Robert Cheaib, Author at ZENIT - Français https://fr.zenit.org/author/robertcheaib/ Le monde vu de Rome Fri, 02 Sep 2016 14:49:15 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.6.2 https://fr.zenit.org/wp-content/uploads/sites/4/2020/07/9e4929ea-cropped-dfdb632a-favicon_1.png Robert Cheaib, Author at ZENIT - Français https://fr.zenit.org/author/robertcheaib/ 32 32 Mère Teresa, "une sainte de l’obscurité" https://fr.zenit.org/2016/09/02/mere-teresa-une-sainte-de-lobscurite/ Fri, 02 Sep 2016 14:49:15 +0000 https://fr.zenit.org/?p=58332 La nuit de la foi, pendant 40 ans

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“Si je devais devenir une sainte, je serai certainement une sainte de l’obscurité. Je serai continuellement absente du paradis pour allumer la lumière à ceux qui, sur la terre, vivent dans l’obscurité”: c’est ce qu’écrivait Mère Teresa au p. Joseph Neuner en 1962. Elle parlait de la nuit de la foi qu’elle commençait à traverser et qui allait durer jusqu’à sa mort ,en 1997.
Dire que Mère Teresa a “perdu la foi” est une affirmation qui doit être circonscrite et expliquée parce qu’elle est vraie et fausse en même temps. Elle est vraie parce que, grâce aux lettres privées recueillies dans l’ouvrage Sois ma lumière, nous découvrons un visage inédit de la future sainte, un visage qui a souffert du silence et de l’absence de Dieu ainsi que de pensées tourmentées par l’idée d’être refusée par Dieu. Mais elle est aussi fausse parce que Mère Teresa, tout en ayant perdu la sensation et la perception de la foi, l’a incarnée de manière héroïque en vivant la foi dans l’amour. Mère Teresa a vécu la foi comme « un face à face dans l’obscurité », pour employer une expression d’Élisabeth de la Trinité.
Pour regarder la réalité au-delà des phénomènes, nous nous sommes adressé au p. Paolo Morocutti, enseignant de théologie spirituelle à l’Université pontificale grégorienne. Dans cette interview, le théologien nous parle de la solide base théologique qui sous-tend la mission de Mère Teresa, nous offre des clés pour interpréter son expérience de la nuit de la foi et nous raconte la relation particulière qu’eut Mère Teresa avec l’Université catholique du Sacré Cœur.
Outre son enseignement à la Grégorienne, le p. Paolo Morocutti est assistant ecclésiastique du siège à Rome de l’Université catholique du Sacré Cœur et enseignant de théologie fondamentale à l’Université catholique. Il est aussi consulteur « ad casum » de la Congrégation pour les causes des saints.
Don Paolo, nous assistons souvent à une réduction trop humaine du noyau de la sainteté des saints. Pour donner un exemple bien connu, François d’Assise est victime d’une banalisation écologiste de sa sainteté. Quel est le noyau de la mystique objective – pour employer une expression balthasarienne – de Mère Teresa ?
L’événement de la canonisation de Mère Teresa représente l’occasion la plus idoine pour reformuler une réflexion objective sur ce témoin extraordinaire de la charité, souvent considérée d’un point de vu de l’assistance héroïque plutôt que du point de vue de l’absolue fidélité à la personne du Christ, réduisant parfois sa mystique objective.
La mission et l’œuvre de Mère Teresa ne se comprennent qu’à travers la contemplation de sa vie eucharistique, expression d’une transsubstantiation continue et consciente.
Le centre et la source de sa mission sont clairement l’Eucharistie célébrée et vécue. Dans ses paroles et dans ses enseignements, le lien entre l’Eucharistie célébrée et vécue apparaît clairement. L’Eucharistie qu’elle vivait tous les matins continuait de manière explicite et visible dans sa vie, au point de constituer une véritable identification avec le Christ.
Cette vision christologique et eucharistique de la vie permettait à la Mère de voir dans les pauvres la présence réelle du Christ et de donner à son action missionnaire l’empreinte de sa relation continuelle et inconditionnée à Jésus.
L’expression « tout pour Jésus », qu’elle aimait répéter souvent et qui confirment cette vision particulière de la vie chrétienne, sont célèbres. La pauvreté qui a caractérisé sa vie de consécration, bien loin d’un paupérisme, doit aussi être lue dans cette optique profonde d’appartenance et d’abandon.
Mère Teresa nous laisse un enseignement absolument persuasif et éclairant sur l’Eucharistie ; sans Eucharistie, on ne peut comprendre, et encore moins aimer, de manière consciente.
On raconte qu’après le temps qu’elle passait en adoration – un temps auquel mère Teresa était rigoureusement fidèle – elle disait à Jésus : « Je te laisse ici pour te rencontrer dans les pauvres ». Comment reliez-vous théologiquement cet aspect caritatif à la dimension contemplative eucharistico-christologique ?
Souvent, en lisant et en réfléchissant sur la vie de Mère Teresa, j’ai eu l’impression d’être devant une des pages les plus significatives du concile Vatican II, contenue au numéro 22 de Gaudium et Spes, où l’on affirme : par l’incarnation, le fils de Dieu s’est uni d’une certaine façon à tous les hommes. Il a travaillé avec des mains d’hommes, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme.
Nous avons vu que l’Eucharistie a été le point de départ dans l’expérience spirituelle de la Mère, toutefois, quand on parle d’Eucharistie, on parle d’incarnation ; en elle est contenue implicitement le mystère du Verbe fait homme. Qui a vu Mère Teresa a réellement vu quelque chose du Christ.
La conviction que l’incarnation est le principe qui lie le Christ à tous les hommes a fait qu’entre la vie de cette petite sœur et les hommes, il n’y avait pas de murs de séparation ; en partant de l’incarnation, les distinctions de races, de religions, les compréhensions anthropologiques distinctes s’annulent parce qu’en chaque homme, il y a quelque chose du Christ.
Est aussi exprimée visiblement dans la vie de la Mère l’affirmation conciliaire selon laquelle le Christ a aimé avec un cœur d’homme, élevant l’amour humain à l’amour divin, rendant les hommes capables d’aimer comme Dieu lui-même aime et c’est justement cela qui apparaît clairement dans la vie de Mère Teresa.
La « nuit obscure » de Mère Teresa est une nuit très peu connue parce que l’on sait bien que la sainte était peu encline à parler d’elle-même. Mais surtout, il était impensable que celle qui irradiait de la lumière du Christ ait vécu une nuit de la foi aussi dense. Comment peut-on comprendre la nuit obscure dans la vie de Mère Teresa ?
En 2007, le p. Brian Kolodiejchuk, postulateur de la Cause de canonisation de la Mère, a publié un livre intitulé « Viens, sois ma lumière » ; pour la première fois, à travers la publication d’une partie de la correspondance avec ses pères spirituels, nous avons eu connaissance d’un donné fondamental pour la compréhension de la spiritualité de Mère Teresa, un donné jusqu’à ce moment caché même à ses plus étroites collaboratrices. Il s’agit de l’expérience de la nuit obscure, un don particulièrement présent dans l’expérience de beaucoup des mystiques chrétiens les plus sublimes. Une nuit obscure qui s’est prolongée pendant toute la vie de la Mère.
Pour avoir une compréhension plus profonde de ce mystère qui a embrassé toute l’existence de Mère Teresa, il faut faire référence à saint Jean de la Croix, le mystique carme qui a élaboré une véritable analyse spirituelle de ce phénomène, définissant cette expérience d’abandon profond et de solitude intérieure comme un authentique don mystique.
Comme pour tous les autres mystiques qui ont fait l’expérience de ce don, la nuit obscure représente en substance une invitation à choisir et à vivre continuellement et sans interruption pour Jésus, en profonde union avec lui, sans que cela n’arrive par une quelconque forme, même légitime, de plaisir ou de goût ; il s’agit surtout d’aimer sans que l’on en perçoive un retour légitime et tant désiré, une purification douloureuse et continue qui rend l’amour de plus en plus semblable à celui de Jésus sur la Croix et qui fait du mystique une icône vivante du Christ époux.
En analysant la vie de la Mère à partir de l’enseignement de saint Jean de la Croix, nous pouvons non seulement définir un parcours spirituel plus clair, mais nous pouvons définir Mère Teresa de Calcutta elle-même comme une authentique mystique de notre temps.
Avoir lié la mystique à la phénoménologie a fait que s’est perdu le donné objectif du mysticisme chrétien ; à mon avis, Mère Teresa représente un exemple extraordinaire de mystique chrétienne et de réconciliation entre mystique et phénoménologie.
Outre votre intérêt pour la figure de Mère Teresa, en tant qu’enseignant de théologie spirituelle, vous avez fait allusion à un lien particulier de la Mère avec l’Université catholique du Sacré Cœur où vous êtes assistant spirituel. Pouvez-vous nous raconter de quoi il s’agit ?
L’université catholique du Sacré Cœur attend avec une vive gratitude et reconnaissance la désormais imminente canonisation de la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, prévue pour le 5 septembre prochain Place Saint Pierre. Mère Teresa a été la première « laurea honoris causa » de la Faculté de médecine et chirurgie de cette université. Cette reconnaissance insigne lui fut remise en 1981 par le vénérable professeur Giuseppe Lazzati, qui en était le recteur magnifique.
Est-il prévu quelque événement particulier à l’Université catholique à l’occasion de sa canonisation ?
Dans l’année de la canonisation de notre première lauréate « Honoris causa », nous avons pensé offrir aux jeunes médecins de la Faculté de médecine et chirurgie une rencontre de réflexion spécifique consacrée à la figure et à l’œuvre de Mère Teresa.
La rencontre, prévue pour le 5 décembre prochain, sera présidée par le cardinal Angelo Comastri dans la Salle Brasca de l’hôpital Gemelli. Tout diplôme honoris causa est remis en tenant compte des affinités et de toutes façons d’un lien substantiel entre la vie de la personne qui le reçoit et la discipline par laquelle le diplôme est conféré.
Le lien entre la médecine et la vie de Mère Teresa est intéressant. Je dirais que cette réalité aussi nous introduit bien dans le mystère qui a enveloppé la vie de la Mère, un mystère qui nous rappelle que, pour être guéri, l’homme a besoin d’une vision intégrale de son être.
Mère Teresa peut être considérée à plein titre comme un « médecin » parce qu’elle a admirablement offert une interprétation métaphysique de l’humanum où l’élément essentiel est la relation.
Traduction Constance Roques

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Le jeu et Dieu https://fr.zenit.org/2015/07/10/le-jeu-et-dieu/ https://fr.zenit.org/2015/07/10/le-jeu-et-dieu/#respond Fri, 10 Jul 2015 14:02:24 +0000 https://fr.zenit.org/le-jeu-et-dieu/ "Brève théologie du sport" (A brief Theology of Sport), de Lincoln Harvey.

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Si nous regardons dans les écrits d’anciens écrivains ecclésiastiques, mais aussi chez certains Pères de l’Eglise qui ont affronté le thème jeu-foi, nous trouvons des affirmations implacables de refus. Si bien que nous sommes tristement invités – surtout ceux qui aiment le sport – à nous éloigner de la passion pour le sport et des pratiques sportives. Pourtant, agir ainsi serait une grosse erreur herméneutique.

Avant de rechercher la bonne herméneutique, il convient de s’arrêter sur quelque affirmation qui illustrent bien tout cela. Tertullien affirmait que ceux qui avaient promis sur les fonts baptismaux  de rejeter les œuvres du diable et de ses anges, ne pouvaient pas participer aux manifestations de nature diabolique. Le sport, selon lui, rend furieux, coléreux et litigieux. Vacarme et moqueries injurieuses ne vont pas avec la douceur chrétienne. Pour sa part, Clément d’Alexandrie considérait l’hippodrome comme « un endroit de désordre et d’iniquité ». George Orwell allait probablement dans le même sens et il considérait le sport moderne comme « une guerre sans fusils » ou comme « une religion sans sacrifices ».

Les raisons de cette aversion

Pourquoi ce rejet ? Est-il correct d’interpréter cela comme un simple refus constitutif du sport et du jeu ? Absolument pas. Les affirmations doivent être replacées dans leur contexte et comprises à partir des défis auxquels elles voulaient répondre.

Dans son livre Brève théologie du sport, Lincoln Harvey rappelle que le problème relatif au sport à l’époque des premiers chrétiens était assez clair: les événements sportifs n’étaient pas seulement des événements ludiques ou culturels, c’étaient des événements rituels et cultuels. Raisons pour laquelle le sport était étroitement lié à l’idolâtrie. Jean Chrysostome affirme que «  les jeux publics  à Daphné étaient irrémédiablement contaminés par leurs pompeuses processions, durant lesquelles les démons dansaient et le diable recevait de grands honneurs ».

Le problème n’était donc pas un problème d’incompatibilité entre le sport et la religion, mais entre ce type de sport ou jeu, imbriqué viscéralement dans le paganisme et des rites idolâtres, et l’activité sportive. Les pères et les écrivains faisaient en effet valoir la dignité du corps, créé par Dieu, ce corps assumé par le Christ. On connaît la célèbre phrase de Tertullien: « La chair est le fondement du salut », «Cardo salutis caro</em>». Son De la résurrection de la chair (De resurrectione carnis) est aussi une théologie de l’incarnation et de la corporéité.

Pour une théologie du jeu et du sport

Chaque question doit être replacée dans son contexte,  mais il y en a une qui est toujours d’actualité: peut-on donner un sens spirituel et théologique à l’activité sportive ?

Le livre de Harvey passe en revue les attitudes qui, face au jeu et au sport, ont marqué les grandes cultures (cela va de la culture grecque à la culture romaine, du christianisme des débuts au Moyen Age et à notre époque), mais il propose également une réflexion théologique – simple et systématique – sur le sens théologique du jeu et du sport.

Nous le sentons dès les premières pages d’introduction du livre: « Ce livre est dédié à Rose Harvey, ma fille. Au cours de sa brève vie passée avec nous, Rose m’a appris plus que quiconque que la vie n’est pas aussi sérieuse, mais que son sens est  l’amour ». Cette dédicace résume bien tout ça. Dans le jeu il y a une sagesse qui reconnaît notre manière toute relative d’être et d’agir et elle le vit avec l’unique absolu en toile de fond : l’amour de Dieu.

Le mot «Sport» vient du terme « desport » en vieux français, qui signifie « porter dehors », libérer l’homme de ses nécessités pour entrer dans la dimension de la gratuité. Le jeu et le sport peuvent donc manifester une dimension « liturgique ».

Ici, si nous assumons la métaphore de Romano Guardini, à savoir que la création et la liturgie sont le jeu de Dieu, nous pouvons dire aussi que le jeu est « la liturgie de notre contingence ». Dans ce sens, le jeu se manifeste dans la vie comme une expression de la liberté face aux besoins et comme le prix à payer en terme d’utilité.

Le jeu est probablement une des dimensions où notre être s’approche le plus de celui des enfants, préférés par Jésus. Comme le rappelle Guardini, « dans le jeu, l’enfant ne se donne aucun but à atteindre, n’a pas d’objectif. Il ne vise rien d’autre sinon montrer de quoi ses jeunes forces sont capables,  répandre sa vie dans la forme désintéressée des mouvements, des mots, des actions, et  avec cela grandir, devenir toujours plus parfaitement lui-même. Une jeune vie sans but, mais pleine de signification profonde ».

Deus ludens

La dimension théologique par excellence va bien au-delà de notre expérience. Le «  jeu » est dans l’être même de Dieu. Pour les Pères, la sagesse vétérotestamentaire est allégoriquement le Logos qui joue en présence de Dieu et s’amuse avec les enfants de l’homme. La sagesse de Dieu n’est pas quelque chose de sérieux et d’étouffant, mais une joyeuse gratuité, un lucide amusement.

La liberté de l’acte créateur, un fondement de la foi judéo-chrétienne, exprime la lucidité du premier geste de Dieu envers l’extérieur. Dieu ne crée pas sous la contrainte d’un besoin, Dieu est parfait à lui seul, il n’avait pas besoin de créer l’altérité du monde. Dans ce sens, pour Dieu « créer » entre dans la dimension de « l’inutile ». Dieu crée non pas par nécessité, mais par amour ; non par besoin, mais par grâce ; non par carence, mais par excédent.

A juste titre, dans son classique homo ludens, Hugo Rahner souligne l’activité créatrice de Dieu qui doit être comprise comme «  le jeu de Dieu ». Face au Deus ludens l’homme est appelé à être homo ludens, à vivre sérieusement sa gracieuse existence des enfants.

Traduction d’Océane Le Gall

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Une lecture arabe du pontificat du pape François https://fr.zenit.org/2015/03/03/une-lecture-arabe-du-pontificat-du-pape-francois/ https://fr.zenit.org/2015/03/03/une-lecture-arabe-du-pontificat-du-pape-francois/#respond Tue, 03 Mar 2015 00:00:00 +0000 https://fr.zenit.org/une-lecture-arabe-du-pontificat-du-pape-francois/ Par la journaliste libanaise Hala Homsi

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« Le pape François est très populaire au Moyen-Orient, surtout au Liban. Il est aimé par le peuple et sa figure est omniprésente ». Même « d’un point de vue musulman, c’est un chef très respecté pour sa parole et ses positions », affirme la journaliste libanaise Hala Homsi.

Deux ans après la renonciation du pape Benoît XVI et l’élection du pape François, la journaliste, spécialiste en questions religieuses pour le journal libanais Annahar depuis 1995, offre aux lecteurs de Zenit sa lecture de cette page d’histoire de l’Église catholique.

Zenit – Quelle est votre lecture de l’événement historique de la renonciation de Benoît XVI, deux ans après cet événement ?

Hala Homsi – La renonciation du pape Benoît XVI est un événement plus qu’historique. Le pape a suscité un vent de réformes dans l’Église, plus que n’importe quel discours réformateur, incarnant un courage sans précédent. Par cette renonciation, il a ouvert une nouvelle pratique, changeant une tradition qui touche la position même du pape, à travers un geste qui ne s’était pas produit depuis des siècles.

Le moins que l’on puisse dire est que son choix a manifesté sa personnalité : l’humilité d’un grand théologien, le courage du penseur, le caractère de l’écrivain prolifique qui a préféré se retirer avec ses livres plutôt que de poursuivre ce rythme fatiguant pour lui et pour l’Église. Il a agi dans le sillage des hommes libres. C’est un pape libre.

D’après vous, les raisons de cette renonciation ont-elles été comprises ?

Peut-être la renonciation a-t-elle été faite pour des raisons de santé. Mais ce qu’il a fait n’était pas facile. Sa renonciation à mis à l’épreuve la solidité de l’Église avec une situation inhabituelle : celle de la présence de deux « papes » au Vatican. Avec la présence de nostalgiques qui célèbrent encore le pape démissionnaire.

Un autre aspect intéressant de la renonciation du pape Benoît est que, bien qu’elle ait eu lieu il y a plus de deux ans, elle est loin d’être archivée. Ce fait a poussé son secrétaire, Mgr Georg Gänswein, à affirmer, le 12 février 2015, que la renonciation de Ratzinger « a été faite sans aucune pression extérieure », répondant à des rumeurs selon lesquelles le pape aurait renoncé sous des pressions. Ces soupçons sont naturellement soulevés avec des intentions malveillantes, venant du mécontentement de certains envers le pontificat de François.

Mais il reste que la renonciation a été faite par un homme fort, et non par un homme faible.

Le pontificat du pape François représente pour certains un « printemps évangélique » dans l’Église. Êtes-vous de cet avis ?

La force du pape François consiste dans sa capacité à rapprocher la papauté des croyants et à approcher l’Église de son peuple et des pauvres. Et ceci s’est produit dès le premier instant de son élection. C’est une révolution dans la papauté. Le pape François vit ce qu’il croit, même si cela nécessite une rupture du protocole et des pratiques. Cela s’est manifesté dès le début et les croyants ont touché du doigt la manière dont le pape agit et dont il incarne l’Évangile devant eux.

La force de François est d’être proche des pauvres. C’est un pape qui réconcilie l’Église avec le peuple et qui rappelle aux ecclésiastiques « la Parole » et les ramène aux sources. C’est pourquoi il est le pape qui nettoie le visage de l’Église après les scandales qui l’ont souillé.

Un printemps évangélique ? Pour beaucoup, oui. Et dans une perspective journalistique, je vois que le pape François inscrit dans le corps ecclésial un grand esprit de renouveau. La question qui demeure cependant : Jusqu’où le laissera-t-on faire ? Réussira-t-il à mener à bien son entreprise réformatrice ? Sa mission ne sera sans doute pas du tout facile.

Que pensez-vous, en revanche, de ceux qui accusent le pape François d’être « communiste » ?

Ce ne sont que des commérages nocifs. Puissent les communistes avoir été comme le pape François ! On les aurait appelés « évangéliques » (en référence à l’Évangile) ! C’est un fait que le pape a des partisans et des opposants. Il a des ennemis dans la curie, dans l’Église et en dehors d’elle. Son style réformateur ne plaît pas à tout le monde. Les accusations qui le concernent, comme celle d’être communiste, chaotique ou « destructeur de la dignité de la papauté » sont des tentatives nocives qui trahissent une reconnaissance de la bataille réformatrice que mène le pape.

Le pape François a porté une attention particulière au Moyen-Orient, notamment avec la prière pour la paix en Syrie, la visite en Jordanie et en Palestine (reconnaissant de facto l’État palestinien), la prière avec le président palestinien et le président israélien au Vatican. Comment résumez-vous l’image qui s’en dégage au Moyen-Orient ?

Le pape François est très populaire au Moyen-Orient, surtout au Liban. Il est aimé par le peuple et sa figure est omniprésente. Sur le plan chrétien, ses homélies quotidiennes et toutes ses activités sont très suivies, en particulier grâce à la couverture des médias chrétiens qui ne tardent pas à rapporter ses activités et les célébrations qu’il préside.

D’un point de vue musulman, c’est un chef très respecté pour sa parole et ses positions. Si les Libanais pouvaient exprimer un désir, ce serait que le pape François vienne en visite au Liban, comme l’ont fait le pape Benoît et saint Jean-Paul II. Une telle visite porterait beaucoup de fruit pour la nation.

Considérant les drames qui se vivent au Moyen-Orient et ailleurs, quelles initiatives espérez-vous de la part du pape ?

Il y a dans les cœurs une grande peur vis à vis de l’avenir, à cause de l’expansion de daesh et de sa férocité. Les chrétiens sont devenus des « projets » de martyre prêts à être exécutés. Ils ont été dispersés, pillés dans leurs maisons, leurs terres. Est-il normal que les chrétiens aient besoin de protection sur leurs terres d’origine ?

Le Saint-Père a eu de grandes initiatives. Il continue à être la voix forte des chrétiens devant la communauté internationale. Il est important aussi qu’il soutienne les chrétiens de langue arabe sur leurs terres d’origine, à travers des projets et des initiatives qui renforcent leur présence. Un exemple pourrait être la promotion des médias chrétiens qui ont un grand rôle dans la diffusion de la Parole, dans l’affermissement des chrétiens et dans leur croissance. C’est sans aucun doute le moment de travailler, et il y a beaucoup de travail.

Traduction de Constance Roques

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Irak : les défis de l'Église syriaque-catholique https://fr.zenit.org/2014/12/15/irak-les-defis-de-l-eglise-syriaque-catholique-2/ https://fr.zenit.org/2014/12/15/irak-les-defis-de-l-eglise-syriaque-catholique-2/#respond Mon, 15 Dec 2014 00:00:00 +0000 https://fr.zenit.org/irak-les-defis-de-l-eglise-syriaque-catholique-2/ Entretien avec le patriarche Ignace Youssef III Younan

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Les défis actuels de l’Église syriaque-catholique au Moyen-Orient et les réponses à apporter étaient au centre du synode ordinaire syro-catholique qui a eu lieu du 8 au 10 décembre 2014 à Rome. Les participants ont rencontré le pape François vendredi dernier, 12 décembre.

Le patriarche d’Antioche et de tout l’Orient des Syriens, Ignace Youssef III Younan, chef de l’église syriaque-catholique, témoigne à Zenit de la situation des chrétiens du nord de l’Irak, où plus de 120.000 familles ont été contraintes par État islamique en Irak et au Levant (EIIL) d’abandonner leurs terres de Mossoul et Karakosh pour se réfugier dans le Kurdistan irakien.

Zenit – Votre Béatitude, dans votre discours d’ouverture vous avez indiqué que le synode porterait sur la formation sacerdotale. Expliquez-nous la raison de ce choix, à un nomment aussi critique et dramatique pour votre Église ?

Patriarche Ignace Youssef III Younan – Les événements douloureux qui ont frappé notre Église, au cours de ces derniers mois, ont été la raison principale qui nous a poussé à choisir ce thème, et à discuter de notre présence et de notre destin en tant qu’Église syriaque au Moyen Orient.

Le défi qui se pose actuellement à nous, chrétiens syriens, est immense. Nos prêtres se sont retrouvés tout à coup dans une situation gravement déséquilibrée. Et nous avons senti l’exigence de nous rassembler pour étudier les moyens les plus efficaces qui nous permettraient d’affronter la situation actuelle.Par exemple, dans l’éparchie de Mossoul seulement, un évêque et 25 prêtres ont fui. Beaucoup d’entre eux vivent maintenant avec les réfugiés. Nous tenions vraiment à étudier cette situation si difficile.

Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est réellement passé?

Jusqu’en juin, comme tous les chrétiens du nord de l’Irak, nous souffrions d’une situation précaire d’insécurité et d’un manque de protection officielle de l’État. Les minorités payaient le prix fort de cette situation.

Au mois de juin, nous avons été littéralement déracinés de Mossoul. Nous étions plus de 15 000 familles. Mais la grande tragédie a eu lieu en août, quand 120 000 familles chrétiennes de la Plaine de Ninive ont été chassées, du jour au lendemain, de leurs terres d’origine. Ils avaient là-bas neuf églises.

De toutes les minorités, les chrétiens formaient le plus grand groupe, 40% de la population. En quelques heures, la plaine s’est vidée de ses chrétiens. Un second exode tragique et douloureux.

Vous avez dit de l’Église syriaque catholique qu’elle est « une Église témoin et martyre depuis les temps les plus reculés »…

Ce qui est arrivé à la plaine de Ninive a frappé davantage les syro-catholiques que toute autre minorité, car ils constituaient la majorité. Nous étions environ 60 000 personnes. Maintenant que nous sommes au Kurdistan, nous n’avons pas d’éparchie sur laquelle nous appuyer. Si bien que nous sommes des personnes déplacées à tout point de vue.

Contrairement à nos frères chaldéens, qui forment le plus grand nombre de chrétiens, et qui ont le patriarcat de Babel, nous n’avons plus de structures. Alors nos fidèles vivent sous des tentes dans une situation de douloureuse précarité.

Statistiquement, nous pouvons dire que – malheureusement – plus d’un tiers des fidèles de l’Église syriaque catholique vit dans un état d’errance ou en diaspora. Seul Dieu sait quand ils reviendront et s’ils reviendront.

Dans le document final du synode, il a été demandé à la communauté internationale d’« accélérer l’opération visant à libérer Mossoul et les villes de la Plaine de Ninive ». Que pensez-vous de la politique internationale actuelle en Syrie et en Irak ?

Nous avons lancé un vibrant appel à la communauté internationale. Devant la tragédie qui nous a frappés, nous ne pouvons que condamner tous ceux qui ont contribué à sa genèse. Il est évident que ces criminels ne sont pas sortis de nulle part. Il y a un projet politique plus grand qui suit une politique machiavélique, abusant des plus faibles à des fins géopolitiques particulièrement mesquines.

D’où le devoir des nations qui ont créé cette situation monstrueuse de s’employer à libérer les terres qui nous ont été volées. Ils ont l’obligation de nous rendre notre dignité et de bâtir pour nous les conditions d’une situation de vie digne et durable.

Que pensez-vous des attaques aériennes contre l’armée de l’EIIL ?

Toute personne de bonne volonté et dotée d’un minimum de bon sens sait que ces attaques aériennes sont loin de suffire. Les bandits de l’EIIL ne sont pas une armée régulière, si bien qu’ils arrivent à se fondre dans la population et il devient vraiment difficile de les toucher. Ils ont en plus profité des affrontements interconfessionnels (entre sunnites et chiites). Donc les attaques aériennes peuvent les blesser légèrement, mais n’ont pas la possibilité de les détruire complètement ni même de les atteindre sérieusement.

Le synode s’est félicité de déclarations faites au Congrès d’Al-Azhar contre le terrorisme les 3-4 décembre derniers au Caire, notamment de celle disant que « les musulmans et les chrétiens en Orient sont des frères, qu’ils font partie d’une seule et même civilisation et d’une seule et même nation ». Quelle importance revêt une telle déclaration, selon vous ?

En tant que patriarches et évêques chrétiens, nous avons longuement invité nos frères musulmans à se rassembler et à dénoncer officiellement le terrorisme au nom de la religion. Mais également à le combattre concrètement et à protéger les minorités, comme la minorité chrétienne.

L’initiative d’Al-Azhar est vraiment un signal positif. Il a été affirmé que le terrorisme au nom de la religion ne fait pas partie de l’identité musulmane.

Nous espérons que ces déclarations auront des effets sur le terrain, qu’elles seront vraiment appliquées, en demandant aux États de combattre les terroristes, et de lancer une sérieuse formation à la tolérance dans les congrès religieux, dans les mosquées et dans les écoles.

Hier, votre visite ad limina apostolorum a commencé. Que demanderez-vous au pape François durant vos entretiens ?

Nous serons une grande délégation d’environ 320 membres entre le patriarche, les évêques, les pères synodaux et les prêtres. Notre visite chez le Saint-Père est une visite filiale qui veut réaffirmer les liens d’unité entre le siège d’Antioche et le siège de Rome, l’Église qui préside dans l’amour, selon l’heureuse expression de saint Ignace d’Antioche.

Au cours de cette semaine, pendant laquelle notre Église fait mémoire de saint Jean Baptiste, nous souhaitons que le pape François continue d’être la voix qui crie pour la vérité et pour l’affirmation de la justice. Nous souhaitons qu’il poursuive sa lutte pour la cause des chrétiens au Moyen Orient, spécialement ceux de l’Église syrienne d’Antioche persécutés dans le nord de l’Irak.

Je suis convaincu que cette visite sera source de bien et de bénédiction pour nous, et une touche de réconfort pour toutes les personnes en détresse, dans notre Église.

Traduction de Zenit

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Irak : les défis de l'Eglise syriaque-catholique https://fr.zenit.org/2014/12/12/irak-les-defis-de-l-eglise-syriaque-catholique/ https://fr.zenit.org/2014/12/12/irak-les-defis-de-l-eglise-syriaque-catholique/#respond Fri, 12 Dec 2014 00:00:00 +0000 https://fr.zenit.org/irak-les-defis-de-l-eglise-syriaque-catholique/ Entretien avec le patriarche Ignace Youssef III Younan

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Les défis actuels de l’Église syriaque-catholique au Moyen-Orient et les réponses à apporter étaient au centre du synode ordinaire syro-catholique qui a eu lieu du 8 au 10 décembre 2014 à Rome. Les participants ont rencontré le pape François ce vendredi matin.

