Vietnam: Des parlementaires européens empêchés de rencontrer des dissidents

Print Friendly, PDF & Email

« Tolérance zéro » du gouvernement

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, Vendredi 13 septembre 2002 (ZENIT.org) – Une délégation du Parlement européen n’a pas été autorisée à rencontrer les responsables religieux dissidents en prison ou placés en résidence surveillée, indique la revue des Missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie (EDA), dans son édition du 15 septembre (eglasie.mepasie.org). Les autorités locales parlent de « tolérance zéro » pour toute tentative d’enquêter sur les droits de l’homme dans le pays.

Le gouvernement vietnamien a refusé à une délégation de six parlementaires européens la permission de rencontrer un certain nombre de religieux dissidents, prisonniers ou assignés à résidence en divers lieux du Vietnam.

La délégation, arrivée à Hanoi le samedi 7 septembre, avait reçu sa mission du Parlement européen qui, le 5 juillet précédent, avait adopté une motion appelant à la libération de tous les religieux prisonniers au Vietnam et demandant au groupe de parlementaires de rencontrer les dirigeants de toutes les religions, particulièrement ceux qui étaient en prison. La délégation devait de plus participer à l’Assemblée générale de l’organisation interparlementaire de l’ASEAN qui a débuté le 9 septembre à Hanoi.

Selon Olivier Dupuis, député du Parti radical international, le refus du gouvernement avait été signifié à la délégation avant son départ d’Europe, dès le jeudi 5 septembre. Le parlementaire radical, de nationalité belge, a vigoureusement critiqué la décision de la délégation de procéder à son voyage au Vietnam malgré la réponse négative du gouvernement vietnamien. Cette décision, a-t-il fait remarquer, « est lâche et inepte ». « Elle ruine la crédibilité du Parlement européen dans toute la région. » Il a dressé un parallèle entre l’attitude des représentants du Parlement européen et les démocraties qui avaient entamé le dialogue avec Hitler dans les années 1930 et s’étaient soumises, les unes après les autres, à ses diktats.

Olivier Dupuis est bien connu des autorités vietnamiennes. Le 6 juin 2001, lors d’un voyage au Vietnam, il avait déjà été expulsé du pays et placé dans l’avion du retour après avoir publiquement protesté contre l’assignation à résidence du deuxième personnage du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Quang Dô, et tenté de manifester devant sa pagode de Thanh Minh.

Le nom des religieux dissidents qui devaient être rencontrés par la délégation n’a pas été révélé précisément. Cependant, dans une lettre envoyée la semaine dernière au chef de la délégation, l’Allemand Hartmur Nassauer, président du Comité Vietnam pour les droits de l’homme avait soumis aux parlementaires européens le cas du patriarche du bouddhisme unifié, Thich Huyên Quang, exilé à Nghia Hanh, dans la province de Quang Ngai, depuis deux décennies, et celui de Thich Quang Dô, recteur de l’Institut pour la propagation du dharma, assigné à résidence dans la cellule de sa propre pagode de Thanh Minh. Il avait aussi été question du P. Nguyên Van Ly, interné depuis son procès dans un centre pénitencier du Nord-Vietnam.

Voilà déjà longtemps que la plupart des délégations envoyées officiellement par les instances nationales ou internationales pour enquêter sur la situation des droits de l’homme au Vietnam se heurtent à des problèmes semblables. En 1998, le rapporteur spécial des Nations Unies sur l’intolérance religieuse, Abdelfattah Amor, avait été empêché par la police de rencontrer le même religieux bouddhiste, Thich Quang Dô. D’autres responsables religieux, hoa hao et caodaistes, avaient été éloignés de la délégation de peur qu’ils ne s’entretiennent avec elle. Lors de son retour, l’envoyé des Nations Unies s’était plaint publiquement des nombreux obstacles rencontrés au cours de son voyage du fait des autorités vietnamiennes.

Plus récemment, à l’issue du voyage au Vietnam d’une délégation du Comité américain pour la liberté religieuse dans le monde, du 20 au 28 février 2002, son chef, Firuz Kazemzadeh, a expliqué qu’ils avaient pu rencontrer certains religieux dissidents d’une façon non officielle, grâce à des rendez-vous pris en secret. Il leur avait été interdit de rencontrer les religieux en prison ou placés en résidence surveillée .

A l’issue de cette affaire, le gouvernement vietnamien a fait déclarer qu’il ferait preuve d’un degré zéro de tolérance à l’égard des individus ou des organisations demandant à mener sur place des enquêtes sur les droits de l’homme.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel