Vietnam: L’Eglise d'Hô Chi Minh-Ville pour le retour à l'ordonnance de 1956 sur la religion

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CITE DU VATICAN, Jeudi 24 juillet 2003 – L’archevêque de Hô Chi Minh-Ville propose au pouvoir de revenir à la première ordonnance sur la religion datée de 1956 et signée par Hô Chi Minh en personne, indique « Eglises ‘Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris, dans son bulletin de la mi-juillet (cf. eglasie.mepasie.org).

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Une grande agitation semble régner au Bureau des Affaires religieuses concernant l’élaboration de l’ordonnance religieuse mise en chantier depuis maintenant deux ans et demi (1). Selon une lettre adressée par l’archevêché de Hô Chi Minh-Ville au président de l’Assemblée nationale vietnamienne, les fonctionnaires chargés de ce texte législatif en sont déjà à leur vingtième mouture. De nombreuses remarques, des demandes de corrections communiquées au pouvoir central par les milieux religieux du Vietnam ont déjà été enregistrées par eux et introduites dans le texte. Pourtant, à lire cette récente lettre de l’archevêque de Saigon, les efforts consentis par les Affaires religieuses ne semblent pas avoir trouvé gré auprès de l’Eglise catholique (2). L’archevêque, dans sa lettre (3), ne demande-t-il pas d’abandonner purement et simplement l’ordonnance autour de laquelle se déploient tant d’efforts, pour la remplacer par le premier texte législatif sur la religion publié dans le Vietnam communiste, signé de la main même de Hô Chi Minh ?

Cette ordonnance 234 S/L qui fut publiée le 14 juin 1955 (4) en la deuxième année de la République démocratique faisait preuve de beaucoup plus de libéralisme que tous les décrets, arrêtés et directives qui se sont ajoutés à elle par la suite. En tout cas, elle était incomparablement plus souple que l’ordonnance sur la religion que le pouvoir essaie d’élaborer aujourd’hui. L’archevêque de Hô Chi Minh-Ville n’a pas eu de mal à le montrer en citant un certain nombre d’articles de cette première ordonnance : « Les lignes citées ci dessous, dit l’archevêque, sont suffisantes pour que nous constations l’esprit d’ouverture qui animait le président Hô. » C’est ainsi qu’il met en exergue plusieurs articles de la première ordonnance, absents de la réglementation religieuse actuelle. L’un d’entre eux interdit toute intervention du pouvoir dans les affaires intérieures de l’Eglise. Un autre accorde aux missionnaires étrangers de pouvoir prêcher la religion au Vietnam comme les prêtres vietnamiens. Plus loin, il est stipulé que les religions ont le droit d’ouvrir des écoles privées et que l’on peut même y enseigner le catéchisme. L’article permettant aux religions d’ouvrir des écoles de spécialistes des activités religieuses ne limite en rien leur recrutement comme c’est le cas à l’heure actuelle. L’archevêque relève enfin un article, bien oublié ensuite, où le président Hô Chi Minh affirmait que « les relations entre l’Eglise du Vietnam et le Saint-Siège de Rome constitue une affaire intérieure du catholicisme ». C’est un principe qui a permis à l’Eglise catholique du Vietnam de suivre une évolution différente de celle de l’Eglise de Chine.

L’archevêque laisse entendre que, plus les années ont passé, plus les textes législatifs se sont écartés de l’esprit d’ouverture de cette première ordonnance. Peut-être, de mauvais esprits pourraient-ils répliquer à l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville que les beaux principes qu’il a relevés dans cette première ordonnance n’ont jamais été appliqués et qu’immédiatement après la publication de cette ordonnance de 1956, les missionnaires étrangers ont été renvoyés chez eux, les écoles privées ont été supprimées, les séminaires ont fermé leurs portes progressivement et une vraie persécution s’est abattue sur l’Eglise du Nord-Vietnam.

C’est la troisième fois que l’archevêque de Saigon porte une appréciation critique à l’égard de la gestion de la société civile par le Parti et l’Etat vietnamiens. Fin décembre 2002, une lettre de lui (5) destinée en premier lieu au Comité d’union du catholicisme contenait, en effet, une très sévère critique de la société vietnamienne actuelle. L’archevêque y préconisait de réaliser l’objectif du VIe Congrès du Parti communiste vietnamien : « Le service de l’homme est l’objectif suprême » et, pour cela, d’éliminer les tares de la société existante. Selon lui, s’imposait en premier, l’élimination du phénomène social que l’on appelle « l’aliénation » dont il énumérait les diverses formes. Plus tard, en février 2003, dans une lettre envoyée aux autorités municipales qui lui avaient préalablement demandé de faire preuve de solidarité avec les pauvres, il avait répondu en traçant un tableau précis de l’exercice de la charité chez les catholiques de Hô Chi Minh-Ville (6).
(1) Voir traduction et commentaire dans EDA 323
(2) Voir le commentaire et la traduction de cette 19ème version du projet en EDA 378
(3) Traduction dans le document annexe du présent numéro
(4) On en trouvera une traduction dans le document annexe du présent numéro.
(5) On pourra trouver la traduction intégrale de cette lettre et son commentaire dans EDA 368.
(6) Voir EDA 372
© EDA

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ZENIT Staff

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