Le patriarche d’Antioche et de tout l’Orient des Syriens, Ignace Youssef III Younan, chef de l’église syriaque-catholique, témoigne à Zenit de la situation des chrétiens du nord de l’Irak, où plus de 120.000 familles ont été contraintes d’abandonner leurs terres de Mossoul et Karakosh pour se réfugier dans le Kurdistan irakien.

Ils vivent « dans la précarité, l’insécurité et le manque de protection officielle de l’État », précise le patriarche qui remercie le pape d’être « une voix qui s’élève pour la vérité, pour l’affirmation de la justice » et pour « la défense de la cause des chrétiens au Moyen-Orient ».

« Les minorités paient le prix le plus fort de cette situation », l’Église syriaque-catholique, majoritaire, étant la plus touchée, déplore-t-il : « dans le Kurdistan, les syriaque-catholiques n’ont plus d’éparchie de soutien, plus de structure ».

Aujourd’hui, plus d’un tiers des membres de l’Église syro-catholique sont dispersés en diaspora : « Et Dieu seul sait quand ils reviendront et s’ils reviendront », ajoute-t-il.

Le patriarche rappelle que les Irakiens chrétiens ont « lancé un appel à la communauté internationale » : c’est le devoir de ceux « qui ont laissé créer cette situation monstrueuse, de tout mettre en œuvre pour libérer les terres qui ont été volées » et pour « rendre aux minorités leur dignité et leur donner une situation de vie digne et durable ».

Les patriarches et évêques chrétiens ont également régulièrement « invité les frères musulmans à se rassembler et à dénoncer officiellement le terrorisme commis au nom de la religion » ainsi qu’à « lutter concrètement et à protéger les minorités ».

La visite ad limina apostolorum des pasteurs de l’Église syriaque-catholique – représentés par une délégation de 320 personnes – a débuté hier 11 décembre : le patriarche se réjouit de cette « visite filiale pour confirmer les liens d’unité entre le siège d’Antioche et celui de Rome, qui préside dans la charité, selon les mots de saint Ignace d’Antioche ».

Traduction et synthèse d’Anne Kurian

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Nigeria: appel à l'aide de Mgr Stephen Dami Mamza https://fr.zenit.org/2014/09/24/nigeria-appel-a-l-aide-de-mgr-stephen-dami-mamza/ https://fr.zenit.org/2014/09/24/nigeria-appel-a-l-aide-de-mgr-stephen-dami-mamza/#respond Wed, 24 Sep 2014 00:00:00 +0000 https://fr.zenit.org/nigeria-appel-a-l-aide-de-mgr-stephen-dami-mamza/ Protéger les chrétiens et les réfugiés au nord-est du pays

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Mgr Stephen Dami Mamza, évêque du diocèse nigérian de Yola, capitale de l’État d’Adamawa au nord-est du pays, appelle la communauté internationale à l’aide, pour lutter contre l’élimination des chrétiens dans la région et améliorer la situation humanitaire des réfugiés.

Depuis 2009, un génocide se poursuit en effet au Nigeria, orchestré par la secte terroriste islamiste Boko Haram (dont la tradition littéraire signifie « l’éducation occidentale est un péché ») créée en 2002 à Maiduguri par le religieux islamique Mohammed Yusuf.

Selon les statistiques, les attentats terroristes ont causé plus de 20.000 morts lors d’attentats visant pour la plupart des assemblées de prières chrétiennes. Depuis début 2014, on déplore 2.053 civils tués dans quelque 95 attaques.

La peur des atrocités commises par le groupe terroriste – très bien armé – a entraîné la fuite de populations entières qui ont du quitter leurs villages, comme en témoigne le P. Michael Walsh, missionnaire de l’Ordre de Saint Augustin, au Nigeria depuis 18 ans.

En mai dernier, le Saint-Siège avait exprimé son « horreur » après l’enlèvement par Boko Haram de plus de 200 jeunes filles, âgées de 12 à 18 ans, au lycée de Chibok, dans l’État de Borno le 14 avril.

Mgr Stephen Dami Mamza explique aux lecteurs de Zenit la gravité de la menace pour les communautés chrétiennes « en danger d’être complètement exterminées ».

Zenit – Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe ?

Mgr Stephen Dami Mamza – La situation au nord-est du Nigeria est très critique, surtout dans le sud du Borno et au nord d’Adamawa. Ces régions, à dominance chrétienne, ont été envahies par des membres de Boko Haram. Mon village natal, Bazza, est occupé par la secte depuis environ deux semaines. Les plus chanceux ont réussi à fuir vers les montagnes et à s’y cacher, d’autres n’ont pas réussi à fuir et ont été tués par les terroristes. D’autres encore ont été forcés à se convertir à l’islam. Les personnes prises au piège dans les montagnes sont sans nourriture et sans eau potable et beaucoup meurent de faim. Beaucoup de réfugiés sont arrivés à Yola et vivent maintenant dans des conditions de personnes déplacées. Toutes les paroisses de Yola sont pleines de ces personnes. Rien que dans ma cathédrale, nous accueillons plus de 5.000 personnes déplacées et enregistrées qui ont besoin de produits de première nécessité pour vivre.

Quel est le dangers pour les communautés chrétiennes du Nigéria ?

Les communautés chrétiennes, présentes dans tout le nord-est du pays, courent le risque d’être exterminées.

Comment se fait-il qu’il n’y ait aucune résistance locale ou nationale contre Boko Haram ?

On craint qu’il n’y ait aucune assistance de la part de la communauté internationale. Et notre armée ne semble pas prendre au sérieux cette révolte car elle a peur de Boko Haram et préfère fuir… Personnellement je ne sais pas qui soutient Boko Haram, mais il semblerait qu’il soit financé par des groupes et des individus locaux et internationaux.

Quel est votre appel à la communauté internationale ?

Je demande à la communauté internationale de venir à notre secours avant que nous soyons complètement exterminés. Notre armée devrait être aidée pour contenir la situation. Nous avons aussi besoin de matériels de secours pour les personnes déplacées. Les gens meurent de faim, de maladies, et n’ont pas d’abri…

Traduction de Zenit

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Irak : le pape téléphone à un prêtre au service des réfugiés https://fr.zenit.org/2014/08/29/irak-le-pape-telephone-a-un-pretre-au-service-des-refugies/ https://fr.zenit.org/2014/08/29/irak-le-pape-telephone-a-un-pretre-au-service-des-refugies/#respond Fri, 29 Aug 2014 00:00:00 +0000 https://fr.zenit.org/irak-le-pape-telephone-a-un-pretre-au-service-des-refugies/ "La situation de tes brebis est misérable", lui avait écrit le P. Benoka

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Le pape François a téléphoné au prêtre irakien Behnam Benoka, travaillant au camp de réfugiés d’Ankawa, à Erbil, dans le Kurdistan irakien, après avoir reçu une lettre de lui. Il a redit son soutien et sa proximité aux Irakiens chrétiens persécutés.

Soutien du pape

Le P. Behnam Benoka avait en effet fait parvenir au pape un message d’une façon « peu orthodoxe », comme il l’explique à Zenit : profitant de la présence d’un ami, le journaliste Alan Holdren, sur le vol papal de retour de Corée du Sud (13-18 août), le prêtre avait envoyé sa lettre par le système de messagerie “Viber”. Le journaliste avait imprimé le message, pour le remettre au pape.

Et la réponse ne tarda pas à arriver : dès le 19 août, le pape appelait le P. Behnam Benoka, exprimant sa profonde émotion et sa gratitude pour les bénévoles à l’oeuvre dans les camps de réfugiés.

Il redisait aussi son « entier soutien » et sa « proximité » aux chrétiens persécutés en assurant qu’il continuerait à faire tout son possible pour soulager leurs souffrances.

Enfin, le pape donnait sa bénédiction apostolique en demandant aux Seigneur pour les réfugiés « le don de la persévérance dans la foi ».

