Violence en Irak : « Trop, c’est trop », dénonce le patriarche syro-catholique

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Il accuse les autorités de « complicité »

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ROME, Vendredi 26 février 2010 (ZENIT.org) – Une dure attaque d’accusation contre les autorités irakiennes complices de ne rien faire pour arrêter le bain de sang à Mossoul, tel est le contenu de la lettre envoyée mercredi dernier par le patriarche de l’Eglise syro-catholique en Irak, Sa Béatitude Mar Ignatius III Joseph Younan, au premier ministre du pays, Noury Al-Maliki.

« Alors que nous vous écrivons, dit le patriarche, notre cœur saigne pour les nouvelles dramatiques qui nous arrivent chaque jour de Mossoul ou les chrétiens sont la cible permanente de criminels ‘inconnus’. Ils sont tués, massacrés, harcelés dans les rues, dans les écoles et également chez eux, uniquement parce qu’ils appartiennent à une religion différente de celle de la majorité des habitants de la ville ».

Au cours des dix derniers jours, la ville de Mossoul à été le théâtre de l’assassinat d’au moins huit chrétiens. Le dernier meurtre à eu lieu le 23 février lorsqu’un commando armé a fait irruption dans la maison d’un chrétien tuant le père et ses deux fils sous les yeux de sa femme et de sa fille, épargnés par les criminels.

« Pire encore, peut-on lire dans la lettre, personne ne cherche à rendre justice, ni ne pose la question du droit, tout comme personne ne punit les agresseurs. Croyez-nous : trop, c’est trop ! ».

« Aucune conscience humaine ne peut accepter cette absence de sécurité à Mossoul, où il est devenu légal de tuer des innocents sans défense, observe le patriarche. Nous sommes surpris par les raisons des fonctionnaires du gouvernement et par leur échec ; nous ne pouvons qu’en déduire une complicité dans le processus de vider la ville de Mossoul des chrétiens qui vivent là depuis des siècles et où les pierres elles-mêmes sont imprégnées de la sueur de leurs ancêtres ».

« Nous élevons notre voix et nous nous demandons : si les forces de sécurité en Irak n’ont pas pu protéger des citoyens innocents et vulnérables, pourquoi au nom de Dieu, ne donne-t-on pas aux innocents des armes pour se défendre plutôt que de les envoyer à l’abattoir comme des animaux ? » poursuit-il.

« Personne, ni aucune raison, ni élections, ni fonctions, ni conflits entre partis ne peut justifier ce qui arrive à Mossoul », ajoute-t-il.

« Nous savons tous que les chrétiens irakiens n’ont jamais eu l’ambition du pouvoir, n’ont jamais agressé personne, et ne se sont jamais vengés contre les coupables. Le moment n’est-il pas venu pour votre gouvernement dans un Etat de droit de frapper d’une manière décisive et de punir les criminels et leurs complices à Mossoul ? » s’interroge le patriarche irakien.

« Nous nous rendons compte, poursuit-il, et vous disons clairement que la douleur qui opprime le cœur des chrétiens en Irak se transformera en colère bien au-delà du pays, où l’on assistera à des manifestations devant toutes les ambassades irakiennes pour condamner l’état d’insécurité ou se trouvent les chrétiens innocents de Mossoul ».

« Confiant dans votre sagesse et votre impartialité, nous vous remercions », conclut-il.

Avec la collaboration de Tony Assaf

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ZENIT Staff

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