ancien édifice byzantin : le Nil inférieur s’écoule ici de… l’est à l’ouest, et non pas du sud au nord ; néanmoins, les cinq bras principaux de son delta sont bien distincts.

La jonction du Jourdain et de la mer Morte, Madaba, Jordanie © E. Pastore

La ville de Jérusalem

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Devant le tombeau ouvert https://fr.zenit.org/2024/03/31/devant-le-tombeau-ouvert/ Sun, 31 Mar 2024 15:08:28 +0000 https://fr.zenit.org/?p=191423 C'est sur la Résurrection que repose toute la foi chrétienne

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Un tombeau du 1er siècle. La pierre est roulée. Il est vide. Dehors, Jésus ressuscité se fait voir. Dire que c’est sur la résurrection que repose toute la foi chrétienne. Il se pourrait que nous soyons déjà si habitués à cette nouvelle que cela ne nous surprenne plus…

Les femmes, elles, ont de quoi être émues et pleines de joie. Impossible de rester plantées dans l’indifférence. En effet, elles viennent de rencontrer un ange qui leur a annoncé que Jésus, celui qui a été crucifié, est… ressuscité d’entre les morts ! L’ange les charge même d’une mission bien préciser : celle d’aller annoncer aux disciples cette merveilleuse nouvelle et de leur faire savoir que le ressuscité se montrera à eux en Galilée. Les voilà désormais instituées comme messagères et comme apôtres des… apôtres !

Quittant vite le tombeau, tout émues et pleines de joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre: “Je vous salue”, dit-il. Et elles de s’approcher et d’étreindre ses pieds en se prosternant devant lui. Alors Jésus leur dit: “Ne craignez point ; allez annoncer à mes frères qu’ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront.” Tandis qu’elles s’en allaient, voici que quelques hommes de la garde vinrent en ville rapporter aux grands prêtres tout ce qui s’était passé. Ceux-ci tinrent une réunion avec les anciens et, après avoir délibéré, ils donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, avec cette consigne : “Vous direz ceci : Ses disciples sont venus de nuit et l’ont dérobé tandis que nous dormions. Que si l’affaire vient aux oreilles du gouverneur, nous nous chargeons de l’amadouer et de vous épargner tout ennui.” Les soldats, ayant pris l’argent, exécutèrent la consigne, et cette histoire s’est colportée parmi les Juifs jusqu’à ce jour. » (Mt 28, 8‑15)

Elles entreprennent donc une course folle pour rejoindre les disciples, lorsque quelque chose de bien plus extraordinaire encore se passe en chemin : Jésus lui-même se montre à elles ! Elles devaient être toutes essoufflées à cause de leur course, lorsque Jésus les arrêta net. « Réjouissez-vous », leur dit-il. Se réjouir, c’est le verbe de la joie devant l’extraordinaire que Dieu fait. Jésus n’a rien le temps d’ajouter que déjà elles se prosternent devant lui et étreignent ses pieds. Jésus se montre à elles, comme si l’annonce de l’ange n’a pas suffi. Il veut que ses messagères et apôtres des apôtres soient des témoins directs de la nouvelle, dont elles sont porteuses. Elles ne font pas que redire ce que l’ange leur a dit, comme s’il s’agissait de la simple répétition d’un message qui leur a été dicté. Elles sont premièrement les destinatrices de l’acte-même de la résurrection de Jésus et c’est en tant que telles qu’elles sont envoyées vers ceux que Jésus appelle « ses frères ».

Pourquoi Jésus honore-t-il les femmes d’un tel privilège, alors que les disciples ne verront Jésus que quelques jours plus tard, en Galilée ?

On peut répondre en considérant le récit de la passion qui précède. Dans ces chapitres, les Douze sont absents. Ils l’ont abandonné et pris la fuite, précise l’évangéliste (Mt 26,56). Jésus affronte donc seul, d’abord le grand-prêtre, puis Pilate, puis la crucifixion. La seule mention qui soit faite d’un des Douze est celle de Pierre, mais pour nous raconter son triple reniement. La seule mention des disciples dans ces chapitres concerne les femmes : « Il y avait là de nombreuses femmes qui regardaient à distance, celles-là même qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et le servaient » (Mt 27, 55). Et les mêmes femmes seront encore là au rendez-vous du tombeau trois jours après l’ensevelissement. Leur présence courageuse à ces moments clé est naturellement comprise par Jésus comme une preuve de profonde fidélité envers sa personne. Elles ont passé par l’épreuve de la mort avec Jésus, elles sont donc à même de vivre avec lui son passage à la vie. En effet, ne faut-il pas nécessairement passer par la mort pour revenir à la vie ?

La deuxième partie du texte évoque l’attitude des grands-prêtres, une attitude contraire à celles des femmes.

Celles-ci partent annoncer la bonne nouvelle aux disciples, tandis que les grands-prêtres cherchent à détourner la nouvelle. Ils soudoient les soldats pour que l’action de l’ange roulant la pierre du tombeau, puis la disparition du corps de Jésus, ne puissent être associées à un phénomène surnaturel. Ils font courir le bruit que les disciples de Jésus sont venus dérober le corps. Voilà l’autre version de l’histoire qui s’est colportée parmi les juifs. L’événement de la résurrection de Jésus est la pierre d’achoppement qui va diviser les juifs entre ceux qui y croient et ceux qui refusent d’y croire. Paul ne dira-t-il pas : « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi » (1 Co 15, 17)? De quel côté nous situons-nous ? Suis-je du côté des croyants qui ont reçu le témoignage des femmes ? Suis-je plutôt du côté des grands-prêtres qui invoquent la supercherie ?

Sachons discerner dans l’événement du tombeau ouvert la profondeur du mystère qui s’y révèle:
Ce qui éclate en définitive au cœur du Mystère de la Résurrection, c’est que l’amour est plus fort que la mort car enfin, notre Seigneur est entré dans la mort uniquement par amour pour nous. Notre Seigneur est entré dans cette épouvantable solitude à laquelle fait allusion l’article du symbole: « Il descendit aux Enfers ». Cela veut dire qu’il connut, seul, la plus épouvantable, la plus désespérante solitude pour nous en délivrer, afin que, désormais, nous ne mourions pas seuls, parce qu’il ne cessera jamais de traverser la mort avec nous. Et, quand on n’est pas seul dans la mort, quand dans la mort on est porté par la vie, quand dans la mort on est assisté par l’amour, la mort dans ce qu’elle a de plus inacceptable est vaincue et définitivement surmontée. (Maurice Zundel, Homélie du 2 avril 1972)
 

Emanuelle Pastore

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Si Genèse 2-3 est un récit mythologique … https://fr.zenit.org/2024/03/14/si-genese-2-3-est-un-recit-mythologique/ Thu, 14 Mar 2024 16:45:30 +0000 https://fr.zenit.org/?p=190817 … alors le dogme du péché originel est-il lui aussi un mythe ?

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Le terme « mythe » est piégé, car immédiatement nous pensons qu’un mythe relève de l’imaginaire, d’où la conséquence logique de déduire que ce qu’il dit est tout simplement… faux. Les premiers chapitres de la Bible perdraient donc toute leur valeur et n’auraient plus rien à nous apprendre. Il en va pourtant tout autrement.

Premièrement, rappelons que la Bible est composée de textes appartenant à des genres littéraires différents (hymnes, prières, discours, lettres, codes de loi, récits…, etc.). Les onze premiers chapitres de la Genèse, avec leurs récits – scènes du jardin d’Eden, fratricide d’Abel par Caïn, histoire du déluge universel et de la tour de Babel – appartiennent à un genre littéraire qu’on peut qualifier de « mythologique », à condition de s’expliquer sur cette formulation. 

Qu’est-ce qu’un mythe ?