Dans une vallée obscure

« Je m’appelle Behnam Benoka, prêtre de Bartella, une petite ville chrétienne des environs de Mossoul. Je suis vice-recteur du séminaire catholique à Ankawa. Mais aujourd’hui je suis sous une tente que j’ai dressée avec un groupe de médecins et de volontaires pour apporter du secours médical à nos frères réfugiés », écrivait le prêtre dans sa lettre.

Il ajoutait : « Saint-Père, la situation de tes brebis est misérable, ils meurent et ils ont faim, ils n’en peuvent plus. Nous, prêtres, religieux et religieuses, nous sommes peu et nous craignons de ne pas pouvoir répondre aux exigences physiques et psychiques de tes enfants et nos enfants ».

Il exprimait aussi sa reconnaissance au pape pour ses appels publics pour l’Irak et « parce que tu nous portes toujours dans ton cœur, et tu nous mets sur l’autel où tu célèbres la messe, pour que Dieu ait pitié de nous et nous enlève ce calice ».

Il concluait : « Je vous écris avec mes larmes, car nous sommes ici dans une vallée obscure au milieu d’un grand troupeau de loups féroces. Sainteté, je crains de perdre tes tout-petits, surtout les nourrissons qui s’affaiblissent davantage chaque jour. Envoie-nous ta bénédiction pour avoir la force de continuer et de résister encore. Je t’aime, Behnam Benoka ».

Traduction d’Anne Kurian

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Terre Sainte: la visite du pape, contribution à la parité et à la coexistence pacifique https://fr.zenit.org/2014/02/28/terre-sainte-la-visite-du-pape-contribution-a-la-parite-et-a-la-coexistence-pacifique/ https://fr.zenit.org/2014/02/28/terre-sainte-la-visite-du-pape-contribution-a-la-parite-et-a-la-coexistence-pacifique/#respond Fri, 28 Feb 2014 00:00:00 +0000 https://fr.zenit.org/terre-sainte-la-visite-du-pape-contribution-a-la-parite-et-a-la-coexistence-pacifique/ Le point de vue du P. Rifaat Bader, un des organisateurs

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Le pape François visitera la Terre Sainte du 24 au 26 mai 2014 à l’occasion du cinquantième anniversaire de la visite historique du pape Paul VI. Celle-ci a lieu dans un contexte géopolitique compliqué, avec la crise syrienne qui entre dans sa troisième année et porte avec elle de lourdes persécutions sur les pays limitrophes, surtout pour ce qui est de la question des réfugiés et de la sécurité.

Dans cet entretien, le P. Rifaat Bader, un des organisateurs de la visite du pape, évoque la situation des réfugiés en Jordanie et l’ambiance qui précède la visite du pape.
P. Rifaat Bader, prêtre jordanien du patriarcat latin, est le directeur et fondateur du site Abouna, et directeur du Centre catholique pour les Etudes et l’information en Jordanie.

Zenit – A combien estime-t-on le nombre de syriens réfugiés en Jordanie ?

P. Rifaat Bader – Le nombre des réfugiés en Jordanie s’élève à environ un million. Il y a trois camps, dont le plus grand est celui d’A-Za’tari qui accueille environ 250 mille refugiés. Les autres sont dispersés dans les divers villages.

Comment ces refugiés reçoivent-ils le nécessaire pour survivre ? Ont-ils le droit de travailler en Jordanie ?

Qui est enregistré comme réfugié ne peut pas travailler. C’est le même problème que pour les réfugiés irakiens qui vivaient et vivent toujours comme ça. Ils sont environ un demi million.

Alors comment vivent-ils ?

Les organisations caritatives offrent une grande contribution, et il y a tout le travail que font les Nations Unies. La Caritas offre un grand service. Chaque jour près de 100.000 réfugiés reçoivent de l’aide sans distinction de religion ou de race. L’œuvre de charité chrétienne n’exclue personne. Et je voudrais souligner ici une question d’une importance capitale : faire la charité ne doit pas être une couverture pour le prosélytisme. Je le dis car malheureusement il y a des réalités qui offrent des services humanitaires pour ensuite proposer un agenda prosélyte. Ce n’est pas le moment, c’est profité du moment où l’homme se trouve dans un état de grande fragilité, où il a faim et soif, pour manipuler sa sensibilité religieuse. C’est un manque de respect pour la dignité de la personne humaine.

Combien y a-t-il de chrétiens parmi ces réfugiés?

On parle d’environ 17.000 chrétiens syriens réfugiés en Jordanie. Ils sont tous venus après la crise syrienne. Les raisons de leur venue en Jordanie sont diverses. Beaucoup d’entre eux viennent chez nous provisoirement, dans l’attente de recevoir des visas pour immigrer en Occident. Ce phénomène est motif de grande souffrance pour eux, parce qu’ils vivent deux exodes difficiles. Mais de souffrance aussi pour le Moyen Orient en général qui se vide de ses chrétiens.

La visite du pape est d’autant plus importante dans ce contexte ?

La visite du pape est liée au cinquantième anniversaire de la visite historique du pape Paul VI. Pour l’occasion, nous préparons un livre qui commémore cette visite, dans lequel nous présentons le cadre historique des relations du Saint-Siège avec la Jordanie, d’un côté, et avec la Palestine de l’autre. Ce livre renfermera de précieuses contributions dont celles du président palestinien Mahmoud Abbas, du Roi de Jordanie Abdallah II, et une parole spéciale du cardinal Paul Poupard, qui nous a fait part de son expérience personnelle et de son témoignage vivant puisqu’il était présent à la visite du pape Paul VI.
Le pape François vient commémorer cette visite et favoriser les relations diplomatiques avec trois Etats. Il se rendra en hélicoptère de la Jordanie à Bethléem avec le soutien de l’Etat palestinien. Par cette visite le pape exprimera la position du Saint-Siège qui reconnaît la Palestine et la soutient.
En tant que jordaniens nous sommes très heureux de cette visite, bien que nous aurions souhaité une permanence plus longue du Saint-Père.

Quel sera le message de cette visite ?

La visite sera un cri de paix. Il nous a été demandé de faire des propositions pour le logo et le slogan. Je crois que ça sera « Joie et espérance ». Le slogan de la visite du pape Benoît au Liban était : «  Je vous donne ma paix », et celui de sa visite en Terre Sainte : « Heureux les artisans de paix ». Cette fois-ci, voire pour commémorer aussi l’encyclique Gaudium et spes, nous avons proposé : «  Joie et espérance ».

Actuellement l’interlocuteur du désir de paix n’est pas un Etat. Maintenant on se trouve plutôt face à une idéologie destructrice et fermée. Quelle espérance (humaine) peut susciter la visite du pape ?

Vous avez tout à fait raison. Nous n’avons pas d’interlocuteur concret. Il y a beaucoup de chefs mais un nombre encore plus élevé d’idéologies. Mais je ne vois pas que la guerre actuelle est une guerre contre les chrétiens, c’est plutôt une guerre du terrorisme à l’encontre aussi bien des chrétiens que des musulmans. Et ceci est justement l’occasion pour nous, en tant que chrétiens arabes, de montrer que nous soutenons le dialogue et l’amitié entre musulmans et chrétiens. Nous devons faire front commun contre le terrorisme et le fondamentalisme, contre l’insertion forcée de la religion dans les luttes politiques.
Le seul Etat de nature religieuse et totalement pacifique est la Cité du Vatican. S’il devait y avoir des nations religieuses – et c’est une chose que nous ne souhaitons pas – elles doivent être d’une même nature pacifique. Je tiens à dire ici que la déclaration d’une nation religieuse juive ne serait pas un pas opportune. La genèse d’un Etat religieux juif donnerait un alibi aux islamistes pour former des Etats religieux islamiques, ce qui rendrait encore tout plus compliqué. Nous souhaitons plutôt des Etats démocratiques constitués sur le droit de citoyenneté et sur l’égalité des droits et des devoirs.

