Vietnam: L´Eglise et les amendements à la Constitution de 1992

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Les transformations de la société civile vietnamienne

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CITE DU VATICAN, Vendredi 18 janvier 2002 (ZENIT.org) – Les amendements apportés à la Constitution de 1992 reflètent les transformations de la société civile vietnamienne au cours de ces dernières années, explique la revue des Missions étrangères de Paris, « Eglises d´Asie » (EDA, eglasie.org) dans son édition de la mi-janvier. Une analyse d´actualité au moment de la visite ad limina des évêques du Vietnam à Rome.

Les amendements touchent en effet des domaines comme la liberté religieuse et l´éducation, et donc les établissements catholiques.

L’annonce, il y a quelques mois, de la mise en discussion à l’Assemblée nationale, d’un certain nombre d’amendements et de compléments à la Constitution de 1992, avait, en fin de compte, éveillé très peu de curiosité dans les divers milieux vietnamiens concernés. Elle avait surtout provoqué une vague générale de scepticisme, celui qui s’était, par exemple, exprimé dans le vigoureux pamphlet du P. Chân Tin : « Il faut abolir la Constitution ». Le 13 décembre dernier, l’Assemblée nationale a adopté une résolution prévoyant l’adoption de divers changements apportés à la Constitution 1992.

Comme tout le monde s’y attendait, explique EDA, aucune transformation fondamentale n’a été apportée d’un point de vue politique. Le fameux article 4 définissant le Parti communiste comme la force dirigeante de l’Etat et de la Nation n’a pas reçu la moindre modification. Malgré cette absence de réforme substantielle, la rédaction des nouveaux articles amendés n’a pas pu ne pas tenir compte d’un certain nombre d’évolutions survenues dans la société vietnamienne, pas forcément dans le sens du libéralisme. C’est le cas pour la nouvelle définition donnée au rôle joué dans le pays par le Front patriotique et la part accordée à l’initiative de la société dans la nouvelle politique de l’éducation nationale, contribution appelée du mot trompeur de « socialisation », terme qui signifie en réalité « privatisation ».

Le Front patriotique, précise Eglises d´Asie, est un organe intermédiaire entre le Parti communiste et les divers milieux composant la société civile vietnamienne, pouvant se réclamer par leur nature d’une certaine indépendance. Il n’a cessé depuis 1975 de prendre de l’importance, surtout depuis l’introduction au Vietnam de l’économie de marché qui a favorisé l’éclosion de certains secteurs autonomes. L’amendement rappelle que sont directement rattachés à cette organisation des éléments de la population aussi différents que les partis politiques (fictifs), les intellectuels, les ethnies, les religions, les Vietnamiens de la diaspora.

L’article 9 qui lui était réservé dans la Constitution de 1992 a été profondément amendé et l’on a essayé de présenter cette institution, qui est en fait le bras séculier du Parti au sein de la population, sous un jour plus démocratique. Présenté autrefois comme « l’organe politique du pouvoir populaire destiné à intensifier l’unanimité politique… », il est désormais défini dans le nouvel amendement comme une organisation d’alliance politique, une union volontaire…. « des organisations socio-politiques, des diverses couches sociales, des ethnies, des religions et des Vietnamiens à l’étranger ». Du point de vue religieux, cette nouvelle définition enregistre le patient travail mené par le Parti, depuis les années 1990, pour établir un contrôle parfait sur toutes les religions reconnues, en les rattachant toutes au Front patriotique, dont font partie leurs comités de gestion. La dernière religion à avoir été inscrite dans l’organigramme précis du Front patriotique est l’Eglise évangélique du Sud-Vietnam, reconnue officiellement au cours de l’année dernière. Il faut cependant noter qu’une partie des fidèles et du clergé de ces religions rechignent à l’embrigadement requis pour obtenir la reconnaissance de l’Etat. C’est le cas du bouddhisme unifié et de beaucoup d’Eglises domestiques du protestantisme. L’Eglise catholique quant à elle, même si elle est soumises sans arrêt aux exigences du Front patriotique et du Bureau des Affaires religieuses, n’a aucun lien organique avec le Front patriotique. Sa représentation suprême aux yeux de l’Etat, à savoir la Conférence épiscopale, n’est elle-même coiffée, dans les principes, par aucune autorité civile.

Dans un autre domaine, celui de l’éducation, les amendements apportés ne sont pas sans rapport avec l’Eglise catholique qui vient, par l’intermédiaire du président de la Conférence épiscopale, de rappeler au gouvernement le rôle qu’elle tient à jouer en ce domaine. Les amendements nouvellement adoptés aux articles 36, 37 et 59 prévoient désormais l’existence, à côté des établissements d’Etat, d’une forme privée de l’enseignement. La « société » est invitée à apporter son aide à l’Etat dans le domaine de l’éducation, particulièrement en ce qui concerne les orphelins et les handicapés. Jusqu’à présent, les autorités civiles ont soigneusement limité la contribution de l’Eglise au domaine des jardins d’enfants et des écoles maternelles. La nouvelle mouture des articles de la Constitution donnera-t-elle le signal d’une libéralisation en ce domaine ?, s´interroge EDA.

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ZENIT Staff

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