Le mythe est un récit qui a pour objet de dire l’origine de ce qui existe, d’explorer la complexité du monde au milieu duquel vivent les hommes. Il a une fonction explicative. Comme tel, il représente une des modalités de la réflexion humaine. Il sert aussi à justifier les conventions qui organisent la vie des individus et des groupes : il vise à fonder et à instaurer la vie de ceux qui le racontent. Pour ce faire, il se situe volontiers dans un temps primordial, « en ce temps-là », temps des dieux, hors de notre chronologie. Le mythe est anonyme et collectif. Souvent il est lu au cours de la célébration d’une fête qui en reprend rituellement des éléments. Ainsi du mythe mésopotamien d’Ishtar et de Tammouz : elle est maîtresse du sol et de la végétation, et lui, le dieu berger, rend compte de l’alternance des saisons. Ce mythe, mimé lors de la fête du Nouvel An, devait assurer au pays une année féconde. D’autres mythes ont pour fonction d’éclairer les mystères de la condition humaine. Il existe également des mythes qui expriment non pas les origines mais le terme de l’histoire, le monde nouveau espéré ; on les appelle « eschatologiques ». On les trouve notamment dans les apocalypses.

Le rationalisme du XIXe siècle a porté sur le mythe des jugements très négatifs en l’assimilant à une forme de pensée prélogique, irrationnelle, qui relèverait du seul imaginaire. Plus récemment une conception beaucoup plus positive s’est affirmée : le mythe apparaît comme un langage fait pour saisir des réalités que le langage courant échoue à désigner ; il est le moyen de signifier des réalités invisibles ou transcendantes, d’explorer les arcanes de la vie. Par là, il peut être porteur d’une vérité plus profonde que la vérité historique. On a pu dire qu’il était un « effort de connaissance de l’inconnaissable » (Buess). Il se pourrait même que, bien compris, il implique un jeu et une distance qui empêchent de le prendre à la lettre, à l’inverse de la naïveté que nous prêtons à ses auditeurs ou à ses lecteurs. (La Bible et sa culture, dir. Michel Quesnel et Philippe Gruson, Desclée de Brouwer, 2011)

Il faut également rappeler que le langage du mythe est très courant dans les civilisations antiques, notamment dans celle du Levant où notre Bible est née. Si les rédacteurs bibliques emploient ce langage, c’est parce que c’est aussi celui de leur temps. De plus, les mythes présents dans Gn 1-11, – qui se tiennent au commencement obscur de l’histoire -, ne sont pas des « créations » originales des rédacteurs bibliques. Ils sont plutôt des reprises de mythes préexistants. Gn 1 avec la création du monde et de l’humanité est une reprise des cosmogonies connues chez les peuples voisins d’Israël. Tous nos ancêtres, comme nous-mêmes d’ailleurs, se sont interrogés sur l’origine du monde. De même, le mythe du déluge (Gn 6-9) est un thème déjà présent dans l’épopée de Gilgamesh, un récit mésopotamien dont la plus ancienne version date du 17ème siècle avant JC. Il faudra beaucoup de temps à l’Église catholique pour intégrer cette découverte et pour comprendre comment l’Écriture reste Parole de Dieu, même quand elle dépend pour une part de traditions littéraires plus anciennes qu’elle et païennes.

La spécificité des récits bibliques

Si le rédacteur biblique s’inspire de récits déjà connus et existants en son temps, ce n’est évidemment pas pour redire ce que tout le monde sait déjà. Sinon, quel intérêt ? Ce qu’il fait peut être qualifié de subversif. En effet, le rédacteur biblique transforme ces récits de façon à ce qu’ils puissent être en cohérence avec la foi au Dieu révélé, le Dieu d’Israël. Le rédacteur biblique corrige certaines idées contenues dans le mythe païen, afin d’exprimer la foi au Dieu vivant. Dans ce sens, le récit biblique soumet les mythes païens à un sévère traitement démythologisant. Prenons quelques exemples :

