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16/05/2022-15:27

Marina Droujinina

Canonisations: le pape invite à « regarder toujours Jésus dans les autres »

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« La sainteté n’est pas faite de quelques gestes héroïques, mais de beaucoup d’amour quotidien », déclare le pape François. Suivre « le chemin de la sainteté », explique-t-il, c’est « regarder toujours Jésus dans les autres ».

C’est ce que le pape a souligné dans son homélie prononcée à la messe de la canonisation de dix bienheureux – trois Français, Charles de Foucauld, César de Bus et Marie Rivier; un laïc indien, un carme néerlandais, Titus Brandsma, et cinq religieux et religieuses italiens – dimanche 15 mai 2022, Place Saint-Pierre.

Devant quelque 50 000 fidèles, le pape François réfléchit sur « deux éléments essentiels » du « commandement de l’amour »: « l’amour de Jésus pour nous » « et l’amour qu’il nous demande de vivre ».

Le pape explique ce que « être disciples de Jésus et marcher sur le chemin de la sainteté » : « c’est avant tout se laisser transfigurer par la puissance de l’amour de Dieu », dit-il. Être « aimés de Dieu », note le pape, « c’est notre identité », « c’est notre force ».

Cet « amour … du Seigneur est la force qui transforme notre vie: il dilate notre cœur et nous prédispose à aimer », souligne le pape. Selon lui, « la vie chrétienne est si simple » : « Tout comme Il m’a aimé, ainsi je peux aimer. » « Nous la rendons plus compliquée, avec tant de choses, mais elle est si simple », répète le pape François.

Il réfléchit aussi sur ce que c’est que « aimer »: « Aimer, explique le pape, signifie ceci : servir et donner sa vie. Servir, c’est-à-dire ne pas faire passer ses propres intérêts en premier ; se désintoxiquer des poisons de la cupidité et de la concurrence ; combattre le cancer de l’indifférence et le ver de l’autoréférentialité ; partager les charismes et les dons que Dieu nous a donnés. » Et « donner sa vie » « ne se réduit pas à offrir quelque chose, comme une partie de ses biens, aux autres, mais se donner soi-même ».

Voici la traduction en français du Saint-Siège de l’homélie du pape François.

 

Homélie de la messe de canonisation du 15 mai 2022

Nous avons entendu ces paroles que Jésus confie à ses disciples, avant de passer de ce monde au Père, des paroles qui nous disent ce que signifie être chrétiens : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » » (Jn 13, 34). C’est le testament que le Christ nous a laissé, le critère fondamental pour discerner si nous sommes vraiment ses disciples ou non : le commandement de l’amour. Arrêtons-nous sur les deux éléments essentiels de ce commandement : l’amour de Jésus pour nous – comme je vous ai aimés – et l’amour qu’il nous demande de vivre – aimez-vous les uns les autres.

Tout d’abord, comme je vous ai aimés. Comment Jésus nous a-t-il aimés ? Jusqu’au bout, jusqu’au don total de lui-même. Il est frappant de constater qu’il prononce ces paroles par une nuit sombre, alors que l’atmosphère du Cénacle est pleine d’émotion et d’inquiétude : émotion parce que le Maître est sur le point de dire adieu à ses disciples, inquiétude parce qu’il annonce que l’un d’entre eux va le trahir. Nous pouvons imaginer quelle douleur Jésus portait dans son âme, quelles ténèbres s’amoncelaient dans le cœur des apôtres, et quelle amertume en voyant Judas quitter la pièce pour entrer dans la nuit de la trahison, après avoir reçu la bouchée trempée pour lui par le Maître. Et c’est précisément à l’heure même de la trahison que Jésus confirme son amour pour les siens. Car, dans l’obscurité et les tempêtes de la vie, c’est cela l’essentiel : Dieu nous aime.

