Yad vaShem : Au lieu de l’indicible, Benoît XVI choisit le silence

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Le pape ravive la flamme du souvenir au Mémorial de la Shoah

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ROME, Mardi 12 mai 2009 (ZENIT.org) – « Je suis venu pour rester en silence » : Benoît XVI a rallumé silencieusement la flamme du souvenir des victimes de la Shoah au Mémorial de la Shoah de Yad VaShem, à Jérusalem, lundi après-midi. Mais pourquoi ce silence ? Parce que, dit le pape, le « cri » des victimes « résonne encore dans nos cœurs ».

Autant le pape a « parlé » dès sa descente d’avion des Six Millions de juifs victimes de la haine nazie, et de la « tête répugnante » de l’antisémitisme, autant il a voulu sa visite au lieu du souvenir de l’indicible enveloppée de silence : « silence pour se souvenir, silence pour prier, silence pour espérer ».

Le pape s’est rendu à pied jusqu’à cette salle du Souvenir. En présence notamment du président Shimon Peres, du président du Parlement, la Knesset, Reuven Rivlin, et du président du Conseil de « Yad Vashem », du rabbin Israel Meir Lau, s’est tenue la cérémonie du souvenir.

Mettant ses pas dans ceux de Jean-Paul II venu lui aussi se recueillir dans cette salle de béton armé le 23 mars 2000, Benoît XVI a voulu que cette visite marque le premier jour de son séjour en Israël.

Le pape a déposé une gerbe de fleurs aux couleurs du Vatican, jaune et blanc.

En silence devant les cendres de victimes des fours crématoires de différents camps d’extermination du IIIe Reich qui reposent là. Le pape s’est avancé debout pour prier silencieusement. Avant de parler, brièvement.

La prière pour les âmes des martyrs a ensuite été chantée par le rabbin, le voile de prière sur les épaules.

Puis le pape a rencontré six survivants de l’Holocauste, trois femmes et trois hommes, voici justement, leurs noms : Ed Mosberg, Israela Hargil, Avraham Ashkenazi, Gita Kalderon, Dan Landsberg et Ruth Bondy. Le pape s’est entretenu avec chacun tandis que les noms de la barbarie défilaient comme des sentences de mort, Mauthausen, Theresienstadt… Le pape écoutait chacun, avec des gestes d’affection et de respect.

Ivan Vranetic, 17 ans à l’époque, dans la Yougoslavie occupée, était là, représentant les « Justes parmi les Nations » dont Yad vaShem fait aussi mémoire. Il n’était pas juif, mais il a tout fait pour en sauver le plus possible. Puis il a émigré en Israël et a épousé une jeune juive.

Le pape a ensuite prononcé un bref discours avant de signer le livre d’or où il a écrit en anglais cette parole des Lamentations : « Ses miséricordes ne sont pas finies », « His mercies are not spent » (Lm 3, 22).

A l’issue de la cérémonie, le pape a reçu en hommage un fac-similé d’un tableau de Félix Nussbaum (Osnabrück, 11 décembre 1904 – Auschwitz-Birkenau, 2 août 1944), dont le tragique destin l’a conduit du camp de Saint-Cyprien, dans le sud de la France, puis à Bruxelles et à Birkenau. Le tableau représente la « Synagogue du camp », et sous l’ombre d’un nuage noir, le seul abri semble être le châle de prière de ceux qui se dirigent vers le frêle cabanon servant de synagogue. L’original est conservé à Yad vaShem.

Puis le chœur des jeunes a entonné ce Credo bouleversant que tant de juifs ont chanté dans les camps de la mort : « Ani Maamin », « Je crois », et immédiatement après, l’hymne national « Ha Tikva », « l’espérance ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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