Il y a deux jours la Palestine a décidé d’éliminer l’espace réservé à la confession religieuse sur les cartes d’identité. Je crois que c’est un grand pas en avant. Nous ne pouvons traiter les personnes en fonction de leur croyance religieuse, mais en tant que personne humaine. Notre souhait est que la visite du pape soit une contribution dans cette direction de parité et de pacifique cohabitation.

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Moyen-Orient : une « recette » du patriarche maronite pour sortir de la crise https://fr.zenit.org/2014/02/10/moyen-orient-une-recette-du-patriarche-maronite-pour-sortir-de-la-crise/ https://fr.zenit.org/2014/02/10/moyen-orient-une-recette-du-patriarche-maronite-pour-sortir-de-la-crise/#respond Mon, 10 Feb 2014 00:00:00 +0000 https://fr.zenit.org/moyen-orient-une-recette-du-patriarche-maronite-pour-sortir-de-la-crise/ Par Mgr François Eid, Procureur du patriarcat maronite près le Saint-Siège

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Cette année, la fête de saint Maron (Maroun), le 9 février, est célébrée à l’ombre d’une crise régionale pour le moins complexe. Ses pires effets se manifestent dans le tragique scénario syrien et dans l’éclatement de la réalité nationale libanaise dont l’inertie est plus destructive que les éclats des bombardements.

A un moment où la boussole de l’optimisme paraît perdue, le patriarche maronite, sa Béatitude Mar Béchara Boutros Raï, ouvre une lueur d’espoir avec un  « Mémorandum national » destiné à encourager la population à ne pas se laisser couler indéfiniment dans le gouffre du néant. Une proposition courageuse et concrète qui va à contre-courant du climat actuel, souvent dominé par le pessimisme, la violence et l’envie de fuir.

Dans cet entretien à ZENIT, Mgr François Eid, Procureur du Patriarcat Maronite près le Saint-Siège, réfléchit, en marge de ce « Mémorandum national », aux défis, aux propositions, aux possibilités et devoirs des maronites au Moyen Orient et dans le monde.

Mgr Eid est aussi le recteur du Collège maronite à Rome depuis 2012. Ancien archevêque des maronites au Caire depuis 2006, et avant encore Supérieur général de l’Ordre maronite Mariamite de 1999 al 2005.

***

Zenit – Le Liban moderne, connu historiquement comme  « État du Grand Liban » est né des efforts du patriarche Elias El-Huwaïk. Le patriarche El-Rahi le rappelle au début de ce « Mémorandum national » sorti la semaine dernière, à l’occasion de la fête de saint Maron. Le rôle des maronites serait-il en voie de se coucher comme le soleil ?

Mgr Eid – la contribution du patriarche Elias El-Huwaïk fut le couronnement de tous les efforts des maronites et des frères de la nation pour arriver à l’indépendance.

Tout est parti de l’idée de rassembler les fils de la nation autour d’un concept clair: «  l’indépendance du Liban et sa neutralité politique ».

Aujourd’hui nous voyons que les Libanais entraînent à nouveau le pays dans les méandres de luttes intestines régionales, le privant de son indépendance et neutralité. Résultat : une scission verticale, très dangereuse pour le pays,  est en train de se créer.

Le patriarche maronite a rappelé aux siens que leurs aïeuls et pères ont aidé les Libanais à faire front commun autour de cette idée d’ « indépendance des pôles ». Aujourd’hui le problème se représente … et la responsabilité rejaillit surtout sur le dos des politiques maronites car ils n’ont pas su unifier toutes les couches de la société autour de cette idée d’une nation vraiment indépendante, d’un pays fort et juste. Au lieu d’unifier ils se sont eux-mêmes divisés.

J’estime que le rôle des maronites n’a pas encore disparu … Au contraire, ils ont une plus grande responsabilité. Ils doivent aider à unifier les Libanais pour offrir à la région un Liban qui est « un paradigme pour la pluralité culturelle », qui respecte l’homme et ses droits fondamentaux.

Seul le système libanais était, est et restera le meilleur modèle pour gouverner en ce temps de Jahiliyya (ignorance) vers lequel les djihadistes sont en train de nous conduire. Le patriarche Raï invite les maronites à ne pas gaspiller le grand héritage de leurs pères et qu’ils soient à la hauteur de leur responsabilité.

Les terres d’origine des maronites – Syrie et Liban – sont devenues comme des terres d’exil où le désir de prendre la fuite n’est pas freiné par l’attachement à la terre mais par les difficultés à trouver  la possibilité d’émigrer. Comment le message de saint Maron peut-il répondre aux aspirations profondes et légitimes du peuple ?

Il est indubitable que la situation sanglante en Syrie et les troubles continus au Liban poussent tant de maronites à émigrer. Mais je crois en même temps que cette situation ne restera pas aussi aiguë et féroce. Et quand les fils de la Syrie – et non les djihadistes étrangers – gouverneront leur nation, les situations s’amélioreront.

Les maronites sont les fils de l’espérance, sont « risurrezioni sit »! Cette terre est la terre de leur histoire sacrée. Ils y ont vécu leur mission sous tous ses aspects. Renieront-ils cette grande civilisation qu’ils ont construite avec leurs frères musulmans ? Je ne crois pas! Mais je sais que leur présence sur cette terre a le goût du martyre et du sang.

Le patriarche rappelle dans ce « Mémorandum national » que ce que les Libanais réalisèrent durant la période de la formation de la République fut une sublime expérience constitutionnelle et politique. Que manque-t-il pour recommencer à vivre à ces hauteurs ?

C’est exact, ce qui a été réalisé fut un travail sublime.  Si je regarde la situation libanaise aujourd’hui et la compare à celle de 1975, j’observe une chute totale, ou alors on n’en est pas loin. Les politiques maronites sont désormais « annexés » aux partis et aux dominations décisives: ils s’allient aux choix des autres et non aux exigences de l’indépendance et de la renaissance de leur pays.

Ce qui nous manque c’est un retour des politiques maronites et de tout le Liban à une vraie liberté et aux valeurs des pères fondateurs, à leur dévouement, car une nation libre et indépendante est plus importante que des fauteuils, que des intérêts partisans et des privilèges personnels.

Dans la quatrième partie du Mémorandum, le patriarche offre des pistes concrètes pour cette renaissance nationale dont vous parlez. Parmi ces 11 pistes quelles sont, à votre avis, celles qui sont prioritaires et fondamentales pour permettre à la Phénix libanaise de renaître de ses cendres ?

Je crois que ce sont les suivantes:

1. S’engager dans une cohabitation pacifique entre les différentes factions, ou sinon opter pour des solutions qui passent de la « séparation civile » à une « révolution de velours » comme cela est arrivé par exemple entre la République tchèque et la République slovaque.

2. S’engager absolument pour une nation forte et juste. Un engagement qui met fin à la marginalisation des chrétiens, prend à cœur les droits de tous, coupe court à la corruption institutionnelle, libère du sectarisme et du féodalisme politique, et bannit l’armement « obligé » quelque soit son slogan, le limitant à l’instance légitime de l’armée et des forces de l’ordre.

3. Réaffirmer la neutralité du Liban sur l’échiquier régional et mondial. L’appartenance principale est à la nation et non au Wilayat al Faqih [le gouvernement des juristes chiites, ndr] ou au Nusrat al-Umma [le gouvernement salafiste sunnite, ndr].

Votre excellence, la longue guerre syrienne aurait-elle brisé les espérances du Synode spécial des évêques pour le Moyen Orient ? Comment ce grand effort ecclésial, et l’exhortation apostolique qui en est issue, peuvent-ils guider nos pas en ce moment crucial?

Toutes les guerres sèment la destruction, pas seulement au niveau matériel mais au niveau civil aussi, au niveau humain et spirituel. Le fameux historien britannique Arnold J. Toynbee ne disait-il  pas que « les guerres sont les tombes de la civilisation » ?

Oui, la guerre syrienne, avec ses effets néfastes sur le Liban, entrave l’application des recommandations du synode. Mais tôt ou tard il sera encore plus urgent d’écouter la voix de la raison et l’appel à la réconciliation et à la collaboration entre les communautés. Tout comme on aura besoin du témoignage des chrétiens d’Orient et de leur fidélité à leurs terres, à leur culture et à leur foi … en un mot la cohabitation pacifique deviendra urgente !