  • Tandis que les peuples mésopotamiens adoraient le soleil et la lune comme des divinités, le rédacteur de Gn 1 relaie soleil et lune à leur simple fonction de « luminaires » ou « lampadaires » qui éclairent le ciel. Ils ne sont mêmes pas désignés par leur nom, afin de pointer leur inconsistance et de ridiculiser l’idolâtrie des Babyloniens.
  • Tandis que, selon le poème babylonien de l’Enouma Elish, l’humanité surgit d’un combat primordial entre des dieux et est créée à partir du corps sans vie et du sang du dieu vaincu, et bien le rédacteur biblique s’évertue à répéter, par sept fois, que tout ce qui est créé est fondamentalement bon et même très bon. Tout le créé provient de la suprême volonté libre du Dieu vivant. Bref, il n’y rien d’une défaite ou d’une nécessité dans la création des hommes selon la Bible. Dieu a voulu l’humanité pour elle-même.

Même si, comme nous l’avons déjà dit, le rédacteur biblique emploie la catégorie imaginaire du mythe pour exprimer la foi au Dieu d’Israël, on doit quand même attribuer une certaine dimension historique aux récits de Gn 1 à 9. Expliquons-nous. 

Un mythe est par définition anhistorique ou intemporel. Cela veut dire que, contrairement au temps historique qui est progressif, l’action mythique est réitérée, circulaire et réversible : ce qui est arrivé (hypothétiquement) arrivera de nouveau. Ainsi, le mythe était représenté liturgiquement au cours d’une fête chaque année. Par cette représentation, le mythe était rendu « actuel ». 

Comment se situe le mythe biblique par rapport au temps ? Nous venons de rappeler plus haut à quel point le rédacteur biblique utilise des motifs mythiques précisément afin de les démythologiser. On peut dire qu’il démythologise aussi la dimension anhistorique ou cyclique du mythe. En effet, le rédacteur biblique insère dans son récit mythique une certaine dimension historique, et cela de deux manières : 

  • Premièrement, la création est insérée dans un temps progressif. Elle a été faite en sept jours. Pour le rédacteur biblique, l’œuvre de Dieu a pris place dans le temps. En cela, il s’agit d’un premier commencement et ce premier commencement est unique. Il ne peut pas être répété. 
  • Deuxièmement, le rédacteur biblique intègre des généalogies (certes artificielles) dans Gn 1-11. Le chapitre 10 de la Genèse établit même ce qu’on appelle « la table des nations », c’est-à-dire l’arbre généalogiques de tous les peuples connus au Levant à l’époque du rédacteur. Il insère donc les descendants d’Adam, de Caïn, puis de Noé dans le temps de l’histoire. 

Ainsi, dans la Bible, le mythe est démythifié. De plus, l’intérêt de Gn 1-11 ne repose pas d’abord sur les éléments mythiques que le rédacteur biblique a emprunté à la littérature voisine, mais sur son intention religieuse originale. Nous sommes maintenant en mesure d’affronter la question que nous nous posions au début.

Le péché originel est-il un mythe ?

Par le langage mythologique, le rédacteur biblique de Gn 3 cherche à transmettre une vérité religieuse qui, même si elle n’est pas ajustée à la réalité en chacun de ses détails et même si elle est exprimée dans un langage symbolique, cherche à expliquer une situation bien réelle : l’homme se sait enclin au mal.

Ainsi, même si Adam et Eve sont des personnages fictifs, cela n’empêche pas qu’ils puissent refléter une profonde expérience humaine. 

Ce que la révélation divine nous découvre, notre propre expérience le confirme. Car l’homme, s’il regarde au-dedans de son cœur, se découvre également enclin au mal, submergé de multiples maux qui ne peuvent provenir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son principe, l’homme a, par le fait même, brisé l’ordre qui l’orientait à sa fin dernière, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, soit par rapport à lui-même, soit par rapport aux autres hommes et à toute la création (GS 13, § 1).