Cette annonce, frères, sœurs, doit être au centre de la profession et des expressions de notre foi : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés » (1Jn 4, 10). N’oublions jamais cela. Au centre, il n’y a pas notre capacité, nos mérites, mais l’amour inconditionnel et gratuit de Dieu, que nous n’avons pas mérité. Au début de notre être chrétien, il n’y a pas de doctrines ni d’œuvres, mais l’émerveillement de nous découvrir aimés, avant toute réponse de notre part. Alors que le monde veut souvent nous convaincre que nous n’avons de valeur que dans la mesure où nous produisons des résultats, l’Évangile nous rappelle la vérité de la vie : nous sommes aimés. Et c’est notre valeur : nous sommes aimés. Un maître spirituel de notre époque a écrit : « Avant même qu’un être humain puisse nous voir, nous étions vus par les yeux aimants de Dieu. Avant même que quelqu’un nous entende pleurer ou rire, nous étions entendus par notre Dieu qui est toute écoute pour nous. Avant même que quelqu’un en ce monde nous parle, la voix de l’amour éternel nous parlait déjà » (H. Nouwen, Sentirsi amati, Brescia 1997, p. 50). Il nous a aimés le premier, il nous a attendus. Il nous aime, il continue de nous aimer. Et c’est notre identité : aimés de Dieu. C’est notre force : aimés de Dieu.

Cette vérité nous demande de nous convertir sur l’idée que nous nous faisons souvent de la sainteté. Parfois, en insistant trop sur les efforts pour accomplir de bonnes œuvres, nous avons généré un idéal de sainteté trop fondé sur nous-mêmes, sur l’héroïsme personnel, sur la capacité de renonciation, sur le sacrifice de soi pour gagner une récompense. C’est une vision parfois trop pélagienne de la vie, de la sainteté. Nous avons ainsi fait de la sainteté un objectif inaccessible, nous l’avons séparée de la vie quotidienne au lieu de la rechercher et de l’embrasser dans le quotidien, dans la poussière de la rue, dans les efforts de la vie concrète et, comme le disait Thérèse d’Avila à ses sœurs, « parmi les casseroles de la cuisine ».  Être disciples de Jésus et marcher sur le chemin de la sainteté, c’est avant tout se laisser transfigurer par la puissance de l’amour de Dieu. N’oublions pas la primauté de Dieu sur le moi, de l’Esprit sur la chair, de la grâce sur les œuvres. Parfois on donne plus de poids, plus d’importance au moi, à la chair et aux œuvres. Non : le primat de Dieu sur le moi, le primat de l’Esprit sur la chair, le primat de la grâce sur les œuvres.

L’amour que nous recevons du Seigneur est la force qui transforme notre vie : il dilate notre cœur et nous prédispose à aimer. C’est pourquoi Jésus dit – et c’est le deuxième aspect – « comme je vous ai aimés, vous devez aussi vous aimer les uns les autres« . Ce comme n’est pas seulement une invitation à imiter l’amour de Jésus ; il signifie que nous ne pouvons aimer que parce qu’il nous a aimés, parce qu’il donne son Esprit à nos cœurs, l’Esprit de sainteté, l’amour qui nous guérit et nous transforme. C’est pourquoi nous pouvons faire des choix et accomplir des gestes d’amour dans chaque situation et avec chaque frère et sœur que nous rencontrons, parce que nous sommes aimés et que nous avons la force d’aimer. De même que je suis aimé, je peux aimer. Toujours, l’amour que je réalise est uni à celui de Jésus pour moi : “comme ceci”. Tout comme il m’a aimé, ainsi je peux aimer. La vie chrétienne est si simple, elle est si simple ! Nous la rendons plus compliquée, avec tant de choses, mais elle est si simple.

Et, concrètement, qu’est-ce que cela signifie de vivre cet amour ? Avant de nous laisser ce commandement, Jésus a lavé les pieds à ses disciples ; après l’avoir annoncé, il s’est livré sur le bois de la croix. Aimer signifie ceci : servir et donner sa vieServir, c’est-à-dire ne pas faire passer ses propres intérêts en premier ; se désintoxiquer des poisons de la cupidité et de la concurrence ; combattre le cancer de l’indifférence et le ver de l’autoréférentialité ; partager les charismes et les dons que Dieu nous a donnés. Se demander concrètement : « qu’est-ce que je fais pour les autres ? » C’est aimer, et vivre le quotidien dans un esprit de service, avec amour et sans clameur, sans rien revendiquer.

