Vietnam : Utilisation de la violence lors d’un enterrement

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Un évêque proteste officiellement

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ROME, Vendredi 7 mai 2010 (ZENIT.org) – Les informations disponibles sont encore incomplètes sur les événements du 4 mai dernier dans la paroisse de Côn Dâu où les forces de l’ordre ont interdit l’accès au cimetière à un cortège funéraire et se sont emparés de la dépouille d’une défunte, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).

Aucune mention n’en a encore été faite dans la presse officielle. Cependant, de nouveaux éléments d’information ont été apportés par la lettre pastorale envoyée par l’évêque du diocèse, Mgr Joseph Châu Ngoc Tri, le 6 mai, à ses fidèles et « plus particulièrement à ses frères et sœurs de la paroisse de Côn Dâu » (1).

L’évêque exprime d’abord son émotion. Ces temps derniers, dit-il, de nombreuses histoires de ce type, marquées par les larmes et le sang, lui ont été rapportées. Aujourd’hui, c’est dans une paroisse de son diocèse qu’une telle affaire se produit. Elle est d’autant plus douloureuse qu’elle s’est produite durant les obsèques, des cérémonies considérées comme sacrées par les Vietnamiens. La dépouille d’une vieille dame a été l’objet d’affrontements, de violences, d’un rapt. L’évêque affirme avoir été informé des faits par la paroisse et des témoins directs. Lui-même a rencontré les autorités de la ville, s’est rendu dans la paroisse, a rencontré la famille de la défunte, à laquelle il a exprimé toute sa communion.

L’évêque procède ensuite à un récit relativement complet de toute l’affaire de Côn Dâu. Depuis le projet de « zone urbaine écologique » de la ville de Da Nang entraînant la réquisition des terrains de cinq hameaux et le déplacement de leurs habitants, le refus obstiné de ce projet par la paroisse de Côn Dâu, la décision d’interdire le cimetière et enfin l’enterrement dramatique de Mme Maria Dang Thi Tân, appelée aussi Mme Nhu, le 4 mai dernier. Selon le récit de Mgr Tri, après la messe célébrée dans l’église, le prêtre de la paroisse avait conseillé l’apaisement à la famille de la défunte et avait essayé de la dissuader d’affronter les autorités. Croyant que tout allait bien se passer, il s’est rendu à l’évêché de Da Nang, où avait lieu la récollection des prêtres. L’évêché a été rassuré par cette tranquillité du curé de la paroisse et n’a eu aucun pressentiment du drame qui allait se dérouler.

Le récit de l’évêque mentionne que vers midi, alors que les choses s’envenimaient, des représentants des Affaires religieuses et du Front patriotique de la ville sont venus avertir que la situation était devenue très inquiétante, et que l’affrontement continuait devant le cimetière. L’évêque leur a demandé de faire preuve de patience et de ne pas utiliser la violence, ce qui pourrait entraîner des conséquences graves.

C’est vers 12h30 que l’irréparable a eu lieu, lorsque que les forces de la Sécurité ont utilisé leurs armes pour repousser les fidèles, s’emparer du cercueil et frapper sans ménagement, pendant près d’une heure, tous ceux qui se trouvaient là. Cinquante-neuf personnes auraient été arrêtées. Le corps de la défunte a été ensuite incinéré dans un crématorium proche, en présence de sa parenté.

L’évêque rapporte encore, que, le soir même du drame, il a téléphoné au président du Comité populaire de la ville pour protester contre le manque de patience et de compréhension chez les autorités et contre l’utilisation de la violence contre les fidèles. Il lui a également demandé la libération des personnes arrêtées. L’évêque a réitéré ses protestations et sa requête le lendemain, lors d’une rencontre avec les autorités municipales. Dans la matinée du 6, les autorités ont fait savoir à l’évêque que presque toutes les personnes arrêtées avaient été libérées dans la nuit et que les dernières le seraient dans la journée. Cependant, une vingtaine de personnes seraient encore en prison.

A la fin de sa lettre, l’ordinaire de Da Nang met en relief un certain nombre de points. Il assure les fidèles que leurs pasteurs les accompagnent et les soutiennent dans leur lutte pour la justice sociale. Mais chacun le fait à sa manière. Il leur recommande aussi de ne pas s’engager dans des batailles violentes au nom de la religion et leur propose l’exemple de la non-violence du Christ au Jardin des oliviers. Enfin, il affirme que la vraie force du chrétien réside essentiellement dans la prière perpétuelle.

 

(1)           Voir la dépêche d’EDA diffusée le 5 mai 2010

(2)           La lettre pastorale a été mise en ligne sur le site du diocèse de Da Nang à l’adresse : http://giaophandanang.org/articles/view/thu-muc-vu-cua-duc-giam-muc-giao-phan-da-nang-ve-bien-co-con-dau

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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