C’est cette expérience qu’on appelle « péché originel ». Originel parce qu’il touche toute l’humanité depuis toujours, bien qu’on ignore tout de sa « propagation ». Le catéchisme de l’Église catholique rappelle aussi que « la transmission du péché originel est un mystère que nous ne pouvons comprendre pleinement » (CEC 404). Il est donc inutile de chercher – dans Gn 3, par exemple – des informations précises sur la façon concrète dont cela s’est déroulé.

Enfin, c’est le contexte littéraire de l’ensemble de l’Ancien et du Nouveau Testament, – un contexte bien plus large que le récit de Gn 3 -, qui a permis de faire émerger la doctrine du péché originel. Essayons d’en retracer les principaux contours.

La conscience d’être enclin au mal et d’être pécheur dans la Bible

Israël a expérimenté avec un réalisme impressionnant la misère d’une existence précaire, jalonnée par la souffrance et dominée par l’horizon de la mort. La Bible tout entière transpire cette expérience, et pas seulement Gn 3!

« Le temps de nos années, quelque soixante-dix ans, 80, si la vigueur y est ; mais leur grand nombre n’est que peine et mécompte, car elles passent vite, et nous nous envolons. […] Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de cœur à la sagesse ! » (Ps 90, 10.12)

Les plus grands patriarches et héros de la Bible ont goûté à l’amertume d’une vie faite d’épreuves et de souffrance, s’achevant avec la mort. Moïse meurt avant d’entrer en terre promise. David se fait entendre dire par le prophète Nathan que l’épée ne s’éloignera pas de sa dynastie. Mêmes les sages d’Israël dénoncent la cruauté de la vie humaine :

« L’homme, né de la femme, qui a la vie courte, mais des tourments à satiété. Pareil à la fleur, il éclot puis se fane, il fuit comme l’ombre sans arrêt. » (Jb 14, 12)

« Je déteste la vie, car ce qui se fait sous le soleil me déplaît : tout est vanité et poursuite de vent. (…) Car le sort de l’homme et le sort de la bête sont un sort identique : comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, et c’est un même souffle qu’ils ont tous les deux. La supériorité de l’homme sur la bête est nulle, car tout est vanité. Tout s’en va vers un même lieu : tout vient de la poussière, tout s’en retourne à la poussière. » (Qo 2, 17 ; 3, 1920)

Les choses étant ainsi, les hommes ne peuvent que se demander quelles en sont les raisons. Les rédacteurs bibliques ont toujours soin de mettre la faute sur l’homme et non sur Dieu, afin que sa bonté ne soit pas entachée. La fugacité de la vie et sa condition précaire s’expliquent par la conduite coupable de l’homme :

« Tu as mis nos torts devant toi, nos secrets sous l’éclat de ta face. Sous ton courroux tous nos jours déclinent, nous consommons nos années comme un soupir. » (Ps 90, 89)

« Parce que vous m’avez été infidèles au milieu des Israélites aux eaux de Meriba-Cadès, dans le désert de Cîn, parce que vous n’avez pas manifesté ma sainteté au milieu des Israélites, c’est du dehors seulement que tu verras le pays, mais tu n’y pourras entrer, en ce pays que je donne aux Israélites. » (Dt 32, 5152)

Le destin tragique de certains épisodes de la vie de David s’explique ainsi : « Parce que tu as outragé le Seigneur en cette affaire… » (2 S 12, 14)

« Seulement voici ce que je trouve : Dieu a fait l’homme tout droit, et lui, cherche bien des complications. » (Qo 7, 29)

« Parce que vous m’avez été infidèles au milieu des Israélites aux eaux de Meriba-Cadès, dans le désert de Cîn, parce que vous n’avez pas manifesté ma sainteté au milieu des Israélites, c’est du dehors seulement que tu verras le pays, mais tu n’y pourras entrer, en ce pays que je donne aux Israélites. » (Dt 32, 5152)

Remarquons l’étonnante proximité entre cette dernière citation, où le peuple pécheur est privé d’entrer en terre promise, et le scénario de Gn 3 où l’homme et la femme sont privés de l’accès au jardin d’Eden.