Et puis donner sa vie, ce qui ne se réduit pas à offrir quelque chose, comme une partie de ses biens, aux autres, mais se donner soi-même. J’aime demander aux gens qui me demandent des conseils : “Dis-moi, tu fais l’aumône ?” – “Oui, Père, je fais l’aumône aux pauvres” – “Et quand tu fais l’aumône, est-ce que tu touches la main de la personne, ou jettes-tu l’aumône et tu le fais ainsi pour te nettoyer ?”. Et ils rougissent : “Non, je ne touche pas”. “Lorsque tu fais l’aumône, regardes-tu la personne que tu aides dans les yeux ou regardes-tu ailleurs ?” – “Je ne regarde pas”. Toucher et regarder, toucher et regarder la chair du Christ qui souffre dans nos frères et sœurs. C’est très important. C’est cela, donner la vie. La sainteté n’est pas faite de quelques gestes héroïques, mais de beaucoup d’amour quotidien. « Es-tu une consacrée ou un consacré ? – ils sont nombreux, aujourd’hui, ici – Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ou mariée ? Sois saint et sainte en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ou une femme qui travaille ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères, et en luttant pour la justice de tes compagnons, pour qu’ils ne restent pas au chômage, pour qu’ils aient toujours le juste salaire. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. Dis-moi, as-tu de l’autorité ? – et ici il y a tant de gens qui ont de l’autorité – Je vous demande : as-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels » (cf. Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, n. 14). C’est le chemin de la sainteté, si simple ! Regarder toujours Jésus dans les autres.

Servir l’Évangile et les frères, offrir sa vie sans retour – c’est le secret : offrir sans retour –, sans chercher la gloire mondaine : nous sommes, nous aussi, appelés à cela. Nos compagnons de route, canonisés aujourd’hui, ont vécu la sainteté de cette manière : en embrassant leur vocation avec enthousiasme – comme prêtres, certains, comme personnes consacrées, d’autres, comme laïcs – ils se sont dépensés pour l’Évangile, ils ont découvert une joie sans comparaison et ils sont devenus des reflets lumineux du Seigneur dans l’histoire. C’est un saint ou une sainte : un reflet lumineux du Seigneur dans l’histoire. Faisons-le aussi : le chemin de la sainteté n’est pas fermé, il est universel, c’est un appel pour nous tous, il commence par le Baptême, il n’est pas fermé. Faisons-le aussi, parce que chacun de nous est appelé à la sainteté, à une sainteté unique et non reproductible. La sainteté est toujours originale, comme le disait le bienheureux Carlo Acutis : la photocopie de la sainteté n’existe pas, la sainteté est originale, elle est la mienne, la tienne, celle de chacun de nous. Elle est unique et non reproductible. Oui, le Seigneur a un plan d’amour pour chacun de nous, il a un rêve pour ta vie, pour ma vie, pour la vie de chacun de nous. Que voulez-vous que je vous dise ? Et faites-le avancer avec joie. Merci.

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16/05/2022-15:32

Marina Droujinina

Regina Caeli : «les nouveaux saints inspirent» «des voies de dialogue», dit le pape

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« Les nouveaux saints inspirent des solutions collectives, des voies de dialogue, en particulier dans le cœur et l’esprit de ceux qui occupent des postes de grande responsabilité et sont appelés à être des protagonistes de la paix et non de la guerre » : c’est ce que le pape François a dit au terme de la célébration eucharistique sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, au cours de laquelle a eu lieu la canonisation de dix bienheureux, avant la prière du Regina Caeli, le 15 mai 2022, Place Saint-Pierre.

Les nouveaux saints inspirent « des voies de dialogue », a expliqué le pape, même si « malheureusement les distances grandissent dans le monde » et « les tensions et les guerres augmentent ».

Le pape a souligné que « par leur témoignage évangélique, ces saints ont favorisé la croissance spirituelle et sociale de leurs nations respectives et aussi de toute la famille humaine ».

Avant la prière du Regina Caeli, le pape a salué et a remercié « tous : les cardinaux, les évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, en particulier ceux qui appartiennent aux familles spirituelles des nouveaux saints », ainsi que « tous les fidèles, peuple fidèle de Dieu », venus « de nombreuses parties du monde ».

Le pape a salué « les délégations officielles de divers pays, en particulier le président de la République italienne ». Il a également salué tous les « pèlerins, ainsi que ceux qui ont suivi cette messe à travers les médias ».

16/05/2022-16:25

Marina Droujinina

Le pape aux Camilliens : « regarder la réalité de la souffrance » « avec les yeux de Jésus »

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Le pape François encourage les Camilliens – l’Ordre des clercs réguliers pour les malades – à « regarder la réalité de la souffrance, de la maladie et de la mort avec les yeux de Jésus » et à « assumer les fardeaux des autres, les blessures et les angoisses des frères les plus vulnérables ».

Le pape a reçu les Camilliens, réunis à Rome pour leur Chapitre général, ce lundi matin 16 mai 2022, au Palais apostolique du Vatican. Le thème « Qu’est-ce que la prophétie camillienne aujourd’hui ? » a été au centre des réflexions des participants au Chapitre.