Quel conseil donnez-vous aux maronites qui vive
nt en diaspora pour conserver leur tradition et contribuer à la renaissance de la zone du Levant?

D’être fidèles à leur tradition spirituelle et culturelle. Je les invite à vivre leur civilisation, une civilisation fondée sur le pluralisme et la rencontre, partout où ils se trouvent. Je les invite à ne pas emporter avec eux, dans les nations où ils se trouvent, leurs « idoles politiques ». Car ces dernières, avec leur entêtement et leur égoïsme, conduisent la nation « au bord du précipice », comme nous l’a rappelé le patriarche Raï.

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Le Père Noël n'existe pas ! https://fr.zenit.org/2013/12/26/le-pere-noel-n-existe-pas/ https://fr.zenit.org/2013/12/26/le-pere-noel-n-existe-pas/#respond Thu, 26 Dec 2013 00:00:00 +0000 https://fr.zenit.org/le-pere-noel-n-existe-pas/ Ou comment garder le "Christ" de "Christmas"

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Démythifier la magie de Noël n’est pas détruire la vie de nos enfants mais les éduquer « sans espérance et sans Dieu », estime Robert Cheaib.

Cet article fait partie d’une rubrique de l’édition arabe de ZENIT qui répond à des questions posées par nos lecteurs. Il n’est pas rare que la réponse joue sur le fil de l’ironie pour révéler le « sérieux cas de la foi ».

Est-ce que je brise l’enfance de mon enfant si je luis dis que le père Noel n’existe pas?

Répondre à cette question ne demande pas d’être un spécialiste en théologie. Comme vous pouvez l’imaginer, cela ne peut être dogmatique parce que ce n’est pas une question de vie ou de mort catégorique (pour la foi). Mais c’est une question qui mérite attention, car elle nous invite à réfléchir de plus près au sens du saint Noël, pour mettre en question certains scrupules infondés que nous faisons et pour regarder, voire même sauvegarder l’essentiel.

Sic

Ma réponse est oui, révéler que le Père Noël n’existe pas détruira la magie de l’enfance si Noël n’est pour toi qu’une question de cadeaux et de récits légendaires. Oui, cela détruira l’enfance de tes enfants si le Père Noël est « le seul médiateur » des affections familiales, le seul élément de surprise et l’unique nouveauté qui ouvre (ou plutôt, ferme) l’année. Oui, tu détruiras l’enfance de tes enfants si tu les fais grandir avec cette idée d’un Dieu justicier, policier, inspecteur, « qui voit tout » (ou mieux voyant uniquement – quelle poisse! – les méfaits). Un Jésus qui, si tu te trompes, vient te châtier pendant la nuit, te le fait payer, etc. Dans ce cas, si tu tues le bon et « douillet » père Noël, tu as détruit le dernier totem.

Et non

Mais ma réponse est non, absolument non, si tu veux « une vie meilleure ». Et permets-moi – à côté de la batterie de films de Noël – de t’inviter à faire comme un réalisateur et d’imaginer un autre scenario à la place. Par exemple, de faire preuve d’une plus grande créativité en racontant dans un langage simple, captivant et compréhensible à tes enfants la beauté d’un Dieu qui a tant aimé le monde qu’il nous a offert pas seulement des choses, mais toute notre personne et surtout Lui-même. Les évangiles de l’Enfance se prêtent si bien à être une suite de récits à raconter le soir!

Il y a tant de magie à raconter la vérité de l’Amour et sa gratuité qui n’est pas un mythe surréel ni une technique commerciale, mais qui est « la vérité du monde » et le « cœur du monde ». C’est cela « l’Amour qui fait se mouvoir le soleil et les autres étoiles ». Et pourquoi ne pas expliquer plutôt que les cadeaux devant la crèche et sous l’arbre sont un symbole, tellement minuscule, par rapport au grand cadeau de Dieu à l’humanité, son Fils, Jésus Christ ?

Pourquoi ne pas expliquer que, malgré la crise, maintenant comme parents, oncles et tantes, grands-parents, nous nous prodiguons à faire des cadeaux, pas pour les cadeaux en soi, mais parce que de Jésus nous avons appris qu’il y a plus de joie à « donner qu’à recevoir » et parce que la foi nous enseigne la beauté d’être ensemble sous un même toit ?

Pourquoi ne pas aider à comprendre que le Père Noël est un « faux auteur » qui sert à nous rappeler une réalité encore plus belle que la fiction, celle des saints (et dans ce cas de saint Nicolas) qui ouvrent grands les cœurs à la générosité et à l’attention envers les autres parce qu’ils ont été invités et touchés par l’amour de Jésus qui « nous a aimés les premiers » ? Le saint évêque Nicolas aimait les enfants « gratis », pas comme l’annonce du Père Noël de mon quartier qui disait ceci : « Tel jour, il est possible de réserver la distribution de vos cadeaux à vos enfants avec le Père Noël sous la tonnelle du parc communal ». Et en caractères plus petits : « à partir de 3 euro le cadeau ». J’ai essayé de faire un peu d’herméneutique de l’à partir de ne réfléchissant à quel pourrait être le critère: le poids ? Les dimensions ? La couleur du papier cadeau ? Ou la valeur garantie ?

Bien sûr que non !

Tu ne détruiras pas l’enfance de tes enfants si, à la place du bon et brave inconnu et imaginaire tu sauras accorder l’image de Dieu à l’image de l’Enfant Jésus de la crèche, en jetant par la fenêtre l’image du Grand inquisiteur. Te souvenant que celui qui voit Jésus voit le Père. Oui, cet Enfant est ce que nous pouvons dire de mieux pour comprendre Dieu, il est la parole.

Tu ne détruiras pas Noël si tu parviens à aider tes enfants à avoir les sentiments d’une Thérèse de Lisieux qui, avant de rejoindre l’Amour, a écrit : « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait si petit pour moi … je l’aime … car il n’est qu’amour et miséricorde ».

La question du Père Noël est discutable et personnelle. C’est pourquoi je voudrais évoquer une expérience personnelle. L’année dernière, j’étais avec mon fils qui avait trois ans et nous faisions nos dernières courses de Noël. L’enfant a remarqué qu’il y avait beaucoup de pères Noël autour de nous (je veux dire humains) de différentes tailles et régimes. Lui-même a eu des doutes et cela fut une bonne occasion pour lui expliquer, d’une façon adaptée à son âge, les différentes choses que je viens de dire … Pour vous rassurer : jusqu’ici je ne me suis pas senti obligé de l’envoyer chez un psychologue ou de la soumettre à un rehab [réhabilitation, une cure de désintoxication, ndlr].

Nous ne détruisons pas la vie de nos enfants si nous démythifions le Père Noël. Ce ne sont pas les mythes qui donnent vie, joie et sérénité. Nous détruisons nos enfants si nous les faisons vivre une réalité sans amour, si nous les élevons etsi Deus non daretur, comme si le Christ n’était qu’un accessoire secondaire pour la fête qui est la sienne.  Nous détruisons nos enfants si nous les élevons « sans espérance et sans Dieu dans ce monde ».

Un chant spirituel libanais finit en disant ceci : « Sans Toi ma félicité ne s’accomplit pas. Sans Toi ma table est déserte ». Le Pain du Ciel descendu dans « la maison du pain » (qui est le sens littéral de Bethléem) est le centre et le sens de la fête actuelle. Que ce slogan est bien trouvé : « Keep Christ in CHRISTmas ». Sans Lui tous les aliments d’accompagnement ne rassasient pas. Lui Désir de tous nos désirs. Rappelons son importance par ces paroles débordantes de désir d’Isaïe 9 : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie :ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson.[…] parce qu’un enfant nous est né, un fils nous a été donné, […] Prince-de-la-Paix ».

Traduction d’Océane Le Gall

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