Dans tous les livres de la Bible, indépendamment de leur genre littéraire (historiques, prophétiques, sapientiaux), tous soulignent la tendance de l’homme vers le péché :

« La terre se pervertit au regard de Dieu et elle se remplit de violence. Dieu vit la terre : elle était pervertie, car toute chair avait une conduite perverse sur la terre. » (Gn 6, 1112)

« Toute leur méchanceté a paru à Gilgal, c’est là que je les ai pris en haine. A cause de la méchanceté de leurs actions, je les chasserai de ma maison, je ne les aimerai plus, tous leurs chefs sont des rebelles.» (Os 9, 15)

Ce qui rend la situation dramatique, c’est que l’homme devrait pouvoir renoncer à commettre le mal, mais il ne peut s’en empêcher :

« Le Seigneur dit à Caïn : “Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tu n’es pas bien disposé, le péché n’est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite ? pourras-tu la dominer ?” » (Gn 4, 67)

En fait, le mal semble être la tendance dominante au cœur des hommes :

« Il n’y a aucun homme qui ne pèche. » (1 R 8, 46)

« Corrompues, abominables leurs actions ; non, plus d’honnête homme. Des cieux le Seigneur se penche vers les fils d’Adam, pour voir s’il en est un de sensé, un qui cherche Dieu. Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis. Non, il n’est plus d’honnête homme, non, plus un seul. » (Ps 14, 13)

« N’entre pas en jugement avec ton serviteur, nul vivant n’est justifié devant toi. » (Ps 143, 2)

« Il n’est pas d’homme assez juste sur la terre pour faire le bien sans jamais pécher. » (Qo 7, 20)

« Qui peut dire : “J’ai purifié mon cœur, de mon péché je suis net ?” » (Pr 20, 9)

De plus, cette tendance au péché ne consiste pas seulement à « commettre des actions illicites », mais elle est comme inscrite au cœur de l’homme, comme une prédisposition psychologique :

« Vois : mauvais je suis né, pécheur ma mère m’a conçu. » (Ps 51, 7)

« Ils sont dévoyés dès le sein, les impies, égarés dès le ventre, ceux qui disent l’erreur. » (Ps 58, 4)

« Le péché de Juda est écrit avec un stylet de fer, avec une pointe de diamant il est gravé sur la tablette de leur cœur. » (Jr 17,1)

« Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36, 26)

Le vocabulaire du péché en hébreu (faute ‘awon, révolte pesha’, péché hatta’t) désigne à la fois une distorsion horizontale (des hommes entre eux) et une distorsion verticale (des hommes avec Dieu). Face à Dieu, l’homme pécheur a tendance à se cacher, à fuir. Et cela, malgré le fait qu’il ait été créé à l’image de Dieu pour vivre en dialogue avec lui.

De plus, le péché n’est pas compris comme une faute individuelle dont la conséquence n’affecterait que la personne qui l’a commis. En Israël, qui est à l’origine un peuple nomade et tribal, chaque individu est profondément lié avec les autres membres de la famille ou du peuple. Une coresponsabilité dans la faute est envisagée entre les membres d’une même descendance, comme cela est envisagé dans Gn 3 :

« Nous avons failli avec nos pères, nous avons dévié, renié. » (Ps 106, 6)

« Nous avons péché, nous avons mal agi, nous nous sommes pervertis. » (1 R 8, 47) 

« Ne retiens pas contre nous les fautes des ancêtres, hâte-toi, préviens-nous par ta tendresse, nous sommes à bout de force ; aide-nous, Dieu de notre salut, par égard pour la gloire de ton nom ; efface, YHWH, nos péchés, délivre-nous, à cause de ton nom. » (Ps 79, 89)