Évoquant la figure de saint Camille de Lellis (1550-1614), fondateur des Camilliens, le pape souligne « qu’il est l’un des saints qui incarnent le mieux le style du Bon Samaritain, de se rapprocher de son frère blessé en cours de route ». « À vous, frères, le don et la tâche de vous inspirer de lui », invite le pape les membres de l’ordre. Cela exige, note-t-il, « une ouverture docile à l’Esprit Saint, qui est l’âme de tout dynamisme apostolique » ainsi qu’une « certaine audace pour découvrir et parcourir ensemble des chemins inexplorés ou pour exprimer le potentiel du charisme et du ministère camillien sous de nouvelles formes ».

Le « style de vie et d’apostolat » des Camilliens – « voué spécialement au service des malades, des faibles et des personnes âgées » – combine « deux dimensions essentielles de la vie chrétienne, explique le pape : d’une part, le désir d’un témoignage … concret envers les autres, d’un autre le besoin de se comprendre selon les canons de la petitesse évangélique ».

Le pape François invite les Camilliens « à puiser dans la sève des Béatitudes, pour porter, avec douceur et simplicité, la bonne nouvelle aux pauvres et aux plus petits d’aujourd’hui ». Il demande également « de garder le souvenir du premier amour, avec lequel Jésus a conquis » leur « cœur » : « Remonter toujours aux racines du premier amour, invite le pape, car là est notre identité religieuse : le premier dialogue avec Jésus, l’appel. »

Remerciant les Camilliens pour ce qu’ils font « dans l’Église », le pape souligne que « si nous voulons offrir aux gens un bon « hôpital de campagne », où les blessés peuvent se rencontrer et ressentir la proximité et la tendresse du Christ, si nous le voulons, nous ne pouvons pas nous passer du charisme de saint Camille de Lellis ».

« C’est à vous de donner vos mains, vos pieds, votre esprit et votre cœur à ce don de Dieu », dit-il aux membres de l’Ordre des clercs réguliers pour les malades.

16/05/2022-16:50

Hélène Ginabat

« Sortir de soi », clé de la conversion missionnaire de l’Eglise

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« La bonté de la mission dépend du chemin fait pour sortir de soi, du désir de ne pas centrer sa vie sur soi-même, mais sur Jésus qui est venu pour servir et non pour être servi », écrit le pape François dans un message adressé ce jour

Quelques jours avant la béatification à Lyon de Pauline Jaricot, fondatrice de l’Œuvre de la Propagation de la Foi, le pape François a adressé un message aux Œuvres pontificales missionnaires à l’occasion de l’ouverture des travaux de l’Assemblée générale qui se tient à Lyon au Centre Valpré, du 16 au 23 mai 2022.

Le pape François souhaite favoriser « la conversion missionnaire de l’Église, qui n’est pas du prosélytisme, mais un témoignage : sortir de soi-même pour annoncer par sa vie l’amour gratuit et salvifique de Dieu pour nous, qui sommes tous appelés à être frères et sœurs ».

Le pape a conclu en invitant les membres de l’Assemblée générale des OPM à se laisser inspirer par Pauline Jaricot, en particulier par « sa foi concrète, son courage audacieux et sa créativité généreuse ».

 

Message du pape François

Chers frères et sœurs !

En cette année particulière, vous êtes réunis à Lyon, ville où les Œuvres Pontificales Missionnaires ont vu le jour et où sera célébrée la béatification de Pauline Jaricot, fondatrice de l’Œuvre de la Propagation de la Foi. C’est son bicentenaire, ainsi que le centenaire de l’élévation de cette œuvre, avec l’Œuvre de la Sainte Enfance et l’Œuvre de Saint Pierre Apôtre, au rang de “pontificale”. Elles ont ensuite été rejointes par l’Union pontificale missionnaire, toujours reconnue par Pie XII, qui célèbre le 150e anniversaire de la naissance de son fondateur, le bienheureux Paolo Manna.