« Ils sont retournés aux fautes de leurs pères qui refusèrent d’écouter mes paroles : les voilà, eux aussi, à la suite d’autres dieux pour les servir. » (Jr 11, 10)

« 26 Fais-moi me souvenir, et nous jugerons ensemble, fais toi-même le compte afin d’être justifié. 27 Ton premier père a péché, tes interprètes se sont révoltés contre moi. 28 Alors j’ai destitué les chefs du sanctuaire, j’ai livré Jacob à l’anathème et Israël aux outrages. » (Is 43, 2628)

« 6 Non, moi, YHWH, je ne change pas, et vous, les fils de Jacob, vous ne cessez pas ! 7 Depuis les jours de vos pères, vous vous écartez de mes décrets et ne les gardez pas. » (Ml 3, 67)

Cette faute des ancêtres qui retombe sur leurs descendants ou des pères sur leurs fils ne consiste pas seulement en une imitation d’un mauvais exemple, mais se comprend plutôt comme un héritage qui se transmet.

« Nos pères ont péché : ils ne sont plus ; et nous, nous portons leurs fautes. » (Lm 5, 7)

« Je ne me tairai pas que je n’aie réglé leur compte, réglé à pleine mesure, puni vos fautes et les fautes de vos pères, toutes ensemble, dit le Seigneur. » (Is 65, 67) 

« 6 Nous n’avons pas écouté tes serviteurs, les prophètes qui parlaient en ton nom à nos rois, à nos princes, à nos pères, à tout le peuple du pays. […] 8 YHWH, à nous la honte au visage, à nos rois, à nos princes, à nos pères, parce que nous avons péché contre toi. » (Dn 9, 6.8)

Au fond, ces textes enseignent que la culpabilité individuelle induit une responsabilité collective.

« (YHWH, lui) qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché mais ne laisse rien impuni et châtie les fautes des pères sur les enfants et les petits-enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération. » (Ex 34,7)

Grâce à ce petit parcours biblique, nous comprenons que la réflexion sur le péché en Israël, ses caractéristiques et ses conséquences, déborde largement les limites du seul récit de Gn 3. Tout croyant a de sérieuses raisons pour s’interroger sur la raison d’un tel état des choses : comment concilier la bonté et la sainteté de Dieu avec cette tendance au mal inscrite au cœur de l’homme ? Au fond, la question est la suivante : d’où vient le mal ? La Bible tout entière s’interroge et cherche des réponses à cette question. Gn 3 apporte une réponse à cette question. Le livre de Job en apporte une autre. Les différents textes qu’on vient de citer apportent encore d’autres réponses. Il importe donc de n’en « canoniser » aucune. Il faut plutôt apprendre à lire chacun de ces textes en percevant leurs divergences et leurs nuances pour tenter de s’approcher du mystère avec pudeur et respect. L’énigme du mal reste à ce jour non résolue, malgré la doctrine du péché originel qui, on l’aura senti, n’épuise pas le mystère.

Pour ne pas conclure

Une certaine focalisation sur le seul passage de Gn 3 quand il s’agit d’évoquer l’épineuse question du péché originel, ainsi que la tendance à faire une lecture littérale de Gn 3, nous vient tout droit de… saint Paul. 

Paul a une conscience vive de son état de pécheur et de l’impossibilité de s’en libérer. En cela, il parle depuis son expérience humaine :

17 Mais en fait, ce n’est plus moi qui agis, c’est le péché, lui qui habite en moi. 18 Je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans l’être de chair que je suis. En effet, ce qui est à ma portée, c’est de vouloir le bien, mais pas de l’accomplir. 19 Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. (Rm 17,17-19)

A la lumière du Christ venu pour nous guérir du péché, Paul en vient à commenter Gn 3. Il fait une magnifique méditation dans laquelle il propose un parallèle entre le premier Adam de Gn 2-3 par qui le péché est entré dans le monde et le nouvel Adam qui est le Christ et par qui l’humanité reçoit la guérison :

08 Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. (…) 11 Bien plus, nous mettons notre fierté en Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ, par qui, maintenant, nous avons reçu la réconciliation. 12 Nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché. (…) 14 Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir. 15 Mais il n’en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ. 16 Le don de Dieu et les conséquences du péché d’un seul n’ont pas la même mesure non plus : d’une part, en effet, pour la faute d’un seul, le jugement a conduit à la condamnation ; d’autre part, pour une multitude de fautes, le don gratuit de Dieu conduit à la justification. 17 Si, en effet, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en abondance le don de la grâce qui les rend justes. 18 Bref, de même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. 19 En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste. (Rm 5,8-19)

Il est important de rappeler que la doctrine du péché originel, dont le Christ vient nous sauver, ne pouvait être pleinement formulée avant l’acte de salut posé par le Christ. On ne peut saisir vraiment le drame de la condition de l’homme pécheur qu’à la lumière du salut qui nous est offert en Christ pour nous en libérer. En Christ, le salut ou le remède à la situation de péché expérimentée depuis toujours nous est enfin offert.

Avec la progression de la Révélation est éclairée aussi la réalité du péché. Bien que le Peuple de Dieu de l’Ancien Testament ait connu d’une certaine manière la condition humaine à la lumière de l’histoire de la chute narrée dans la Genèse, il ne pouvait pas atteindre la signification ultime de cette histoire, qui se manifeste seulement à la lumière de la Mort et de la Résurrection de Jésus-Christ (cf. Rm 5, 12-21). Il faut connaître le Christ comme source de la grâce pour connaître Adam comme source du péché. C’est l’Esprit-Paraclet, envoyé par le Christ ressuscité, qui est venu  » confondre le monde en matière de péché  » (Jn 16, 8) en révélant Celui qui en est le Rédempteur. (Catéchisme de l’Eglise catholique, n°388)

Le fait que le péché originel nous soit révélé à travers la mission salvifique du Christ doit nous aider à comprendre et à ne pas oublier que Gn 3 n’a pas « le monopole » sur la question du péché, tout comme Gn 3 ne constitue pas non plus « une preuve » du péché originel ! Gn 3 offre plutôt à ses lecteurs un aspect de la méditation que les sages d’Israël n’ont cessé de développer à travers toute la Bible.

Emanuelle Pastore

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Vous avez dit « stylite »? https://fr.zenit.org/2024/03/04/vous-avez-dit-stylite/ Mon, 04 Mar 2024 15:41:36 +0000 https://fr.zenit.org/?p=190523 Un stylite était un homme de Dieu vivant au sommet d'une colonne

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Stylite, cela vient de stylo, qui signifie « colonne ». Et oui, un stylite était un homme de Dieu vivant au sommet d’une colonne. Stylé, non?

L’idée était double: s’extraire du monde et vivre au plus près de Dieu. S’élever au-dessus des bassesses de ce bas monde et toucher le ciel. Le plus connu des stylites est certainement saint Siméon le stylite, un moine du 4ème siècle. Il vivait en Syrie.

Les ermites stylites (ne pas confondre avec stylistes!) étaient de véritables ascètes. Le sommet de leur colonne était si étroit qu’ils ne pouvaient s’allonger. Chaque jour, un peu de nourriture leur était apportée à l’aide de cordes. Les stylites devaient aussi affronter les intempéries. Les gens cherchaient à les voir et à leur parler, leur demandant d’intercéder pour eux auprès de Dieu.
 

Pourquoi est-ce que je vous parle des stylites? Et bien parce qu’aujourd’hui, il ne subsiste qu’une seule colonne de stylite au monde: elle se trouve en Jordanie, sur le site de Umm Er Rassas. Et je l’ai prise en photo! La voici

Alors, envie de tenter l’expérience ?

Emanuelle Pastore

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