Ces anniversaires s’inscrivent dans le cadre de la célébration du 400ème anniversaire de la Congrégation De Propaganda Fide, à laquelle les Œuvres Missionnaires sont étroitement liées et avec laquelle elles collaborent pour soutenir les Églises dans les territoires confiés au Dicastère. Ce dernier a été créé pour soutenir et coordonner la diffusion de l’Évangile sur des terres jusqu’alors inconnues. Mais l’élan évangélisateur n’a jamais faibli dans l’Église et reste toujours son dynamisme fondamental. C’est pourquoi j’ai tenu à ce que le Dicastère pour l’Évangélisation assume un rôle particulier également dans la Curie romaine renouvelée, afin de favoriser la conversion missionnaire de l’Église (Praedicate Evangelium, 2-3), qui n’est pas du prosélytisme, mais un témoignage : sortir de soi-même pour annoncer par sa vie l’amour gratuit et salvifique de Dieu pour nous, qui sommes tous appelés à être frères et sœurs.

Vous êtes donc venus à Lyon parce que c’est là, il y a 200 ans, qu’une jeune femme de 23 ans, Pauline Marie Jaricot, a eu le courage de fonder une Œuvre pour soutenir l’activité missionnaire de l’Église ; quelques années plus tard, elle a créé le “Rosaire vivant”, une organisation dédiée à la prière et au partage des offrandes. Issue d’une famille aisée, elle est morte dans la pauvreté : par sa béatification, l’Église témoigne qu’elle a su accumuler des trésors dans le ciel (cf. Mt 6, 19), des trésors qui naissent du courage de donner et qui révèlent le secret de sa vie : ce n’est qu’en donnant qu’on possède, ce n’est qu’en perdant qu’on trouve (cf. Mc 8, 35).

Pauline Jaricot aimait à dire que l’Église est missionnaire par nature (cf. Ad gentes, 2) et que, par conséquent, tout baptisé a une mission, ou plutôt est une mission. Aider à vivre cette conscience est le premier service des Œuvres Pontificales Missionnaires, un service qu’elles accomplissent avec le pape et au nom du pape. Ce lien des OPM avec le ministère pétrinien, établi il y a cent ans, se traduit par un service concret aux évêques, aux Eglises particulières et à l’ensemble du peuple de Dieu. En même temps, il vous appartient, selon le Concile (cf. Ad Gentes, 38), d’aider les évêques à ouvrir chaque Église particulière aux horizons de l’Église universelle.

Les jubilés que vous célébrez et la béatification de Pauline Jaricot me donnent l’occasion de vous proposer à nouveau trois aspects qui, grâce à l’action de l’Esprit Saint, ont beaucoup contribué à la diffusion de l’Evangile dans l’histoire des OPM.

Tout d’abord, la conversion missionnaire : la bonté de la mission dépend du chemin fait pour sortir de soi, du désir de ne pas centrer sa vie sur soi-même, mais sur Jésus, sur Jésus qui est venu pour servir et non pour être servi (cf. Mc 10,45). En ce sens, Pauline Jaricot a vu son existence comme une réponse à la compassion et à la tendre miséricorde de Dieu : dès sa jeunesse, elle a cherché à s’identifier à son Seigneur, même à travers les souffrances qu’elle a traversées, afin d’allumer la flamme de son amour en tout homme. C’est là que se trouve la source de la mission, dans l’ardeur d’une foi qui n’est pas satisfaite et qui, à travers la conversion, devient imitation jour après jour, afin de canaliser la miséricorde de Dieu sur les routes du monde.

Mais cela n’est possible – deuxième aspect – que par la prière, qui est la première forme de mission (cf. Message aux Œuvres Pontificales Missionnaires, 20 mai 2020). Ce n’est pas un hasard si Pauline a placé le Rosaire Vivant à côté de l’Œuvre de la Propagation de la Foi, comme pour rappeler que la mission commence par la prière et ne peut être accomplie sans elle (cf. Ac 13, 1-3). Oui, car c’est l’Esprit du Seigneur qui précède et rend possible toutes nos bonnes œuvres : la primauté est toujours celle de sa grâce. Sinon, la mission deviendrait une course vaine.

Enfin, le caractère concret de la charité : avec le réseau de prière, Pauline a lancé une grande collecte d’offrandes sous une forme créative, en l’accompagnant d’informations sur la vie et les activités des missionnaires. Les offrandes de tant de gens simples ont été providentielles pour l’histoire des missions.

Chers frères et sœurs qui composez l’Assemblée générale des OPM, je vous souhaite de marcher dans le sillon tracé par cette grande femme missionnaire, en vous laissant inspirer par sa foi concrète, son courage audacieux et sa créativité généreuse. Par l’intercession de la Vierge Marie, Étoile de l’Évangélisation, j’invoque sur chacun de vous la bénédiction du Seigneur et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi.

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